mardi 6 mai 2025

10 èmes festival Cordes en ballade. Quatuor Debussy Du vendredi 4 au lundi 14 juillet 2008

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10 èmes Cordes en ballade
festival autour du Quatuor Debussy

Viviers et autres lieux d’Ardèche (07)
Du vendredi 4 au lundi 14 juillet 2008

Ce festival itinérant es désormais bien implanté en Ardèche méridionale,autour de Viviers. Le Quatuor lyonnais Debussy l’a fondé il a dix ans, et en assure continuité, organisation et programmation, dans le cadre d’une pédagogie qui forme des jeunes ensembles de très haut niveau. Concerts avec les fondateurs, les Parisii, Renoir et Rosamonde, soirées d’assemblement en octuors ou versions musique de chambre, de Haydn à Hersant.

Un doigt d’étymologie
dans un verre de musicologie. La ballade est, comme on sait, genre poétique puis musical, et ce peut être réalisé, fin médiévale, en « dames du temps jadis », ou milieu XIXe, du côté de chez Frédéric ou Johannes. Plus familièrement et faisable par tous, en enlevant un l pour rester orthographiquement correct, il s’agit d’une promenade étymogiquement liée à la danse ( ballare, en italien). Et si vous envoyez balader quelqu’un ou quelque chose, ce n’est guère gentil, et on ne vous indiquera pas ici quels termes de substitution l’on peut conférer à l’acte pour lui donner davantage de vigueur contemporaine. Petit rappel de formulation pour « l’Ardèche de l’huile » (sur le versant sud de l’Escrinet, côté Aubenas ; « l’Ardèche du beurre », c’est le nord, côté Privas et Annonay) : ici, « on promène », plutôt qu’on ne se promène. Histoire que vous ne vous sentiez pas trop décalé en « bal(l)ade des cordes », à l’invitation du Quatuor Debussy qui commença voici dix ans son festival itinérant, en miroir de la pédagogie supérieure d’une Académie chambriste. « Ces dix années de rencontres, de moments inoubliables et de partage, le Quatuor veut les célébrer avec des invités de choix, dans des lieux d’exception. » Et même si vous entrez dans la danse pour la 1ère fois, sachez que les concerts sont l’aboutissement harmonieux, chaque soir, d’un cycle journalier d’activités – intensivement studieuses pour les stagiaires d’Académie – , en différents lieux qui tous exaltent paysage naturel, et ou architectural, du médiéval au baroque. « Villages de caractère », cathédrale gothique, églises romanes favorisent par leur site et leur atmosphère une convivialité qui n’est pas seulement celle d’un excellent cadre acoustique. Des visites thématiques sont conduites par des conservateurs et historiens spécialistes de la région. on peut même goûter aux charmes de « ballades en balade , et d’aubades offertes par des jeunes quatuors au détour de chemins ardéchois en concert privilégié, bienvenue à la nature, à l’ombre d’un sentier choisi… » D’ailleurs, l’Association qui sur place préside aux activités de ces Cordes se nomme « Les Eclisses », ce qui en bonne langue de luthier désigne le bâti des instruments à cordes, mais en « tirant-poussant » l’archet de la langue régionale vers l’Ardèche pourrait bien évoquer l’art…des bois (châtaignier aussi) servant à la fabrication des claies pour fromages de chèvre…D’où une dimension de culture gastronomique attachée au terroir, tout en cheminant dans le festival.

2 et 2 font 4 qui font x par 4, 16, cqfd
Cette « ardèche’s touch », qu’on peut aussi ressentir par les ondes – France-Musique relaie le Festival par un « Sur tous les tons » quotidien, écho en direct depuis le bel Hôtel de Ville XVIIIe à Viviers – , les fondateurs du Quatuor Debussy l’ont voulue vivante, comme d’une oeuvre « in progress », persuadés qu’ils ont toujours été, mais sans affectation guindée et moralisatrice, d’une nécessité pédagogique, la transmission de leur savoir. Le 10e anniversaire est occasion de faire le point, de se rappeler aussi, entre membres qui peuvent déjà faire une « histoire de leur Quatuor » et avec les formations aînées, associées « naguère » à l’Académie ( les Parisii, Renoir et Rosamonde), les instrumentistes invités, ou selon la jolie formule sans paternalisme, « les élèves devenus (ou en train de devenir) grands »…Donc, aux concerts du soir on pourra écouter outre les « deux-bussy » fondateurs, comme se nomment par calembour le violoniste (1er) Christophe Collette et l’altiste Vincent Deprecq, le violoncelliste Alain Brunier (et son frère Jean-Baptiste), le tout neuf violon (2nd) Dorian Lamotte, « l’ancien » violoncelliste Yannick Callier, le violoniste compagnon de route des « Ballades » Noël Cabrita dos Santos. « Les meilleures choses allant par…4 », pour paraphraser les 3 Viennois, on peut même multiplier ce 4 par 2, ce qui donnera en concert 4 des 2 journées d’ouverture (vous suivez ? encore un effort et vous saurez les âges du 4e Evêque ayant siégé à la cathédrale de Viviers et du 44e batelier ayant amarré sa barque en cette cité) un octuor (rare) du post-romantique Max Bruch. Et surtout , en 4 fois 4 = 16, des versions double octuor de l’op.95 beethovénien et moins connu Quatuor de Grieg, un des tubes du festival 2003. Dans les 3 autres concerts de ce glorieux 5 juillet, les Debussy, Renoir, Parisii et Rosamonde auront donné plus classiquement Haydn, Mozart, Schumann, Beethoven, Mendelssohn, et pour aller au devant de notre époque – une démarche à laquelle Cordes en Ballade s’en voudrait de ne pas l’intégrer à chaque session – des quatuors de Philippe Hersant (le 2e, écrit pour un théâtre de Heiner Müller), de Giorgy Kurtag ( dans les désormais classiques Microludes) et de Gérard Pesson (un souffle léger et charmeur comme la brise du Rhône à la nuit tombée : « Respirez, ne respirez plus »). Même jeu de 4 fois 2, à l’initiale ouverture du 4, pour les octuors de Mendelssohn, Chostakovitch (l’auteur-fétiche des Debussy qui ont fait au disque l’intégrale des 15 quatuors), Niels Gade (le romantique aussi Danois que Kierkegaard et qui fit, malgré lui, de l’ombre à Schumann dans son époque déstabilisée) et l’Argentin – comme son nom ne l’indique pas – Osvaldo Golijov, très prisé du public 2006, en un Last Round dédié à Astor Piazzolla.

Amitiés russes et dadaïstes
On revient à plus classico-romantique pour le concert « de l’amitié » ( s’y joignent Y.Callier, J.B.Brunier, N.C.Dos Santos), avec un Boccherini (1/225e de sa production de Quintettes !), le 1er Sextuor (« printanier ») de Brahms, et – tellement « en place » dans la romanité austère de l’abbatiale de Cruas – le sol mineur K.516, tragique et haletant Mozart en quête d’absolu. Puis place aux « devenus grands », les 4 du Leonis maintenant hyper-laurés, pour le 1er des Quatuors Prussiens de Mozart, l’op.59 n°2 de Beethoven, et des Moments Musicaux de Kurtag. Les Debussy honorent un compositeur-très-ami, Jean-Marie Morel, qui a écrit pour eux et un chœur d’enfants « La Fontaine en chantant ». Transfert sur les lieux plus au nord, où Aubenas accueille l’incursion des Cordes se baladant du côté jazz : Didier Lockwood et ses complices Kevyan Chemirani, Renaud Garcia-Fons et Sylvain Luc, voyage de « Globe Trotter » aux couleurs de la planète parcourue. Les Trrrès Rrrusses du jeune Quatuor Atrium – honorés par un Premier Prix à Bordeaux en 2007 – travaillent dans leur arbre généalogique, avec le 1er de Borodine et le 2e de Tchaikovski – pas si connus sur la rive droite ou gauche du Rhône ! – et explorent les très récentes « Variations Sérieuses » de Nicolas Bacri, placées sous le signe de Tristan Tzara (qu’on ne savait pas si accommodant en idéologie dadaïste), « je porte la mélodie en moi et je n’en ai pas peur. » En semi-off et à l’heure du palmarès, les stagiaires « très jeunes talents » s’en donneront à pleines cordes et cœur joie non seulement dans Haydn, Mozart ou Dvorak, mais dans le plus peopolisé des répétitifs d’outre-Atlantique, Terry Riley, qui aura droit à son portrait en 3 épisodes. Fin des fins le 14 juillet avec Marseillaise, d’entrées libres tout cet ultime week-end.

Les Cordes en ballade, 10e festival. Autour du Quatuor Debussy. Viviers et autres lieux en 07.
Vendredi 4, Viviers, 21h ; samedi 5, Viviers, 11h,15h,17h,21h ; dimanche 6, Cruas, 21h ; mardi 8, Bourg-Saint-Andéol,21h ; jeudi 10, Aubenas, 21h ; vendredi 11, Saint Montan, 18h ; samedi 12, Montpezat, 21h ; dimanche 13, Beaumont, 11h, Beauchastel, 18h ; lundi 14, Beauchastel (18h). Renseignements et réservations : 04 72 07 84 53, 06 28 34 72 19 ; www.quatuordebussy.com

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