mardi 29 avril 2025

Arrigo Boito, Mefistofele (1868-75)

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Arrigo Boito (1842-1918)
Mefistofele, 1868-1875

Boito se forme au Conservatoire de Milan et entreprend à partir de 1862, à 20 ans, un long périple qui le mène dans dans les capitales européennes dont Paris où il rencontre Berlioz, Victor Hugo, Rossini et Verdi avec lequel il collaborera. Suivent Berlin et la Pologne où réside sa famille. Impétueux autant qu’engagé, Boito participe en Italie où il est revenu, au renouvellement de l’art italien, réclamant parmi le collectif d’artistes militants surnommés les échevelés (Scapligiati) un nouvel esthétisme. Verdi se sentant critiqué et remis en cause lui vaudra un ressentiment tenace. La première version de Mefistofele présenté en 1868 est un échec. Boito décide de modifier son opéra. Pour l’heure, il écrit le livret d’autres compositeurs, en particulier celui de Gioconda de Ponchielli, grand opéra historico-sentimental qui a lieu dans la Venise du XVII ème siècle (1876). Il signe sous le pseudonyme presque explicite de « Tobbia Gorrio ».
En dramaturge exigeant, Boito sait résoudre les difficultés de l’action lyrique. Il maîtrise les contingences de la scène et sait exprimer sur les planches, l’intensité des passions. La nouvelle version de Mefistofele, présentée en 1875, suscite un succès immédiat, assurant la pleine revanche de son auteur. Boito effectue une relecture du mythe goethéen: après l’épisode tragique de Marguerite emprisonnée, Faust se laisse séduire à l’époque de la Grêce antique par l’ineffable Hélène. Mais sentant sa fin venir et concluant à l’échec de sa vie dissolue, il se repend et rejette les nouveaux artifices de Mefistofele. En définitive, l’envoyé du diable est vaincu et l’âme de Faust sauvée, au terme de l’épilogue.
Son ami, le chef d’orchestre Franco Faccio arrange la réconciliation avec Verdi (1879) et grâce à l’entremise complémentaire de l’éditeur Ricordi, Boito travaille avec le compositeur pour une révision profitable de Simon Boccanegra (1881). La brouille des deux hommes est bien éteinte et après Simon Boccanegra, Boito rédige le livret des deux derniers chefs-d’oeuvre de son aîné, Otello (1887) puis Falstaff (1893). Agé de 51 ans, Boito était sur le chantier d’un nouvel opus verdien, le roi Lear. Projet ajourné par la mort du compositeur en 1901. Jusqu’à sa disparition à Milan, le 10 juin 1918, l’auteur de Mefistofele s’attèle à Nerone, opéra ambitieux, laissé malheureusement inachevé. Compositeur et homme de lettres, Boito, outre ses livrets d’une haute facture poétique pour Verdi, a aussi écrit un recueil de poésie, Libro dei versi, ainsi que le poème fantastique, Rè Orso.

Synopsis de Mefistofele

Prologue
Mefistofele jure au Seigneur qu’il possédera l’âme de Faust

Un jour de fête à Francfort
Faust et son élève Wagner regardent le cortège et les danses. Faust remarque la silhouette de Mefistofele. Chez lui, Faust reprend ses lectures. Mefistofele qui l’a suivi, lui apparaît, louant les délices d’une vie de plaisir et de bonheur absolu, en échange de son âme. Faust accepte.
Devenu jeune homme sous le nom de Henri, Faust tombe amoureux de Marguerite cependant que Mefistofele convole avec l’amie de Marguerite, Marthe. Marguerite séduite par Faust accepte de verser un somnifère dans le breuvage qu’elle apporte chaque soir, à sa mère afin qu’ils puissent se revoir. Le temps a passé. Faust et Mefistofele assistent au sommet du Mont Brocken au Sabbat. Mais Faust a la vision de Marguerite enchaînée. Il se sent d’autant plus coupable qu’il a abandonné la pauvre fille. Mais Faust n’oublie pas son apparition. Il pénètre dans la prison où Marguerite est enfermée: elle lui avoue qu’elle a tué sa mère à cause du narcotique, et noyé l’enfant né de ses amours coupables avec lui. Marguerite reconnaît aux côtés de Faust, Mefistofele. Elle prie le Seigneur avant de mourir.

Epilogue
Mefistofele a conduit Faust en Grêce où ce dernier s’éprend d’Hélène. Devenu vieux, Faust constate l’échec de sa vie dissolue. Il n’a pas connu l’extase ni le bonheur tant convoités. Mais Mefistofele lui renvoie de nouvelles images séductrices. Faust s’en détourne, blâmant l’oeuvre du diable. Il est sauvé, et son âme rejoint le ciel, intacte. Le choeur des anges loue le Seigneur.

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