Anna Nicole
(Pappano, Westbroeck, 2011)
Miss « pneumatique », fille texane devenue stripteaseuse et icône de Playboy, puis épouse d’un milliardaire, Anna Nicole Smith (de son vrai nom Vickie Lynn Hogan, décédée en 2007) incarne le rêve de toutes les américaines aspirant à la beauté mais « perdue d »avance »; c’est l’éternelle carrière pathétique et cynique des lolitas qui se rêvent Marylin… Le Royal Opera House crée en février 2011 ce spectacle qui tient plus de la comédie musicale que de l’opéra. Il y a incontestablement du rythme dans l’enchaînement des tableaux, une bonne dose de tragicomédie, avec pointes satiriques sur ce qu’est en réalité le rêve américain…
Broadway à Covent Garden
D’emplois divers en époux contrastés, la jeune diva blonde s’use, perd toute innocence, se brûle les ailes. La réussite du spectacle tient essentiellement au tempérament de la soprano, engagée en diable, Eva-Maria Westbroek, wagnérienne saluée et déjà opulente et sensuelle sirène, femme généreuse et maternelle dans une Minnie (La Fanciulla del West de Puccini, Amsterdam 2009), également enregistrée chez Opus Arte. Elle incarne avec sincérité l’ascension puis la lente descente aux enfers de la playmate devenue accroc aux médocs que la mort de son fils Daniel atteint définitivement. La bimbo siliconée se révèle d’une fragilité maladive…
Dans la fosse, dommage qu’Antonio Pappano force constamment le trait : la sonorité de l’orchestre est tendue, plus démonstrative que réellement nuancée; en manque de subtilité, la tenue musicale fait définitivement basculer le spectacle en métaphore aguicheuse; seule l’interprétation d’Eva-Maria Westbroeck sauve la mise par sa justesse et sa finesse; Anna Nicole c’est elle, exclusivement.
Anna Nicole de Mark-Anthony Turnage et Richard Thomas. Eva-Maria Westbroek, Gerald Finley, Alan Oke, Susan Bickley. Royal Opera House chorus and orchestra Covent Garden. Antonio Pappano, direction. Richard Jones, mise en scène. 1 dvd Opus Arte. 2h. 8 09478 01054 8.