CD, annonce. LULLY : Persée version 1770 (2 cd Alpha). Versailles, mai 1770 : Louis XV rend hommage à son ancêtre Louis XIV… Pour se faire, pour inaugurer le nouvel opéra royal, pour célébrer aussi le mariage du Dauphin et de Marie-Antoinette d’Autriche, le souverain commande à grands frais une nouvelle version de la tragédie en musique Persée de Lully. Ou comment faire du neuf avec de l’ancien ? Lully version rocaille et Louis XV… Et si l’action avait produit un monstre artistique d’un goût étranger pour ne pas dire « douteux »?… L’ouverture de Persée, pompeuse, glorieuse, solennelle, fanfaronne comme un matou bien nourri et paré, – nostalgique de la majesté versaillaise du temps du grand Roi, Louis XIV : ainsi la partition de Lully, emblème de la propagande royale élaborée au siècle précédent par le Roi-Soleil, sert de décor ce 26 mai 1770, aux fastes du mariage royal, celui du Dauphin futur Louis XVI et de Marie-Antoinette d’Autriche ; dans sa nouvelle mise en musique, l’opéra se devait de souligner / surligner l’éclat de la Cour française monarchique. Voici donc une nouvelle orchestration, rutilante, grasse, riche en graves (nette excroissance dès l’ouverture), des effets et des ajouts (ballets, choeurs, intermèdes, pantomimes…) qui recomposent l’équilibre originel de l’orchestre de Lully : Dauvergne et Rebel entre autres, n’y sont pas aller de mains mortes : leur adaptation frise le … mauvais goût. En 1770, pour inaugurer le nouvel opéra royal, on n’hésite pas à réécrire la partition du Florentin pour l’accomoder au goût du XVIIIè… Antoine Dauvergne, l’un des meilleurs suiveurs de Rameau, composent de nouveaux épisodes nerveux, frénétiques, excroissances déjà gluckistes, (comme ces « Airs pour la dispute des prix de la la lutte et de l’arc« , intégrés à la continuité de l’acte I), qui s’ils ne sont pas du meilleur ouvrage, ont le mérite de couper la monotonie des récits et airs XVIIè lullistes.
LE BAROQUE KITCH… Tel est l’apport de cette nouvelle version annoncée comme un événement lyrique au registre des recréations baroques. Si l’orchestre sonne souvent épais et large, osant une nouvelle esthétique que l’on espérait pas ici : dévoilement du « kitsh baroque », quelle est la tenue du plateau vocal réuni pour cette prise live, à l’Opéra royal de Versailles (avril 2016) l’écrin historique pour lequel l’ouvrage a été conçu ? Et la prise n’avantage-t-elle pas trop les instruments, risquant d’éloigner le relief des chanteurs, au texte pourtant si crucial ? Réponse dans notre grande critique à venir dans le mag cd dvd livres de classiquenews.com / illustration : Rebel, compositeur avec Dauvergne de cette mascarade boursouflée, nouvel emblème du baroque « kitch ».