dimanche 27 avril 2025

Beethoven, Missa SolemnisFrance musique, le 29 octobre à 12h

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Dimanche 29 octobre à 12h

Un seul oratorio, deux messes. La contribution de Beethoven au genre
sacré, reste mince. Mais ici, la rareté de l’offrande est compensée par
un travail particulièrement approfondi. En 1802, dans son testament d’Heiligenstadt (daté du 6 octobre), le compositeur déclare : « Divinité,
tu vois d’en haut au fond de moi, tu le peux, tu sais que l’amour de
l’humanité et le désir de faire du bien m’habitent
». Fidèle à
cette amour compassionnel pour l’humanité, pour le bien des hommes, ses
frères, le compositeur exprime dans son oratorio, Le Christ au mont des oliviers
de 1803, le conflit déchirant qui agite l’esprit du Sauveur : en son
âme sacrifiée, se déploient les dernières angoisses, brûlées par le
sentiment final de la bonté et de générosité, comme aboutissement
absolu de l’être. Officiellement, la Missa Solemnis est née de
la commande reçue par le musicien, en juin 1819, pour célébrer la
nomination de l’Archiduc Rodolphe d’Autriche au siège épiscopal
d’Olmütz. En vérité, la nécessité de réformer l’écriture religieuse, le
besoin de trouver enfin une forme musicale digne du texte sacré,
hantaient Beethoven depuis plusieurs années. Le Gloria, puis le Credo et le Sanctus, enfin le reste de la partition sont échafaudées peu à peu dans le courant 1819 et 1820. Interrompue par la composition des Diabelli, la Missa Solemnis est achevée en mars 1823.
Exigeant,
et même radical par sa ferveur pasionnelle, Beethoven qui remet sa
copie trois années après la date de l’intronisation, écrit en tête de
sa messe : « Venue du cœur, puisse-t-elle de même retourner aux cœurs ».
Durant
ses années de réflexion intense et de composition, Palestrina et le
chant grégorien ont été des modèles soigneusement analysés. La musique
y respecte l’intelligibilité des textes, tout en respectant la
signification théologique. Par les figuralismes et les tonalités,
Beethoven trouvent des correspondances justes : la tonalité générale de
l’œuvre, ré majeur, souligne la place première du Père, tandis par
exemple que le rapport tonal de tierce majeur signifie la trinité et
exprime la relation du Père au Fils. D’ailleurs, la tierce s’affirme
comme le symbole du Christ. Le plan des solistes ne cesse ici
d’interroger le sens de la Passion et du Sacrifice. Confrontés au
Mystère du Christ, les voix incarnent la ferveur et la compassion la
plus sincère. Les chœurs quant à eux sont capables de bâtir de
puissantes doxologies comme en témoignent les fugues vertigineuses du Gloria et du Credo.
Enfin, la partie de l’orchestre se fait chant, propre à dire ce que ni
les chœurs ni les voix solistes ne peuvent prononcer : ainsi, l’incarnatus est, est-il signifié par un solo de flûte et le miracle de la transsubstantation par le prélude en lévitation qui relie le Benedictus au Sanctus.
Acte de foi personnel, la Missa Solemnis est surtout une prière ouverte à tous. Pour la communion du plus grand nombre.

Ludwig van Beethoven,
Missa Solemnis
(1823).

Camilla Nylund, soprano
Birgit Remmert, mezzo
Charles Workman, ténor
Franz Josef Selig, basse
Orchestre de la Suisse Romande
Choeur de la Radio de Berlin,
Marek Janowski
, direction

Concert enregistré le 19 septembre 2006
au Théâtre des Champs Elysées à Paris

Illustration
Hans Memling, Ange (Paris, musée du Louvre)

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