Ambroise Thomas
Hamlet, 1868
Metz, Opéra Théâtre de Metz Métropole
Les 27 et 29 novembre 2009
Initiée en 2007 par Eric Chevalier, directeur de l’Opéra Théâtre de Metz (avec une superbe révélation de l’opéra méconnu Le Caïd), la Biennale Ambroise Thomas (né à Metz) se poursuit en sa 2è édition en novembre 2009, avec l’opéra Hamlet à l’affiche de la scène messine, les 27 et 29 novembre 2009.
En plein essor du romantisme français dont de nouveaux repères et de nouveaux champs d’investigation sont désormais proposés par le jeune Centre de musique romantique française à Venise (ou Palazetto Bru Zane, inauguré le 3 octobre 2009), Metz et son directeur dynamique (Eric Chevalier est aussi décorateur et metteur en scène), souligne l’activité d’Ambroise Thomas qui fut le professeur de Massenet. L’Opéra Théâtre de Metz Métropole qui est la scène désignée de la communauté qui regroupe près de 40 communes, a bien raison de dévoiler l’art d’un compositeur local (né à Metz en 1811) qui fit aussi carrière à Paris.
2011 marque un nouveau temps fort pour la Biennale Ambroise Thomas à Metz, comme pour la programmation de l’Opéra Théâtre de Metz Métropole: pour le bicentenaire de la naissance d’Ambroise Thomas, en 2011, Eric Chevalier programme un nouvel opéra du compositeur messin, Françoise de Rimini, ouvrage créé à l’Opéra de paris en 1882. L’année 2011 est aussi celle où sera produit l’opéra Mateo Falcone, d’un autre compositeur de Lorraine, Théodore Gouvy (1819-1898), rare auteur réussissant la fusion des styles romantiques français et allemands.
En homme de théâtre, soucieux de vérité scénique et de cohérence visuelle et psychologique, Eric Chevalier, qui signe les décors de la nouvelle production, entend proposer une vision engagée d’Hamlet, d’autant que Ambroise Thomas souffre encore d’un préjugé néfaste quant à son écriture que beaucoup qualifie sans raisons de décorative voire de superficielle. C’est omettre qu’avec Hamlet, Thomas relève le défi d’une partition qui affronte la poétique fantastique et tendre de Shakespeare. Son opéra de 1868 est même d’une rare efficacité.
Ambroise Thomas: Hamlet. Opéra en 5 actes, livret de Barbier et Carré d’après Shakespeare. Créé à l’opéra de Paris, le 9 mars 1868. Hamlet, fiancé de la belle Ophélie, désire venger le crime de son père que son frère Claudius a assassiné pour prendre le trône et épouser sa veuve Gertrude. Mais confronté à la barbarie humaine, celle du clan qui a tué son père, auquel le propre père d’Ophélie appartient, Hamlet même s’il réussit à tuer Claudius, met en péril sa raison. Il a perdu Ophélie, morte noyée. Nouveau roi de Danemark, Hamlet incarne la fragilité psychique du héros, pourtant fondé dans sa quête de vérité.
vidéo
visionner notre reportage vidéo exclusif de Hamlet d’Ambroise Thomas,
nouvelle production présentée par l’Opéra-Théâtre de Metz Métropole,
les 27 et 29 novembre 2009, dans le cadre de la 2ème Biennale Ambroise
Thomas 2009…
distribution de Hamlet à l’Opéra Théâtre de Metz Métropole
Direction musicale : Jacques Mercier
Mise en scène : Bernard Habermeyer
Décors : Éric Chevalier
Costumes : Dominique Burté
Lumières : Patrice Willaume
Chorégraphie : Patrick Salliot
Chef de chant : Nathalie Marmeuse
Ophélie : Marie-Ève Munger
La reine Gertrude : Delphine Haidan
Hamlet : Didier Henry
Claudius : Patrice Berger
Laerte : Avi Klemberg
L’ombre du roi : Philippe Kahn
Polonius : Jean-Vincent Blot
Marcellus : Yvan Rebeyrol
Horatio : Sébastien Grandgambe
1er Fossoyeur : Xavier Mauconduit
2e Fossoyeur : Régis Mengus
Chef de file de l’opéra français, le messin Ambroise Thomas (1811-1896) traverse tout le XIXe siècle grâce à plus de 20 ouvrages lyriques dont certains portent la marque shakespearienne (Le Songe d’une Nuit d’Été, La Tempête). Hamlet
(1868) s’inscrit dans cette filiation, mais Barbier et Carré, les
librettistes de Thomas, tout en prenant quelques libertés avec le mythe
et son support historique, oeuvrent dans le respect de l’exigence du
compositeur. Si Metz présente la version dite de Paris (ou française),
dans laquelle Hamlet le fils venge l’assassinat de son père et se fait
couronner à sa suite Roi de Danemark, la partition est du meilleur
Thomas, lyrique, épique, tendre et dramatiquement resserrée. Ni
académique ni décoratif, l’opéra résiste à toute critique et le
musicien veille au raffinement particulier de son orchestre en
utilisant par exemple pour la première fois, le saxophone, nouvel
instrument conçu par le belge Adolphe Sax, à l’époque, directeur de la
musique de scène à l’Opéra de Paris.
Avec Hamlet, Ambroise Thomas offre un rôle difficile et profond pour
voix de baryton. Précisons par ailleurs que le créateur du rôle,
Jean-Baptiste Faure, illustre chanteur, amateur de peinture et
collectionneur des impressionnistes, qui fut aussi un proche de Manet,
lequel le portraitura en 1883, créa aussi, un an avant Hamlet, en 1867, également sur la scène de l’Opéra de Paris, Posa dans Don Carlos de Verdi…
Metz, Opéra Théâtre de Metz Métropole. Biennale
Ambroise Thomas (1811-1896). Jusqu’au 2 décembre 2009.
Ambroise Thomas: Hamlet (1868), les 27 et 29 novembre 2009. Orchestre
national de Lorraine. Jacques Mercier, direction.
Illustration: Ambroise Thomas par Hippolyte Flandrin, vers 1834 (DR)