En 2024, le 19ème Festival de Musique Sacrée de ROCAMADOUR, dans la vallée de la Dordogne, illustre le thème générique de l’Espérance… Il affiche plusieurs concerts-événements, à partir du vendredi 15 et jusqu’au lundi 26 août (soit pas moins de 28 événements musicaux). Toute la programmation ici : https://www.rocamadourfestival.com/
Rocamadour © DR Festival de Rocamadour
Concert d’OUVERTURE le vendredi 15 août 2024 avec un récital d’orgue dans la Basilique Saint-Sauveur, lieu et écrin emblématique du Festival (« Moment d’orgue », à 12h00, par Nicola Procaccini, orgue. Au programme : pièces de Duruflé, Alain, Messiaen…). Ces « moments d’orgues » jalonnent le festival et composent comme des préambules aux concerts qui suivent (autres « moments d’orgues » les 16, 19, 20, 21, 22, 23, 26 août). Grands concerts événements, Vallée de l’Alzou : le 15 août à 20h30 : Récital de Roberto Alagna (Airs sacrés, airs d’opéra, durée 1h30 – Orchestre Consuelo / Victor Julien-Laferrière, direction), puis le lendemain, vendredi 16 août à 20h30, Symphonies n°5 et 6 « Pastorale de Ludwig van Beethoven également par l’Orchestre Consuelo / Victor Julien-Laferrière. Autre événement, le récital en solo du pianiste David Fray dans les Variations Goldberg de J.S. Bach, le 23 août à 21h.
MUSIQUE DE CHAMBRE FAURÉENNE, pour célébrer le Centenaire de la mort de Gabriel Fauré en 2024, avec le violoniste Renaud Capuçon (le 17 août, 19h30, puis 21h30 : au programme, entre autres, Trio et Quatuor avec piano, « Après un rêve » pour violoncelle et piano…).
LE RÉPERTOIRE SACRÉ, ADN du Festival, promet des moments de grâce à la Basilique Saint-Sauveur : GESUALDO SIX (« LUX AETERNAE » : œuvres de Cristobal de Morales, Lassus, Tallis, Richard Rodney… le 18 août, 21h) ; COUPERIN : Leçons de Ténèbres par l’Orchestre de l’Opéra Royal de Versailles (le 20 août, 21h, avec Marie Lys et Florie Valiquette) ; « GLORIA SVECIAE » par Sébastien Daucé et l’Ensemble Correspondances et l’alto Lucile Richardot (œuvres de Johann Christoph Bach, Pohle, Geist, Krieger, Tunder… le 22 août, 21h) ; STABAT MATER de Pergolèse par le sopraniste Bruno de Sá et le contre-ténor Paul Figuier, accompagnés par Thibault Noally et son ensemble Les Accents (le 24 août, 21h), et enfin « DA PACEM » par l’Ensemble La Sportelle ; au programme : Litanies à la Vierge noire de Poulenc, Requiem de Fauré… (le 26 août, 21h, clôture du Festival).
Ne manquez non plus, les concerts dans le territoire, à l’église Sainte-Marie de Souillac, et dans des sites souvent méconnus, superbes découvertes patrimoniales à (re)découvrir au moment du festival : « A PRAYER FOR DELIVERANCE », Tenebrae Choir, le 19 août, 21h, Abbatiale Sainte-Marie, Souillac) ; « AZAHAR » par La Tempête (le 21 août, 21h, même église à Souillac) ; « MAYRIG », musiques d’Arménie par Eva Zaïcik, David Harountuninan et Xenia Maliarevitch au Château de la Treyne, le 25 août, 19h), enfin « ET IN ARCADIA EGO SUM » par le Collegium Vocale Gent et Philippe Herreweghe (Abbatiale Sainte-Marie, Souillac, le 25 août, 21h) : madrigaux arcadiens de Luca Marenzio, Giaches de Wert, Sigismondo d’India, Claudio Monteverdi… Sans omettre, la proposition intimiste du duo composé par le ténor Enguerrand de Hys et le pianiste Paul Beynet qui interprètent ainsi 3 récitals de mélodies françaises dans la Chapelle du Grand Couvent, à Gramat à 18h: « Contes mystiques » (le 22 août), « En prière » (le 23 août), « A Marie » (le 24 août 2024).
Tous les programmes, la billetterie en ligne, directement sur le site du Festival de ROCAMADOUR 2024 : https://www.rocamadourfestival.com/
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Entretien
ENTRETIEN avec Emmeran ROLLIN à propos du Festival de Rocamadour 2024 — Emmeran Rollin, directeur artistique du Festival de Rocamadour, présente ses choix musicaux qui font chaque été l’âme du festival (beauté, fraternité, espoir), mais aussi qui portent les projets de plus grande ampleur, additionnels au festival, comprenant le chant choral, l’ensemble La Sportelle, un nouveau cycle de concerts… Rocamadour, lieu patrimonial et historique unique, joyau de la Vallée de l’Alzou et site idéal pour contempler les étoiles ; révélation de Francis Poulenc saisi devant la statue de la Vierge Noire, missions du projet « Rocamadour – Musique Sacrée », temps forts de l’édition 2024 placée sous le signe de l’Espérance (« devise de Rocamadour »)…, Présentation et explications à propos d’un projet musical unique.
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CLASSIQUENEWS : En quoi consiste le projet « Rocamadour – Musique sacrée » ? Comment se manifeste-t-il pendant chaque festival estival ?
Emmeran ROLLIN : Le projet « Rocamadour – musique sacrée » a d’abord été imaginé pour faire vivre l’histoire millénaire de Rocamadour. Un lieu incroyable, unique et qui porte une histoire singulière.
De la préhistoire jusqu’à aujourd’hui, il s’agit d’un lieu qui amène de la beauté. Dans l’histoire récente, c’est la figure de Francis Poulenc qui est lié à Rocamadour. Le 22 août 1936, il vient pour la première fois à Rocamadour. Sa rencontre avec la Vierge Noire de Rocamadour est un choc et il exprime avoir reçu le « coup de poignard de la grâce en plein cœur ». Le soir même il commence l’écriture de sa première œuvre de musique sacrée: les Litanies à la Vierge Noire de Rocamadour. Il reviendra très régulièrement à Rocamadour jusqu’à sa mort et toute sa musique sacrée est liée à cette cité. Notamment le Stabat Mater et les Dialogues des Carmélites.
L’association est créée en 2006 et a pour mission de faire vivre cet esprit si particulier de Rocamadour en déployant toutes les composantes de la musique sacrée. C’est un projet culturel à 360° qui s’est déployé avec l’organisation tout d’abord du Festival de Rocamadour et des activités de formation autour du chant choral, puis le développement d’une saison de concerts, la création de l’Ensemble la Sportelle et la création du Label Rocamadour. Le défi d’un tel projet est également de l’avoir ancré sur un territoire rural « loin de tout mais proche de tout ».
Pendant le festival, chaque composante du projet « Rocamadour – musique sacrée » se retrouve pendant ces 12 jours. Certains artistes du Label font partie des artistes invités et l’Ensemble la Sportelle se produit au moins une fois.
CLASSIQUENEWS : Quelle est la ligne directrice de l’édition 2024 du Festival ?
Emmeran ROLLIN : Chaque année le festival de Rocamadour a pour ambition de programmer 7 siècles de musique, du chant grégorien à la création contemporaine. Nous souhaitons accueillir des formats divers, des solistes aux grands ensembles ; et enfin de jeunes talents et des artistes internationaux. Nous jumelons également des œuvres connues et des pépites à découvrir. Par exemple, en 2024, nous entendrons les Cantigas de Santa Maria du XIIIème siècle et également une œuvre que nous avons commandée à Thierry Escaich en 2021: Ecce pulchra es. Nous irons du récital de Piano avec David Fray dans les variations Goldberg de Jean-Sébastien Bach à la cinquième symphonie de Beethoven avec Consuelo et Victor Julien-Laferrière. Nous accueillons un jeune organiste italien en résidence Nicola Procaccini et le Tenebrae choir, l’un des plus beaux chœurs au monde. Enfin nous entendrons des grands « tubes » comme le Stabat Mater de Pergolèse avec Bruno de Sa ou le Requiem de Fauré avec l’Ensemble la Sportelle mais aussi la musique à la cour de Suède ou des madrigalistes italiens.
Toute cette richesse est placée sous la thématique de l’Espérance qui est la devise de Rocamadour, l’Espérance ferme comme le roc. Dans un contexte de tension à différentes échelles, il nous a semblé que le festival devait être un lieu de beauté, un lieu de fraternité et un lieu d’espoir.
CLASSIQUENEWS : Présentez-nous les 2 concerts au pied de la cité (Récita Alagna et Symphonies 5 et 6 de Beethoven)…
Emmeran ROLLIN : La grande scène extérieure de la Vallée de l’Alzou est un lieu unique. Une grande salle à ciel ouvert. Il faut imaginer que les murs sont faits de part et d’autre par les falaises du canyon de l’Alzou. Ce petit ruisseau qui coule au pied de Rocamadour. Le décor de scène, c’est la verticalité de la cité sacrée de Rocamadour illuminée, un décor qui nous amène à l’élévation. Le toit, c’est la voûte étoilée lotoise qui est exceptionnelle puisque nous nous situons dans le triangle noir, l’endroit de France où on voit le mieux les étoiles.
Ce décor incroyable nous permet de développer le répertoire symphonique et les grands orchestres. En 2024, nous avons la joie d’accueillir un récital avec Roberto Alagna en ouverture du festival le 15 août. Grandes œuvres sacrées et grands airs d’Opéra sont au programme avec l’Ave Maria de Schubert ou « Vois ma misère » de Samson et Dalila. Le 16 août, c’est le répertoire symphonique qui sera au rendez-vous avec la 5ème et la 6ème symphonies de Beethoven. Victor Julien-Laferrière et son orchestre Consuelo sont exceptionnels dans ce répertoire. Il est très intéressant de donner les deux en même temps car la composition de la 5ème symphonie fut menée en parallèle avec celle de la 6ème et la première eut lieu durant le même concert.
CLASSIQUENEWS : Quels sont les lieux qui continuent de perpétuer cette ambiance si spécifique au Festival ?
Emmeran ROLLIN : Le festival de Rocamadour, c’est une histoire, c’est un territoire et c’est un patrimoine. Naturel, bâti et un terroir. L’ambiance du festival c’est avant tout des lieux qui nous élèvent.
La basilique Saint-Sauveur en est le cœur. A flanc de falaise, cette église semi-troglodyte est un lieu très fort et spirituel. C’est un bel écrin pour la musique sacrée en petit effectif. L’abbatiale bénédictine de Souillac, construite au XIIème siècle est un lieu qui permet de proposer les grandes œuvres du répertoire sacré qui nécessite une acoustique large.
Enfin la Vallée de l’Alzou est faite pour le répertoire symphonique et les grandes œuvres sacrées comme le Requiem de Verdi que nous avons donné en 2023.
Propos recueillis en mars 2024
Rocamadour © DR Festival de Rocamadour