Salzbourg. Dalbavie: Charlotte Salomon, création. 28 juillet>14 août 2014. Evénement à Salzbourg 2014 dans la catégorie création mondiale : Marc-André Dalbavie met en musique un opéra inspiré de la vie tragique d’une jeune femme artiste juive, artiste martyr, originaire de Berlin et qui dénoncée, s’éteint pendant la guerre en déportation. Née en 1917, Charlotte Salomon est morte à l’âge de 26 ans : victime innocente sacrifiée sur l’autel de l’horreur absolue, Charlotte reste une figure bouleversante que son œuvre picturale et graphique (produite en très peu de temps) fixe dans l’imaginaire. L’art ici, acte de résistance et cri tendu contre l’ignorance rétablit la place et la dignité qui ont été bafouées. Son style à la fois onirique, naïf, réaliste et symbolique réenchante le temps d’une existence écourtée, déchirée, anéantie. Le sujet a légitimement inspiré le compositeur français Marc André Dalbavie qui dirige à Salzbourg la création de l’opéra que le Festival lui a commandé. Révélation de la partition ce 28 juillet 2014 au Manège du rocher. Le compositeur a déjà traité la forme lyrique à travers un précédent ouvrage qui éclaire le dernier Gesualdo, celui qui est le plus sombre et le plus solitaire (Gesualdo, 2010). Le travail de Dalbavie accorde lisibilité du texte et parure éloquente et transparente d’un orchestre dont le langage demeure accessible, c’est à dire totalement audible. Né en 1961, héritier de l’école spectrale (Grisey et Murail sont ses principales sources d’inspiration), Marc André Dalbavie rétablit dans la brume spectrale, la ligne concrète du verbe grâce au chant : une alliance propice à un choc musical à Salzbourg cet été ?
La vraie Charlotte Salomon, née berlinoise en 1917, est morte déportée à Auschwitz en 1943. Son père médecin arrêté par les nazis connut le même sort en déportation dès 1936. La jeune étudiante inquiétée à cause de ses origines juives se réfugie dans le Sud de la France, après la nuit de Cristal (9 novembre 1938). Elle y retrouve ses grands parents : en 1940, la jeune femme dont la grand mère s’était suicidée, est internée avec son grand père dans le camps de Gurs, puis libérée. Marquée par ses épreuves et la barbarie ambiante, Charlotte résiste en créant ses propres œuvres comme plasticienne et peintre. de 1940 à 1942, l’artiste questionne le sens de la vie et sa propre expérience à travers un cycle de création intitulé « Leben ? Oder Theater ? » soit une centaine de gouaches conçues à partir des couleurs primaires : rouge, bleu, jaune. Textes autographes, musique, sujets empruntés à sa vie détruite et éprouvante, au souvenir de sa famille assassinée, le corpus est l’un de plus puissant et original suscité par l’horreur nazie. En 1943, Charlotte Salomon qui vient d’épouser Alexander Nagler dont elle était enceinte, est dénoncée et déportée de Bobigny à Auschwitz où elle s’éteint rapidement. La totalité des gouaches autobiographiques de Charlotte Salomon est aujourd’hui conservée au Musée juif d’Amsterdam.
Salzbourg, Festival. Manège au rocher
création mondiale
5 dates
28 juillet puis 2, 7, 10, 14 août 2014
Marc-André Dalbavie : Charlotte Salomon
Opéra en 2 actes. Livret de Barbara Honigmann d’après Leben? oder Theater? de Charlotte Salomon
Mise en scène : Luc Bondy (en mémoire de Gérard Mortier)
Marc-André Dalbavie, direction
Johanna Wokalek, Charlotte Salomon
Marianne Crebassa, Charlotte Kann
Jean-Sébastien Bou, Doktor Kann, ein Arzt
Géraldine Chauvet, Franziska Kann / Eine Frau
Anaïk Morel, Paulinka Bimbam
Frédéric Antoun, Amadeus Daberlohn, ein Gesangspädagoge
Vincent Le Texier, Herr Knarre / Lageroberst
Cornelia Kallisch, Frau Knarre
Michal Partyka, Professor Klingklang / Ein Kunststudent / Dritter Nazi / Ein Polizist
Eric Huchet, Der Papst / Der Propagandaminister / Der Kunstprofessor / Erster Nazi / Ein Mann / Zweiter Emigrant
Annika Schlicht*, Eine Kunststudentin aus Tirol
Wolfgang Resch*, Zweiter Nazi
Mozarteumorchester Salzburg
Illustrations : autoportrait de Charlotte Salomon (DR). opéra de Dalbavie créé à Salzbourg le 28 juillet 2014 © R.Walz