Robert Hollingworth dévoile la messe à 40 voix de Striggio

volet d’une représentation somptueuse, nécessitant la participation de
chanteurs acteurs costumés, de machineries volantes dont les tableaux
devaient probablement évoquer la vision céleste et extatique du texte
latin. Il s’agissait alors de marquer le passage dans le cité médicéenne
des deux envoyés du Pape, le cardinal Ippolito d’Este et le théologien
jésuite Diego Laynez, alors en route pour le Colloque de Poissy en
France.
Cinq ans plus tard, en 1566, Striggio reprend le dispositif de son motet à 40 parties séparées: il compose une nouvelle Messe Ecco si beato giorno
dont la splendeur et les défis de l’écriture polyphonique à 5 choeurs
là aussi, entendent séduire l’Empereur à Vienne: la partition que
l’auteur apporte lui-même après avoir traversé les Alpes (à dos d’âne),
lui était dédiée. Cosimo de Medicis espérait l’adhésion de l’Empereur du
Saint-Empire pour obtenir le titre de Grand Duc de Toscane. La Messe
incarne cette ambition politique qui est aussi un aboutissement musical.
Robert Hollingworth et son ensemble I Fagiolini ont enregistré à Londres (septembre 2010), la Messe en 40 parties séparées Ecco si beato, giorno
de 1566, oeuvre monumentale et tapisserie flamboyante de la pleine
Renaissance dont le chef sait aussi restituer, outre le souffle
polyphonique, la vibrante et riche coloration instrumentale. A partir du
manuscrit original (découvert par Davitt Moroney à la BNF à Paris), Robert Hollingworth
rétablit la splendeur des fastes médicéennes à Florence, celles
imaginées par un compositeur diplomate, dont l’oeuvre et le style
visionnaire annoncent directement l’essor polychoral à Venise avec les
Gabrieli puis Monteverdi. La Messe de Striggio suscite aussi une
influence décisive auprès des auteurs britanniques tel Byrd et plus
probablement Tallis dont Spem in alium entend rivaliser avec la
virtuosité de Striggio… Cd événement édité chez Decca au printemps
2011. Le 2 mai, disponibilité digitale sur les plateformes de
téléchargement. Le 20 juin, sortie dans les bacs. Oeuvre majeure.
Critique développée dans le mag cd de classiquenews.com.
Alessandro Striggio: Messe à 40 parties, Ecco si Beato Giorno (1566). Motet Ecce beatam lucem (1561). Galilei: contrapunto secondo. Tallis: Spem in alium (circa 1567). I Fagiolini. Robert Hollingworth, direction. 1 cd+ 1dvd Decca (documentaire sur l’oeuvre et son interprétation, 12 mn)