Arte. Dimanche 28 juin 2015, 1h. Gustav Mahler : Symphonie n°7 de Mahler. La composition de la symphonie n°7 en mi mineur dite « Chant de la nuit » ou Chant de nuit, a coûté plusieurs nuits blanches et une telle énergie à Mahler qu’il a frôlé la dépression. La partition est créée en 1908 à Prague avec Mahler en personne à la baguette pour diriger le Philharmonique de Prague. Les 4e et 6e mouvements sont des nocturnes enchantés et aussi inquiétants qui ont été écrits dès 1904 alors que Mahler travaillait sur la 6ème, autre symphonie parmi les plus autobiographiques. Considérée comme la plus difficile des symphonies du maître viennois, la 7ème est moins jouée que les autres. Fervent admirateur de Mahler, Ricardo Chailly l’a intégrée en 2014 dans le cycle Mahler au répertoire de l’orchestre du Gewandhaus de Leipzig. Ce concert y a été enregistré le 28 février 2014. LIRE aussi notre dossier spécial Symphonies de Mahler
Symphonie de la nuit
Le propre de la 7 ème symphonie de Mahler est peut-être de ne présenter d’un premier abord aucune unité de plan. Cinq morceaux en guise de développement progressif, avec au cœur du dispositif, le scherzo central, encadré par deux « nachtmusiken ». Pourtant, il s’agit bien d’un massif exceptionnel par ses outrances sonores, ses combinaisons de timbres, son propos original, certes pas narratif ni descriptif… Plutôt affectif et passionnel, dont la texture même, extrêment raffinée, souhaite exprimer un sentiment d’exacerbation formelle et même d’exaspération lyrique. Un sentiment dans lequel Mahler désire faire corps avec la Nature, une nature primitive et imprévisible, constituée de forces premières et d’énergie vitale que le musicien restitue à la mesure de son orchestre. Fait important parce que singulier dans son œuvre, à l’été 1904 où il aborde la composition de cette montagne sonore, Mahler est dans l’intention de terminer sa 6 ème symphonie, or, ce sont en plus de la dite symphonie, les deux nachtmusiken qui sortiront de son esprit. Ces deux mouvements originaux à partir desquels il structurera les volets complémentaires pour sa 7ème symphonie, achevée à l ‘été 1905, à Mayernigg.
Les excursions dans le Tyrol du Sud lui sont favorables. Le contact avec l’élément naturel et minéral, en particulier des Dolomites, lui fait oublier la tension de l’activité à l’Opéra de Vienne dont il est le directeur. L’intégralité de sa 7ème symphonie est achevée le 15 août 1905.
La partition sera créée sous la direction du compositeur à Prague au mois de septembre 1908. L’accueil dès la création est des plus mitigé. La courtoisie des critiques et des commentaires, y compris des amis et proches, des disciples et confrères du musicien, dont Alban Berg et Alexandre von Zemlinsy, Oskar Fried et Otto Klemperer, présents à la création, ne cachent pas en définitive une profonde incompréhension. Le fil décousu de l’œuvre, son sujet qui n’en est pas un, l’effet disparate des cinq mouvements, ont déconcerté. Et de fait, la 7ème symphonie sans thème nettement développé, sans matière grandiose, clairement explicitée (en apparence), demeure l’opus le moins compris, le moins apprécié de l’intégrale des symphonies. D’ailleurs, le premier enregistrement date de 1953 ! En LIRE +