lundi 5 mai 2025

Festival de Maguelone (34) Du 5 au 14 juin 2007

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Festival de Maguelone
(34)
Du 5 au 14 juin 2007

Le festival de Maguelone, près de Monpellier, « met en scène » dans un site d’exception, les musiques anciennes. Cette année, pas de médiévalisme, mais de la Renaissance avec Doulce Mémoire et Hespérion XXI, et du baroque français (Médée furieuse au XVIIe, Sainte-Colombe et Marais), italien (trésors de la Chapelle Sixtine) et allemand (J.S.Bach).

Une bien belle Maguelone

Aimez-vous Brahms ? demanda une célèbre romancière.
Et la Belle Maguelone ? répondit un mélomane qui connaissait les cycles de lieder du Romantique de Hambourg.
Non, je parle de la «vraie » Maguelone, celle du Moyen-Age.
C’est la même.
Et la cathédrale proche de Montpellier ?
Justement, on y voit un tombeau attribué à la belle Maguelone, qui vivait dans l’imaginaire médiéval, depuis que son amoureuse histoire avait surgi de l’inspiration des poètes. La princesse napolitaine avait été conquise par le jeune comte de Provence, Pierre, qui fut ensuite capturé par les Maures. Maguelone finit par le retrouver. Rassurez-vous, après d’incroyables péripéties qui couronnèrent les errances de ces amants vertueux… A Maguelone, là où entre dunes, étangs et plages, un havre de paix est bercé par le murmure ou le haut chant du marin et de la tramontane dans les pins. Un lieu qu’aujourd’hui on peut atteindre par une seule route cahotante, mais qu’on ferait mieux de « gagner à genoux », comme le conseillait un guide français de Bayreuth en 1896. La cathédrale demeure, bloc d’un roman austère qu’illuminent les lumières tournantes du jour et de la saison : Maguelone fut siège d’évêché, avant que la rivale Montpellier ne finisse par l’emporter. Quel lieu idéal pour un festival d’allure humaine, dont la mondanité se découragerait d’accès incertain et de distance poétique ! Il y a longtemps que des pionniers culturels ont pensé à installer ici une série annuelle de concerts, tout naturellement consacrée aux musiques dites anciennes. On est tout de même surpris de lire en chiffres romains que c’est déjà la XXIVe édition de ce festival entre ciel et eaux, puissance invitante de tout le Gotha européen des grands noms du baroquisme…

Une si Doulce Mémoire

Cette année, les feux commencent à s’allumer en Renaissance et Baroquie. On sait que la Renaissance musicale française, longtemps et curieusement parente pauvre de la musique redécouverte et bien interprétée, pose des questions passionnantes. C’est un groupe hexagonal au nom évocateur, Doulce Mémoire, qui est en avance dans ce domaine. Son fondateur, Denis Raisin-Dadre, anime à tous les sens du terme – flûtiste, directeur musical, acteur – ce qui est l’inverse d’une restitution guindée, et qui se fonde sur un intense travail de recherche à travers textes et interprétations. On peut leur faire confiance pour une théâtralisation sans artifice ni surtout vulgarité du répertoire de « chansons et danceries ». L’un des invités de toujours, Jordi Savall – qui n’a certes pas le même style comportemental ! – revient avec son Hesperion XX puis XXI, fondé il y a 33 ans : l’Europe en trois personnes (Espagne, Angleterre, France) y est scrutée « de la Renaissance au baroque », ce qui traduit bien cette absence historique et esthétique de verrouillage des frontières du XVIe au XVIIIe.

Chaque matin du monde

Avec les 4 autres concerts, on entre tout à fait – mais selon les cultures et les climats choisis – dans le baroque. Avec ses dominantes, voire ses obsessions, quand il s’agit de célébrer les grandes figures mythologiques, par exemple celle de « Médée furieuse ». On entendra par l’ensemble Amarillis (Eloïse Gaillard, et la soprano Stéphanie d’Oustrac) six variations magiciennes : le surconnu Lully, les bien connus Clérambault, Duphly et Bernier (successeur de Charpentier à la Sainte-Chapelle), et les presque-à-découvrir Gaultier de Marseille, surtout luthiste (1600-1672), et un De la Barre sur lequel vous nous ferez le plaisir de vous documenter avant le concert. De même que pour les nommés Giamberti et Branca, figurant pour « les trésors de la Chapelle Sixtine » à côté de Felice Anerio (1560-1614)et Francesco Durante (1684-1755) ou Pietro Sabbatini(1600-1657). Mais angoisse : pour Rossi, est-ce Michel Angelo (mort en 1655) ou Salomone (1570-1630), alias Shlomoh Adumin, qui illustra le chant juif à la cour des Gonzague de Mantoue ? Les Paladins de Jérôme Corréas vous en diront davantage…Et nous revoici en terre savallienne avec la violiste Marianne Muller, qui fait voyager dans le XVIIe français : dimanche en début de journée, pour faire sonner M. de Sainte-Colombe, Marin Marais, Demachy, et aussi the captain Tobias Hume qui finit « aux petites maisons anglaises », allez-y en songeant que « tous les matins du monde » sont encore plus beaux à Maguelone. Et pas de surprise mais un enchantement prévisible avec les sonates violon (Amadine Beyer) et clavecin (Pierre Hantaï) de Johann Sebastien Bach, notre Père à tous dans les siècles des siècles.

Informations

Téléphone: 04 67 60 69 92 ou www.musiqueancienneamaguelone.com »

Crédits photographiques
Denis Raisin-Dadre (DR)
Stéphanie d’Oustrac (DR)

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