lundi 5 mai 2025

Claude Hermann: Henry Purcell. Biographie Editons Actes Sud, collection « Classica »

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Claude Hermann
Henry Purcell

Un génie du théâtre

Texte capital et rapide, quoique très documenté, d’autant plus opportun qu’on ignore encore beaucoup de choses sur le tempérament exact du compositeur, que 2009 marque le 350 ème anniversaire de sa naissance, en 1659. En vérité, Purcell, qui éclaire le monde sombre et convulsif du XVIIème, pendant sa courte vie (36 ans: il meurt en 1695)), est un musicien génial dans une époque de transition. Transition politique, économique, sociale car les us sont au changement cyclique qui voit en peu de temps, une tyrannie puritaine tomber pour que naisse le retour à la monarchie (avec les derniers souverains Stuart, Charles et Jacques II, jusqu’en 1688), enfin un nouveau pacte social et politique, une monarchie toujours (protestante) mais de type constitutionnel, marqué par une ère d’austérité moralisatrice (1869-1691). En homme de son temps, et attaché comme son père, Henry I (qui meurt quand le fils n’a que 5 ans, en 1664) et comme son oncle Thomas, à la Chapelle Royale, le jeune Henry, formé et éduqué dans le sérail raffiné de Westminster, satisfait les goûts de l’heure, ce dans tous les domaines: profane voire trivial (les fameux catches, canons à 3 et 4 voix chantés dans les tavernes, aux allusions scabreuses (mais Purcell n’avait-il pas un certain génie pour l’humour?), sacré (combien d’hymnes et d’odes souvent funèbres pour les funérailles des grands princes d’alors, Purcell eut à composer, y compris un Requiem pour la Reine Marie (décédée quelques mois avant lui) qui sera joué le jour de ses propres funérailles, jusqu’au Te Deum des rois anglais (1694), avant que Haendel ne vienne le remplacer…), lyrique enfin car le compositeur fut le plus grand auteur pour le théâtre (c’est même dans les rares théâtres londoniens qu’il donna sa vraie mesure), l’égal en cela de Shakespeare.


Musicien de transition

L’homme se dévoile par son goût pour la vie bien qu’il fut toujours fasciné et inspiré par la mort (ah ses superbes lamentos… écoutez celui de la tendre et suicidaire Didon, lequel conclue l’opéra des opéras purcelliens: Didon et Enée)… jusqu’au fameux air qui l’occupe dans son lit d’agonie, air miraculeux par sa justesse et sa froide et inquiète connaissance de la faucheuse. Le lecteur sera tout autant captivé par l’analyse de chacun des drames lyriques laissés par Henry Purcell: chaque partition présentée alphabétiquement et non chronologiquement, de Didon et Enée et Dioclétien à The Fairy Queen et The Indian Queen… est soumise à une fine analyse stylistique et musicale qui restitue l’évolution de l’écriture purcellienne, faite pour le mise en musique poétique de la langue anglaise.
Après cette lecture, aucune des facettes du talent pluriel de Purcell ne vous échappera:ni la genèse de chaque oeuvre majeure, ni ses relations avec les compositeurs qui l’ont influencé comme John Blow…

En plus du texte principal composé de 5 parties, l’éditeur ajoute comme à son habitude s’agissant de la collection de biographies, intitulée Classica, deux annexes complémentaires (chronologie de la vie, présentation des oeuvres connues). Texte nécessaire pour tous les amateurs de musique baroque anglaise.

Claude Hermann: Henry Purcell (Collection « Classica », Actes Sud)

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