lundi 30 juin 2025

Giuseppe Verdi: Luisa Miller (1849). Opéra Bastille France Musique, en direct. Samedi 8 mars 2008 à 19h

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Giuseppe Verdi 1813-1901)
Luisa Miller, 1849

France musique
Samedi 8 mars 2008 à 19h, en direct

Les spectateurs à l’Opéra Bastille ne devaient pas se fier à l’apparente innocence des décors de la mise en scène conçue par Gilbert Deflo: vertes prairies, montagnes décoratives d’un Tyrol d’épinal… Ce que se passe sur scène est bien noir et tragique, d’une implacable horreur.: deux jeunes coeurs romantiques y sont bien sacrifiés par leurs géniteurs, directement (Walter) et indirectement (Miller) impliqués. La force de Verdi est de porter le mélodrame de Schiller vers l’action sanguinaire où deux âmes trop pures sont égorgées, ni plus ni moins. Luisa, fille d’un soldat à la retraite qui a le sens de l’honneur, aime Carlo qui en fait, n’est autre que Rodolfo, fils du Comte Walter, lequel aurait bien préféré voir sa progéniture épouser la riche Duchesse d’Ostheim. Machiavéliques, pernicieux et manipulateurs, le Comte Walter et son secrétaire Wurm, véritable suppôt du diable, piègent la pauvre Luisa, coeur innocent trop vulnérable pour résister à la barbarie environante. Mais à vouloir forcer la jeunesse, les pères trop inflexibles, perdront celle et celui en lesquels ils avaient déposé leur avenir.

Luisa Miller met fin à une première période créative où Verdi avait surtout mit en avant l’hymne triomphal des choeurs patriotiques, ce qui lui avait valu un succès immédiat auprès de la nation italienne portée contre les autrichiens à conquérir leur indépendance. La partition plus intimiste, plus serrée, tragique et noire, annonce les grands ouvrages dramatiquement fulgurants que sont Rigoletto / Traviata / Trouvère (qui composent la fameuse trilogie de la maturité).

Verdi approfondit en miroir avec la psychologie de plus en plus nuancée de ses personnages, la part de l’orchestre, qui impose de nouveaux climats poétiques, dévoilant entre autres, de superbe pages où le sentiment de la nature s’épanche sans limite. Le seul rôle de Luisa suffit à comprendre tous les registres convoqués par Verdi: ni vraiment légère, ni trop crédule, pas encore déterminée: Luisa est un coeur loyal, aveuglée par sa candeur et sa pureté. En cela Ana Maria Martinez exprime la palette très large sur le plan émotionnel du rôle titre, même si l’interprète penche trop du côté de la victime. De son côté, le Rodolfo de Ramon Vargas, certes élégant et racé, manque parfois d’héroïsme radical et de vaillance impériale. Par contre, palme à l’expressivité mordante de Miller (Andrzej Dobber), préfiguration de la figure paternelle, tendre et exigente de Rigoletto à venir…

Dans la fosse, le chef Massimo Zanetti (ancien directeur musical du Vlaamse opera, 1999 à 2002), qui fait ainsi ses débuts à l’opéra émerveille par une direction élégante, nerveuse, lumineuse, éclairant la beauté d’une partition mésestimée, encore trop rare sur les scènes lyriques.

Opéra en trois actes. Livret de Salvatore Cammarano d’après le drame Kabale und Liebe de Friedrich Schiller. A l’affiche de l’opéra Bastille, du 14 février au 12 mars 2008

Mise en scène, Gilbert Deflo
Décors et costumes, William Orlandi
Lumières, Joël Hourbeigt

Rodolfo : Ramon Vargas
Luisa : Ana Maria Martinez
Il Conte di Walter : Ildar Abdrazakov
Federica (Duchessa d’Ostheim) : Maria José Montiel
Wurm : Kwangchul Youn
Miller : Andrzej Dobber
Laura : Elisa Cenni

Orchestre et Choeurs de l’Opéra national de Paris
Direction musicale, Massimo Zanetti
Chef des Choeurs Alessandro Di Stefano

Illustration: Giuseppe Verdi (DR)

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