lundi 5 mai 2025

Les Femmes de musique. Série Radio Classique, du 4 au 7 août 2008 à 21h

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Les femmes de musique


Radio Classique
Du 4 au 7 août 2008 à 21h

Des auteurs, leurs « déesses ». Que l’amour ou certaines affinités électives croisent la vie des musiciens, et leurs sens décuplés, épanouis trouvent d’indiscutables réalisations… Radio Classique diffuse un nouveau magazine consacré aux femmes musiciennes, mélomanes, inspiratrices…

Lundi 4 août 2008 à 21h: La Baronne von Meck
Tchaïkovski fut passionnément aimé de la baronne von Meck, amour non réciproque mais qui nourrit une amitié durable laquelle s’exprima entre autres par une correspondance abondante dont le contenu renseigne aujourd’hui la genèse de plusieurs oeuvres du compositeur russe. Nadezhda Filaretovna von Meck (1831-1894) était la veuve de Karl von Meck, qui a fait fortune, grâce à elle, dans les chemins de fer. Aussi avisée dans les affaires que fine esthète, la riche jeune femme fut aussi protectrice des arts : elle favorisa la carrière de Nikolaï Rubinstein et de Claude Debussy. Fille d’une lignée de riches propriétaires, Nadezhda apprend la musique avec rigueur et obstination. Elle aide son époux dans le développement de son activité ferroviaire, lui donne 18 enfants dont 11 survivront; hélas, Karl meurt en 1876. Madame von Meck se retrouve à la tête d’une puissante holding dont l’activité aura permis à la Russie préindustrielle de développer son réseau de chemins de fer…
Devenue veuve, la baronne Meck cesse toute vie sociale, fuit les mondanités, assiste incognito aux concerts de la Société de musique de Moscou. Dirigeant sa famille nombreuse avec une poigne de fer, elle indique dans ses lettres à Tchaïkovsky, de nombreux détails concernant sa conception de la vie. Mécène de Rubinstein, Meck rencontre Tchaïkovski à partir de 1877, et tombe sous le charme de sa musique et de sa personnalité. Leur relation s’intensifie même à l’époque du mariage raté du compositeur: la riche admiratrice lui alloue une rente annuelle de 6.000 roubles, ce qui lui permet de cesser ses fonctions d’enseignent au Conservatoire de Moscou et de se consacrer totalement à l’écriture. Courtoisie, respect, délicatesse, estime réelle: Tchaïkovski sut cultiver cette amitié amoureuse sans la rompre… pendant 13 années.

On dénombre pas moins de 1.200 lettres échangées entre 1877 et 1890. Le musicien lui dédie sa Symphonie n°4. Au bord de l’abime, désespéré après l’échec de sa Symphonie n°5, Tchaïkovski trouve auprès de sa bienfaitrice, une écoute attentive et des conseils pour persévérer, surtout la force de poursuivre coûte que coûte son travail comme compositeur. Au delà d’une seule rencontre d’un patron et de son artiste de prédilection, il s’agit dans leur cas d’une compréhension mutuelle, certainement encouragée par leur âme misanthrope, parfois encline à la dépression, deux coeurs qui se sont retrouvés dans la musique. L’un des fils de Nadezhda, Nikolaï épouse la nièce du compositeur. Le mécénat de Madame von Meck devait cesser en octobre 1890. Insatisfaite quant à ses attentes vis à vis du musicien, d’autant plus inaccessible pour elle après la révélation de son homosexualité, la Baronne lui adressa une longue lettre, accompagnée d’une rente couvrant ses besoins pendant un an: elle devait s’éteindre à Nice, deux mois après la mort de Tchaïkovski, des suites d’une longue tuberculose.

Mardi 5 août 2008 à 21h: Mathilde Wesendok

Bien que marié, époux insatisfait et malheureux de Minna, Richard Wagner s’éprend de Mathilde Wesendonk (1828-1902), elle aussi mariée, à Otto Wesendonk, riche marchand de soie, et admirateur fervent de sa musique « scandaleuse ». Qu’ils aient ou non consommé leur ardente attirance, les deux êtres se retrouvent dès qu’ils le peuvent, avec d’autant plus de facilité que le couple Wesendonk a accueilli dans son domaine, le musicien et son épouse: après leur rencontre à Zürich en 1852, Otto met à la disposition du compositeur une dépendance afin qu’il s’y installe.

A partir de 1857, le compositeur a peine à cacher son attirance pour Mathilde. En 1858, Minna intercepte une lettre adressée par Wagner à son « aimée »… Amour interdit, impossible, « maudit » en quelque sorte, l’idylle inspire à Wagner une exploration musicale des valeurs qui le caractérisent et qui se retrouvent dans tous ses opéras: solitude tragique du héros-créateur, inclinaison dépressive (depuis qu’il a découvert les écrits de Shopenhauer et son pessimisme philosophique), idéalisation de la femme libératrice, source et muse d’un sentiment de dépassement… N’en pouvant plus, Wagner qui est dans l’écriture de Siegfried, décide de quitter femme et maîtresse pour composer Tristan und Isolde à Venise… Auparavant, il avait écrit les Wesendonk lieder, résonance musicale d’une passion aussi intense qu’impossible où sa musique enveloppe les propres vers de la jeune femme qui fut aussi poète.

Autres épisodes:
Le 6 août 2008 à 21h: Germaine Tailleferre et le Groupe des Six
Le 7 août 2008 à 21h: Alma Rosé, nièce de Gustav Mahler et directrice musicale de l’orchestre des femmes d’Auschwitz Birkenau

Illustrations: Madame von Meck (DR), Mathilde Wesendonk (DR)

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