Armando Noguera
Baryton
En octobre 2008, il participe à la production en tournée en France, d’Il Viaggio a Reims de Rossini, où il sera Don Alvaro (ambassadeur d’Espagne); puis à l’horizon 2009, le baryton donnera un récital de mélodies argentines, signés Ginestra et Alfonsina Storni (entre autres). En diseur habité, Armando Noguera exprime le trouble et la richesse des poèmes choisis. Le mot et sa résonance magique, l’articulation du verbe comme l’intonation et la connotation d’une note comptent en premier lieu chez cet interprète fin et engagé dont chaque prise de rôle est le fruit d’un travail et d’une préparation particulièrement approfondis. Le chanteur qui s’est déjà distingué dans de récentes productions modernes telles Golan de John Gasken ou Les Caprices de Marianne d’Henri Sauguet, et plus récemment, Sumidagawa de Susumu Yoshida, a montré qu’il était aussi un acteur de première classe. Jeu millimétré et intérieur, maîtrise et mesure de l’intensité vocale, projection assurée, constante musicalité permettent d’espérer demain pour cette voix spécifique et immédiatement reconnaissable de baryton martin, à la fois claire et lumineuse, de nouveaux grands rôles.
Né en Argentine, le jeune musicien s’est initié au chant à Buenos Aires. C’est au Teatro Colon qu’il débute dans un rôle appelé à le lancer: Figaro du Babrier de Séville de Rossini (1999). Il a pu ensuite travailler pendant une année à Vienne et à Salzbourg grâce à une bourse d’étude. Agé de 20 ans, il a suivi l’enseignement et les conseils de José van Dam, de Dalton Baldwin. A partir de 2003, Hugues Gall lui propose d’intégrer le Centre de formation lyrique de l’Opéra de Paris. Rien de mieux pour l’apprentissage d’un chanteur que d’acquérir les bases du métier dans l’esprit d’une troupe auprès de formateurs aguerris. En novembre 2003, il suivait une masterclasse avec Teresa Berganza, nouvelle étape formatrice d’une carrière à son début, que la chaîne Mezzo a filmée et récemment diffusée. Armando Noguera, dans le rôle du Barbier montrait pendant la classe de Teresa Berganza, son sens dramatique grâce à un abattage et une facilité vocale surprenante. Autant d’atouts qu’il sait exploiter pour restituer au personnage du Factotum sa finesse et son esprit en suivant les arabesques et la vivacité de la musique.
Mais le répertoire d’Armando Noguera est déjà impressionnant. Parler d’un personnage, c’est entrer par résonance dans son identité profonde. Quand il chante Onéguine, (Eugène Onéguine de Piotr Illiytch Tchaïkovski), le baryton argentin tente de comprendre au plus juste la psychologie du personnage imaginé par Pouchkine: un être dévasté qui a peur de ses propres sentiments et ne comprend que trop tard combien il avait tort de se mentir à lui-même. C’est Raymond Duffaut (déjà complice pour son Belcore dans l’Elisr d’amor de Donizetti) qui lui offrira de chanter le rôle tchaïkovskien au cours de la saison 2009-2010. De même quand il évoque l’hypersensibilité de Werther, dans la version pour baryton écrite par Massenet, le chanteur sait trouver les mots justes en défricher passionné de l’âme des caractères ainsi abordés.
Un autre rôle a été déterminant celui du Maharal dans Golem de John Gasken (octobre et novembre 2006). L’artiste a lu abondamment, démêlé tous les aspects du mythe afin de trouver la vérité du personnage: avoir exprimé la naïveté et la violence du Maharal, ce démiruge dépassé par sa créature, demeure une expérience inoubliable.
Aujourd’hui, le baryton se sent proche du Pelléas de Debussy. La sensualité de la musique, son écoulement à la fois énigmatique et mystérieux sont proche du tempérament du baryton argentin. Pelléas est le défi de demain, un rôle passionnant. Mélisande manipule sciemment ce naïf qui l’aime passionnément. Armando Noguera connaît déjà les nuances exigeantes de la langue française: il a pu en mesurer les enjeux et les contraintes comme la fabuleuse portée libératrice sur le plan de l’expression en chantant Octave des Caprices de Marianne d’Henri Sauguet (Compiègne, octobre 2006). Aux côtés du regretté Pierre Jourdan qui l’initia à la magie du verbe ciselé, à cette finesse spécifiquement française, portée en un point d’accomplissement dans la partition, le jeune baryton a aussi recueilli les lumières non moins expertes dans l’art de l’éloquence et de la diction d’une répétitrice et d’un professeur de chant autant que de prosodie: Janine Reiss.
A l’été 2008, Armando Noguera chantera L’Enfance du Christ à Séville sous la direction de John Nelson. En février 2009, il sera Danilo dans La Veuve Joyeuse à Limoges. Mais pour l’heure, le jeune interprète travaille Don Alvaro, personnage coloré et haut en couleur, conçu par un Rossini très en verve pour ce Voyage à Reims qui promet d’être l’une des productions les plus intéressantes de la rentrée 2008.
DVD
Les Caprices de Marianne d’Henri Sauguet, enregistré au Théâtre Impérial de Compiègne. Armando Noguera incarne Octave, l’ami de Celio qui aime Marianne. Octave, riche et insouciant jeune homme propose à son compagnon de l’aider à déclarer sa flamme à la jeune femme, mais chez Musset, les choses ainsi posées évoluent à l’inverse de ce qu’on avait imaginé et la belle Marianne s’éprend d’Octave qui éprouve pour la première fois un puissant sentiment amoureux. Armando Noguera offre une palette subtile d’émotions pour incarner le personnage tendre et tragique d’Octave, pris entre l’amour naissant qui le submerge et sa fidélité à l’ami de toujours, Celio… finesse de l’acteur, articulation naturelle du français amoureux, le rôle souligne les qualités de l’interprète, prêt à relever le défi de nouveaux personnages tout aussi ambivalents et musicalement ciselés.
Dates clés
1995
J’intègre l’École de Chant (Young Artist Program) du Teatro Colon a Buenos Aires.
1999
Débuts au Teatro Colon: Figaro dans Le Barbiere di Siviglia de Rossini
2002
J’intègre le Centre de Formation Lyrique à l’Opéra de Paris
Rencontre avec Janine Reiss et André Dos Santos
2003
Rencontre avec Pierre Jourdan. Prix Carpeaux à l’Opéra de Paris
3ème prix au Concours de Chant de Toulouse
2005
Rencontre avec John Nelson. Premier Eugène Oneguine
Agenda
Eté 2008: L’Enfance du Christ de Berlioz
Octobre 2008: L’Ambassadeur Alvaro dans Il Viaggio a Reims de Rossini. Opéra en tournée en France
Février 2009: Danilo dans La Veuve Joyeuse, Opéra de Limoges
9 avril 2009. Toulouse, midis du Capitole. Récital de mélodies: Ropartz, Ravel. André Dos Santos, piano
Saison 2009/2010: Opéra d’Avignon: Eugène Onéguine
Illustrations: Les Caprices de Marianne (© J-P. Gilson)