vendredi 19 avril 2024

l’opéra Brokeback Mountain à Madrid

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brockeback_mountain_visuel_vignette_250Madrid : création de l’Opéra Brokeback Mountain. Du 28 janvier au 11 février 2014. 8 dates événements. Les 28, 30 janvier, 1,3,5,7,9 et 11 février 2014. A partir du 28 janvier 2014, le Teatro Real de Madrid programme la création mondial de Brockeback mountain, l’opéra, prolongement du livre d’Annie Proulx puis du film d’Ang Lee ; en alternance avec Tristan und Isolde de Wagner (réalisation Bill Viola et Peter Sellars) : pour Gérard Mortier, il s’agit de montrer deux aspects, romantique et contemporain, d’un amour brûlant à l’issue tragique … L’opéra a toujours aimé représenter l’expression d’une passion maudite qui dans ce monde, ne peut se réaliser pleinement. Le bonheur amoureux n’est donc pas de ce monde.

Voir la distribution et la présentation sur le site du Teatro real de Madrid, page création
mondiale  (estreno mundial) de Brockeback Mountain

 

 

 

création mondiale de l’opéra brockeback Mountain à Madrid

 

 

brockeback_mountain_bandeau582

 

Charles Wuorinen, compositeur pour la création de l’opéra d’après le roman d’Annie Proulx, Brokeback Mountain, n’en est pas à son premier ouvrage lyrique. Le New Yorkais né en 1938, a déjà été célébré entre autres pour Haroun and the Sea of stories (d’après Salman Rushdie) : en voyant le film (Ang Lee), puis en lisant la nouvelle originelle, il a immédiatement compris qu’il avait à faire à une action destinée à la scène lyrique. Gérard Mortier alors nouveau directeur du New York City Opera (NYCO, aujourd’hui fermé) adhère au projet et Annie Proulx pressentie consentante, réécrit elle même un livret pour le nouvel opéra. La collaboration de la romancière au projet lyrique ajoute à la valeur de l’opéra. Passé au Teatro Real de Madrid, Gérard Mortier programme la création de Brockeback mountain  qui aura lieu ainsi le 28 janvier 2014.

 

 

 

Les histoires d’amour qui finissent mal embrasent toujours la scène lyrique

 

 

Le fond tragique et l’impuissance voire l’extrême frustration qui naît de l’histoire d’amour entre les deux hommes (Jack Twist, ténor et Ennis del mar, baryton) ont frappé d’emblée l’inspiration du compositeur. Rien ne vaut à l’opéra une intrigue maudite, condamnée dès son amorce. La présence des éléments, de la nature, si prégnante dans la nouvelle (plutôt courte d’Annie Proulx) – les sublimes paysages des montagnes du Wyoming- incarnent en définitive cet état statique, désormais perdu, où les deux amants s’enlisent eux-mêmes : la parabole de leur impossibilité à trouver l’issue pour l’avenir de leur relation. Heureusement après la mort de Jack, Ennis en un monologue qui recueille et expose les fruits de sa métamorphose psychique, comprend qu’il a perdu le seul amour de sa vie et peut mais trop tard envisager un ailleurs autrement. Sa métamorphose est le vrai sujet de l’opéra créé à Madrid en janvier 2014. Reste la musique de Charles Wuorinen : son écriture privilégie-t-elle l’universalité poétique et absolue d’un amour pur et entier, ou rétablit-elle dans ses propres options l’action destructrice du contexte et de l’environnement concret et social sur une passion jugée   » immorale  » ?

 

 

 

Création : l'opéra Brokeback Mountain, en direct de Madrid sur Medici.tv

 

 

 

Brokeback Mountain en opéra. La fin de l’opéra qui enchaîne les péripéties réalistes d’un amour tenu secret donc avorté, comptant seulement quelques effusions à peine explicites, impose après la mort de Jack, le long monologue d’Ennis. Après la perte de son amant, le cow boy avoue l’état d’une passion où ont pesé la frustration, la dissimulation, le silence. Ne rien dire, surtout pas à l’intéressé ses vrais sentiments. Rongé par le regret d’avoir mesuré, réfréné, tué  cet amour, Ennis avoue sa déchirure et sa compassion :  » Jack, I swear... » dit-il en conclusion de l’opéra (Jack, je jure…) : ce serment final prononcé montre à quel point la mort de celui qu’il a aimé, suscite un terrible tremblement de terre psychique. Le héros rescapé, enfin loquace, tire la leçon de ce que s’est passé dans sa vie. En reconnaissant qu’il ne vivra plus jamais un tel amour, Ennis rend un dernier hommage bouleversant à Jack. Un aveu décalé adressé face au public, en l’absence de celui qui n’est plus. Difficile de se laisser porter et saisir par l’action de l’opéra quand on garde en mémoire la force précédente du film d’Ang Lee, la violence suggestive de la nouvelle d’Annie Proulx. Reconnaissons que l’architecture et l’écriture dramaturgique de la partition créée à Madrid conserve grâce à la plume de l’écrivain – complice de l’aventure, son épure et son économie. La musique quant à elle, éclaire les milles tempêtes qui peu à peu mène à la mort de Jack, puis à la prise de conscience finale d’Ennis. C’est évidemment une réussite. L’opéra ainsi créé n’affecte en rien la puissance du sujet. Au contraire il en éclaire à sa façon la tension tragique. Eclairs lugubres dès le début (vibration de la corde grave), déchirements multiples qui depuis la fosse, expriment l’épreuve émotionnelle qui attend les protagonistes… et les spectateurs avec eux.

 

 

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