baryton
De Mozart à Wagner… Figaro, Scarpia, Leporello et Wotan… L’interprète en quête de personnages… Quadra, Bryn Terfel est né en 1965 dans le nord du pays de Galles. Elève à la Guidhall School of Music de Londres, dans les classes de Arthur Reckless et Rudolf Piernay, il débute en 1990 comme Gugielmo dans Cosi de Mozart et participe la même année aux Vêpres de la Vierge de Monteverdi sous la direction de John Eliot Gardiner (1 dvd Archiv). En 1991, il chante Jokanaan dans la Salomé de Strauss par Sinopoli (1 cd DG), repris à Salzbourg en 1992, puis inaugure un Scarpia bientôt légendaire par sa noirceur animale, dans Tosca de Puccini.
1993 est une date importante: le baryton gallois signe son contrat chez Deutsche Grammophon et incarne son premier Figaro (dvd Archiv sous la direction de Gardiner), rôle avec lequel il s’impose au Met puis à la Scala. Outre Figaro, Bryn Terfel chante aussi Leporello dans Don Giovanni de Mozart (enregistré sous la baguette d’Abbado en 1998)…
Depuis 2000, le baryton chante les quatre rôles dans les Contes d’Hoffmann, et surtout Don Giovanni, puis Falstaff (également enregistré sous la direction de Claudio Abbado, 2 cd DG). Après Mozart et Verdi, Bryn Terfel chante Wagner: Wotan en 2005 à Covent Garden, Le Hollandais Volant en 2006.
Voix sombre, souple, d’une onctuosité féline et cependant très articulée, Bryn Terfel prépare en 2010 un nouveau défi: chanter Hans Sachs dans Les Maîtres Chanteurs de Wagner à l’Opéra national gallois.
discographie
Verdi: Falstaff. Au sommet de la discographie, il y évidemment ce Falstaff, enregistré pour Deutsche Grammophon à Berlin en avril 2001 (pour le bicentenaire Verdi): Bryn Terfel y renouvelle la perception du personnage titre grâce à sa vivacité dramatique, une énergie juvénile foudroyante qui rappelle combien Verdi a écrit un personnage d’une pétillance linguistique redoutable et si délectable. Le couplet sur l’honneur, sa confrontation avec Ford campé par un Thomas Hampson pour le coup idéalement opposé: suave par son bel canto (d’opéra lyrique et tragique); sa composition nuancée, au service du texte, d’un bout à l’autre convaincante, alliant vaillance bouffonne et tendresse si humaine, souvent désarmante, font au final un Falstaff d’un nouveau type: ni aigri vieillissant, ni barbon solitaire impuissant… Falstaff est bien un ardent conquérant de la vie et sa quête dérisoire, illusoire, a des accents d’une justesse superlative. Le héros est le champion de toute la condition humaine et lorsque l’on se moque de Falstaff, on se moque de nous-mêmes…
Autour du baryton gallois, qui se délecte tant à projeter la vitalité du texte, les femmes raflent aussi la mise: Adrianne Pieczonka (Alice Ford), l’impeccable et subtile Larissa Diadkova (Mrs Quickly), surtout la suave et délicieuse amoureuse ailée Nannetta (Dorothea Röschmann), qu’on a connu plus familièrement dans les productions baroques de Jacobs ou dans les Mozart sombres et graves d’Harnoncourt: ici, ses aigus sont magiques et son innocence, rayonnante. Seul réserve (petite) pour le Fenton, amant un rien serré, tendu et sans guère de souffle amoureux de Daniil Shtoda. Claudio Abbado sait ciseler son Verdi, offrant un banquet de délices instrumentaux: à la verve inépuisable de Bryn terfel, répond la vivacité pétaradante et élégante du maestro. Le chef construit, échafaude un sublime portique d’un luxe de détails inouï… les instrumentistes du Berliner Philharmoniker préparent toute la lecture à la nuit féerique puis l’irrésistible rire fugué final, au III. Une lecture magistrale (2 cd Deutsche Grammophon).