Le théâtre du Capitole propose chaque année un spectacle en direction des jeunes depuis 1996. Un partenariat fructueux avec le Rectorat de l’Académie de Toulouse a permis la réalisation d’un vaste projet ambitieux. Les 50 jeunes âgés de 14 à 22 ans, venus de tous horizons ont travaillé dur depuis un an, et sur scène ils créent la sensation, car ils se mêlent aux professionnels sans qu’il soit possible de les distinguer. West Side Story est une comédie musicale bouleversante de Leonard Bernstein revisitant la tragique histoire de Roméo et Juliette. Ballet, chant, théâtre sont les trois arts que les collégiens et les lycéens ont abordés, mieux, ils en ont acquis la terrible discipline, source du plaisir puis du don au public. Le succès a été au rendez-vous et l’écrin du Théâtre Jules Julien leur a apporté la sécurité nécessaire en cette année de nomadisme du Théâtre du Capitole. Le spectacle est joué à guichet fermé et de nombreux jeunes sont ravis par ce premier contact lyrique.
Les ballets ont été parfaitement réalisés, le Hih-Hop apportant une touche contemporaine bienvenue. Les chœurs très en place ont été agréablement offerts dans une émotion toujours prenante. La sonorisation a mis tout le monde à l’aise y compris les solistes.
Du point de vue mise en scène, décors et costumes, la sobriété est de mise. Le message n’en devient que plus clair. Le monde est hétérogène, ethnies, couleurs de peau sont des détails. Le Jets comme les Sharks sont multi raciaux et toutes les couleurs de peau sont présentes en leurs rangs. Ce n’est pas là que réside le danger des oppositions pouvant tourner au conflit meurtrier. Bien plus, c’est l’esprit étroit de bande et la bêtise tapie au fond de chacun qui mène au malheur. Seul l’amour peut dépasser cela, mais ici pour un temps trop court. À Toulouse aujourd’hui comme ailleurs et de tous temps… En gommant l’opposition ethnique le message est renversant de simplicité. Tout comme l’émouvante fin du spectacle où tous les enfants, en tee-shirts blancs et jeans chantent en regardant le public dans les yeux : « There’s a place for us, Somewhere a place for us, Peace and quiet and open air , wait for us, Somewhere ». (Il y a quelque part une place pour nous…., Paix et tranquillité nous attendent , quelque part).
Cette place a certainement été trouvée tout au long de l’année durant la préparation de ce beau spectacle, qui a toute sa raison d’être dans la programmation du Capitole, tant l’émotion est au rendez-vous. On l’a dit la réalisation des chants et des danses d’ensembles ont été époustouflantes. Le théâtre en français habilement joué et l’anglais chanté bluffant. Sans parler de l’effet magique de la bagarre au ralenti !
Les solistes sont américains et jeunes professionnels pour les rôles de Tony et Maria. S’ils rendent hommage aux mélodies difficiles que leur a confiées Bernstein avec des voix bien placées, leur jeu de scène ne leur permet pas de dépasser les adolescents formés en un an. Pas de doute cette année a été bien remplie pour les toulousains. L’équipe d’encadrement a fait un travail incroyable et la jeunesse est non seulement enthousiaste mais aussi rigoureuse quand le jeu en vaut la chandelle.
L’orchestre dirigé avec fougue par Scott Alan Prouty a été parfait. Couleurs, rythmes, humour sont bien présents. Les lumières ont joué avec la scène nue pour recréer les divers lieux. Une seule chose à manqué, ce sont les sous-titres comme d’habitude à l’opéra.
Une très belle réussite qui permet à West Side Story de rentrer dignement au répertoire du Capitole.
Toulouse. Nouveau Théâtre Jules Julien, le 25 juin 2010. Leonard Bernstein (1918-1990) West Side Story : Comédie musicale sur un livret d’Arthur Laurens, paroles de Stephen Sondheim ; mise en scène de la production originale et la chorégraphie originale de Jerome Robbins. Création le 26-09-1957 à Brodway. Maria Failla : Maria ; Corey Johnson, Tony ; Ensemble Justiana ; Elèves des collèges Vauquelin, Bellefontaine, Lalande et du Lycée Saint-Sernin. Mise en scène : Charlotte Nessi ; Chorégraphie : Evandra Martins ; Chorégraphie Hip-Hop : Tayeb Benamara ; Scénographie et lumières : Gérard Champlon ; Orchestre sous la direction de Scott Alan Prouty.