Charles Gounod
Mireille, 1864
avec l’Opéra de Paris, la chaîne retransmet le 26 septembre 2009 en direct à partir de 19h30, le spectacle-événement
programmé pour l’inauguration de sa nouvelle saison lyrique 2009-2010,
depuis l’Opéra Garnier. En guise de première production de son « règne »,
le nouveau directeur de l’Opéra de Paris, Nicolas Joel choisit et met
en scène le chef-d’oeuvre de Charles Gounod, Mireille (1864), dans sa
version originale en 5 actes avec restitution des récitatifs
accompagnés. Une première absolue qui devrait réviser la place de
Gounod dans l’histoire lyrique française, celle de Mireille dans le
répertoire familier des théâtres.
Dans le rôle-titre, la soprano albanaise Inva Mula, révélé par le Concours Operalia de Placido Domingo,
dont le français pourtant n’est pas le point fort. .. Jeune femme douce
mais déterminée, Mireille est un personnage trouble et fascinant qui
comme Louise de Charpentier ou Rachel de La Juive de Halévy, « ose »
ébranler la voix du père pour vivre telle qu’elle le désire. D’après le
poème épique Mirèio de Frédéric Mistral, l’opéra de Gounod offre au
compositeur, plusieurs épisodes climatiques où grâce à l’écriture
instrumentale, le poète musicien, « impressionniste », qui a vécu sur le
motif, les paysages de la Basse Provence (aux côtés de Mistral) offre
l’un des portraits les plus inspirés de la Basse Provence: le val
d’enfer, les eaux dormantes et inquiétantes sur le Rhône, surtout la
longue errance « mystique » de Mireille au désert de la Crau … marquent
définitivement l’opéra français le plus atmosphérique jamais écrit. La
nouvelle production inaugurale permet de réviser notre connaissance de
l’écriture de Gounod. Saluons France 3 de consacrer un prime time à la
redécouverte de la partition.
Une oeuvre réhabilitée
Redonner la version enfin définitive de … 1939, celle défendue et
rétablie par Reynaldo Hahn, visionnaire partisan de l’ouvrage, est
l’événement de la scène parisienne en ce début de saison lyrique
2009-2010. La « maigre » intrigue de Mireille, fille du riche Ramon,
éclate sous le feu mordant du soleil provençal (Basse Provence): la
douce amoureuse se fait icône mystique, appelée à vivre l’extase
spirituelle des ermites dans le désert; et sa traversée dans la plaine
dévorée et brûlée par le soleil de la Crau, finit par l’élever en
nouvelle martyr d’une foi méridionale que la musique de Gounod, seule,
exprime jusqu’au sublime (d’où l’enthousiasme de Hahn). Il y a de
l’universel et de la tendresse dans cette action qui se passe d’Arles
jusqu’aux Sainte-Marie de la mer. Quiconque n’a pas éprouvé dans sa
chair la morsure révélatrice de ce soleil-là (comme le poète Mistral
dont est issu l’opéra; comme Gounod lui-même qui en 1863 compose in situ
son nouvel ouvrage… à la façon des impressionnistes lorsqu’ils
plantaient sur le motif leur chevalet et leurs couleurs…) ne peut
mesurer le raffinement de l’orchestre « provençal » et méditerranée de
Gounod, sa justesse, sa grandeur, sa vérité…
Autant de défis qui s’offrent en cette rentrée de toutes les promesses,
aux spectateurs et aux interprètes de Garnier à partir du 14 septembre
2009: certes il y a bien la fameuse et populaire Farandole
de la célébrisime Chanson de Magali, mais l’auditeur avisé saura se
délecter des vraies trouvailles du livret, des perles non moins aussi
fortes et suggestives de la partition enfin révélée (version en 5
actes): tableau de la Crau bien sûr, -déjà vériste?-, mélodie triste de
Mireille (Heureux petit berger), accents hallucinée de la
sorcière bienfaitrice Taven; nuages flottants et brumes fantastiques
des scènes du Val d’enfer et des esprits sur le Rhône, où le rival de
Vincent (l’aimé de Mireille), Ourrias, est définitivement maudit, en
particulier sur les eaux du fleuve, devenu dans l’action, passage d’un
monde à l’autre, véritable porte des enfers, où règne l’autorité
définitive d’un passeur dantesque (Mistral s’est souvenu des Enfers de
Dante en écrivant ce passage terrifiant). De son côté, la musique de
Gounod est à la hauteur des sommets du texte. Production événement.
France 3
Lundi 14 septembre 2009 à 20h35
En direct du Palais Garnier (en léger différé)
Première de Mireille de Gounod
radio
Opéra diffusé en direct de l’Opéra Garnier
sur France Musique
samedi 26 septembre 2009 à partir de 19h30
Gounod: Mireille. Avec Inva Mula, soprano.

la diva albanaise chante des airs d’opéras italiens et français …
dont deux de Mireille (avec Marguerite de Faust): ce sont les deux
morceaux les plus intéressants de l’album… car par ailleurs,
l’interprète fait montre d’une usure de la voix et d’un style souvent
discutable (Traviata de Verdi, Thaïs de Massenet)…
compte-rendu
Lire notre critique de la production de Mireille de Charles Gounod, nouvelle production à l’Opéra national de Paris avec Inva Mula dans le rôle-titre. Compte rendu de l’opéra vu sur France 3, lundi 14 septembre 2009 par Benjamin Ballifh.
Illustrations: Inva Mula (DR), Inva Mula © D.Triquet France 3, 2009