dimanche 6 octobre 2024

Antonin Dvorak (1841-1904), Rusalka (1901)Mezzo, le 27 mai à 20h50

A lire aussi

Légende onirique? Plutôt implacable machinerie tragique.
La nymphe Rusalka rêve d’aimer le prince dont elle est tombée amoureuse. Mais ce rêve se révélera être un désir éprouvant pour lequel elle devra renoncer à tout ce qu’elle était. Apparente féérie, la légende lyrique de Dvorak est surtout une plongée dans les eaux infernales. La production de Paris, produite à l’Opéra Bastille en 2002, est la création parisienne de l’ouvrage.

«Rusalka», opéra créé en 1901 au Théâtre National de Paris, est l’avant dernier ouvrage lyrique d’Antonin Dvorak.

L’accueil fut enthousiaste.
Première parisienne de l’œuvre, la production présenté à Bastille en 2002, offre une lecture convaincante. La nymphe Rusalka souhaite prendre forme humaine car elle est amoureuse d’un prince. Son vœu sera exaucé. Mais le prix de son désir n’est pas sans danger… car pour aimer, il faut donner sa confiance et s’engager.
Explicitement inspiré par les mélodies flokloriques tchèques, Rusalka dont le sujet puise aussi dans les contes féériques populaires, est apparu dès sa création comme l’affirmation d’un opéra national. Jaroslav Kvapil, le librettiste de Dvorak, s’inspire de la Petite sirène d’Andersen.
Au début serment à l’amour, élévation des sentiments exprimés, l’ouvrage sombre très vite sur le thème de la pureté bafouée, la fidélité trahie, la traîtrise laplus noire qui se révélera tragique pour les deux protagoniste.
Aujourd’hui, la fascination qu’exerce l’opéra se révèle en particulier dans la fameuse prière à la lune, chantée par la nymphe Rusalka. La carrière de la partition en France aura été difficile et laborieuse. L’opéra de Marseille accueillit l’œuvre pour une création française en 1982, puis Paris la fit entre à son répertoire grâce à la production dont il est question. Soit pas moins d’un siècle pour que le public parisien puissen enfin applaudir ce chef d’œuvre lyrique du Xxème siècle, conteporain de Pelléas de Debussy.

Le metteur en scène Robert Carsen s’est saisi de la légende, en en restituant le pouvoir enchanteur du drame de l’ambivalence. Mais l’enchanteur se fait aussi analyste. Non content de nous déployer un superbe dispositif visuel, dont la puissance féérique ne fait aucun doute, en lecteur avisé et imaginatif de Bruno Betthelheim, il rétablit les références psychanalytiques à l’œuvre dans le le subconscient des personnages.
Que l’on soit ou non sensible à cette relecture, l’approche reste constamment sensible et même d’une incroyable attractivité poétique.
L’eau, le vertige des mondes liquides, l’évanescence du monde des ondines souligne là encore l’obsession du metteur qui aime interroger l’apparence des choses, l’illusion du théâtre et de la scène. Autant de registres qui trompent et même piègent l’œil du spectateur tout en renforçant la richesse hypnotique du spectacle.

Monde parallèle et en constante analogie, le milieu des hommes et celui des nymphes se croise, s’affleure. Leur permanente co-existence finit par troubler notre vision ; elle dévoile en un rapport continu, la part chevauchée entre le rêve et la réalité, les forces du désir et la résistance du réel.
Si l’offre scénique est souvent époustouflante, le plateau vocal maintient le niveau : il est somptueux, donnant âme et chair et ce conte qui n’aurait pu être qu’inconsistant comme l’eau qui en est l’axe traversant

Rusalka” d’Antonin Dvorak
Production de l’ Opéra national de Paris
Bastille Opéra (2002). Durée : 2h40mn. Réalisation: François Roussillon

Opéra en trois actes d’Antonin Dvorak sur un livret de Jaroslav Kvapil,
enregistré à l’Opéra national de Paris-Bastille. Avec Sergueï Larin (le
prince), Eva Urbanova (la princesse étrangère), Renée Fleming
(Rusalka), Frank Hawlata (l’Esprit du lac), Larissa Diadkova
(Jezibaba), Kevin Greenlaw (la voix d’un chasseur), Karine Deshaye (le
garçon de cuisine), Michelle Conniccioni (première nymphe), Svetlana
Lifar (deuxième nymphe), Nova Javakhidze (troisième nymphe), Michel
Sénéchal (le garde-forestier). L’Orchestre et les Choeurs de l’Opéra de
Paris sont dirigés par James Conlon. Chorégraphie : Philippe Giraudeau,
décors et costumes : Michael Levine, mise en scène : Robert Carsen.


Rediffusions

Le 28 mai à 13h45, les 6 juin à 15h45 puis 16 à 15h45.

- Sponsorisé -
- Sponsorisé -
Derniers articles

CRITIQUE, opéra. BRUXELLES, Théâtre Royal de La Monnaie (du 11 septembre au 4 octobre 2024). WAGNER : Siegfried. M. Virgilius, I. Brimberg, G. Bretz…...

La Tétralogie de Richard Wagner revient - depuis la saison dernière - au Théâtre Royal de la Monnaie, après...
- Espace publicitaire -spot_img

Découvrez d'autres articles similaires

- Espace publicitaire -spot_img