dimanche 4 mai 2025

Pierre-René Serna: L’anti-Wagner sans peine Presses Universitaire de France (PUF)

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Pierre-René Serna
L’anti-Wagner sans peine

Aimer Wagner, c’est d’abord ne pas être … wagnérien. Contre le vent annoncé d’une déferlante prowagnérienne… centenaire 2013 oblige, voici un opuscule rafraîchissant dont le sujet est un procès en règle plutôt très argumenté sur le cas Richard Wagner.

Wagner surestimé, suradoré, et déjà trop célébré ? En une quarantaine d’entrées thématiques, l’auteur développe un cycle de critiques et de mises au point dont certaines feront tressaillir les plus mordus à la cause wagnérienne…
Si la France se passionne pour l’auteur de Tristan… le lecteur apprendra ainsi a contrario que l’auteur du Ring vouait une haine tenace à la France. Mêmes affirmations décapantes s’agissant des lourdeurs, langueurs, longueurs insupportables face aux ouvrages de Richard Wagner. C’est un un pamphlet polémique… Le ton est provocateur, les charges argumentées
et le désir de remettre certaines pendules à l’heure, communicatif.
Mais à trop vouloir haïr Wagner, l’idée ne serait-elle pas d’abord, de
réécouter Wagner pour juger sur pièces ? De sorte que cet opuscule
nourrit in fine la volonté de reconsidérer Wagner comme pour mieux
l’apprécier…

A la question faut-il détacher l’oeuvre et l’homme ?, la réponse d’emblée pointe du doigt une affaire délicate (lire le chapitre « Tout ») car si l’opéra de Wagner est un théâtre total, sa vie, son oeuvre, sa personnalité sont bel et bien indissociables. Délicate réalité quand on sait son pangermanisme déclaré, son antisémitisme assumé… faisant le lit du nazisme à venir. Rien n’est laissé dans l’ombre dans ce fascicule que les adorateurs appelleront brûlot sacrilège.

Et pourtant, à trop adorer Wagner, on lisse certaines de ses facettes tout à fait actives dans l’oeuvre: l’obsession des origines, la question du père; le goût du luxe et du confort bourgeois; le complexe physique, le goût du verbe pompeux et creux qui pollue tant de ses livrets, le culte de la race pure et supérieure… l’absence d’écrits précis sur les chanteurs laissant le cas des voix wagnériennes tel un point irrésolu…

Le propre des génies est d’être pluriel et contradictoire. Wagner en serait l’exemple le plus criant. Le texte voudrait nous inviter à la distance critique… après lecture, on ne souhaite qu’une chose: écouter l’orchestre de Wagner et ses voix fusionnées. Pour confirmer, infirmer voire contester un texte volontiers subejctif. Voilà donc contrairement aux apparences et aux promesses d’un titre provocateur, la meilleure approche pour aimer Wagner. Et si détester Richard, c’était déjà l’apprécier ? La haine n’est jamais éloignée de la passion…

Pierre-René Serna: L’anti-Wagner sans peine. Presses Universitaire de France. 88 pages. Parution: courant octobre 2012.

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