mardi 19 mars 2024

TOURS. Benjamin Pionnier dirige une nouvelle TOSCA

A lire aussi


Benjamin Pionnier, nouveau directeur de l'Opéra de ToursTOURS, Opéra. PUCCINI: Tosca. 21 – 27 avril 2017. Benjamin Pionnier
dirige l’Orchestre Symphonique maison (qui porte aussi le nom de la région : Centre – Val de Loire) pour une nouvelle production de Tosca, réunissant des voix peu connues en France et qui promettent de relever les défis multiples d’une partition élaborée comme une pièce de théâtre et au drame réaliste : au devant de la scène, se déroule la tragédie d’un trio amoureux opposant les deux amants artistes (Tosca la chanteuse et Mario le peintre), pris dans les filets du diabolique Scarpia (préfet de Rome), épris de la belle cantatrice. Puccini sait élargir le spectre dramatique en fouillant par le chant d’un orchestre fabuleusement orchestré, le contexte et les résonances historiques, sociales de ce huit clos étouffant : l’Italie dont il est question, est celle des Monarchistes contre les Républicains, c’est à dire en une seconde opposition, celle là politique, qui confronte le royaliste Scarpia contre le bonapartiste Mario… Les 3 actes sont parfaitement délimités, chacun inscrit dans un lieu bien identifié de Rome : l’église San Andrea della Valle au I ; écrin des amours artistes dont nous avons parlé, puis célébration collective en un Te Deum qui assoit le redoutable préfet ; le II se déroule ensuite au Palais Farnèse chez Scarpia, dans les salons et le bureau de son palais officiel où il torture Mario ; c’est là qu’en une scène fantastique et macabre, la belle Tosca poignarde le préfet sadique avant de lui rendre un dernier hommage posthume (l’actrice Sara Bernhardt a laissé un souvenir mémorable dans la pièce originelle de Victorien Sardou, comme Maria Callas ensuite sur la scène de l’Opéra de Paris ; enfin, l’acte III, au Château Saint-Ange où est emprisonné Mario ; l’acte s’ouvre sur une évocation champêtre et pastorale par le chant d’un jeune berger – sur les collines environnantes de Rome, Tosca retrouve son amant Mario emprisonné pour le délivrer, après une prétendue fausse exécution qui s’avère cependant fatale pour celui qui a osé se réclamer de l’idéal bonapartiste… Ainsi même après sa mort Scarpia poursuit son œuvre diabolique. Démunie, trahie, veuve… Tosca se jette dans le vide, de la terrasse du Château Saint-Ange. Puccini réussit dans Tosca, l’équation délicate du drame sentimental et de la fresque évocatrice au réalisme accru : à la passion qui dévore les trois protagonistes (le fameux trio verdien : soprano / ténor / baryton, ce dernier étant le rival du premier) répond le souffle irrésistible des évocations orchestrales. Oui, Tosca est un opéra sublime qui est autant psychologique que dramatique.

Il est peintre, elle est chanteuse… TOSCA, l’opéra des artistes libres

 

Nouvelle Tosca à l'Opéra de TOURS
 

C’est en écoutant une représentation d’Aïda de Verdi que le jeune Puccini reçoit la vocation du lyrique. Ainsi, l’un de ses chefs d’oeuvre de la plaine maturité, Tosca, créé en 1900 en témoigne. Viendront ensuite après ce premier sommet dramatique et vocal, Butterfly (1904) puis l’inachevée Turandot (création posthume en 1926).
L’unité dramatique et la superbe gradation dans la tension de l’ouvrage viennent en partie, de sa construction spatiale: à chaque tableau correspond un lieu différent dans la Rome du début XIXème siècle: l’église San Andrea della Valle à l’acte I, puis le Palazzo Farnèse ou Palais de la justice au II; enfin pour la mort des amants magnifiques, les géoles et la terrasse sommitale du château Saint-Ange au III.
Rares sont les ouvrages lyriques qui collent à ce point à l’esprit d’une ville… Rome est l’autre acteur de l’opéra puccinien. Son souffle, son esprit, ses climats, son atmosphère en sont distillés par l’orchestre, autre grand acteur du l’action musicale. La Tosca de Puccini, qui a alors 42 ans, et est bien au sommet de son écriture, est adaptée de la pièce éponyme de Victorien Sardou, créée treize années auparavant, en 1887.
En septembre et octobre 2016, la production de Tosca à Bastille compte une distribution vocale prometteuse : Anja Harteros (17, 20, 23 septembre) puis Liudmyla Monastyrska pour Tosca, la cantatrice amoureuse passionnée ; Marcelo Alvarez en Mario Cavaradosi, le peintre bonapartiste et libertaire ; enfin Bryn Terfel pour le préfet Scarpia, autorité noire, dévorée par la jalousie et le pouvoir…

OPERA INCANDESCENT… En un torrent continu qui reste resserré, autorisant quelques rares airs aux solistes, la musique de Puccini exprime tout ce que les actes
ne disent pas: les pensées secrètes, les soupçons incandescents (croyante et loyale, Floria est une femme terriblement jalouse), le machiavélisme cynique astucieusement tu (Scarpia est un monstre de perversité manipulatrice, ivre d’une insondable frustration et objet incontrôlable de son désir pour Tosca), la loyauté fraternelle de Mario (il est antimonarchiste, farouchement opposé à toute forme de despotisme, en cela dangereusement bonapartiste, révolutionnaire et libertaire)… En définitive, la plume de Puccini inscrit au devant de la scène, la passion qui animent chacun des trois protagonistes. Le compositeur crée un opéra qui conserve le rythme et l’intelligence dramatique de la pièce originelle signé Victorien Sardou. Sur le plan musical aussi, le compositeur rehausse davantage la règle du trio vocal, – noyau lyrique central depuis Bellini, Donizetti et surtout Verdi, – base de l’opéra romantique et post romantique: une soprano amoureuse, un ténor ardent, un baryton néfaste, manipulateur, sombre et ténébreux. Mais ici, contrairement à tant d’héroïnes soumises ou sacrifiées, Tosca est une femme qui rugit et résiste. Elle décide elle-même du moment et du contexte de sa mort.

C’est aussi le portrait de deux artistes magnifiques, elle est chanteuse; lui est peintre; qui se trouvent broyés par la machine politico-policière incarnée par le diabolique Scarpia.

________________________

TOSCA de PUCCINI à l’Opéra de Tours
Nouvelle production en 4 dates

Vendredi 21 avril 2017, 20h
Dimanche 23 avril 2017, 15h
Mardi 25 avril 2017, 20h
Jeudi 27 avril 2017, 20h

RESERVEZ VOTRE PLACE
http://www.operadetours.fr/tosca

Billetterie
Ouverture du mardi au samedi
10h00 à 12h00 / 13h00 à 17h45

02.47.60.20.20
[email protected]

Grand Théâtre de Tours
34 rue de la Scellerie
37000 Tours

Conférence de présentation de l’œuvre
Samedi 8 avril 2017, 14h30
Grand Théâtre, Salle Jean Vilar / entrée gratuite dans la limite des places disponibles

PUCCINI : TOSCA, opéra en trois actes
Livret de Luigi Illica et Giuseppe Giacosa, d’après Victorien Sardou
Création le 14 janvier 1900 à Rome
Coproduction Opéra de Tours & Conseil Départemental d’Indre et Loire

Direction musicale : Benjamin Pionnier
Mise en scène : Pier-Francesco Maestrini
Décors  : Guillermo Nova
Costumes : Luca dall’Alpi
Lumières : Bruno Ciulli

Floria Tosca : Maria Katzarava
Mario Cavaradossi : Angelo Villari
Scarpia : Valdis Jansons
Cesare Angelotti : Zyan Atfeh
Spoletta : Raphael Brémard
Sciarrone : François Bazola
Il sagrestano : Francis Dudziak
Pastore : Julie Girerd

Maîtrise du Conservatoire Francis Poulenc – CRR de Tours
Choeurs de l’Opéra de Tours
Orchestre Symphonique Région Centre-Val de Loire/Tours

 

- Sponsorisé -
- Sponsorisé -
Derniers articles

CRITIQUE, opéra. LYON, Théâtre de la Croix Rousse, le 17 mars (et jusqu’au 23 mars 2024). Sébastien RIVAS: Otages. Nicola Beller Carbone… Richard Brunel,...

Excellente idée que de concevoir un cycle lyrique spécifique sur le thème des femmes fortes au théâtre ; voilà...
- Espace publicitaire -spot_img

Découvrez d'autres articles similaires

- Espace publicitaire -spot_img