François-Joseph Gossec
(1734 – 1829)
Compositeur
France Musique
Du 29 septembre au 3 octobre 2008 à 13h
Magazine « Grands compositeurs »
L’ami de Mozart, né en Belgique (Hainaut), deux après Haydn, voit le jour sous le règne de Louis XV. Au service de la haute aristocratie (Prince de Condé et de Conti), Gossec dirige l’Ecole Royale de chant, futur Conservatoire de musique. Sa longévité comme sa gloire traversent les époques et les régimes : compositeur officiel de la Révolution, il est aussi célébré sous Napoléon Ier, auteur attitré du goût impérial. L’artiste fut autant inspiré que durable : il est contemporain des premiers romantiques tels Beethoven et Schubert qui meurent avant lui.
Le jeune chanteur à la cathédrale d’Anvers rejoint à Paris, l’orchestre privé du fermier général, protecteur de Rameau, La Pouplinière, comme violoniste. La carrière de Gossec est digne d’une épopée riche en nominations, responsabilités, avantages : le musicien dirige la musique du théâtre du Prince de Condé à Chantilly (1762-1770), le Concert Spirituel (1773-1777), puis devient sous-directeur de l’Opéra en 1780 (Académie royale de musique), enfin directeur, après la démission d’Antoine Dauvergne, en 1782. En 1784, il préfère prendre la direction de l’Ecole Royale de Chant. Pendant la Révolution, Gossec compose de nombreux hymnes qui font de lui l’un des plus ardents créateurs de chants et hymnes populaires. Son activité la plus importante demeure assurément la direction, avec Grétry, du Conservatoire de Paris, où il enseigne la composition (1795-1814), figure majeure de la musique impériale. Il est vrai que Gossec, avec ses quelques 50 symphonies, est reconnu comme l’inventeur de la Symphonie française, contemporain et proche de Mozart. Son ultime opus orchestral, composé pour le 20 è anniversaire de la prise de la Bastille, fut écrit en 1809.
Auteur polymorphe, Gossec compose aussi de la musique de chambre dont de superbes quatuors, plusieurs opéras et comédies dans le genre italien qui firent les beaux soirs du Petit Théâtre de la Reine Marie-Antoinette à Trianon (dont Le Pêcheur, 1766) ; Toinon et Toinette, 1767 ; Sabinus ou Thésée…) mais aussi des œuvres sacrées dont l’oratorio La Nativité (1774).
L’influence de Gossec se précise même au travers de son Requiem (Missa pro defunctis ou « Grande Messe de morts ») qui marquèrent Mozart et Berlioz.
La personnalité de Gossec est attachante, son œuvre plurielle. Le compositeur mérite assurément davantage que cette estime discrète qu’on lui réserve ordinairement. Son style, permanent et progressif en sachant s’adapter aux esthétismes des régimes politiques qu’il a servi (monarchie, ère révolutionnaire, Empire), souligne une exceptionnelle continuité artistique.
Illustration : Gossec composant : sur le pupitre, partition de la Marche Lugubre. Sous le pupitre, son Te Deum, dernière œuvre du musicien (DR)