vendredi 9 mai 2025

Collection « Steinway Legends » (Philips)Arrau, Ashkenazy, Brendel, Ushida…

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Collection « Steinway Legends »
(Philips)
Au moment où se déroulaient les festivals estivals de pianos (été 2007), les dinosaures tels la Roque d’Anthéron (août), avant Piano aux Jacobins (septembre) ou les tremplins des jeunes talents comme le festival Piano Fortissimo d’Elne (juillet), Philips rééditent en plusieurs doubles albums, les gravures anthologiques des grands interprètes de son catalogue: Alfred Brendel, Mitsuko Ushida, Vladimir Ashkenazy, Claudio Arrau… tous praticiens ès mérite sur piano Steinway, la marque américaine, fondée à New York en 1853 par un émigré allemand, Henry Engelhard qui ajouta à son patronyme, le nom désormais célèbre « Steinway », à partir de son installation aux States en 1850.
Après Henry le fondateur, son fils Théodore met en pratique sur les claviers « Steinway & sons » de nombreux brevets assurant aux pianos maison, puissance et qualité sonore, mais aussi performance technique comme la sensibilité et la réactivité du clavier… Sous son impulsion, le piano droit s’impose irrésistiblement. Le Steinway fait son apparition en Europe à l’Exposition Universelle de 1867, suscitant un enthousiasme unanime grâce à la qualité de sa sonorité. Le Steinway de concert rencontre l’aval des compositeurs célèbres tels Liszt, Wagner, Saint-Saëns, Berlioz, Gounod… La marque américaine est d’autant plus associée aux grands interprètes du moment que dès les années 1860, elle soutient les tournées des concertistes fameux dont Ignace Jan Pederewski qui fait en 1891, des débuts fracassants aux Etats-Unis.
En 2003, pour son 150 ème anniversaire, la marque Steinway aujourd’hui détenue par un consortium d’actionnaires dont une partie minoritaire représentée par la famille fondatrice perpétue une tradition musicale, synonyme d’excellence et d’art. Pour preuve, les titres doubles de la collection « Steinway Legends », organisée en album thématique, chaque double coffret étant dédié à un seul interprète.

Claudio Arrau
Chilien né le 6 février 1903, Arrau se consacra surtout au répertoire germanique. L’enfant virtuose qui sait reconnaître le style de certains compositeurs à l’oreille, à 3 ans, et lire les notes avant l’alphabet, devient un héros national en 1911, recevant une bourse exceptionnelle qui lui permet de gagner Berlin pour se perfectionner. Il y reçoit l’enseignement d’un élève de Liszt, Martin Krause, qui meurt en 1918. Autodidacte ensuite, Arrau écoute Edwin Fischer, Schnabel, Backhaus… il remporte le Prix Liszt en 1919 et 1920. Le succès ne viendra qu’en 1936, à Berlin, au cours d’un cycle de concerts entièrement dédiés à Bach. Deux années plus tard, il amorce son intégrale Beethoven. Mais la guerre l’oblige à quitter l’Europe, pour le Chili et les Etats-Unis. Le double cd regroupe les standards de son répertoire, sauf la « fantaisie orientale, Islamey » de Balakirev, enregistrée en 1928. Une pièce parmi une sélection imposée, qui lui permit de remporter la même année, le Concours de Genève. Artur Rubinstein, membre du jury parla à l’égard du jeune Arrau (25 ans), d’un « Pur sang » parmi des chevaux de traits! De fait, l’élégance agile et ce toucher de poète, à la fois racé et magnifiquement articulé, s’épanouissent idéalement dans la Clair de Lune, surtout la Sonate de Liszt dont Arrau exprime les vertiges et les éclairs. Son élocution ciselée fait merveille dans le « sostenuto », prodigieux de souffle et de respiration, de l’andante qui ouvre les champs intimes d’une âme en confidence.

Vladimir Ashkenazy
Né en 1937 à Gorki (actuelle Nijni-Novgorod), Vladimir Ashkenazy qui vient de souffler le 6 juillet 2007, ses 70 ans a cessé sa carrière de récitaliste pour se consacrer à la direction d’orchestre. Elève de Lev Oborin au Conservatoire de Moscou, il remporte le Premier Prix du Concours Reine Elisabeth de Bruxelles, en 1956. Comme directeur musical, Vladimir Ashkenazy que d’aucun tenait pour le plus talentueux des jeunes pianistes russes dans les années 1960, dirige la Philharmonie Tchèque de 1998 à 2003, et depuis août de cette année, l’Orchestre de la NHK à Tokyo. Mozart espiègles et agiles,

Alfred Brendel
A 76 ans, (le 5 janvier 2007), Alfred Brendel, né en 1931, reconnaît avoir été profondément influencé par Edwin Fischer dont il suit les master classes en 1949, 1950, 1956, à Lucerne. Le maître apprend à l’élève la pratique d’un romantisme libéré dans le cadre du classicisme.

Mitsuko Ushida
Apologie du murmure, de l’ombre et du ténu: jamais la grâce intérieure n’aura trouvé au clavier, interprète plus inspirée, plus « économe ». Ushida déploie tout au long des deux albums (le cd1 réunit des enregistrements de 1984 à 1997; le cd2, de 1990 à 2000), un jeu détaché et intime. Son pianisme d’une subtilité arachnénenne est constamment orienté vers la qualité et la profondeur du sentiment, et l’écoute globale fait surgir tout un cycle musical conçu comme une succession de « berceuses » et de « drames » à l’expressivité rentrée, suscitant autant de résonances secrètes d’un monde intérieur à la fois liquide et miroitant. Plus remémorations qu’expression, son jeu fascine. Plus proustienne que brillante, la pianiste japonaise née en 1948, délivre ici une maîtrise admirable du toucher (staccatos perlés de la Sonate K.576 de Mozart,cd1) et même la Fantaisie K. 397, plus impétueuse dans le sillon stylistique du « Sturm und Drang », délivre un lyrisme affiché cependant canalisé par le sceau d’une extrême délicatesse. Ses Schubert sont les plus fascinants: gravité intérieure, mais surtout atténuation vers les replis de l’intime, les Six danses allemandes D. 820 imposent un détachement qui signifie renoncement, une tragédie silencieuse qui indique aussi sa propre résolution, adoucissant à peine l’horreur assénée et glaçante du glas… Remarquable.

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