CD, compte rendu critique. Guy Sacre : Mélodies volume III (Gardeil, Eidi (1 cd Timpani). Guy Sacre (né en 1948), vrai amateur de poésie, s’entend comme peu d’auteurs contemporain, à caractériser un épisode dans l’intime et l’introspection mystérieuse : sa prose relève du miracle musical sous les traits de ce nouveau volume de mélodie (volume III) ; c’est une collection de miniatures vocales, composées entre 1978 et 1990, où le chant fraternel du piano – formidable entente ténue / nuancée du pianiste Billy Eidi, apporte ses teintes ténues, mordorées inscrites définitivement dans l’allusion et le repli. Jean-François Gardeil, baryton diseur, finement narrateur convoque des atmosphères d’une ineffable langueur et suscite tour à tour narration inquiète ou vacillante, drame quotidien, pourtant d’une vérité toujours vivace. La nostalgie recréative s’inscrit dans une série d’évocations qui prend le temps et la vie comme à rebours : baume contre l’inéluctable, chaque épisode, souvent très court, fixe un instant dans l’éternité du sentiment, accordé aux thèmes de l’enfance, de l’existence, de la mort… Jamais sophistiquée, l’écriture musicale enchasse chaque poème signé tour à tour Tardieu, Jacob, Claudel, Supervielle… d’un coloris feutré qui invite au surgissement de l’intime.
L’enthousiasme s’amenuise nettement avec le chant moins filigrané surtout plus contraint et artificiel de la mezzo laborieuse au timbre usé, Florence Katz qui cependant pour l’esprit plus immédiatement dramatique de Poil de carotte, trouve une intonation juste en liaison avec l’état de sa voix éreintée.
Ce sont les mélodies formant le cycle d’après Cocteau qui s’imposent à nous, par sa grande profondeur et la richesse juste et intime des climats et situations qu’elles savent produire ; haikus suggestifs, paysages secrets aux teintes rares et ciselées que le dessin tout en clairs obscurs et passages imperceptibles du pianiste Billy Eidi sait sculpter avec une rare finesse, un sens toujours renouvelé de l’imagination intérieure.
Ici le sens se dévoile avec une intelligence décuplée et continue ; le piano écoute le texte, et le clavier parle; le chant articule et suggère : la poésie et la musique forment une totalité agissante d’une plénitude affûtée, magicienne. Rares les compositeurs capable d’écrire comme des poètes : Guy Sacre est de ceux là qui choisit l’exacte note pour le verbe précis ; une entente experte dont le naturel efface tout trace ou toute combinaison ou calcul artificiels.
CD, compte rendu critique. Guy Sacre : Mélodies, volume III. Billy Eidi, piano (1 cd Timpani)