Giuseppe Verdi
Rigoletto, 1851
en direct de Mantoue
France 3
Samedi 4 septembre 2010 à 20h35
Dimanche 5 septembre 2010 à 14h15
Dimanche 5 septembre 2010 à 23h30
L’opéra en direct, aux vraies heures de l’histoire et dans les lieux historiques où se passe l’action d’acte en acte… la formule est désormais connue. En plus de la vérité des chanteurs et de la musique, l’opération restitue au drame sa dimension spatiale et souvent son atmosphère spécifique. Après l’avoir réalisé pour Tosca à Rome (1992), puis Traviata à Paris (2000), France 3 récidive un dispositif musical et lyrique qui est aussi un vrai grand défi technique. En 2010, la chaîne publique déplace ses caméras en Italie à Mantoue, ville médiévale et Renaissance préservée, écrin idéale pour l’action fantastique et tragique de Rigoletto de Giuseppe Verdi.
En direct de Mantoue…
Plusieurs années de préparation et de repérage sur place (avec en prime une promotion exceptionnelle de la ville de Mantoue à l’échelle du globe), des mois de répétition pour les interprètes sont nécessaires pour l’accomplissement de l’événement cathodique.
… la vaine action du bouffon maudit
L’action se déroule en trois actes, donc est diffusée en direct à 3 reprises, depuis les lieux historiques de la Mantoue Renaissante: le Palazzo du Te et la Palazzo Ducale où chanteront et se déplaceront les chanteurs: le bouffon maudit (Rigoletto incarné par Placido Domingo qui a si souvent chanté le rôle du Duc), sa fille Gilda (Julia Novikova), le Duc de Mantoue lui-même (Vittorio Grigolo). L’orchestre dirigé par Zubin Mehta assure sa partie dans le Teatro scientifico Bibiena (architecture baroque XVIIIè).

Dans sa pièce, Hugo parlait explicitement de François Ier. Dans l’opéra, Piave transfère l’action à Mantoue au XVème siècle: même si l’opéra porte le nom du baryton, le compositeur a surtout réservé de superbes airs (trois au total) pour le ténor, ce Duc continent et lâche, aussi inconstant qu’infidèle qui d’ailleurs applique la légèreté qu’il dénonce chez la femme (La donna è mobile) pour lui-même: comble de l’hypocrisie!

Déjà
se dessine une évolution marquante de l’écriture musicale. Moins d’airs
de pure virtuosité, détachés de l’action dramatique, mais une vision
dramaturgique unitaire, dense, resserrée qui fusionne la psychologie
des personnages dans le développement de la catastrophe. Ainsi, si
Gilda chante son air de langueur amoureuse « Caro nome« ,
idéalisant celui qu’elle aime et qui n’est guère qu’un séducteur
déloyal, c’est pour mieux souligner son angélisme aveugle. Un angélisme
d’autant plus émouvant qu’il est sacrifié sans détour à la fin de
l’opéra. Rigoletto raconte en définitive la course d’une
malédiction qui se retourne contre celui qui l’a prononcée. Au final,
le bouffon du Duc, dont le plaisir était la moquerie et la raillerie,
perdra ce qu’il a de plus cher au monde, sa propre fille. Si la pièce Le Roi s’amuse de Victor Hugo (1832), dont Rigoletto
est l’adaptation, ne s’imposa pas sur la scène, il en va autrement de
l’opéra de Verdi dont l’efficacité dramatique étonne et saisit le
spectateur à chaque représentation. Dans l’Italie du XVIème siècle,
aussi raffinée que barbare, c’est à dire d’une certaine manière
décadente, l’amour y dévoile ses deux visages: pur et innocent (Gilda),
inconstant et volage (le Duc de Mantoue). La tendresse d’un père (thème
récurrent chez le compositeur) y suscite le crime, pour sa perte. Quand
Rigoletto commande au lugubre Sparafucile, tueur à gages, le meurtre de
son ennemi, le bouffon n’a pas bien mesuré les enjeux de son plan. Au
jeu social, des hypocrisies et des intrigues, celui qui croyait
prendre…. est berné. Atrocement.
diffuse en direct l’ouvrage de Verdi depuis La Fenice à Venise. Sous la
direction de Myung-Whun Chung (mise en scène: Claudio Marino Moretti).
Avec Roberto Frontali (Rigoletto), Désirée Rancatore (Gilda), Eric
Cutler (le Duc de Mantoue)…
