samedi 20 avril 2024

CD, compte rendu critique. EMMA KIRKBY, the complete recitals editions de L’Oiseau-Lyre

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Kirkby Emma Kirkby The-Complete-Recitals oiseau lyre coffret decca classiquenews critique compte renduCD, compte rendu critique. EMMA KIRKBY, the complete recitals editions de L’Oiseau-Lyre : songs, Bach, Haendel, Mozart… Anthony Rooley, Christopher Hogwood : 1978-1990 12 cd Decca L’Oiseau Lyre 478 7863. Née en 1949, formé dans le sérail d’Oxford puis se perfectionnant comme soliste d’ensembles de chambre, la soprano britannique Emma Kirkby est fêtée en avril 2015 par la firme L’Oiseau Lyre. Voici la muse et l’interprète la plus emblématique de cette esthétique baroqueuse à l’anglaise, qui de l’autre côté de la Manche fut l’équivalente d’une Montserrat figueras auprès de Jordi Savall. La soprano Britannique Emma Kirkby débute sa carrière dans les années 1970, en collaboration avec le luthiste Anthony Rooley, musicologue et interprète qui relit ausi bien les répertoires britanniques qu’italien (on lui doit une intégrale des Madrigaux de Monteverdi, cycle blanc, certes proche du texte mais qui s’interdit souvent tout débordement expressif, toute sensualité suspecte). Puis sa coopération avec Christopher Hogwood chez les grands baroques, de Bach à Haendel accomplit une carrière dédiée aux passions baroques, en particulier dans la sphère réglée mesurée du répertoire sacré (cantates, oratorios… jusqu’aux motets de Mozart).

Partenaire de Rooley et Hogwood, la soprano vedette des 80s inspire à Decca L’Oiseau Lyre un coffret portrait

Kirkby, voix et muse du Baroque anglais

Le coffret portrait dédié à la cantatrice emblématique des années 1980-1990, récapitule ses choix artistiques et ses collaborations enregistrés par les ingénieurs de Decca L’Oiseau-Lyre de 1978 à 1990. Du style tricoté, minutieux, appliqué parfois un peu trop scrupuleux si frappant dès son premier disque ici présenté (Lady Musik, cycle de songs elisabethains de 1978 avec Rooley), aux cantates de Bach et de Haendel, « La Kirkby » sert les partitions avec une précision ciselée, proche du texte, mais parfois sans guère de souffle ni de vertiges hallucinés.
Le timbre lumineux convient aux partitions sacrées indiscutablement ; et son style dentelé rappelle les premiers essais de lecture informée dans les années 1980… Mais ici l’excès de précision sacrifie souvent l’architecture. Le détail oublie l’intention globale.
Pour preuve Disserratervi, o porte d’Averno de la Resurrezione de Haendel dont Hogwood et la soprano font une pièce de tapisserie habilement articulée sans rebond dramatique. La précision délicate et claire de la soprano sied beaucoup mieux aux inflexions introspectives et méditatives du Messiah (Bonus du cd 10 de 1981 et 1982 avec Hogwood toujours). Mais oublions la style haché et laborieux de ses airs dans La Création (Hogwood, 1990).

Voix droite, d’une pureté distante et comme désincarnée, le soprano sans vibrato peine quand même à émouvoir dans Mozart ( et ses motets dont l’Exsultate, jubilate… bien sage – Hogwood, 1983). On lui préférera nettement son programme d’airs mozartiens en particulier les airs metastasiens, idéalement tendres d’Il rè pastore ou les airs Ah lo previdi (et sa résolution à 7mn avec hautbois obligé, suave et caressant) ou Ch’io mi scordi di te? d’une application moins contrainte et librement dramatique à laquelle répond la vitalité très pointilliste, comme taillée au scalpel du chef Hogwood (cd 12, Londres 1988).

Du reste, le chef anglais disparu un mois après Frans Brüggen (et Lorin Maazel) en septembre 2014, a marqué l’évolution tardive de la soprano dont il partageait le même idéal : précision métallique et sens du détail, mais texte toujours en avant, pilotant ses Bach, Haendel, Mozart, cherchant une voie médiane / idéale entre abstraction spirituelle et suavité séduisante. Avec son orchestre Acadamy of Ancient Music (fondé en 1973 et dirigé jusqu’en 2006), chef et soprano auront réalisé une esthétique sonore cohérente même si nous on voyons aujourd’hui les limites (tiédeur, surprécision jusqu’à la fragmentation…).

Emma Kirkby demeure convaincante dans les emplois réservés à son « modèle » la chanteuse épouse de Thomas Arne, Cecilia Young chantant les songs de son mari ou les Haendel qui lui ont été destinés (Alcina, Ariodante, Alexander’s Feast, Saul…). Soin du verbe, musicalité précise, tension vocale, voici indiscutablement en 12 cd les apports les plus spécifiques d’Emma Kirkby, ambassadrice du chant informé chez Bach et Haendel ; plus tendue et ciselée parfois dure (minaudante diront les plus critiques) chez Mozart. La soprano vedette de Christopher Hogwood aura marqué l’interprétation en Grande Bretagne dans les années 1970 et 1980. Coffret indispensable.

CD, compte rendu critique. EMMA KIRKBY, the complete recitals editions de L’Oiseau-Lyre : songs, Bach, Haendel, Mozart…Anthony Rooley, Christopher Hogwood : 1978-1990 12 cd Decca L’Oiseau Lyre 478 7863.

1. CD « Elizabethan Songs » – Lautenlieder von Bartlett, Campion, Danyel, Dowland, Edwards, Jones, Morley, Pilkington (1978)
2. CD « Pastoral Dialogues » – Werke von Jones, Corkine, Dowland, Johnson, Lawes, Foggia, Peri, Falconieri, D’India, Grandi, Rovetta, Merula (1980)
3. CD « Amorous Dialogues » – Arien & Duette von Morley, Lawes, India, Ferrari, Monteverdi
4. CD « Duetti da camera » – Werke von Monteverdi, d’India, Sabbatini
5. CD Purcell: Lieder & Arien (Hark, how all things; If Music be the food of love; Evening hymn u. a.)
6. CD Bach: Kantaten BWV 211 « Kaffee-Kantate » & BWV 212 « Bauern-Kantate »
7. CD Bach: Hochzeits-Kantaten BWV 202 & 210; Arien BWV 208 & 509; Rezitativ & Arie « Schlummert ein » aus Kantate BWV 82
8. CD Emma Kirkby sings Mr. Arne – Arien von Händel, Arne, Lampe
9. & 10. CD Händel: Italienische Kantaten HWV 81, 123b, 136a, 170 171, 189, 192, 196, 201
11. CD Mozart: Exsultate jubilate KV 165; Regina coeli KV 108 & KV 127; Ergo interest KV 143
12. CD Mozart: Arien aus Il re pastore & Zaide; Konzertarien KV 217, 272, 383, 505

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