mercredi 14 mai 2025

Paris. Théâtre des Champs Élysées, le 26 avril 2013. Mozart, Schubert, Haydn. Orchestre de Chambre de Paris. Gidon Kremer, violon. Maria Fedotova, flute. Ivor Bolton, direction

A lire aussi
Le Théâtre des Champs Élysées accueille un nouveau concert de l’Orchestre de Chambre de Paris auquel se joignent le violoniste Gidon Kremer et la flûtiste russe Maria Fedotova, dirigés par le chef britannique Ivor Bolton. Le programme orbite autour du classicisme-romantisme viennois de Haydn, Mozart et Schubert, avec l’inclusion d’une pièce contemporaine d’après Schubert signée Sofia Gubaidulina.

Visages du classicisme : charme et sensibilité. La soirée commence en effectifs réduits, avec le Divertimento n. 10 en fa majeur de Mozart K 247, pour quatuor à cordes et deux cors. Le premier violon est en vedette, avec une vive présence et au tempérament brillant. Les six mouvements sont une sorte de suite de danses où les interprètes se montrent complètement à l’aise dans le raffinement aristocratique comme dans l’entrain campagnard qui caractérisent la pièce.

Une introduction pleine de charme et de caractère pour les deux oeuvres suivantes avec Gidon Kremer au violon solo. Il s’agît de deux pièces orchestrales – rares- de la plume de Schubert, la Polonaise et le Konzertstück pour violon et orchestre. Dans la première, nous sommes charmés par le caractère divertissant et dans la deuxième par le brio sensuel de la partition.
Kremer fait preuve de sensibilité et de musicalité, nous sommes davantage reconnaissants du fait qu’il décide de mettre en valeur la musique avant la virtuosité. Les morceaux formellement peu complexes soulignent la belle profondeur de son jeu et la sonorité exquise de son violon Niccolò Amati.

Il propose ensuite la découverte de l’Impromptu pour flûte, violon et orchestre à cordes de Sofia Gubaidulina, d’après le dernier Impromptu pour piano de Schubert op. 90. L’arrangement est éclectique et particulier. La flûte et le violon se partagent la ligne mélodique, et si l’arrangement paraît déconcerté voire post-moderne, il n’est pas déconcertant. Au contraire, la couleur est intéressante et les relations sonores stimulantes. Maria Fedorova joue la flûte de façon saisissante et la dynamique avec Kremer au violon mystérieux est impressionnante.

La flûtiste russe interprète après l’Andante en ut majeur K 315/285e, mouvement de remplacement du Concerto pour flûte et orchestre de Mozart K 313, ainsi que le Rondon en ut majeur K 373, originellement pour violon et orchestre. Le premier est un morceau d’une beauté paisible, noble et cantabile. Dans le dernier, plus virtuose, la flûtiste dégage une sensualité et une grâce délicate tout à fait ravissante.

La Symphonie n°104 en ré majeur de Joseph Haydn, sa dernière, clôt le concert. Comme les dernières symphonies de Mozart elle préfigure le romantisme musical, tout en restant classique dans sa nature. Tous les blocs instrumentaux excellent ici. Les cordes et les bois en particulier.
Les premières maîtrisent les sonorités Don Giovannesques du premier mouvement avec brio. Les bois, quant à eux, brillent au mouvements centraux. Le finale spiritoso est grandiose, est le musiciens de l’orchestre présentent avec vigueur et rigueur formelle tout
le caractère, fort mais paisible, du père du triumvirat du classicisme viennois.

Un concert de talents associés qui refusent de se contenter d’une banale virtuosité, cédant la place à une expression sincère d’amour à l’art… Le chef impressionne peu, mais la vitalité et l’entrain édifiants des musiciens de l’Orchestre de Chambre de Paris se distinguent nettement. Etaient-ils inspirés par la tendre luminosité et le caractère jovial et animé du grand violoniste Gidon Kremer ? Très probablement. Et le public conquis à son tour, s’est laissé baigner dans une atmosphère de charme chaleureux et de grande musicalité.

Derniers articles

CRITIQUE, opéra. SAINT-ETIENNE, Grand-Théâtre Massenet, le 11 mai 2025. SAINT-SAËNS : Samson et Dalila. F. Laconi, M. Gautrot, P-N. Martin… Immo Karaman / Guillaume...

L’Opéra de Saint-Étienne renoue avec Samson et Dalila de Camille Saint-Saëns, une œuvre absente de sa scène depuis 2008,...

Découvrez d'autres articles similaires

- Espace publicitaire -spot_img