jeudi 19 juin 2025

Ralph Vaughan Williams: Riders to the sea, 1937 Paris, Théâtre de l’Athénée. Du 8 au 11 avril 2009

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Ralph Vaughan Williams


Riders to the Sea
, 1937

Paris, Théâtre de l’Athénée
Du 8 au 11 avril 2009 à 20h

Jean-Luc Tingaud, direction
Christian Gangneron, mise en scène

Pièce en un acte mise en musique, précédée de Songs of Travel, cycle de mélodies pour baryton et orchestre de Ralph Vaughan Williams sur des poèmes de Robert Louis Stevenson

Sur une île au large de la côte ouest de l’Irlande, un drame familial exacerbe la vie ordinaire du littoral, celle des pêcheurs: les vêtements d’un homme, probablement noyé en mer, sont retrouvés sur la côte. S’agit-il de Michael, le fils de Maurya ? Son frère cadet Barney part à sa recherche sans penser qu’il pourrait mettre lui aussi sa vie en danger…


Tragédie marine

Riders to the sea (Cavaliers de la mer), permet la rencontre de deux exigences dramatiques, celles du poète et écrivain irlandais John Millington Synge (1871-1909), celle du compositeur britannique Ralph Vaughan Williams (1872-1958) très inspirés par le folklore et le milieu populaire pour la création d’un nouveau théâtre lyrique anglais. Très proche de l’action théâtrale inspirée du drame de Synge, le musicien cisèle les arêtes d’une action essentielle, juste et directe, traversée, infiltrée, emprunte de l’élément marin: la rumeur de la mer y gronde, berce, hypnotise. Humanité éprouvée, solitude mêlées et affrontées, les personnages brossent un tableau sans illusion ni espérance.
Le spectacle fait précéder l’opéra proprement dit ou plutôt la pièce en musique si l’on souhaite respecter les mots de Williams, par le cycle de 9 mélodies sur des poèmes de Stevenson, « Songs of travel »: pour baryton, les airs préparent idéalement à l’action qui suit, en une unité de climats et de tonalité, captivante. Dans ce dispositif, les Songs éclairent la quête du jeune frère Bartley
: les mélodies marquent ici les étapes d’un voyage sans retour.


Poète des solitudes

Lui-même fils de pasteur, Ralph Vaughan Williams dont 2008 a marqué le cinquantenaire de la disparition, rejoint l’austérité réaliste de Synge. Il perfectionne son écriture musicale auprès de Ravel et Max Bruch et se passionne pour les mélodies rurales, chansons de Noël et de veillées afin d’en nourrir sa propre musique. Son approche dense, expressive, marquée dans son orchestration par l’exemplarité ravélienne, influence radicalement la génération des musiciens après lui dont Tippet et Britten. La musique conduit le spectateur en eaux troubles, captivantes, ensorcelantes… Williams y développe de nombreuses références au chant des défunts (« Keening » ou lamentation) qu’il a pu noter lors de ses séjours d’observation aux îles d’Aran. C’est une continuité de la tradition de déploration depuis l’âge baroque, en particulier depuis le lamento de Didon dans Dion et Enée de Purcell. La dépouille du compositeur repose comme celle de son aîné, à Westminster.
La production présentée à l’Athénée Louis Jouvet a été créé au Grand Théâtre de Reims en janvier 2006. Ouvrage lyrique trop rare en France, donc incontournable en avirl, d’autant qu’il est servi par un plateau convaincant.

Distribution
Elsa Lévy

Sevan Manoukian

Jacqueline Mayeur

Patrice Verdelet

Choeur Thibaut de Champagne
direction Hélène Le Roy
Orchestre du Grand Théâtre de Reims
Jean-Luc Tingaud, direction
Christian Gangneron, mise en scène

Décors : Thierry Leproust
Costumes : Claude Masson
Lumières : Marc Delamézière
Images : Lionel Monier
Maquillage : Elisa Provin
Chefs de chant : Emmanuel Olivier
Elisabeth Brusselle
Répétiteurs d’anglo-irlandais :
Simon Boyle,
Clara Simpson

Illustration: Riders to the Sea (2006), Synge, Williams (DR)

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