mardi 6 mai 2025

Strauss: Eine Alpensinfonie, Symphonie Alpestre France Musique, mercredi 7 juillet 2010 à 8h

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Richard Strauss

Une Symphonie Alpestre
(1915)

Eine Alpen Sinfonie

France Musique nous offre
l’écoute du dernier grand poème symphonique de Richard Strauss, Une
Symphonie Alpestre (Eine Alpen Symphonie)
, achevée en 1915 alors
que déjà reconnu et célèbre comme chef et compositeur (photo ci-contre
comme chef d’orchestre au moment de la création de la Symphonie alpestre
en octobre 1915), le musicien, passionné de randonnées et d’excursions
en montagne, résidait aux pieds du massif alpestre dans sa maison
bavaroise de Garmish, non loin de Munich, sa ville natale.

Un opéra des cimes

A 51 ans, Richard Strauss possède idéalement la
maîtrise de l’écriture symphonique et de l’instrumentation en grand
format: pas moins de 120 instrumentistes, ceux de l’orchestre de la
Hoffkapelle de Dresde, pour mener à bien la création de son oeuvre
gigantesque, le 28 octobre 1915. A contrario de l’atonalisme moderniste
de Schoenberg et de ses disciples, dans le contexte d’éclatement
politique et de guerre qui traverse toute l’Europe, Strauss demeure
résolument tonal dans un cycle d’un foisonnement formel inédit et sur le
plan poétique et architectural, d’une indiscutable unité.
Les critiques ont, fidèles à leur tempérament pointilleux, attaquer
l’oeuvre sur son côté monumental, sa verve naïve, plus descriptive que
spirituelle.
Or rien n’est plus faux: Strauss avait souhaité dans un premier temps
intitulé sa Symphonie alpestre: « l’Antéchrist », par référence à
Nietszche dont il partageait les idées quant à la religion et à la
nécessité qui s’impose à l’homme dans le dépassement de sa condition par
l’esprit de travail et l’admiration dans la nature miraculeuse.

Aux côtés de Nietzsche, Strauss
ajoute aussi ses lectures de Manfred de Byron (il évoque
précisément fidèle au texte du poète romantique anglais, la présence
d’une fée dans le tableau impressionnant de la cascade…). Le
compositeur aussi bon randonneur, comme Mahler ou Schoenberg, que
lettré, et de surcroît fin connaisseur de poésie, édifie une symphonie
littéraire et personnelle d’une indiscutable cohérence.
Sur le plan de l’écriture, il repousse très loin les possibilités
expressives et formelles du cadre symphonique. Le documentaire outre une
courte évocation de sa vie (né à Munich, le 11 mai 1864), évoquant les
relations personnelles de l’artiste créateur avec le motif naturel en
particulier la montagne (sa résidence de Garmisch donne sur le sommet de
la Zugspitze, véritable condensé de la grandeur des cimes alpines),
s’intéresse aux procédés de la plume, tableau par tableau.
« Tout programme poétique, écrit Strauss, est une patère sur
laquelle j’accroche le développement musical de mes sentiments. Toute
autre chose serait un péché contre l’esprit de la musique
« . Il
s’agit donc d’une réitération personnelle où le filtre subjectif a toute
sa place. Voilà pourquoi les commentateurs en parlant uniquement de
musique à programme, descriptive et narrative, se trompent totalementt.
Strauss construit le plus bel hommage face à la réalisation miraculeuse
de la nature: il ne cherche pas Dieu, il témoigne de la grandeur
vertigineuse de sa réalisation.

Le commentaire resserré, analyse les points essentiels de l’écriture
straussienne, en suivant étape par étape (22 sous-titres sont insérés
par Strauss pour « éclairer » chaque épisode de la Symphonie), le
cheminement de l’alpiniste pendant sa journée de randonnée sur le massif
alpestre: ascension, excursion, sommet, puis descente. Tout le cycle
des 4 mouvements, débute par la nuit (évocation sombre voire lugubre,
très impressionnante d’où jaillit la montagne, grandiose et colossale
vision) puis s’achève dans l’évocation de la même nuit. Les options
expressives de Strauss empruntent beaucoup à l’opéra: machine à orage,
boîte à tonnerre, fanfare éloignée (pour évoquer en une distanciation
sonore étagée dans l’espace, la forêt ample et profonde qui s’offre au
randonneur), caractérisation mélodique des « personnages » dont le
« héros »: l’alpiniste.

Oeuvre personnelle,
démonstration de ses aptitudes à traiter la grande forme, mais aussi
expérimentation de nouvelles combinaisons sonores pour l’orchestre
« classique » (certes adapté dans un cadre colossal), Une Symphonie
Alpestre
apporte au moment où l’Europe de 1915 connaît la guerre et
l’émergence brutale des modernismes, une illustration éblouissante de
l’écriture symphonique portée à ses extrêmes expressifs. Strauss ne
retrouvera guère un tel orchestre qu’avec La Femme sans ombre
dont la gravité des couleurs, et l’expression du gouffre tragique
sombrent dans la noirceur à hauteur d’homme (quant Une Symphonie
alpestre
exalte l’élévation et la céleste et transcendante vision
depuis les cimes), après le choc de la première guerre mondiale.

France Musique. Mercredi 7 juillet 2010 à 8h. Concert donné le 7 juin 2010, Grande salle, Musikverein à Vienne, dans le cadre du festival Wiener Festwochen

Richard Strauss
Concerto pour hautbois en ré Majeur
Marie-Luise Modersohn, hautbois

Eine Alpensinfonie op 64

Orchestre Philharmonique de Münich
Direction : Christian Thielemann

Illustrations: Richard Strauss (DR)

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