Cavalli : La Calisto
Qu’il soit le 13è ou le… 15è des 32 opéras de Cavalli, La Calisto créé en 1651 sur la scène vénitienne (Teatro di San Apollinare), témoigne du génie de son auteur, le plus grand compositeur d’opéras… après Monteverdi (son maître). Le livret est l’œuvre de Giovanni Faustini dont il s’agit du testament poétique : l’écrivain meurt peu après la création. Comme tous les numéros de l’Avant Scène Opéra, voici une mine synthétique, très documentée, sur les enjeux et significations de la partition, l’une des plus inventives et délirantes de l’opéra vénitien du premier baroque (Seicento, soit XVIIè).
Rien n’est omis dans ce panorama historique et musicologique lié à l’ouvrage : ni la biographie de Cavalli, ni les événements liés à sa création dans le théâtre San Apollinare, ni sa destinée sur les scènes lyriques : c’est en fait, l’opéra le moins joué du vivant de l’auteur mais curieusement adulé de nos jours, en particulier depuis la production légendaire de Jacobs et surtout de la scénographie de Wernicke, présentée à Bruxelles, Salzbourg puis Lyon.
En fait son retour en grâce remonte aux années 1970, grâce à Raymond Leppard qui a l’intuition d’en donner une lecture pionnière à Glyndebourne.
Capital l’article sur le sens spirituel et philosophique du livret (Faustini s’y joue des labyrinthes sémantiques permis par le thème de la métamorphose…), comme celui présentant le livret commenté : un texte originel ( et dans l’orthographe baroque) tel qu’il est déposé à la Marciana de Venise et dont les épisodes n’ont parfois jamais été mis en musique dans les versions discographiques disponibles, lesquelles aiment « adapter », réarranger c’est à dire modifier l’enchaînement des scènes voire les couper tout simplement.
Plus de la moitié de l’ouvrage est constituée du guide d’écoute : mise en parallèle de l’analyse musicale avec le livret intégral historique ainsi réhabilité. Au préalable, le lecteur découvre « sources et genèse de La Calisto » (chanteurs, deuils, cast original, composition de l’orchestre…), « le langage musical de Cavalli » (paradoxes et importances de modes…), « les personnages de La Calisto », « clés de lectures »…
Parmi les articles complémentaires, soulignons la pertinence de celui analysant les sources du livret (d’Ovide à Cavalli), et celui précisant « L’amour en Arcadie » (avec de nombreuses reproductions de tableaux en liaison avec la mythologie et le thème des amours de Diane).
Un dossier sur les versions discographiques et aussi les productions éditées au dvd complète ce corpus (entre autres quelles avancées entre le « créateur de La Calisto » : Leppard, et « un nouveau créateur », Jacobs ?). Découvrez au final les 4 versions « incontournables.
Cavalli : La Calisto (Avant-Scène Opéra n°254). 150 pages.