vendredi 11 octobre 2024

CD, compte rendu critique. ELGAR : The Dream of Gerontius / Le songe de Gerontius: Andrew Staples,Daniel Barenboim – 2016 – 1 cd DECCA

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barenboim elgar the dream of gerontius decca cd annonce sur classiquenews critique cd cd review classiquenews1540-1CD, compte rendu critique. ELGAR : The Dream of Gerontius / Le songe de Gerontius: Andrew Staples,Daniel Barenboim – 2016 – 1 cd DECCA. Né à Worcester, Edward Elgar (1857-1934), conquête récente de la musicologie moderne, doit à ses Variations Enigma, ses deux symphonies, – également jouées par Barenboim et la Staatskapelle de Berlin (Symphonie n°1, 1908), mais aussi ses deux concertos instrumentaux, pour violon et pour violoncelle, une stature désormais internationale, depuis sa résurrection au début du XXIè. Nul doute que le cycle monographique que lui dédie Daniel Barenboim aujourd’hui, assure au compositeur britannique jugé rien que victorien donc majestueux et ampoulé, une nouvelle réputation : fin orchestrateur, architecte dramaturge, idéaliste et esthète, d’une exigence rare. Un tempérament aussi digne d’intérêt que Henry Purcell et Benjamin Britten.

ELGAR Edward_Elgar-200x200Sur les traces impressionnantes pour le plus commun des auteurs, d’un Haendel, Elgar régénère le genre de l’oratorio, format populaire en Grande Bretagne et qui, réputé noble et ambitieux, nécessite une maîtrise exemplaire des masses : chorales, orchestrales, aux côtés des solistes. Ainsi son grand oratorio, The Dream of Gerontius (Le Songe de Gerontius) innove sur un sujet non biblique mais intensément spirituel. Son déroulement est celui d’un voyage dans l’audelà, après la purgatoire. Pour l’an 1900, le festival de Birmingham, creuset du genre, lui commande un oratorio inédit. Le format de la partition, qui suit le poème du cardinal Newman, nécessite un temps de préparation et de répétition pour les musiciens, qui au moment de la création à l’hôtel de ville de Birmingham, ne donnent pas tout le potentiel de l’oeuvre : la qualité de Gerontius, dénommée cantate sacrée par Elgar, se dévoilera après la création de 1900. Par exemple dès décembre 1901 à Dusseldorf sous la direction de Julius Buths, directeur du festival rhénan Niederrheinisches Musikfest, qui ne cache rien sa fascination pour l’oeuvre d’Elgar, et en traduit le livret en allemand pour assurer son adaptation en terres germaniques. Dusseldorf assoit le triomphe de Gerontius. Adulé, honoré, Elgar reçoit du festival de Birmingham, la commande des deux autres oratorios: The Apostles, en 1903, et The Kingdom, en 1906. Une troisième oeuvre The Last Judgement ne dépassera pas le stade d’ébauche.

Un Parsifal britannique

En deux parties, Le Songe de Gerontius imagine d’abord l’ici-bas (première partie), puis l’au-delà (seconde partie). Ainsi le ténor, héros central de l’épopée, perd son combat contre la mort ; puis entreprend le voyage dans l’au-delà, grâce à l’aide de l’ange (mezzo soprano). La basse requise, assure le personnage du prêtre (première partie) puis de l’ange de la mort (seconde partie). D’une curiosité symphonique, Elgar cite Mahler, Strauss et bien sûr, postromantisme oblige, surtout au passage du XXè, Richard Wagner. Celui de Parsifal surtout, entend et découvert en 1892 à Bayreuth.

La partie 2 s’émancipe du format arioso et récitatif avec orchestre, ample monologue accompagné où le chant très exposé du ténor exprime les inquiétudes et interrogations de l’âme errante, inquiète. Les éléments du discours comme les thèmes exprimés par le récitant acteur s’organisent de façon plus dramatique, comme une vaste scène d’opéra, où l’orchestre tisse l’étoffe d’un flux psychologique, suscitant peu à peu le climat d’une légende orchestrale et lyrique ; la voix du soliste, confrontée en situation avec le soprano ardent (charnelle et maternelle, parfois trop vibré de Catherine Wyn-Rogers dans le rôle de l’ange) comme au choeur sardonique, voire glaçant, puis angélique et plus éthéré des choristes, laisse envisager une issue finale plus apaisée. Las, l’immense baryton Thomas Hampson n’est plus que l’ombre de lui-même (voix usée, sans timbre et trop peu épaisse).
Peu à peu les horizons célestes, promesse d’une éternité lumineuse et pacifiée se précisent, apportant le réconfort d’une âme en quête d’apaisement.
Daniel Barenboim, défenseur récent d’Elgar, dontil tend à faire l’égal sur le plan de la poétique orchestrale de Puccini et R. Strauss (ses contemporains et équivalents stylistiques), poursuit son étonnante exploration de l’orchestre elgarien, sachant gommer toute l’épaisseur et le grandiose pompeux d’un style souvent grandiloquent. Ses Symphonies 1 et 2, récemment réalisées avec l’Orchestre de Dresde ont souligné la sensibilité d’un chef inspiré, heureux d’alléger, de détailler (noblesse ciselée des bois et des vents) sans perdre la construction d’ensemble. On adhère. D’autant que les solistes surtout le ténor Andrew Staples (Gerontius) trouve une issue lumineuse et apaisée après des tourments vertigineux, parfois bavards mais dont le chef restitue l’éclat parsifalien. Et ici contrairement à Wagner et son poison insoluble, Gerontius à force de ténacité volontaire et d’autodétermination, vainc les accents sombres voire lugubre du fatum.

 

 

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CD, compte rendu critique. ELGAR : The Dream of Gerontius / Le songe de Gerontius (1900). Andrew Staples, Catherine Wyn-Rogers, Thomas Hampson. RIAS Kammerchor, Staatskapelle BERLIN. Daniel Barenboim, direction – 2016 – 1 cd DECCA 0 28948 31585

 

 

 

 

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Approfondir :

En savoir plus sur http://www.clubdeutschegrammophon.com/songe-gerontius-delgar/#vWur0UmitlU5BOiP.99

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