dimanche 27 avril 2025

Martin y Soler, La Capricciosa Corretta (1795)Mezzo, les 24 et 25 février 2007

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Martin y Soler (1754-1806)
La Capriocciosa Corretta, 1795

Mezzo
Le 24 février 2007 à 22h55
Le 25 février 2007 à 12h45

Documentaire. Réalisation: Olivier Simmonet. 52mn, 2003.

Alors qu’il assurait une académie d’été à Sienne, dans un palais historique, Christophe Rousset se penche sur la richesse de la bibliothèque locale, y découvre une partition d’époque d’un opéra buffa signé Martin y Soler, La Capricciosa Corretta. La qualité de la musique, le piquant des situations orfévrées par Da Ponte soi-même, lui indiquent une oeuvre à redécouvrir, qui connut à Londres en 1795, un succès phénoménal. Créée au King’s Theater de Haymarket le 26 mai 1795, l’ouvrage fut monté ensuite en Italie, à Venise, Florence, Gênes, Pise et Naples, où la Morichelli s’imposa dans le rôle-titre. On dénombre aussi une reprise de la Cappriciosa à Paris, en 1819. Belle longévité scénique pour un oeuvre aujourd’hui totalement oubliée.

Connaisseur du genre buffa au XVIII ème siècle
, Christophe Rousset éclaire la part active que tint le compositeur espagnol sur la scène lyrique, à Vienne, et à Londres en compagnie de son librettiste Da Ponte. Les deux hommes partageaient la passion des jupons et aimer collectionner les conquêtes féminines. Séducteur, léger et plein d’humour, mais aussi à l’écoute des publics, Martin y Soler avait à coeur de flatter l’oreille de ses spectateurs. Son style montre une facilité à intégrer les modes et les tendances des lieux où il se produit. Ainsi cette Caprciciosa qui créée pour le public londonien, assimile les tendances alors à la mode. « Si Soler était de notre époque, il aurait certainement utiliser les artifices de notre monde, pour mieux nous séduire. Il aurait fait la Star Ac. » précise Rousset. Comparaison qui vaut son pesant d’or!
Claveciniste, le chef des Talens Lyriques explique ensuite (avec plus de pertinence) en quoi l’écriture de Soler annonce, après la mort de Mozart, la facétie de Rossini. Son ornementation séductrice là encore qui semble déjà annoncer le Barbier de Séville…

Le film d’Olivier Simmonet accompagne les répétitions de l’opéra, représenté après sa découverte à Sienne, sur les planches de l’opéra de Lausanne (il a aussi été donné à Bordeaux et à la Zarzuela à Madrid). Voici un spectacle bourgeois qui parle de querelles et d’affaires de mariage et de séduction où la noblesse n’a plus sa place. L’héroïne, Ciprignia, capricieuse délirante, est assez agitée: elle ne cesse de séduire et tromper, infligeant un vaste désordre dans sa maisonnée. Chaos familial, désordre domestique qui en 1795, préfigure les révolutions à venir… Quand Da Ponte demande à Soler de composer la musique de sa Capricciosa, il n’est plus en grâce à Vienne: il a rejoint Londres pour y reprendre ses activités d’aventurier. Mozart est mort depuis quatre ans. Mais l’esprit des opéras Cosi Fan tutte et Les Noces de Figaro qu’il a conçu avec l’auteur de Don Giovanni, se retrouve chez Soler: l’action de la Capricciosa se déroule durant une journée. 24 heures de la vie d’une femme manipulatrice, trompée et repentante. Christophe Rousset a prolongé les représentations scéniques par un enregistrement discographique qui reprend le même plateau vocal (Naïve).

La Capricciosa corretta
ossia La scuola dei maritati
, 1795
Opera buffa en 2 actes
Livret de Lorenzo da Ponte

Distribution

Donna Ciprignia, soprano : Marguerite Krull
Isabella, soprano : Katia Velletta
Cilia, soprano : Raffaella Milanesi
Bonario, baryton : Enrique Barequizo
Valerio, ténor : Emilio Gonzalez-Toro
Lelio, ténor : Yves Saelens
Don Giglio, baryton : Carlos Marin
Fiuta, baryton : Josep Miquel Ramon

Les Talens Lyriques
Christophe Rousset
, direction

Illustrations

Portrait de Lorenzo da Ponte (DR)
Goya, L’ombrelle, 1777 (Madrid, musée du Prado) (DR)

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