Mozart et les femmes
France Musique
Du 17 au 21 novembre 2008
Tous les jours à 13h
Grands compositeurs
Equation magicienne: Mozart et les femmes…
Aucun compositeur avant Mozart n’a mieux compris le coeur des femmes.
Suzanne, La Comtesse, Ilia et Giunia, Elvira et Anna, mais aussi
Constance et Blondine sont autant de figures admirablement ciselées qui
disent cet amour du compositeur pour le sexe faible… Etres idéales,
caressées, portraiturées avec tendresse et compassion… Mozart en
composant la femme, a écrit le premier l’essor du sentiment…
Equation magique
… voire féerique que celle qui interroge le rapport de Mozart, compositeur du sentiment et de la poésie du coeur, avec la femme. A vrai dire, dans le cas de l’auteur des Nozze di Figaro, qui a mis en musique mieux qu’aucun autre compositeur, la connivence liant la Comtesse et sa servante, Rosine et Suzanne, au delà des convenances de classes, – pour vaincre la machisme tyrannique du Comte-, la place des femmes est majeure. Il n’y a guère que deux exceptions dans son oeuvre qui contredisent son affection profonde pour le sexe faible, sa capacité à les défendre coûte que coûte sur les planches: La Reine de la Nuit dans La Flûte Enchantée et l’opéra ultime de la trilogie conçue avec Da Ponte, Cosi fan tutte. La Reine lunaire est un esprit néfaste et haineux prêt à manipuler sa propre fille pour tuer celui qu’elle exècre (Sarastro), et dans Cosi, le profil des amoureuses n’est guère favorable: vipères calculatrices, sirènes oublieuses des serments jurés, traîtresses volages, déloyales et perfides…
La palette expressive de Mozart offre un miroir particulièrement subtile et divers de la psychologie féminine. Dès Giunia dans Lucio Silla, Mozart, déjà romantique, avant Elvira de Don Giovanni excelle en particulier à peindre le portrait des amoureuses sublimes dans leur abnégation sacrificielle, leur loyauté à toute épreuve (comme Zaïde et Constance, qui dans l’Enlèvement au sérail porte ainsi le prénom de sa propre épouse)… Avant Beethoven et Fidelio, Wolfgang comprend la pureté d’une héroïne entièrement portée par la grâce d’un amour fidèle: quoi de plus admirable en effet que la détermination vertueuse d’Ilia pour Idamante (Idomeneo), que l’errance radicale enivrée (même si elle se montre vaine) d’Elvire pour Don Giovanni?
Muse du musicien
La fascination de l’auteur pour son interprète qui pourrait aussi avoir été sa muse et son inspiratrice, transparaît évidemment dans ce traitement particulier de Mozart pour les figures de femmes. Son admiration pour la soprano anglaise Nancy Anna Storace (1765-1817) qui débute sa carrière dès l’âge de 15 ans, en témoigne encore: c’est pour la délicieuse jeune femme, aussi belle qu’excellente cantatrice que Mozart écrit le rôle de Suzanne (1786), puis l’air de concert pour voix et piano: « Ch’io mi scordi di te« … déclaration amoureuse à peine voilée du musicien pour son étoile lyrique…
Illustrations: portraits de la cantatrice Nancy Storace (DR)