Paris, avril 2015. Aux limbes d’avril, les pluies sont revenues, un léger parfum du dernier hiver revient dans la capitale aux portes du mois de mai. L’été demeure éloigné. Au cœur de l’amphithéâtre Bastille, l’on se presse pour prendre place et voir apparaître incessamment, Annick Massis et Antoine Palloc pour un récital d’exception. En effet, Paris n’est que trop rarement le lieu des récitals de cette grande voix, qui plus est accompagnée par un pianiste de cette teneur.
Le Sacre du printemps
Le programme de ce récital peut sembler une évocation du printemps. D’abord d’une mélancolie douce, avec un relent de méfiance sous un ciel nuageux avec les pièces de Messiaen, Reynaldo Hahn et Debussy, petit à petit le soleil transperce les nuées avec des mélodies formidables dont les plus remarquables et rares sont celles de Paladilhe et de Bachelet. Le soleil s’installe définitivement dans la deuxième partie avec les belles mélodies de Verdi, Bellini, Puccini, Catalani, et finalement l’insouciance estivale s’exprime avec la chaleur et l’humour du Bacio de Luigi Arditi et quelques bis formidables !
Ce voyage au cœur des saisons du sentiment a été formidablement ciselé et dessiné par Annick Massis éblouissante de couleurs, d’émotion et de justesse. Elle nous a fait même redécouvrir à la fois des mélodies et des textes avec une profondeur et une diction hors pair. L’accompagnant avec équilibre et souplesse, le formidable Antoine Palloc a réussi à mettre en avant les beautés de ces pièces dont le genre chambriste aurait pu les rendre répétitives. A l’orée du printemps, alors que les Saints de glace s’installent à Paris, la nuit de mercredi dernier le soleil a brillé, dans un ciel où brillaient deux étoiles, celles d’Annick Massis et d’Antoine Palloc !