Arturo Toscanini dirige Wagner (1948-1951)
Arte, le 24 juin 2007 à 19h
Wagner avant Verdi
Pour le cinquantenaire de la mort du plus grand chef italien du XX ème siècle, Arte diffuse plusieurs documents d’archives, dans un répertoire que le maestro légendaire servit avec ferveur.
Mort en janvier 1957, à New-York, Arturo Toscanini reste la figure emblématique de la direction d’orchestre du début du XX ème siècle. Une tension parfaitement contrôlée, des nuances contrastées, une recherche constante de lisibilité et d’articulation… d’autant plus évidentes lorsqu’il dirigeait Richard Wagner. Toscanini aurait eu dès 12 ans, (donc avant qu’il ne dirige par coeur à 19 ans, Aïda de Verdi), la révélation du génie de Wagner. En 1878, il découvre médusé et conquis, l’Ouverture de Tannhäuser, puis en 1884, alors qu’il est dans l’orchestre en tant que violoncelliste de rang, les flèches ascendantes du Prélude de Lohengrin, cette même partition qui avait tant à son époque, enthousiasmé Baudelaire.
Parce qu’il est un républicain forcené, antifasciste non moins convaincu, Toscanini n’accepte pas la politique de Mussolini. Il quitte son pays et s’exile aux USA où il dirige un orchestre mis en sa disposition, l’Orchestre Symphonique de la NBC, à partir de 1937 et jusqu’en 1954, année où il dirige son dernier concert avec la phalange américaine.
Des 17 années d’une collaboration exemplaire sur le plan artistique, Arte diffuse plusieurs documents d’archives, où le maestro dirige debout sans partition, les oeuvres de son compositeur favori: Ouverture de Tannhäuser, Prélude de Lohengrin, Chevauchée des Walkyries… Le joyau de cette série de captations, demeure le Prélude et la mort d’Yseult, de Tristan und Isolde. Le 29 décembre 1951, la frêle silhouette du petit moustachu, concentré et tendu obtient des prodiges de son orchestre. L’index de la main gauche pointé, exige fermeté et précision des attaques et des débuts de phrases. Bouche ouverte, regard fixe, Toscanini réclame souvent l’atténuation des accents. C’est un maître des nuances et des pianissimos qui se révèle. Un orfèvre de la forme et de la matière sonore qui soigne, transparence, texture, gradation dramatique. Les fans seront comblés: pendant les dernières mesures de la Mort d’Yseult, la caméra reste face au maître, plan serré, révélant quelle personnalité exceptionnelle il fut. Incontournable.
Crédit photographique
Arturo Toscanini (DR)