lundi 7 juillet 2025

Beauty of the Baroque. Danielle de Niese, sopranoDowland, Haendel, Monteverdi… 1 cd Decca

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Beauty of the Baroque: le titre du programme désigne une volonté d’esthétisme et ces valeurs essentielles pour tout récital baroque, l’articulation et l’éloquence de la rhétorique des passions. Dès les deux premiers Dowland, dans un anglais accentué sans afféterie, et un souci délectable de la vitalité expressive, la soprano Danielle de Niese affirme ce feu vocalisant proche du texte, porté par un legato tout en fluidité. Voilà qui commence bien, excellemment même…


Perles irrégulières

Son premier Haendel, indique une tenue de ligne certes impeccable: pourtant Ombrai mai fu pâtit de sa couleur trop posée voire un rien minaudante (le vrai défaut d’un tempérament par ailleurs évident). Le timbre nasalisé ne manque pas de brio (Let the bright Seraphim extrait de Samson)… Thy hand, Belinda est révélateur d’une intonation parfois flottante: or l’articulation demeure ciselée, soucieuse des accents de ce lamento purcellien d’une géniale lumière noire et dépressive trouve une ambassadrice ardente et alanguie. Son allemand de l’air de la cantate BWV 202 dérape: perte d’équilibre, manque de souffle; mais la suavité et la langueur étant les deux facettes maîtrisées de la cantatrice, Danielle de Niese réussit avec davantage de justesse l’admirable air de la BWV 208 dont la couleur des deux traversos indique un chant taillé pour les épanchements sensuelles et tendres.

D’ailleurs, le caractère élégiaque et pastorale de l’air d’Acis et Galatée: Heart, the seat of soft delight souligne une évidente facilité dans tout expression extatique. Plus artificiel, le duo Monteverdi/Ferrari concluant le Couronnement de Poppée de Monteverdi (Pur ti miro…): les deux amoureux semblent chanter en aveugles, ne se trouvant vraiment jamais, et l’on regrette ici cette affectation qui grossit tous les accents, un manque évident de simplicité. Revers que souligne sans réserve, la tenue de « Quel sguardo sdegnosetto« , extrait des Scherzi Musicali: osons dire qu’ici, la soprano en fait trop. Alors que donne l’air le plus long de ce récital passablement éclectique (mais pourquoi pas?): à savoir « Io t’abraccio » de Rodolinda de Haendel (avec à nouveau Andreas Scholl)… meilleure écoute respective, meilleur sens du phrasé, hauteur et couleur plus maîtrisées: duo gagnant! Carte de visite sur le mode baroque, véritable récital dont la diversité fera fuir les puristes, mais attisera la curiosité d’en écouter davantage, le programme malgré les réserves ici et là énoncées, confirme le charme vocal de la soprano américaine. « Guardian angels, oh, protect me » touche par la candeur lumineuse du timbre et ce chant intense et mesuré qui n’est jamais en force. Si là encore la cantatrice effaçait cette tentation du détail qui paraît maniérisme, l’on aurait un bel canto plus saisissant: sobriété, simplicité… voilà deux qualités que la nouvelle diva chez Decca cultivera avec bénéfice. Les Dowland, Rodolinda puis ce Guardian Angels… défend avec évidence les qualités diverses d’une voix visiblement inspirée par les passions baroques, profanes ou sacrées. De sorte que nous tenons là un récital en demi teintes mais aussi un collier d’airs dont certains éblouissants et magnifiquement chantés, laissent envisager d’autres accomplissements à venir pour la diva américaine née en Australie…

Beauty of the Baroque. Danielle de Niese, soprano. Airs de Dowland, Haendel, Pergolèse, Monteverdi, Bach… Avec Andreas Scholl, haute-contre. The English Concert. Harry Bicket, direction. 1 cd Decca0 28947 82260 8. 56 mn. Londres; août 2010

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