Gluck
Orphée et Eurydice, 1774
version Berlioz, 1859
Nouvelle Production
Angers Nantes opéra
Du 2 au 22 mars 2012
Nantes, Théâtre Graslin
vendredi 2, dimanche 4, mardi 6, vendredi 9, dimanche 11 mars 2012
Angers, Grand théâtre
dimanche 18, mardi 20, jeudi 22 mars 2012
Opéra en trois actes.
Livret italien de Raniero de’ Calzabigi, traduit en français par Pierre-Louis Moliné, revu par Hector Berlioz.
Créé au Burgtheater de Vienne, le 5 octobre 1762, puis, pour la version française, à l’Académie Royale de musique de Paris, le 2 août 1774. Version révisée par Hector Berlioz, créée au Théâtre Lyrique de Paris, le 18 novembre 1859.
Direction musicale: Andreas Spering.
Mise en scène: Emmanuelle Bastet
. Orchestre National des Pays de la Loire.
Nouvelle Production Angers Nantes Opéra
[Opéra en français avec surtitres]
Orphée version Berlioz (1859)
Créé au Burgtheater de Vienne, le 5 octobre 1762 (sous son titre italien : Orfeo avec un castrat dans le rôle-titre) puis, dans sa seconde version française (avec ténor dans le rôle-titre) à l’Académie Royale de musique de Paris, le 2 août 1774, la partition de Gluck marque doublement à Vienne puis Paris, à 10 années d’intervalle, l’histoire de l’opéra à l’époque des Lumières.
La nouvelle production présentée par Angers Nantes Opéra, temps fort de sa saison lyrique 2011/2012, s’intéresse à l’autre version romantisée, révisée par Hector Berlioz (aidé par le jeune Saint-Saëns), créée au Théâtre Lyrique de Paris, le 18 novembre 1859.
Paris, 1859. C’est l’époque où Gluck et sa réforme théâtrale insuffle un retour esthétique pour le classicisme: les romantiques inspirés par l’équilibre et l’épure formelle? Gluckiste de la première heure (tout autant que shakespearien), Berlioz se passionne totalement pour une forme dramatiquement unifiée, où chant et musique ne sont développés que s’ils servent tension et urgence de l’action. Chœurs, orchestre, airs chantés composent une fresque à la fois dépouillée et sublime qui emporte l’adhésion des spectateurs. A l’époque où Berlioz s’intéresse au théâtre de Gluck, le compositeur français conçoit son épopée lyrique: Les Troyens (1858-1859), pendant français de la Tétralogie wagnérienne. Passionné par l’idée d’un théâtre total, Berlioz redéfinit le genre du grand opéra romantique en lui ajoutant une couleur Shakespearienne associée (imbrication très fine des tableaux diversifiés au risque de rompre l’unité psychologique) à la leçon de Virgile (pureté de la langue, force poétique du verbe, et a contrario de la scène shakespearienne, absence d’action et de mouvement). Quand Berlioz livre « sa » version de l’Orphée de Gluck, il pense avoir fixé un modèle théâtral et lyrique.
Direction musicale :Andreas Spering
Mise en scène: Emmanuelle Bastet
Scénographie et costumes : Tim Northam
Lumière : François Thouret
Avec:
Julie Robard-Gendre, Orphée
Hélène Guilmette, Eurydice
Sophie Junker, l’Amour
Choeur d’Angers Nantes Opéra
— Direction Sandrine Abello —
Orchestre National des Pays de la Loire
Nouvelle Production
La vision d’Emmanuelle Bastet

Les sources qui nous parlent d’Orphée et nourrissent le mythe sont diverses: récits orphiques, Euripide, puis Ovide. C’est à toutes les époques, un mythe fondateur et tragique. L’Amour fou d’Orphée qui descend aux enfers pour sauver son aimée, morte par le poison d’un serpent, fascine. Mais le voyage aux Enfers reste l’épisode finale de sa vie qui auparavant et par ailleurs, est très riche.
Avant les Enfers et ses noces avec Eurydice, Orphée est cet aventurier compagnons des Argonautes. Artiste, musicien, chanteur (Offenbach le fait violoniste dans son Orphée aux enfers), enchanteur et solaire, héros positif, proche d’Apollon, il enchante, parle aux animaux car la beauté de sa voix, sa harpe sont très attractives; sa geste indique un moyen de connaissance et de civilisation, mais aussi de sublimation et donc de transgression car il pénètre les Enfers. Infléchissant la loi des dieux, il sait toucher et adoucir l’inflexible Pluton. Outre la force du sujet, les oeuvres que Orphée a suscité chez les compositeurs sont tout autant capitales et puissantes.
De solaire et humain, porté par une indéfectible ardeur amoureuse (Monteverdi), le héros gluckien devient surtout sombre et « maudit », figure romantique par excellence; figure de l’artiste souffrant, être déchiré, moins solaire que véritablement humain: il se lamente, se plaint; désespère.
Tel est sa figure au commencement du théâtre gluckiste.
Un rêve éveillé ?
la vision d’Emmanuelle Bastet
Eurydice s’incarne dans l’esprit d’Orphée comme une idée fantasmée, moins une femme; c’est une personnification de la femme idéale, comme peut l’être l’immortelle bien-aimée chère dans le cœur solitaire de Beethoven, ou l’aimée inaccessible fantasmée par Berlioz dans le diptyque symphonique: Episode de la vie d’un artiste (Symphonie fantastique puis Lelio ou le retour à la vie); quand Eurydice s’incarne après l’attente, Orphée ne la retrouve pas comme il la souhaitait; comme il ne cesse de la rêver depuis le début de l’ouvrage, il y a un malentendu entre le désir de l’artiste et la réalité de la femme retrouvée…

accompagne l’élaboration de la nouvelle production d’Orphée et Eurydice
présentée à partir du 2 mars par Angers Nantes Opéra. Dans ce
premier volet, découverte et fabrication des costumes (lignes, couleurs
des costumes pour l’acte III, les champs-élysées… sources
d’inspiration, style, essayage), première installation de la machinerie,
vision d’Orphée… entretien avec Emmanuelle Bastet, mise en scène; Tim
Northam, scénographie et costumes; Jean-Paul Davois, directeur général
d’Angers Nantes Opéra. Gluck: Orphée et Eurydice à Angers Nantes Opéra, du 2 au 22 mars 2012. Voir notre reportage vidéo complet 1