LIVRES événement, annonce. FRITZ BUSCH (Notes de nuit éditeur). Le chef allemand légendaire Fritz Busch (né en Westphalie en 1890), frère ainé du violoniste non moins mémorable Adolf, affirme une réelle abnégation pour la musique d’abord comme pianiste chevronné, puis comme chef de choeur (Gotha) et chef d’orchestre à Aix la Chapelle (1912-1918) puis à Stuttgart (1918-1922). A Dresde, il peut enfin déployer sa propre conception du spectacle lyrique où comptent autant que la musique, le dispositif scénique et théâtral : ses Wagner à Bayreuth (Maîtres Chanteurs, 1924), ses Mozart (L’enlèvement au sérail, 1930) attestent d’une sensibilité hors pair que son Don Giovanni devenu légendaire de 1936 a fini par imposer tout à fait, comme en témoigne sa coopération fondatrice pour la création du premier festival de Glyndebourne en 1934, aux côtés de Christie qui bientôt allait le trahir et le congédier.
Saluons les 2 ouvrages édités au printemps 2017 par Notes de nuit. Certes fidèle à la ligne éditoriale de la collection, il s’agit de rendre hommage aux musiciens victimes du nazisme, mais le lecteur trouve dans le profil entier, humble, passionné de Fritz Busch, un nouveau « juste », humaniste, fraternel, pour lequel la musique est l’expression d’un engagement et d’une éthique. C’est le portrait d’un être exceptionnel qui se profile ici, a contrario des caractériels impossibles quoique eux aussi géniaux dans leur métier, Toscanini ou Otto Klemperer auxquels l’éditeur a précédemment dédié pour chacun une monographie importante.
Simultanémement au premier ouvrage (« Une vie de musicien »), le second livre, intitulé « Fritz Busch, L’exil : 1933-1951 », présente le parcours du chef germanique exilé, devenu par la force des événements et fuyant la barbarie, un itinérant et un artiste nomade, dès 1933, essentiellement en Amérique latine (Chili et Argentine) et dans une moindre mesure aux USA. Voici donc, présenté, contextualisé (par un « Prélude » 1930/1932), la vie de Fritz Busch, maestro qu’inspire le grand répertoire germanique, apôtre de Beethoven, Mozart, et aussi Verdi, défenseur de Reger et partenaire régulier de son frère le violoniste Adolf Busch, parti comme lui à l’Ouest pour éviter les nazis. Les artistes avec lesquels il a travaillé, les directeurs, les chefs qu’il a croisés composent une fresque passionnante année par année, jusqu’à sa mort à Londres en 1951 (à 60 ans).
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LIVRES événement, annonce. Fritz BUSCH : « Une vie de musiciens ». Fritz BUSCH : L’Exil : 1933-1951 – Présentation par Fabien Gastellier (Editions Notes de nuit, mai 2017). Prochaine grande critique dans le mag cd dvd livres de classiquenews.com