CD coffret événement, critique. CHOSTAKOVITCH / SHOSTAKOVICH : intégrale des (13) symphonies – Dresdner Philharmonie, Michael Sanderling (11 cd SONY CLASSICAL)

A ne pas rater

Chostakovitch-Sanderling-Sony-362x362CD coffret événement, critique. CHOSTAKOVITCH / SHOSTAKOVICH : intégrale des (13) symphonies – Dresdner Philharmonie, Michael Sanderling (11 cd SONY CLASSICAL). De 1926 à 1972, le moscovite Dmitri Chostakovitch / Shostakovich, reconnu ainsi comme le premier symphoniste soviétique, interroge et explore le format orchestral, ses possibilités, ses limites, dans le genre symphonique ; soit plus de 45 années d’un long cheminement qui vaut exploration permanente, laboratoire personnel dans lequel le témoin du stalinisme, lui-même inquiété, tente une sublimation de la condition humaine grâce à la création musicale. Violence, sauvagerie, cynisme inquiet et lunaire voire crépusculaire et schizophrénique taraudent l’écriture d’un Chostakovitch intranquille et secret. SONY classical édite en un tout cohérent, les quelques 15 Symphonies concernées, jusque là éditées séparément, sous la baguette légitime de Michael Sanderling, fils de Kurt, qui pilota avec Mravinski, le Philharmonique de Leningrad dans les années 1940 et 1950.
Directeur musical de ce cycle réalisé de 2016 à 2019, Sanderling fils signe ainsi une manière d’accomplissement personnel et collectif qui couronne sa collaboration avec les Dresdois. Le maestro comprend chaque opus, éclairant sa trame et son architecture, tout en cultivant l’infratexte, c’est à dire tous les plans sonores qui nourrissent l’ambivalence et le trouble qui innervent de façon sous jacente l’une des écritures les plus riches et énigmatiques du XXè. Entre œuvre personnelle, inquiète voire angoissée récupérée par la propagande d’état, et une vraie langueur poétique pour le mystère, Chosta ne cesse de nous questionner; imposant toujours une double nature, souvent équivoque, où le sens de la parodie et de l’autodérision le dispute à la nécessité intime de la sincérité.

 

 

Intégrale des 15 symphnies de Dmitri Chostakovitch (Shstakovich)

Michael Sanderling et le Philharmonique de Dresde
Séduisant, hédoniste… mais un peu sage

La justesse expressive et la sûreté du chef dirigeant les instrumentistes dresdois sont d’autant plus naturelles ici que Sanderling connaît et pratique l’orchestre de Dresde depuis 2010 comme chef principal. Mesurant ses effets en matière de puissance, d’expressivité aussi, Michael Sanderling cultive de symphonie et symphonie, une écoute intérieure qui fait respirer les instruments et transmet la charge émotionnelle des partitions.
Michael Sanderling montre que le jeu chez Chosta, entre dissimulation et critique, opère à fond, en particulier dans cette souplesse rythmique faussement fanfaronnante (Symphonie n°1) ; le langage musical est aussi dense que riche en références clairement assumées comme celle de Mahler (symph n°10 qui manque de profondeur acide et grimaçante cependant). sanderling brille par sa clarté polyphonique, un sens de l’articulation évident, ses lignes clairement et souplement sculptées (n°5) ; on retient la justesse des accents ironiques voire cyniques de la 9 ; Habile, Michael Sanderling a tendance à lisser l’âpreté du combat intérieur au profit d’une clarification distanciée de la tension et par le goût des timbres, impérial, affirmant souvent une mécanique de précision, hédoniste (n°12, n°14), dans laquelle toute implication émotionnelle est subtilement écartée. Sanderling creuse l’écart d’avec les grands chostakoviens dans la 13 (1962) où il refuse toute ambivalence comme toute morsure : la direction étrangère à tout conflit moral semble refuser toute implication, d’autant que la basse requise Mikhail Petrenko, voix qui dénonce les massacres perpétrés par les nazis (Bay Yar) sonne trop fluette et considérablement désimpliquée. De même opus majeur dans la vie de l’auteur, la n°7 « Leningrad », chant de victoire de 1942, – par laquelle Chosta atteint à une célébrité nationale et planétaire, manque sérieusement de contrastes comme de tourments intérieurs. De toute évidence sans pénétrer le mystère Chostakovitch ou à défaut, sans atteindre à cette ambivalence trouble porteuse de sourde inquiétude, Michael Sanderling soigne, cisèle l’architecture des plans sonores, obtient souvent une mise en place millimétrée, capable de clarté. Pour autant, on en demande davantage : l’inquiétude âpre, mordante voire l’angoisse et le profond désespoir des temps de terreur (qu’a vécu véritablement le compositeur à la fois encensé et instrumentalisé par le pouvoir soviétique) sont absents. Le geste de Sanderling II, même séduisant et très sûr, serait-il un rien trop superficiel ?  Sans être tout à fait parfaite, cette intégrale des 15 symphonies de Dmitri Chstakovitch constitue néanmoins une excellente entrée pour tout amateur et néophyte…

________________________________________________________________________________________________

Chostakovitch-Sanderling-Sony-362x362CD coffret événement, critique. CHOSTAKOVITCH / SHOSTAKOVICH : intégrale des (15) symphonies – Dresdner Philharmonie, Michael Sanderling (11 cd SONY CLASSICAL) – Dimitri Chostakovitch (1906-1975) : Intégrale des symphonies n°1 à 12. Mikhail Petrenko, basse ; chœur national d’hommes d’Estonie (Symphonie n° 13) ; Polina Pastirchak, soprano; Dimitri Ivashenko, basse (Symphonie n° 14) ; chœur de la Radio MDR (Symphonies n° 2 et n° 3) . Orchestre philharmonie de Dresde. Michael Sanderling, direction. 11 CD Sony Classical. Enregistrés à Dresde (Lukaskirche et Kulturpalast, de sept 2016 à fév 2019. Durée : circa 12 h. Parution : août 2019.

- Sponsorisé -
- Sponsorisé -
Derniers articles

CRITIQUE, concert. LILLE, Nouveau Siècle, le 18 avril 2024. SIBELIUS : symphonie n°7 [1924] – BEETHOVEN : « GRAND CONCERTO » pour piano n°5 « L’Empereur » [1809]....

SUITE & FIN DU CYCLE SIBELIUS... La 7ème est un aboutissement pour Sibelius pour lequel l'acte de composition est...
- Espace publicitaire -spot_img

Découvrez d'autres articles similaires

- Espace publicitaire -spot_img