samedi 14 juin 2025

Hommage à Maria CallasArte, les 16 et 19 septembre 2007

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Les 16 et 19 septembre 2007

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(16 septembre 1977-16 septembre 2007)

Arte aux côtés de Mezzo et France Télévisions célèbre à juste titre la diva légendaire qui tout en réformant l’interprétation vocale, défraya aussi la chronique mondaine. Pleins feux le 16 septembre, journée anniversaire, avec deux programmes: à 9h, « Maria Callas Conversations » (archives de l’Ina), série d’entretien avec la soprano dramatique. Puis à 19h, « Maria Callas à Paris », deux récitals parisiens, filmé en 1958 puis 1965. Sept ans séparent les deux performances filmées, révélant la solitude de l’artiste intègre de plus en plus confronté à l’attente d’un public avide, sévère et critique, rendu davantage souverain par l’émergeance de la télévision…
Point fort enfin, mercredi 19 septembre 2007 à 20h40, avec un documentaire portrait inédit, particulièrement juste et original sur la Divina, signé Philippe Kohly. Présentation de notre sélection.

Dimanche 16 septembre 2007 à 9h
Maria Callas, conversations
Réalisation: Pierre-Martin Juban (2007, 26 mn)

Dimanche 16 septembre 2007 à 19h
Maria Callas à Paris
Réalisation: Pierre-Martin Juban (2007, 43 mn)
Les deux récitals dont il est question ici, dévoile l’art de la cantatrice à deux instants marquants de sa carrière, dans la ville, Paris où elle choisira de se fixer, puis mourir.
1958: le tout Paris qui n’a pas encore accueilli la Divina mais a suivi l’essor de sa carrière en Italie où elle chantait à Florence, Rome surtout à la Scala, peut enfin le 19 décembre 1958, applaudir l’artiste aux trois octaves, sur la scène de l’Opéra Garnier. René Coty est dans la salle. Un banquet de gala sera donné après le récital qui est diffusé à la télévision en direct. L’événement est capital et décisif pour Maria Callas: une chanteuse y rencontre un nouveau public qui lui restera fidèle, encore en 1965 où elle chantera sur les mêmes planches, Norma.
La soprano chante trois rôles de femmes très différentes. Norma tout d’abord, est le rôle avec Traviata qui lui est le plus proche: femme blessée, déchirée, sacrifiée. En incarnant la prêtresse gauloise, amoureuse d’un officier romain dont elle a eu deux enfants, Callas donne une leçon de chant investi, habitée, passionné, surtout d’actrice accomplie, capable de ressusciter sur la scène le feu et la présence d’une Sarah Bernhardt dont elle a étudié et reprit nombre de gestes et figures rhétoriques. Dans Leonora du Trouvère de Verdi, la chanteuse fait valoir une autre coloration, celle de la noblesse et de l’élégance, même dans le registre du déchirement tragique. Enfin, Rosina du Barbier de Séville de Rossini est certes un air de virtuosité taquine, mais soutenu par le tempérament de Callas, le personnage fait montre d’une intensité éruptive qui ne demande qu’à imposer son empire… Norma, Leonora, Rosina: trois figures de femmes auxquelles la chanteuse confère une épaisseur bouleversante. Dans sa robe haute-couture, la Callas affirme une féminité hollywoodienne. Chanteuse sophistiquée, silhouette cinématographique, la Diva rayonne de grâce et de style… quelques mois plus tard, elle fera la rencontre de l’armateur milliardaire Onassis (été 1959)…
1965: le 2 mai 1965, Callas avec son complice Georges Prêtre qui dirige l’Orchestre national de l’Ortf, élargit encore son répertoire: Gianni Schichi de Puccini, surtout La Somnambula de Bellini. Comme pour Norma, Callas éblouit par l’intériorité vraisemblable de son jeu dans l’art du bel canto, un répertoire dans lequel elle fait épanouir sa féminité blessée. Quelques jours plus tard, elle chantera Norma au Palais Garnier dont la dernière s’achèvera en échec… Indisposée, fragile, la cantatrice ne chantera pas après le premier acte… malgré un public venu très nombreux l’écouter. En 1965, elle ne fait qu’attendre l’homme qu’elle aime passionnément, Onassis. En vain, elle attendra qu’il lui demande de l’épouser… car à l’été 1965, Onassis court un autre lièvre, Jackie Kennedy, la veuve de John…
Devant la caméra plus proche de son visage, Callas paraît plus éprouvée et hypersensible qu’auparavant. C’est moins l’icône théâtrale que la femme pas encore blessée mais qui doute…

Mercredi 19 septembre 2007 à 20h40
Maria Callas Assoluta
Réalisation: Philippe Kohly (2007, 1h40mn)

Quand on s’approche du mythe Callas et qu’on veut comprendre sa fulgurante carrière et la force du caractère en présence, on ne peut écarter la femme Maria. Réalisateur de précédents portraits d’artistes tels Barbara et Dalida, Jacques-Henri Lartigue ou Matisse et Picasso, abordés en un face à face passionnant, Philippe Kohly s’intéresse surtout à la jeune femme, petite boulotte binocleuse, malaimée de sa mère (qui lui préféra toujours sa soeur aînée, Jackie) qui devient non seulement la plus grande artiste lyrique, un mythe scénique incomparable dans la lignée de La Malibran ou Giuditta Pasta, mais encore acheva plusieurs métamorphoses y compris physique (sous le feu de quelque immense détermination! perdant plus de 30 kgs en 16 mois), devenant une actrice élégante et racée, une icône plastique hollywoodienne à la beauté quasi surnaturelle…
Ses scandales, ses prises de positions d’une liberté à peine pensable aujourd’hui (qui lui coûte le Met), son exigence et son idéal artistique (nourrie par l’admiration pour Rosa Ponselle), la relation passionnée avec Aristote Onassis, son divorce d’avec son premier mari Meneghini, son accouchement malheureux, et finalement son errance solitaire avant sa mort sont analysés avec force détail, et surtout une hauteur de vue à la fois synthétique et vivante.
Le mythe Callas se compose d’art, de travail, d’amour. Son malheur est de n’avoir pas trouvé un complice affectif digne d’elle, à la mesure de ses attentes… Seule, perdue, abandonnée, à Paris dont on s’étonne que personne ne lui ait offert une place de pédagogue, lui assurant un nouveau but dans sa vie créative, la Diva assoluta, s’en est allée, après la mort d’Onassis, dans le repli, le silence, la solitude finalement recherchée. Une dernier entretien radiophonique laisse perplexe quant à la solitude déconcertante des stars d’hier et d’aujourd’hui: à 52 ans, la chanteuse déclare qu’elle se sent complètement inutile à Paris car personne ne veut d’elle…
Philippe Kohly évoque heureusement les années glorieuses qui furent celle de l’Assoluta, quand possédant un feu vocal d’une exceptionnelle intensité, sur trois octaves, Callas était une actrice géniale, dévoilant dans Elisabetta de Valois du Don Carlos de Verdi, sur la scène de la Scala de Milan, une silhouette élégante d’une incroyable grâce… la magie du style Callas pouvait alors rayonner… avec Norma, Traviata et Tosca… Film portrait éblouissant: sur la scène comme dans sa vie, Maria Callas s’affirme telle qu’elle fut: entière, intègre, passionnée, perfectionniste, irréelle.
Lire aussi la présentation du film de Maria Callas Assoluta, de Philippe Kohly par notre collaborateur, Alban Deags

Crédits photographiques
Maria Callas (DR)

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