Bruno Procopio, fondateur du label Paraty (2/2) Pourquoi créer un nouveau label? Pour qui?

D’origine brésilienne, le claveciniste Bruno Procopio appartient à la nouvelle génération des musiciens volontaires, qui ayant compris les nouveaux enjeux et la restructuration inévitable de la filière musicale, ont décidé de créer leur propre label de disques. L’artiste entrepreneur développe ses propres projets mais aussi accueillent d’autres musiciens qui partagent sa vision dynamique et exigeante. A ses côtés, les pianistes Ivan Ilic, Nicolas Stavy, la gambiste virtuose Emmanuelle Guigues avec laquelle Bruno Procopio a fondé en 2005 son propre ensemble de musique baroque, Les Solistes du Palais Royal, dévolu au baroque brésilien (mais pas seulement), témoignent des qualités de l’entreprise. Plus qu’un nouveau label, Bruno Procopio offre une autre vision de la musique par le disque où l’autoproduction pourrait être la clé du succès…

Illustrations sonores: les pianistes jouent chacun un extrait du disque qu’ils ont enregistré chez Paraty. Ivan Ilic interprète Debussy (Canope, Livre II); Nicolas Stavy, la Ballade n°4 de Frédéric Chopin. Emmunelle Guigues et Bruno Procopio jouent une Sonate pour viole de gambe et continuo de Johann Friedrich Ruhe.

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La complicité des deux artistes, Bruno Procopio et Emmanuelle Guigues, détaille avec une énergie étonante et
un solide sens des contrastes, la diversité des rythmes des trois Sonates pour viole de gambe et clavecin obligé, comme ils savent aussi exprimer l’inénarrable nostalgie des trois adagios (écoutez par exemple, celui central de la Sonate Bwv 1029), comme l’activité irrépressible de l’Allegro
qui lui succède. Qu’elles datent de la période de Coethen (vers 1717)
ou de Leipzig, vers 1740, toutes révèlent cette universalité musicale
dont le Director Musices fut capable, en génial touche à tout, d’une
force synthétique et combinatoire inouïe … (Jean-Sébastien Bach: Sonates pour viole de gambe et clavecin obligé… 1 cd Paraty)

Ivan Ilic, américain d’origine serbe, étudiant à 17
ans à l’Université de Berkeley, est aussi mathématicien. De Berkeley
(Premier Prix de piano), il intègre ensuite les conservatoires de San
Francisco, puis Supérieure de Paris (Premier Prix derechef), enfin
l’Ecole normale où il suit le perfectionnement dirigé par François René
Duchâble et Christian Ivaldi. Technicien agile, le pianiste se dévoile
ici en interprète accompli. Des Premiers et Deuxième Livres qui couvrent les années 1909 à
1912, le pianiste américain exprime la matière cristalline, nerveuse,
liquide, soulignant chez Debussy… (Ivan Ilic: récital Claude Debussy: Préludes, Livres I et II, 1 cd Paraty)

Rubato aérien et superbement construit, phrasés enchanteurs, le jeu
caresse, sculpte sans appui. D’autant que les passages si foisonnants
entre les tempos, sont maîtrisés avec naturel et souplesse. Osons même
le mot: avec une évidence et une grâce que l’écoute répétée confirme.
La vitalité émotionnelle et l’allant animent chaque phrase musicale
d’une vie intérieure propre (Sonate n°3, Nocturne en si majeur). Autant
de profondeur sans « calcul » ni effet convainc totalement. Son toucher
chante, d’une ivresse respirée, profonde, intuitive et lumineuse… (Nicolas Stavy: récital Frédéric Chopin, 1 cd Paraty)