Susan Graham, mezzo soprano. Récital de mélodies françaises Bruxelles, La Monnaie. Dimanche 21 juin 2009 à 20h

« Sexy Lady » à la voix de velours, selon le titre d’un document portrait diffusé sur Arte, la belle Susan Graham ne cesse de se mesurer au difficultés de l’éloquence française. Certains affectionnent les plis et replis de la Sensucht hérité de Schubert, tissant du lied allemand, une mosaïque de teintes secrètes et de nuances inédites entre le verbe et la note. Même idée de transcendance linguistique avec la mezzo texane, qui depuis ses incarnations parisiennes plutôt remarquées en Didon (Les Troyens de Berlioz, Châtelet, 2001), Charlotte de Werther de Massenet (version pour baryton aux côtés de Thomas Hampson, Châtelet, sous la direction de Michel Plasson), « ose » et réussit le défi de l’articulation des mélodies gauloises, celles de Bizet, Chausson, Fauré, Lalo et jusqu’à Sauguet et Satie. Sans omettre Maurice Ravel.

Lors de ce récital qui offre au chant la possibilité de ciseler projection, articulation, accentuation, fusion avec le piano complice (celui de Malcolm Martineau, son fidèle partenaire), la diva Graham réalise son rêve en couleurs et en caractères, en climats et en déclarations intimes. « Un frisson français : cent ans de mélodies françaises », soit de 1830 à 1940, le titre du programme laisse envisager l’étendue de la palette de styles et de couleurs ainsi partagés et vécus. L’interprète sait en défendre les illusions lascives et langoureuses, les rires et facéties séductrices, les jeux de mots, tous les « frissons » qui produisent le choc tant attendu. Récital incontournables.