dimanche 4 mai 2025

Week end hommage à Frédéric ChopinLyon, « piano à Lyon », les 16 et 17 mars 2007

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Hommage
à Frédéric Chopin


Saison musicale
Piano à Lyon

Salle Molière.
Vendredi 16 mars à 20h30
Samedi 17 mars à 12h30 et à 18h

Jérôme Chabannes, créateur de la saison musicale « Piano à Lyon », présente les 16 et 17 mars 2007, deux journées de musique entièrement consacrées à l’un des musiciens majeurs de l’âme romantique. Fin de semaine Chopin, donc, avec une pléiade d’artistes de premier choix: N.Goerner, J.F.Zygel, D.Bismuth, B.Chamayou, pianistes. P.Fritsch et I.Serban, violons. V.Julien-Laferrière, violoncelle. C.Laize, alto. Que cela soit nommé « Hommage à Chopin » ou « regards croisés », Piano à Lyon prend pour son avant-dernier programme de la saison la thématique d’un compositeur emblématique du romantisme. Quatre pianistes et un quintette à cordes vont de 1er concerto en Etudes et de 3e Sonate en Leçon de Musique. Coup d’œil sur les cartes du voyage.

En d’étranges espaces

«Je voyage en d’étranges espaces » : n’est-ce pas Frédéric Chopin lui-même qui aura donné la meilleure formule pour un autoportrait ? Car ce compositeur déroutant, on ne songe pas immédiatement à l’habiller en wanderer, en voyageur du romantisme : trop peu de germanitude, sans doute, trop de distance et de réserve, françaises si on tient à cette référence traditionnelle …Pourtant il s’agit d’un exilé, mais l’habitude a été prise d’étendre à ce qui fut d’abord seulement un épisode volontaire de sa vie (un choix de carrière, dirait-on maintenant) le sentiment en profondeur qu’il eut ensuite de son expatriation. Et la révolution qu’il prône est tout intérieure, ou stylistique : il a sur le monde qui l’entoure – en Pologne, puis en France, et dans l’Europe des grandes révoltes – un regard à la fois pessimiste quant au progrès social et détaché des formes les plus « vulgaires » du réel : un aristocrate, comme on dit, mais sans l’altruisme enthousiaste ni surtout la théâtralisation d’un Lord Byron. Un fervent patriote polonais, certes, mais dédaigneux de toute idée démocratique. Au fond assez semblable idéologiquement à l’artiste français qui fit son portrait le plus intuitif, ce Delacroix au classicisme et au conservatisme de goût esthétique – (re)lisons son Journal – qui ne déchaînait ses démons qu’en dessins ou peintures….Un amant dont l’histoire eût mis en folie la presse-peopl (rien que cette moitié d’anglicisme, il eût adoré !) et sa relation en fureur le héros malgré lui. Un longuement, douloureusement malade qui surmonte peur et souffrance pour « créer tant qu’il fait encore jour », comme l’écrit en même temps Schumann, celui-là même qui s’écriait en écoutant le jeune compositeur polonais : « Chapeau bas, messieurs, un génie ! » Un créateur anti-destin, mais qui déteste le « déboutonné » social de cet autre énergique absolu que fut Beethoven.

Leçons sur la lumière

Alors, esquisse pour un portrait ? C’est ce que tente la « fin de semaine » que Piano à Lyon consacre à l’exilé sans barricades. Bien sûr, l’œuvre est immense, bien que limitée au quasi-seul clavier. Elle est aimée, voire idolâtrée par toutes les générations qui ont fréquenté les salles de concert et même aujourd’hui les écoutes baladeuses. Les titres en sont privés de « sentiment », voire abstraits. Ce seront donc ici plutôt trois regards, trois angles de vue. Le pianiste argentin Nelson Goerner, admiré par la Grande Martha (Argerich), est le « plus classique » de programme : deux nocturnes de l’op.27, et la lumière pour sonate et études. La 3e Sonate de 1845 n’est pas tragique comme la 2e (1840) avec son désespoir funèbre et la folie du finale : et son largo ruisselle de chant presque opératique mais aussi « hors du monde ». Avec les Etudes op.10 (1829 à 1832), le jeune virtuose conquiert par éblouissement pyrotechnique, mais fait de la pédagogie supérieure une poésie sublime.
Trois jeunes Français succèdent à N.Goerner : Bertrand Chamayou (un Victorieux-2006 de la Musique, dont le 1er disque – Liszt, chez Sony – a été produit par Piano à Lyon) joue la transposition-réduction d’effectif, et s’affronte à un rôle de soliste-en-chambre pour un 1er concerto devenu quintette cordes avec piano, qui rééquilibre la domination pianistique. David Bismuth choisit les correspondances baudelairiennes ; il tend le miroir aux Français fin-de-siècle qui le fascinent, Fauré, Debussy, ce dont témoigne sa plus récente discographie (Dukas-Debussy : Ame-Son) : lumière d’essence parfois impressionniste qui prolonge la subtilité de Chopin. Quant à Jean-François Zygel, désormais passé 1er médiatique-dvd-et-tv, il consacre sa Leçon d’éclairages inattendus et stimulants à l’auteur des Scherzos, des Ballades et de la Barcarolle.

Approfondir
Téléphone: 04 78 47 87 56 ou www.pianoalyon.com

Programme

Chopin : 3e Sonate, Etudes op.10, 2 Nocturnes op.27 par N.Goerner
Version chambre 1er concerto, par B.Chamayou, P.Fritsch, I.Serban, V.Julien-Laferrière, C.Laize, Y.Dubost
Fantaisie, 20e Nocturne, Mazurka op.67/4, Andante Spianato ; Fauré, Saint-Saëns, Debussy par D.Bismuth
Leçon de musique sur Chopin, par J.F.Zygel

Crédit photographique
Nelson Goerner (DR)
Bertrand Chamayou (DR)

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