COSTA RICA. BRUNO PROCOPIO, le 26 mai 2017 : une Symphonie française… Après le Venezuela et le Brésil, le claveciniste et chef d’orchestre franco-brésilien Bruno Procopio affirme une maestrià unique, riche de sa double nationalité et un engagement exceptionnel pour faire rayonner la musique française outre-Atlantique. Le jeune maestro poursuit un travail exemplaire dans le défrichement et pour la compréhension des auteurs français en Amérique. Maestro transatlantique, ainsi classiquenews dans un portrait désormais emblématique, a surnommé celui qui aujourd’hui entre ancien et nouveau monde, a la capacité par une sensibilité singulière liée à sa double identité, française et brésilenne, d’exprimer la profondeur, l’audace, la suprême élégance des Français du XVIIè et du XIXè : depuis l’articulation et la rythmique baroque (jubilatoire chez Rameau qu’il joue depuis toujours, du clavecin ou à la baguette), des classiques aux premiers romantiques, Bruno Procopio a la connaissance organique du jeu historiquement informé ; sa grande culture, récapitulée dans le sens d’une continuité naturelle, rétablit l’évolution des idiomes stylistiques des Lumières au Romantisme, de Rameau à Gossec et à Méhul (contemporain inspiré de Beethoven). A l’époque où brille l’école italienne, et sa facilité mélodique première, quand les germaniques savent aussi porter jusqu’à incandescence la frénésie lyrique et orchestrale (voir Gluck), dans la claire exposition d’un développement en quatre parties, les français de Rameau à Gossec justement, cultivent une singularité propre, tissée dans la synthèse et le raffinement, la nostalgie et la pure poésie. C’est tout l’enjeu de ce programme passionnant et riche en (re)découverte : il existe bien un génie de la culture musicale en France, avant et après la Révolution, simultanément à l’essor des Viennois : soit Haydn, Mozart, Beethoven. Bruno Procopio démontre aujourd’hui tout l’apport et les grands bénéfices de jouer pour un orchestre moderne, l’art des Français, de Rameau à Gossec. Sur instruments modernes, le jeune maestro Procopio sait piloter les instrumentistes dans le souci d’expressivité et de finesse propres aux compositeurs hexagonaux.
Ainsi la musique française s’établit peu à peu en Amérique du Sud grâce à l’engagement d’un chef charismatique et volontaire dont le geste sûr, précis, rythmique, d’une carrure souple, trouve le ton juste et la manière inspirée pour ressusciter la nostalgie envoûtante de Rameau, la nervosité vaillante d’un Gossec martial et prébeethovénien.
A San José, – capitale du Costa Rica qui regroupe plus de 30% de la population totale du pays, Bruno Procopio dirige après l’orchestre Symphonique du Brésil (OSB, à Rio, en octobre 2016), l’Orchestre symphonique national du Costa Rica. Des suites instrumentales de Rameau, d’Acanthe et Céphise (1751) et de Castor et Pollux (dans une version remaniée par Gossec en 1770 pour le mariage de Marie-Antoinette à Versailles), ouvrent la voie guerrière, frénétique (c’est à dire post gluckiste) de Gossec, avec la célèbre Symphonie à 17 parties ; l’oeuvre ardente, bouillonnante, éruptive, indique alors un art particulier de l’orchestration à l’époque de la naissance d’une première école symphonique française. Méhul, premier véritable compositeur romantique français, devint célèbre sous l’Empire avec son ouverture La Chasse du Jeune Henri que colorent les cuivres caractéristiques de la musique révolutionnaire. C’est justement Méhul que jouait en octobre 2016, le même Bruno Procopio à Rio de Janeiro, pilotant l’Orchestre Symphonique du Brésil, dans la fameuse Symphonie n°2, haletante, nerveuse, aux fulgurances cette fois nettement Beethovénienne (le chef démontrait sa proximité de caractère avec la 5è de Ludwig dont elle est strictement contemporaine : conçue en 1808). Fabuleuse révélation d’un chef défricheur.
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Bruno Procopio : Une Symphonie française au COSTA RICA
San José, Cathédrale
Le 26 mai 2017
programme
Jean-Philippe Rameau
Suite d’Acante et Céphise ou La Sympathie
Ouverture – Fanfare – Tambourin – Contredanse
Jean-Philippe Rameau
Suite de Castor et Pollux (arrangée par François-Joseph Gossec)
Ouverture – 1er et 2e Tambourin – Chaconne
François-Joseph Gossec
Symphonie à 17 parties
Maestoso – Allegro molto – Menuet – Allegro molto
Étienne-Nicolas Méhul
La Chasse du Jeune Henri
François-Joseph Gossec
Pot-Pourri de musique militaire
Orchestre symphonique national du Costa Rica / Bruno Procopio, direction musicale / 1h30 avec entracte