Georg Friedrich Haendel: La Resurezzione, 1719. Haïm, Bonizzoni France Musique. Les 13 et 14 avril 2009, à 13h30 et 20h en direct

France Musique en choisissant de diffuser, les 13 et 14 avril 2009, deux lectures d’un chef d’oeuvre de jeunesse de Haendel, La Resurezzione, fête le mystère salvateur de la Pâques tout en soufflant les 250 ans de la mort du musicien baroque (14 avril 2009). Esprit d’à propos doublement opportun. Source d’une délectable méditation grâce à une partition parmi les plus impressionnantes de la littérature sacrée baroque.

Haendel est bien le plus grand créateur d’oratorios. Poussé par un désir irrépressible de vaincre les difficultés de l’art vocal, génie naturel de la scène lyrique, il avait tout pour réussir le genre. Dès 1719, avant les Passions de Bach, après son séjour italien (1706-1710), le compositeur « ose » un premier oratorio en langue allemande, la Brockes Passion, créée à Hambourg, où les souffrances du Christ sont décrites et « vécues » par la fille de Sion, véritable torche enflammée, palpitante s’affligeant du Sacrifice du Sauveur.
L’Italie demeure le passage qui permet au grand créateur de se révéler: le jeune Saxon, favori des princes romains et florentins, bien que protestant, se passionne pour la vocalità italienne et compose deux oratorios catholiques de première qualité: La Resurezzione, créé à Rome au Palazzo Bonelli, le 8 avril 1708; Le triomphe du temps et de la désillusion (il trionfo del tempoe del disinganno, créé en 1707 au Collegio Clementino).
C’est en Italie que Haendel âgé de 22 ans apprend l’écriture lyrique, en une écriture qui allie virtuosité et expressivité, avec un sens inné de la profondeur et de la justesse émotionnelle.

Francesco Maria Ruspoli commande à son jeune protégé qu’il abrite dans ses palais de campagne et urbain, un oratorio sur le livret de Capece. Il s’agit pour le marquis d’éclipser le triomphe d’une partition jouée il y a quelques jours, une Passione d’Alessandro Scarlatti: le jour de la création, pour la Pâques 1708, la partition retentit grâce aux solistes de renom et l’orchestre des presque 50 ans musiciens dirigés par… Corelli! Pour la reprise, au lendemain, le Pape Clément VIII demande à ce que la soprano vedette Durastante, soit remplacée par un castrat dans le rôle de Marie-Madeleine: pas de femmes pour chanter un oratorio!

Deux parties « fermées » par de courts choeurs chantés par les solistes racontent la Résurrection du Christ, moment ultime et spectaculaire de la Semaine Sainte.
Dans la première partie, après la mise au tombeau, Jean réconforte Marie-Madeleine et Marie-Cléophas, gémissantes, pleureuses sur le corps du Christ. Un ange lutte avec Lucifer que contente le cadavre du Sauveur.
Dans la seconde partie, au matin de Pâques, tous espèrent le miracle sauf Lucifer qui redouble de contentement, et aussi de fureur à l’idée d’un nouvel événement. Soudain, un ange chante la Résurrection du Christ. Christ est ressuscité d’entre les morts.

Le style du jeune Haendel sait trouver la mélodie juste, naturelle, en rien décorative ni artificielle. En ciselant la pureté psychologique des caractères, en cela proche de l’opéra, le compositeur crée des types chantants d’une surprenante vérité. Après Il trionfo del tempo e del disinganno, le musicien atteint un nouvel accomplissement.