Joseph Haydn
La Création, 1799
(Die Schöpfung)
France Musique
Jeudi 24 mai 2007 à 20h
Concert. Enregistré le 24 décembre 2005, salle NHK à Tokyo. Jusqu’à 23h
Yuko Kamahora, Gabriel/Eva
Shigehiro Sano, Uriel
Kazunori Kubo, Raphaël/Adam
Collège de Musique de Tokyo
Orchestre Symphonique de la NHK
Jun’ichi Hirokami, direction
Un texte glané à Londres
L’ami et le « papa » de Mozart (qui devait mourir avant lui en 1791), Joseph Haydn, laisse dans son oratorio La Création, composé entre 1796 et 1798, une oeuvre de pleine maturité. Alors âgé de plus de 65 ans et le plus estimé des musiciens vivants, Joseph Haydn, né à l’époque Baroque, maître du classicisme, accompagne aussi les premières manifestations du romantisme. Le compositeur qui a surtout mené une carrière quasi sédentaire au service des Princes Esterhazy, dont le vaste domaine se situe en Hongrie, se voit miraculeusement libéré de sa charge en 1790 à la mort de ses « protecteurs ». Leur héritier, le prince Antoine ne partageant pas leur passion pour la musique, remercia le compositeur tout en maintenant sa confortable pension. Certain d’un apport de revenus réguliers, Haydn s’installe avec son épouse, à Vienne, la capitale qui reconnait depuis toujours son génie musical.
Mais plutôt que d’un repos ou d’une retraite légitime, le séjour viennois se change en un tremplin exceptionnel pour la suite de sa carrière: il accepte la proposition de l’imprésario Johan Peter Salomon et part en tournée à Londres pour y diriger plus de vingt concerts de ses oeuvres, avec une énergie et une constance qui contredisent son âge. C’est au cours de son second séjour londonien (1794/1795) que Haydn découvre le sujet de son futur oratorio: le texte sur la Genèse et Le Paradis perdu de Milton, un texte devant lequel Haendel dut renoncer tant il était difficile et complexe à mettre en musique. Mais Haydn qui n’en est pas à un défi de plus, et de surcroît, est l’admirateur passionné de Haendel, relève la gageure. De retour à Vienne, le compositeur demande au Comte Van Swieten, directeur de la Bibliothèque impériale, de traduire le texte en allemand. Faisant suite à quelques séances en privé en 1798, la première officielle a lieu à Vienne, en mars 1799, devant une salle comble.
Des ténèbres à la lumière
Pendant deux heures, choeur, solistes (soprano/ténor/basse), et orchestre -une phalange symphonique au complet-, évoquent la Création du Monde, après une ouverture spectaculaire dans laquelle Haydn peint le Chaos originel et le souffle divin, à l’origine de toute création. C’est un jaillissement triomphal et contemplatif des ténèbres vers la lumière, de l’informel vers la création de toute vie terrestre, végétale, animale, humaine. L’oeuvre chante ce miracle en trois parties, d’où l’ombre comme le serpent sont écartés. L’humanité reconnaissante loue la gloire divine qui a permis ce prodige. La Création peut à ce titre être considérée comme le manifeste de l’esthétique des Lumières. En une langue dramatique, proche de l’opéra, Haydn se montre continuateur des propres oratorios de Haendel: lyrisme exacerbé, orchestration raffinée, airs solistiques brillants. Mais il ajoute un souffle évocatoire à l’orchestre tout à fait neuf, surprenant de la part d’un créateur à la fin de sa carrière, et qui inscrit l’oeuvre dans le courant romantique.
Dans la première partie, Dieu crée les éléments. Dans la deuxième partie, paraissent les animaux et le premier couple de l’humanité, Adam et Eve. Enfin la troisième partie, narre le bonheur de ces derniers dans les jardins du Paradis.
Illustrations
Claude Gellée dit Le Lorrain, Agar répudiée (Munich, Alte Pinakothek)