C’est en jouant ce soir à Bordeaux que le Quatuor Tokyo commence sa tournée a travers plusieurs pays. A noter tout d’abord : la disposition du quatuor. Le premier violon à gauche, puis le second comme d’habitude, mais ensuite le violoncelle face au public et l’alto (membre fondateur du quatuor avec le second violon) à droite. Cette disposition permet sans doute de mieux entendre les basses du violoncelle en contraste avec les aigus des violons. Mais l’alto semblait souvent être obligé de se tourner sur sa gauche pour que le son soit projeté vers la salle. Il y a donc des pour et des contres pour une telle disposition et c’est donc surtout une question de choix personnel.
Le concert a commencé par le Quatuor op.18 no.5 de Beethoven. Quatuor assez jeune d’esprit, rappelant parfois certains procédés d’écriture des sonates pour piano op.10. Dès le début, quelques décalages d’assurance de la part du second violon se font entendre. Décalages très visibles dans les solos que présente chacun des instruments en cours de concert. Le Quatuor de Beethoven a tout de suite donné le ton, et l’on pouvait s’apercevoir dès les premières mesures que l’on avait à faire à un excellent quatuor. Leur jeu d’ensemble est naturel, l’entente musicale, très bonne, et beaucoup de liberté est laissé à chacun des instrumentistes.
Le fameux Quatuor Rosamunde de Schubert, qui tient son nom de l’ouverture homonyme puisqu’il en reprend des thèmes dans le second mouvement, était la partie la plus importante du concert. D’abord par sa durée et ensuite par son intensité musicale.
En effet l’oeuvre est assez longue, mais sa durée ne s’est pas fait ressentir du fait que le quatuor alimentait sans cesse les atmosphères, selon les cas:climat dramatique, tranquillité pastorale, et d’autres innombrables images qui permettent à l’auditeur de ne jamais s’ennuyer.
Quelques écarts de justesses sont bien les seules choses que l’on peut reprocher au premier violon. Par contre le violoncelle et l’alto ont tous deux une superbe sonorité et une technique irréprochable.
En terminant par l’énigmatique Quatuor de Smetana, le concert s’achève par une touche romantique. Très expressif, le quatuor retrace les différentes périodes de la vie du compositeur. Effet très réussi, et très bien accompli par les musiciens. En bis, les interprètes jouent l’un des mouvements du Quatuor de Haydn, « La grenouille », petite pièce comique, typique de Haydn, joyeux qui emporte l’adhésion de l’audience, dans la joie et l’humeur piquante.
Ludwig van Beethoven (1770-1827), Quatuor en La majeur op.18 n°5; Franz Schubert (1797-1828), Quatuor en la mineur op.29 D 804 « Rosamunde » ; Bedrich Smetana (1824-1884), Quatuor n°1 en mi mineur « Auf mein Leben » (de ma vie). Quatuor de Tokyo.