dimanche 27 avril 2025

André Tubeuf: La Quatorzième Valse (Actes Sud)

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André Tubeuf
La Quatorzième Valse

Roman ou plutôt récit qui s’appuie sur des faits vérifiables (comme les évocations des enregistrements de l’artiste à Genève, en Suisse, en juillet 1950), le nouveau texte d’André Tubeuf, professeur de philosophie, 77 ans en 2008, s’intéresse aux derniers jours (en vérité les 3 derniers mois) du pianiste virtuose Dinu Lipatti, en particulier du dernier récital de l’interprète, à Besançon (septembre 1950): malade, en souffrance, l’homme d’un courage admirable, y joue les Valses de Chopin et surtout « Jésus que ma joie demeure » de Bach, « air-signature » du pianiste légendaire. A l’époque, l’artiste annule ses concerts pour raisons de santé: cet ultime concert est un adieu qui reste un événement musical à l’affiche du Festival de Besançon. Le chant pourtant lumineux et d’une sérénité éclatante du pianiste, en vérité en combat contre sa maladie, décédé à 33 ans (en décembre 1950) se précise au fil des pages. Perfectionniste, ambassadeur de Bach, Lipatti est une star adulée par la jeunesse de son époque que sa mort brutale a saisi.

Lipatti ressuscité
Comme le visuel de couverture où une main agile et volubile court sur l’ivoire d’un clavier, André Tubeuf revisite avec détails, les événements de sa mémoire: rien ne semble perdu. Chaque climat se dévoile et s’offre au lecteur impatient d’en connaître davantage. L’auteur imagine les pensées du pianiste pour vivre de l’intérieur le cheminement ultime du musicien frappé par le destin. Essai en forme d’hommage, « la 14ème Valse », exprime ce « besoin » de Lipatti qui s’est manifesté dès 1950 et que l’auteur, admirateur sans réserve, porte intact, 58 ans plus tard. Au travers des détails recomposés de cette fiction intimiste, André Tubeuf approche le miracle de la musique, d’autant plus captivante, que son apparente perfection, sa mise à distance interprétative, efface dans la vérité du jeu, les douleurs et les vertiges de la vie personnelle. L’auteur s’est intéressé de près et depuis longtemps à l’approche musicale de Lipatti. Quand il apprend en décembre 1950, le décès du musicien, la radio diffuse son dernier concert de Besançon. L’auteur comprend que par l’enregistrement, le pianiste a traversé la mort pour l’éternité. En plus de l’évocation, le témoignage de l’auditeur émerveillé donne tout son prix au portrait du dernier Lipatti.

André Tubeuf: La Quatorzième Valse. Editions Actes Sud, 154 pages.

En parallèle au texte fictionnel d’André Tubeuf, Emi classics réédite les enregistrements de Dinu Lipatti en un coffret événement (7 cd Emi Classics). Le cycle des archives ainsi republiées comprend entre autres le dernier concert du pianiste à Besançon, le 16 septembre 1950 (avec les fameuses 13 Valses de Chopin, et non 14)…

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