Coffret cd événement, annonce. MAHLER / BERLINER PHILHARMONIKER (10 cds)

Mahler symphonies Berliner Philharmoniker cd review critique cd classiquenewsCoffret cd événement. MAHLER / BERLINER PHILHARMONIKER (10 cds). Le prestigieux orchestre berlinois se montre très inspiré en éditant ce coffret somptueux qui regroupe une nouvelle intégrale des Symphonies de Mahler soit les 9 symphonies et l’Adagio de la 10è (laissée inachevée à la mort de Mahler en 1911). 8 chefs se partagent l’affiche en un cycle divers ainsi réalisé sur une décade. C’est désormais une mémoire de la direction, exploitant toutes les ressources d’un collectif parmi les plus impliqués de la planète classique qui se dévoile, posant des jalons dans l’histoire du Philharmonique de Berlin. Le mélomane découvre / retrouve tous les délices de l’imaginaire mahlérien sous la conduite de ses 3 derniers directeurs musicaux, non des moindres depuis Karajan (Claudio Abbado dans l’Adagio de la Symph n°10, alors pour le centenaire de la mort du compositeur en 2011, Sir Simon Rattle et le plus récent, l’actuel Kirill Petrenko). 5 autres candidats à l’excellence complètent cet aéropage, chacun ayant travaillé avec les instrumentistes, marquant à leur façon, l’approche du Berliner Philharmoniker dans l’univers mahlérien : aux côtés d’un géant référentiel, Bernard Haitink,, les plus récents, diversement convaincants : Gustavo Dudamel, Daniel Harding, Andris Nelsons, Yannick Nézet-Séguin. On y détecte ce qui fortifie le jeu collectif et aussi les particularités de chaque baguette. De quoi ravir et satisfaire tout appétit symphonique. Le grand bain orchestral est le vrai sujet de ce coffret événement, qui paraît fin janvier 2021, réconfort en ces temps de disette musicale et de fermeture généralisée des salles de concerts.
L’édition (dessinĂ©e par l’artiste amĂ©ricain Robert Longo) comprend 10 cd, mais aussi 4 blu-ray – plusieurs documents vidĂ©o et une riche collection d’articles prĂ©sentant les enjeux de l’écriture mahlĂ©rienne comme une introduction Ă  chaque opus. Chaque volet s’inscrivant de façon spĂ©cifique dans l’histoire de la symphonie, comme Ă  un moment particulier de la vie de Gustav Mahler. Coffret Ă©vĂ©nement : CLIC de CLASSIQUENEWS janvier 2021.

The symphonies of Gustav Mahler : intégrale des symphonies de Mahler.
10 cd · 8 chefs / conductors · 10 years of the Berliner Philharmoniker

10 CD – 4 Blu-ray – Hardcover edition – prix indicatif : €109

Berliner Philharmoniker
Gustav Mahler Symphonies Nos. 1–10

Daniel Harding
Symphony No. 1

Andris Nelsons
Symphony No. 2

Gustavo Dudamel
Symphony No. 3

Yannick Nézet-Séguin
Symphony No. 4

Gustavo Dudamel
Symphony No. 5

Kirill Petrenko
Symphony No. 6

Sir Simon Rattle
Symphony No. 7

Sir Simon Rattle
Symphony No. 8

Bernard Haitink
Symphony No. 9

Claudio Abbado
Symphony No. 10 (Adagio)

Booklet: 128 pages (German/English)

ACHETER le coffret MAHLER / BERLINER PHILHARMONIKER
sur le site du BERLINER PHILHARMONIKER :

https://www.berliner-philharmoniker-recordings.com/mahler-symphonies.html

 

 

 

Avantages réservés aux acheteurs sur le site du Berliner Philharmoniker :

Download code: 
For high-resolution audio files of the entire album (24-bit/48 kHz)

Digital Concert Hall: 
7-day ticket to the video streaming platform of the Berliner Philharmoniker 

 

 

CD Ă©vĂ©nement, annonce. MAHLER : 7è Symphonie (Orch National de Lille / Alexandre Bloch (1 cd Alpha – 2019)

Symphonie 7 MAHLER, Alexandre BLOCH, Orchestre National de LilleCD Ă©vĂ©nement, annonce. MAHLER : 7è Symphonie (Orch National de Lille / Alexandre Bloch (1 cd Alpha – 2019). C’est le prolongement et assurĂ©ment le jalon le plus emblĂ©matique du cycle des symphonies de Mahler rĂ©alisĂ© par l’Orchestre National de Lille et son directeur musical Alexandre Bloch durant l’annĂ©e 2019 : cette 7ème porte en elle l’homogĂ©nĂ©itĂ© et la grande cohĂ©rence, poĂ©tique et sonore des musiciens lillois Ă  l’épreuve de cette Ă©popĂ©e orchestrale. Le choix de la 7è est d’autant plus pertinent que l’engagement des interprètes s’y dĂ©ploie sans limite, qu’il s’agit d’une partition encore mĂ©sestimĂ©e (Ă  l’ombre de son pendant « tragique », la 6ème). Or la 7ème créée Ă  Prague en 1908, offre une rĂ©flexion ardente et âpre, mordante et lyrique, enivrĂ©e aussi (ses deux Nachtmusik enveloppant le scherzo central) portĂ©e par Mahler lui-mĂŞme, comme en une introspection intime oĂą la forge instrumentale lui permet toutes les audaces sonores, toutes les combinaisons de timbres. Alexandre Bloch n’oublie pas pour autant tout ce que la crĂ©ation malhĂ©rienne doit Ă  la Nature, divine et mystĂ©rieuse, source première dans son Ĺ“uvre aux dimensions « cosmiques ». L’acuitĂ© expressive des CLIC D'OR macaron 200musiciens Ă©blouit dans la sidĂ©ration que produit le glaçant Scherzo (danse de mort) tandis que le Finale porte tout l’édifice Ă  la fois victorieux et clownesque, sorte de grimace et Ă©clat de rire face au destin et Ă  la fatalitĂ©. L’humour et les subtiles citations de compositeurs qui l’ont prĂ©cĂ©dĂ© (et marquĂ© comme chef), serait ainsi le secret de Mahler, enfin rĂ©vĂ©lĂ© par Alexandre Bloch et l’Orchestre National de Lille. La rĂ©alisation est majeure. Critique complète Ă  venir dans le mag cd dvd livres de classiquenews. CLIC de CLASSIQUENEWS de l’automne 2020.

 

 

 

COMPTE-RENDU, critique. LILLE, Nouveau Siècle, le 16 janvier 2020. MAHLER : Symphonie n°9. Orchestre National de Lille. Alexandre Bloch, direction.

bloch-alexandre-mahler-symphonie-8-mille-nov-2019-annonce-critique-symphonie-classiquenewsCOMPTE-RENDU, critique. LILLE, Nouveau Siècle, le 16 janvier 2020. MAHLER : Symphonie n°9. Orchestre National de Lille. Alexandre Bloch, direction. Après une Symphonie n°8 « des Mille » réalisée en nov 2019, jalon éblouissant d’un cycle qui restera mémorable, voici en ce début d’année 2020, la fin de l’odyssée mahlérienne par l’ONL LILLE Orchestre National de Lille et son directeur Alexandre Bloch : la 9è, véritable testament musical et spirituel. Les auditeurs l’ont remarqué comme les musiciens eux-mêmes : il s’est passé quelque chose avec les 5è et 6è symphonies ; rondeur et précision accrues, réflexes plus naturels, onctuosité et profondeur, servies par un relief instrumental d’un fini impeccable… de fait, jouer sur la durée l’intégralité des symphonies et de façon ainsi chronologique, aura porter bénéfice à l’écoute et à la cohérence du collectif lillois. Alexandre Bloch depuis son arrivée en 2016 aura fondamentalement fait évoluer et enrichit l’expérience des musiciens, n’hésitant pas à élargir le répertoire (jusqu’à l’opéra, avec Les Pêcheurs de Perles de Bizet, juin 2017), ou « oser » des partitions monstrueuses réputées injouables (MASS de Bernstein, juin 2018). Ce cycle Mahler s’inscrit dans un mouvement à la fois de renouvellement et d’accomplissement pour l’Orchestre.

Evidemment dans l’histoire de la phalange, la filiation souterraine avec le fondateur Jean-Claude Casadesus s’impose ; ce dernier avait amorcé des essais Mahler, dont surtout la Symphonie n°2, vive, affûtée, brûlée, d’une évidente densité spirituelle dont CLASSIQUENEWS a rendu compte, nov 2015. Alexandre Bloch recueille tout cela et d’emblée pilote un approfondissement en risquant l’intégrale. Pari réussi, car avec le recul, Lille depuis les débuts de l’odyssée, est devenue capitale mahlérienne (le cd de la 7è Symphonie, pour nous la plus personnelle du compositeur-chef et directeur de l’Opéra de Vienne, est annoncé d’ici le printemps 2020).

Alexandre Bloch et l’Orchestre National de Lille
jouent la 9è symphonie de Mahler
Jusqu’au silence…

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Pour la 9è, ferveur et concentration, puissance et voluptĂ© sonores sont au rendez vous. Tout le cycle orchestral exprime l’élan de vie et en mĂŞme temps, le renoncement et l’adieu au monde… Si les prĂ©cĂ©dentes symphonies mettent en scène en un mouvement parfois furieux et impĂ©tueux, les sentiments mĂŞlĂ©s d’un homme marquĂ© par le destin (dĂ©mission de l’OpĂ©ra de Vienne, dĂ©cès de sa fille, bientĂ´t diagnostic de la maladie aux poumons…), Mahler exprime un nouveau sentiment dans la 9è (avant-dernière) : une conscience Ă©largie de lui-mĂŞme et une sĂ©rĂ©nitĂ© intime, inexorable. L’aboutissement d’un travail intime sour la douleur.
Ce cheminement introspectif qui porte de fait le signe d’un adieu, célèbre en réalité l’avènement d’un nouveau Mahler, comme enrichi et renforcé par les épreuves vécues. C’est pourquoi dans le flux orchestral parfois cynique, exalté, fantaisiste mais aussi éperdu, tendre et nostalgique se précise une nouvelle acuité personnelle que porte comme dans la 8è, un indéfectible espoir.
La clairvoyance de Mahler se lit dès le premier mouvement (Andante comodo) et l’adieu ou la déchirure intime qu’il exprime en filigrane est le désamour de son épouse Alma ; le rictus diabolique du second, qui singe et parodie un ländler, frêle danse dérisoire liée à la vaine agitation terrestre… Le bizarre du Rondo-burlesque (3è mouvement) s’il est d’essence parodique et grinçante, n’en demeure pas moins « très décidé » : la détermination de Mahler confirme qu’il est pleinement conscient, jamais victime, larmoyante (comme on peut le lire ici et là) : Alexandre Bloch semble mesurer les enjeux poétiques, spirituels, expressifs, toutes les tensions poétiques de ce jeu à double voire triple lecture : tout indique la maturité du regard mahlérien sur la vanité bouffonne de la réalité et de la condition humaine ; organisant la texture symphonique avec un naturel, un sens des équilibres, une rage éloquente, ce souci du détail instrumental… réjouissants.
Spirituel, mesuré, intérieur et mystérieux, l’Adagio final semble recueillir comme un dernier scintillement, l’opération quasi alchimique de la 8è, en particulier la sublimation du corps de Faust dans la 2è partie. Mahler conclut dans un flux orchestral de plus en plus dépouillé et suspendu, diaphane et évanescent, où l’âme s’élève à mesure qu’elle se libère de sa gangue matérielle : une élévation qu’Alexandre Bloch cisèle, caresse dans la complicité et une écoute progressive avec les instrumentistes.
De la lumière au silence, de l’exaltation vitale au murmure, puis au souvenir du murmure… cette fin comme un immense paysage Ă  l’infini lointain imperceptible car le compositeur Ă©largit au delĂ  de l’entendement l’espace orchestral, est pure poĂ©sie, après l’énoncĂ© ultime du gruppetto, dernier signe de vie, de souffle ; tout continue dans ce basculement vers l’ineffable. Le passage (comme dans le dernier mouvement de la 6è dite « PathĂ©tique » de Tchaikovski), principalement incarnĂ© par le voile des cordes, est porteur de mĂ©tamorphose et de transcendance, l’indice d’un accomplissement. Et dans le chant du violoncelle solo, l’expression d’une tendresse enivrĂ©e, enchantĂ©e comme au temps de l’innocence, …la promesse du pardon final, – croyance viscĂ©ralement acquise par Mahler parvenu au terme de son pĂ©riple symphonique. Autant de jalons rĂ©alisĂ©s ici par le chef et son formidable orchestre. Illustrations : © Ugo Ponte / ONL LILLE 2020.

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COMPTE-RENDU, critique. LILLE, Nouveau Siècle, le 16 janvier 2020. MAHLER : Symphonie n°9. Orchestre National de Lille. Alexandre Bloch, direction.

Symphonie n° 9

I. Andante comodo
II. Im Tempo eines gemächlichen Ländlers. Etwas täppisch und sehr derb
III. Rondo-Burleske. Allegro assai. Sehr trotzig
IV. Adagio. Sehr langsam und noch zurĂĽckhaltend

Orchestre National de Lille
Direction : Alexandre Bloch

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VISIONNER LES SYMPHONIES DE MAHLER par l’ONL LILLE

Il est possible de visionner toutes les symphonies de MAHLER sur la chaîne YOUTUBE de l’ONL LILLE / Orchestre National de Lille :
https://www.youtube.com/watch?v=LCbBkpH0ImU

 
 
 

VOIR NOTRE REPORTAGE VIDEO Symphonie n°8 des “Mille” / Alexandre Bloch / ONL LILLE :

 

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http://www.classiquenews.com/onl-lille-8e-symphonie-de-mahler-reportage-nov-2019/

REPORTAGE vidéo 8è symphonie de MAHLER... ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE, Alexandre BLOCH. La 8è Symphonie des Gustav Mahler est un Everest orchestral, choral et lyrique créé en 1910 dont le colossal des effectifs (jamais vu jusque là, d’où son sous titre « des Mille », pour 1000 musiciens sur scène) égale l’exigence morale, poétique, spirituelle. Présentation de la partition composée d’une première partie de tradition contrapuntique traditionnelle mais revisité (Hymne « Veni Creator Spiritus »), puis d’une seconde partie qui aborde comme un opéra, la dernière partie du second Faust de Goethe. Y paraissent de nombreux personnages Magna Peccatrix, Pater Ecstaticus, Pater Profundus, Doctor Marianus, Mulier Samaritana, Maria Aegyptiaca, … enfin Mater Gloriosa, sans omettre les choeurs des anges, le chœur Mysticus en une fresque flamboyante qui exprime les forces vitales de l’Amour et le pouvoir de l’Eternel Féminin, source de salut et de rédemption pour le monde et l’humanité. Entretien avec les interprètes et les parties engagées dans la réalisation de ce défi suprême pour l’Orchestre National de Lille. C’est l’un des jalons du cycle événement dédié aux Symphonies de Gustav Mahler par l’Orchestre National de Lille et Alexandre BLOCH, directeur musical. 12mn – © studio CLASSIQUENEWS  -  réalisation : Philippe-Alexandre PHAM (nov 2019)

LIRE aussi notre critique : LILLE, le 20 nov 2019. MAHLER : Symphonie n°8 des Mille. Orch National de Lille, Alexandre Bloch, direction.

https://www.classiquenews.com/compte-rendu-critique-lille-le-20-nov-2019-mahler-symphonie-n8-des-mille-orch-national-de-lille-alexandre-bloch-direction/

ONL LILLE : 8è Symphonie de MAHLER (reportage nov 2019)


mahler-mille-ONL-LILLE-alexandre-Bloch-vignette-classiquenewsREPORTAGE vidĂ©o 8è symphonie de MAHLER... ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE, Alexandre BLOCH. La 8è Symphonie des Gustav Mahler est un Everest orchestral, choral et lyrique créé en 1910 dont le colossal des effectifs (jamais vu jusque lĂ , d’oĂą son sous titre « des Mille », pour 1000 musiciens sur scène) Ă©gale l’exigence morale, poĂ©tique, spirituelle. PrĂ©sentation de la partition composĂ©e d’une première partie de tradition contrapuntique traditionnelle mais revisitĂ© (Hymne « Veni Creator Spiritus »), puis d’une seconde partie qui aborde comme un opĂ©ra, la dernière partie du second Faust de Goethe. Y paraissent de nombreux personnages Magna Peccatrix, Pater Ecstaticus, Pater Profundus, Doctor Marianus, Mulier Samaritana, Maria Aegyptiaca, … enfin Mater Gloriosa, sans omettre les choeurs des anges, le chĹ“ur Mysticus en une fresque flamboyante qui exprime les forces vitales de l’Amour et le pouvoir de l’Eternel FĂ©minin, source de salut et de rĂ©demption pour le monde et l’humanitĂ©. Entretien avec les interprètes et les parties engagĂ©es dans la rĂ©alisation de ce dĂ©fi suprĂŞme pour l’Orchestre National de Lille. C’est l’un des jalons du cycle Ă©vĂ©nement dĂ©diĂ© aux Symphonies de Gustav Mahler par l’Orchestre National de Lille et Alexandre BLOCH, directeur musical. 12mn – © studio CLASSIQUENEWS  -  rĂ©alisation : Philippe-Alexandre PHAM (nov 2019)

 

9ème de Mahler par l’ONL LILLE, en direct

mahler gustav profil gustav mahler classiquenewsRADIO CLASSIQUE, mer 15 janvier 2020, 20h. MAHLER : 9è. ONL LILLE, Alexandre BLOCH. En direct depuis le Nouveau Siècle à Lille. Programme présenté les 15 et 16 janvier 2020 au Nouveau Siècle. Superbe volet final de l’odyssée mahlérienne par l’orchestre lillois et son très engagé directeur musical, Alexandre Bloch. Après l’achèvement du Chant de la terre, Mahler amorce à l’été 1908, sa 9è symphonie, qu’il achève l’année suivante en 1909. A Bruno Walter, sans que l’on connaisse la raison exacte, Mahler reste réservé sur la genèse de cet opus 9 : qu’il rapproche de la symphonie n°4, sans dire pourquoi explicitement.

 

 

SYMPHONIE DE L’ADIEU

 

 

C’est un compositeur maître de son langage, lequel s’est renouvelé pendant la transfiguration musicale de Faust dans la 2è partie de sa 8è précédente. Malher a du surmonter la mort de sa fille ; sa démission forcée comme directeur de l’Opéra de Vienne (après 10 années d’excellence pourtant). En quittant Vienne, Gustav a rompu le fil qui le reliait à son enfance (et ses enchantements, si manifestes dans les nocturnes des symphonies précédentes). Comme dans le Chant de la Terre, la 9è symphonie exprime un adieu, serein, suprême, accepté, tel une délivrance et un accomplissement. Dès l’Andante comodo (initial), où est recyclé la Sonate les Adieux de Beethoven, Mahler écrit sur le manuscrit « O jeunesse envolée, O amour perdu ! » ; déjà il a conscience que sa jeune épouse pourtant admiratrice de son œuvre et de sa personnalité, ne l’aime plus. La crise conjugale de l’été 1910 en atteste. Le compositeur exprime clairement son renoncement au monde, en visionnaire pacifié, maître de son destin, en rien cette victime suicidaire et prophétique sur sa propre fin, comme on le dit souvent.
MAHLER-gustav-et-alma-symphonie-classiquenews-Gustav-MahlerL’énergie et le rictus d’un cynisme parfois amer surgit avec une rare violence (ländler ou 2è mouvement) : les danses qui y sont mentionnées, symbolisent l’agitation vaine des tractations terrestres. Le Rondo Burleske est un sommet dans le registre de la parodie cynique, où perce la clairvoyante lucidité de l’auteur sur la vie, la vaine comédie humaine, la vanité des existences terrestres. Le contrepoint délirant exprime scrupuleusement la vacuité absurde du monde et de la civilisation humaine. Enfin, apaisé, Mahler déploie la hauteur tranquille du Finale : Adagio sehr langsam… (très lent et encore retenu) ; à mesure que se précise le sentiment de plénitude, Mahler exprime la fusion avec l’harmonie secrète, éternelle de la Sainte nature. Pourtant parodié et caricaturé, le gruppetto du Rondo Burleske, s’épanouit ici, éther immatériel d’une destinée à présent abstraite et flottante qui a coupé toute attache avec le réel et le terrestre. L’Adagio de la 9è est un accomplissement dans la paix et l’amour (ce que dit aussi mais de façon spectaculaire, le finale de la 8è, dédié à la lumineuse Marie). Bruno Walter crée la partition à Vienne le 26 juin 1912.

 

 

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Adieu mahlérienboutonreservation
Mercredi 15 & jeudi 16 janvier 20h
Lille – Auditorium du Nouveau Siècle

Beethoven : Leonore III, ouverture
Mahler : Symphonie n°9

ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE
Alexandre Bloch, direction

RÉSERVEZ VOTRE PLACE ici :
https://www.onlille.com/saison_19-20/concert/adieu-mahlerien-symphonie-n9/

 

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Présentation de la symphonie n°9 de Mahler
sur le site de l’ONL Orchestre national de Lille :

« Présentée au public pour la première fois un an après la mort de Mahler, la Symphonie n° 9 contient l’un des plus beaux adieux de l’histoire de la musique. Avec son Adagio au bord du silence, le compositeur autrichien nous offre ici un poignant chant du cygne. Dès les premières mesures de l’Introduction et jusqu’à l’inoubliable Finale, Mahler affirme son amour de la vie à travers une palette expressive grandiose et une partition raffinée. Cette symphonie visionnaire clôture de manière bouleversante notre Odyssée mahlérienne. Dirigé par Alexandre Bloch, ce grand moment symphonique sera précédé de l’ouverture de Leonore III de Beethoven, hymne vibrant pour la liberté et contre les oppressions.
A Mahler farewell – Symphony No. 9
Presented to the public one year after Mahler’s death, Symphony No. 9 contains one of the most beautiful farewells in the history of music. Directed by Alexandre Bloch, it will be preceded by Beethoven’s Leonore No. 3, a vibrant ode to freedom. »

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Programme repris le 17 janv 2020
En région
Pas de billetterie O.N.L / billetterie extérieure
Valenciennes Le Phénix – Vendredi 17 janvier 20h
Infos et réservations : 03 27 32 32 32 / www.lephenix.fr

Autour des concerts au Nouveau Siècle à LILLE, chaque jour des concerts :
18h45
Rencontre mahlérienne
15 janvier : Christian Wasselin auteur de Mahler : La Symphonie-Monde et critique musical
16 janvier : l’information vous sera bientĂ´t communiquĂ©e : voir le site de l’ONL ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE saison 2019 2020

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LIVRE, événement, critique. BRUNO WALTER, un monde ailleurs (Notes de nuit)

Couverture du livre Bruno Walter, Un monde ailleursLIVRE, événement, critique. BRUNO WALTER, un monde ailleurs (Notes de nuit). Après un remarquable essai biographique sur Klemperer, l’éditeur Notes de Nuit édite en français une biographie du chef et compositeur Bruno Walter né à Berlin en 1876 rédigée à deux mains américaines, celles d’Erik Ryding et Rebecca Pechsky. Formé au Conservatoire Stern, Walter affirme très tôt un vrai talent de pianiste et découvre sa vocation de chef en écoutant Wagner: il ne sera jamais invité à Bayreuth (et pour cause la directrice Cosima étant ouvertement antisémite); mais la vocation est active et le jeune maestro n’a de cesse de diriger dès lors les orchestres, en particulier à Cologne, à peine âgé de 17 ans. Sa plus grande rencontre humaine reste celle de Mahler lui-même venu à Hambourg diriger sa Symphonie n°1 : le choc est total et Gustav Mahler, exigeant, jusqu’auboutiste, demandant et obtenant tout des instrumentistes, devient le modèle à suivre…
Nourri et enrichi à cette source idéale, Walter évolue entre Vienne et Munich, juste avant l’effondrement de l’Empire Habsbourg ; favori de Mahler à Vienne (son « bras droit »), et donc fervent défenseur des œuvres de son mentor (qui est aussi directeur de l’Opéra) : Walter, en fidèle des fidèles, crée à partir de 1912, à Vienne les 8è puis 9è symphonies, sans omettre le Chant de la terre (dans une version jamais reprise, pour deux voix masculines). Mais l’envol du maestro se réalise surtout à Munich dans la capitale bavaroise où il programme ce qu’il souhaite, avec une intelligence et une cohérence rares, certainement héritée de Mahler…
Le texte précise comment le chef passionné de culture allemande fut obligé de quitter l’Autriche et l’Allemagne nazifiée ; rejoint les USA, la côte newyorkaise et californienne (Los Angeles, Monterey), incarnant une certaine tradition de la direction, mesurée, détaillée… « mozartienne » : Wolfgang reste le compositeur qu’il sert le mieux (avec les oeuvres de Mahler).
Les deux auteurs dĂ©crivent par le dĂ©tail le quotidien d’une activitĂ© continue, celle du chef principalement ; nommĂ© « generaldirektor » Ă  Munich (1913-1915), oĂą il dĂ©fend Korngold et créée la première bavaroise de la Femme sans ombre de R Stauss (1919, avec Delia Reinhardt en ImpĂ©ratrice, soprano qui compta de plus en plus alors) ; aux USA Ă  partir de 1923; puis emblème de la rĂ©publique berlinoise 1925 – 1929, aux cĂ´tĂ©s de Furtwängler ; nommĂ© Kapellmeister au Gewandhaus de Leipzig (1929-1933) ; l’exil du chef cĂ©lèbre nomade aux USA (1933 – 1936), un dĂ©part forcĂ© hors d’Allemagne qui passe par Salzbourg oĂą il dirige le premier Wagner dans l’histoire du festival fondĂ© par R Strauss, Tristan und Isolde Ă  l’étĂ© 1933. Entre New York et Los Angeles, de 1939 Ă  1947, Walter mène de front tous ses nouveaux dĂ©fis amĂ©ricains… L’exilĂ© rayonne par son charisme, sa force de travail, et ce sens de la finesse en tout. A partir des lettres de l’intĂ©ressĂ©, des rapports critiques de la majoritĂ© des ses concerts, le texte rend vie Ă  cet infatigable lettrĂ©, humaniste et fraternel, soucieux du sens profond des Ĺ“uvres… plus humain que Toscanini, plus Ă©lĂ©gant que Furtwängler… en somme, la rĂ©incarnation du gĂ©nĂ©ral Coriolan qui trouva hors de Rome, … « un monde ailleurs ». Le sien, oĂą se croise les plus grands interprètes, les compositeurs du dĂ©but du XXè, de Korngold, R Strauss Ă  Berg, Schöenberg, Casella.…, quelques chefs aussi, tenus Ă  distance et rivaux, Furtwängler, Toscanini dĂ©jĂ  citĂ©s, sans omettre Weingartner… Ainsi les Ă©ditions Notes de Nuit consacrent le 5ème titre de leur collection, « La beautĂ© du geste », Ă  Bruno Walter (Berlin, 1876 – Beverly Hills, 1962). Le parcours force l’admiration et suscite l’intĂ©rĂŞt du lecteur de page en page.

CLIC D'OR macaron 200LIVRE Ă©vĂ©nement, critique : Bruno Walter. Un monde ailleurs par Erik Ryding & Rebecca Pechefsky – Traduit de l’anglais (États-Unis) par Blandine Longre.
Format : 150 x 225 mm – 550 pages environ – Ă©ditions NOTES DE NUIT, collection « beautĂ© du geste » – Prix : 25 € – SBN : 979-10-93176-16-1 ISSN : 2425-4029 – Parution : 21 novembre 2019 – CLIC de CLASSIQUENEWS dĂ©cembre 2019

Symphonie des Mille de Mahler par l’ONL Orchestre National de Lille

bloch-alexandre-mahler-symphonie-8-mille-nov-2019-annonce-critique-symphonie-classiquenewsLILLE, ONL. MAHLER : Symph n°8, les 20 et 21 nov 2019. Alexandre Bloch emporte le National de Lille dans son dernier jalon mahlĂ©rien : la 8è, dite des mille par rĂ©fĂ©rence au nombre de musiciens sur le plateau : un Everest pour tout maestro, et une sorte de Nirvana pour l’amateur de sensations symphoniques… Certes Mahler n’a Ă©crit aucun opĂ©ra. Pourtant la seconde partie de sa 8è Symphonie dite des mille concentre tous les styles lyriques, sur un sujet que tous les Romantiques avant lui ont tentĂ© de traiter en musique : Faust. Après Berlioz et Schumann, Liszt et Gounod, Mahler met en musique en particulier la scène finale du second Faust de Goethe afin d’aborder et d’élucider le mystère et le sens de la vie terrestre.
Le volet exige pas moins de 8 solistes, en plus des deux choeurs adultes, du choeur d’enfants, de l’orchestre aux effectifs ahurissants… Symphonie opéra, cantate symphonique, la 8è s’ouvre en première partie sur le texte de l’hymne particulièrement dramatique « Veni Creator spiritus », ample prière chantée en latin, à la gloire de Dieu, où le compositeur se confronte à toutes les ressources du contrepoint.

 

 

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SYMPHONIE COSMOS : planètes et soleils en rotation

 

 

mahler_profilLa partition cyclopĂ©enne est conçue en 2 mois et créée Ă  Munich, le 12 sept 1910 sous la direction du compositeur. C’est son dernier concert public et son plus grand triomphe en Europe. Elle est constamment chantĂ©e (sauf l’ouverture du second mouvement). La modernitĂ© de l’œuvre tient surtout Ă  son plan, sans Ă©quivalent auparavant, Mahler innovant littĂ©ralement une nouvelle architecture, par sĂ©quences, selon le sens du texte, Ă  la façon d’un roman. A la diffĂ©rence des opus qui ont prĂ©cĂ©dĂ©, la 8è n’a rien de tragique ni de subjectif : aucun doute, aucune angoisse, aucun trouble. PlutĂ´t l’affirmation d’une joie intime et collective Ă  l’échelle du cosmos. Car Mahler Ă©crit lui-mĂŞme au chef Mengelberg en aoĂ»t 1906 : « Imaginez l’univers entier, en train de sonner et de rĂ©sonner. Il ne s’agit plus de voix humaines, mais de planètes et de soleils en pleine rotation ».  C’est donc l’aboutissement de tout un cycle orchestral oĂą Mahler s’est battu avec la matière orchestrale ; s’y impliquant personnellement ; au terme de l’aventure – odyssĂ©e, il rĂ©alise l’œuvre final, total, synthèse et miroir d’une conscience aussi accomplie qu’universelle. La 8è symphonie est une symphonie cosmique. Et pour l’auditeur, l’une des expĂ©riences orchestrales les plus marquantes dont il puisse rĂŞver.
Les interprètes en expriment le sens et l’ampleur avec d’autant plus de justesse qu’ils se sont jetés à corps perdus mais maîtrise totale et engagement permanent dans la réalisation des symphonies 1 à 8 depuis septembre 2018. Une expérience et une familiarité qui enrichissent encore leur approche du dernier vaisseau symphonique de Mahler, le plus impressionnant, le plus saisissant. 2 dates événements à Lille.

 

 

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Mercredi 20 novembre 2019, 20hboutonreservation
Jeudi 21 novembre 2019, 20h
Lille – Auditorium du Nouveau Siècle

 

 

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https://www.onlille.com/saison_19-20/concert/la-symphonie-des-mille-symphonie-n8/

 

 

Gustav Mahler
Symphonie n°8, dite “Des Mille”
Direction : Alexandre Bloch
Sopranos: Daniela Köhler, Yitian Luan, Elena Gorshunova / 
Altos: Michaela Selinger, Atala Schöck / 
Ténor: Ric Furman / 
Baryton: Zsolt Haja
 / Basse Sebastian Pilgrim

Orchestre National de Lille
  /  Orchestre de Picardie

Philharmonia Chorus
 / Chef de chœur : Gavin Carr
Jeune Chœur des Hauts-de-France
Cheffe de chœur : Pascale Dieval-Wils
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VIDEOS : les symphonies de MAHLER par l’Orchestre National de Lille / Alexandre BLOCH (intégrales et explications par Alexandre Bloch):
Retrouvez toutes les symphonies de Mahler sur la chaîne Youtube ONLille ,
jusqu’en avril 2020.

 

 

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Présentation par l’Orchestre National de Lille :
Pour la première en 1910, il fallut construire une estrade spéciale dans la salle afin de pouvoir accueillir l’ensemble des musiciens. Nécessitant deux chœurs d’adultes, un chœur d’enfants, huit solistes et un immense orchestre symphonique, la Symphonie n°8 dite “Des Mille” est la symphonie la plus démesurée, la plus folle du cycle dans laquelle Mahler nous emporte d’un Veni creator ravageur à une scène faustienne qui mélange tous les genres musicaux connus. Venez vivre le gigantisme de cette œuvre unique qui réunira plus de 300 artistes sur scène sous la direction d’Alexandre Bloch. Lors de la première à Munich, Thomas Mann et Stefan Zweig, présents dans le public, en étaient restés sidérés.

The Symphony of a Thousand
Symphony No. 8, known as “The Symphony of a Thousand”, is the most monumental of Mahler’s symphonies. With its two adult choirs, children’s choir, eight soloists and immense symphony orchestra, this unique work has strucken since its very première in 1910.

 

 

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Autour du concert
Ă  18h45
Rencontre mahlérienne

20 novembre 2019:
Bertrand Dermoncourt, directeur de la musique de Radio Classique et auteur du Retour de Gustav Mahler réunissant deux textes de Stephan Sweig

21 novembre 2019 :
Christian Wasselin auteur de Mahler : La Symphonie-Monde

En partenariat avec la
Médiathèque Musicale Mahler
(entrée libre, muni d’un billet du concert)

 

 

 

 

 

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Symphonie n°8 de Gustav Mahler – PLAN

Du polyphonique saisissant, du dramatique lyrique

Mahler n’a pas composé d’opéras proprement dit ; mais le directeur de lOpéra de Vienne qui a connu comme peu le répertoire lyrique de Mozart et Beethoven à Wagner et Strauss, a finalement écrit son drame lyrique dans la seconde partie de la 8è, inspiré de la scène finale du Faust de Goethe : vision et action spectaculaire qui imagine le héros tant éprouvé, atteindre délices et repos des béatitudes célestes. Dans les plus hautes sphères, anges, angelots, enfants bienheureux chantent, favorisent et accompagnent l’élévation et la métamorphose (chrysalide devenue ange sanctifié) de l’âme de Faust vers son dernier asile… alors que les Enfants bienhereux contemple le corps du Faust qui s’élève toujours, Marguerite paraît, implore Marie, d’accueillir cette âme nouvelle, morte et ressuscitée, éternellement jeune.

 

Après le monumental Veni Creator dont la force expressive, la complexité maîtrisée de l’écriture (océan contrapuntique où domine une double fugue) la sonorité colossale doivent saisir au sens strict selon les mots du compositeur le spectateur auditeur, place à un cycle fraternel et compassionnel, la deuxième partie de la 8è, épisode éblouissant sur le plan de l’écriture orchestrale et vocale, dans lequel Mahler rétablit le lien avec l’humanité.

 

Pour plus d’unité, le Faust cite certains thème du Veni Creator qui a précédé. L’architecture en est un triptyque : Andante, Scherzo, Finale, ou introduction, exposition en 3 parties, développement en 3 sections, épilogue.

En ouverture (poco adagio), Mahler évoque la solitude de Faust dans la montagne (prémices du Chant de la terre). Arbres, lions muets, asile d’amour…

 

EXPOSITION

Après le chœur (Waldung, sie schwankt heran),

PATER ECSTATICUS et PATER PROFUNDUS entonnent leur couplet.

EXTATICUS : proie de l’amour éternel

PROFUNDUS : témoin du miraculeux amour

Le choeur des anges, portant l’essence de Faust, amorcent le 2è épisode de l’exposition (« celui qui cherche et s’efforce dans la peine, sera sauvé » ;

Puis, se succèdent le chœur des enfants bienheureux

(très haut dans les cimes : « celui que vous vénérez, vous le verrez »),

le choeur des angelots qui ouvre le SCHERZO

(Jene rosen / les roses des pénitentes…).

Le choeur avec alto solo (Uns bleibt ein Erdenrest)

marque la 3è et dernière séquence de l’exposition

(le pur et l’impur mêlé dans un cœur, ne peuvent être dissociés

que par l’amour).

 

DEVELOPPEMENT

Le développement débute avec le choeur des angelots (Ich spüre soeben)

Le choeur des enfants bienheureux (Freudig empfangen wir) qui débouche sur

 

1- L’HYMNE A LA VIERGE (Mater dolorosa) du DOCTEUR MARIANUS :

« Hochste Herrscherin der Welt », témoin de la splendeur mariale (splendide et magnifique, la reine du ciel) ;

repris par le choeur (Jungfrau, ren im schönsten Sinne /Vierge pure, sublime… »).

S’épanouit alors le thème de l’Amour, pour violon et harmonium (mi maj),

pour l’entrée de la Mater dolorosa

 

 

2- Choeur d’hommes (Dir, der Unberührbaren)

MATER GLORIOSA : Choeur des PĂ©nitentes (Du Schwebst zu Höhen / Tu vogues vers les hauteurs, si mj), – apothĂ©ose de Marie, auxquelles succèdent

MAGNA PECCATRIX : Saint-Luc (Bei der Liebe : elle lave et parfume les pieds du Christ)

MULIER SAMARITANA : Saint-Jean (Bei dem Bronn) : elle abreuve les lèvres du Sauveur

MARIA AEGYPTIACA (Bei dem hochgeweithen Orte / Par le lieu saintement consacré)

puis unies en TRIO (Die du grossen Sünderinnen / accordes le pardon à Faust…).

La Pêcheresse MARGUERITE implore Marie (Neige, neige, ré maj) : sauve Marie, Faust

Choeur des enfants bienheureux

La PĂŞcheresse implore encore Marie (Vom edlen Geisterchor, si b maj)

avec point culminant (trompette du Veni Creator).

 

3- MATER GLORIOSA (Komm! Hebe dich zu höhern Sphären, mi bémol)

repris par

DOCTOR MARIANUS (Blicket auf !), repris par le choeur

 

 

Postlude orchestral

 

EPILOGUE / FINALE

Après un mystérieux prélude orchestral, s’affirme le presque imperceptible murmure du choeur mystique (Alles vergänglische ist nur ein Gleichnis)

Immense et progressif crescendo sur le thème du Veni Creator. Là encore, encensant la Vierge, source de toute miséricorde et divinité la plus admirable, « l’imparfait trouve l’achèvement ; l’ineffable devient acte ». Et « l’Eternel Féminin » porte toujours plus haut.

 

 

Comme jamais auparavant, Mahler échafaude une écriture qui lui est propre ; où la forme respecte le sens et les enjeux de chaque situation dramatique. Moins d’effet de masse. Mais une écriture « romanesque » et purement dramatique voire opératique qui suit le sens de l’action dramatique, celle du Faust de Goethe ; selon lequel le héros moderne (romantique) vit une expérience spirituelle, dans l’adoration de la Vierge, qui lui permet d’être transcendé.

 

 

TODTENFEIER de Mahler, en direct

Mahler portrait sideFrance Musique. Ven 15 nov 2019, 20h. MAHLER : en direct. Quatuor, Todtenfeier… Soirée Mahler à la Maison de Radio France par les troupes locales (instrumentistes du Philharmonique, sous la direction de l’excellent Mikko Franck, leur directeur musical). Œuvre chambriste de jeunesse (et très viennoise avec le Quatuor avec piano) et partitions romantiques, purement symphonique. Avant même d’avoir achevé sa Première Synphonie dite « Titan », Mahler, surtout connu comme chef, compose en 1888, un ample mouvement purement orchestral : intitulé « Todtenfeier » / Funérailles ou cérémonie funèbre…. qui servira in fine de 2è mouvement pour sa Symphonie n°2 « Résurrection ». Hans von Bulow, chef renommé qui s’engagea totalement pour l’œuvre wagnérienne, après une écoute réduite de Todtenfeier s’exclama complètement déconcerté: « en comparaison de ce que je viens d’entendre, Tristan me fait l’effet d’une symphonie de Haydn ». De fait le jeune Gustav Mahler prolonge l’expérience symphonique de Beethoven et de Schubert, intègre la puissance mystique des opus de Bruckner, mais ouvre de nouveaux horizons jamais conçus avant lui. A partir de l’été 1893, période propice pour composer désormais, s précise le plan de la 2è Symphonie et en son sein, le mouvement initialement autonome Todtenfeier. L’ouvre rarement joué dans sa version première est l’un des volets du concert en direct de Radio France.

 

 

 

PROGRAMME en direct

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Gustav Mahler

Quatuor avec piano en la mineur
Alexandre Kantorow, piano
Juan Fermin Ciriaco, violon
Daniel Vagner, alto
Nicolas Saint-Yves, violoncelle

Totenfeier, poème symphonique

Dimitri Chostakovitch
Suite sur des poèmes de Michelangelo Buonarroti
Matthias Goerne, baryton

Orchestre Philharmonique de Radio France
Direction : Mikko Franck

La 7ème de Mahler par l’ONL / Alexandre Bloch

mahler-alexandre-bloch-orchestre-national-de-lille-annonce-critique-classiquenewsPARIS ce soir. MAHLER : symphonie n°7è. ONL, A BLOCH. C’est la plus mystérieuse des symphonies de Mahler et, pour beaucoup, l’une des plus attachantes. Créée à Prague en 1908, la Symphonie n°7 , avec la 5è et 6è, compose la trilogie symphonique purement instrumentale et la plus autobiographique de Mahler. Alexandre BLOCH et le NATIONAL DE LILLE poursuivent ainsi leur odyssée symphonique mahlérienne... Dans le 7ème symphonie, les forces de la nature, divine, mystérieuse ; celles du destin impénétrable … se mêlent et fusionnent en un maelstrom des plus spectaculaire, exigeant de la part des instrumentistes, des alliages et des combinaisons de timbres inédits alors.
Cinq parties symétriques y rythment ainsi un vaste parcours intime où en miroir les deux “Nachtmusik” / « Nocturnes », vraies divagations oniriques et personnelles, (qui donnent à la symphonie le surnom de “Chant de la nuit”) développent une sorte de méditation qui prolonge tout ce qu’a pu expérimenter auparavant Beethoven dans ses Sonates pour piano ; d’abord, temps suspendu, extatique, d’oubli et de rêverie ; puis conversation enchantée, enivrée entre guitare et mandoline. Dans la 7è, Mahler réinvente le langage orchestral, sa prodigieuse palette de couleurs et de timbres, ses silences aussi, comme sa conception étagée et spatialisée. Sans omettre ses références directs et concrètes à l’élément animal auquel depuis la 3è il confère une conscience particulière : le Finale, tempétueux, fait entendre un gigantesque carillon de… cloches à vaches !

 

 

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PARIS, Philharmonie, 20h30boutonreservation
ce soir samedi 19 octobre 2019

INFOS sur le site de l’ONL / Orchestre national de LILLE : https://www.onlille.com/saison_19-20/concert/chant-de-la-nuit-symphonie-n7/

Programme repris à Liège puis Courtrai :

Paris Philharmonie de Paris – Samedi 19 octobre 20h30

Liège Salle Philharmonique – Jeudi 24 octobre 20h
Infos et réservations : 0032 42 20 00 00 ou www.oprl.be

Courtrai Schouwburg – Vendredi 25 octobre 20h15
Infos et réservations : 0032 56 23 98 55 ou www.wildewesten.be

 

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Approfondir : la 7è expliquée par le chef :
La 7eme de Mahler expliquée par Alexandre Bloch et à sa manière :
https://youtu.be/SmOiy596VnY

 

Les Symphonies de MAHLER sur la chaîne youtube de l’ONL Orchestre national de Lille

Retrouvez toutes les symphonies de Mahler sur la chaîne Youtube ONLille jusqu’en avril 2020. Actuellement en ligne : Symphonies 1, 2, 3, 4, 5, 6 et 7.

 

 

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Arnold Böcklin : PAN (DR)

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DOSSIER SPÉCIAL 7è symphonie de Mahler 

Symphonie d’un destin

 

mahler gustav profil gustav mahler classiquenewsMahler nous laisse un cycle de 10 symphonies parmi les plus déconcertantes, les plus visionnaires jamais écrites. La Dixième est restée à l’état d’esquisses. A l’heure où Picasso révolutionne le langage pictural (Les Demoiselles d’Avignon, 1907), Mahler indique de nouvelles perspectives, poétiques, musicales, philosophiques aussi pour l’orchestre. Aux côtés d’une écriture autobiographique qui exprime ses angoisses et ses aspirations, en particulier les épisodes d’une existence tragique, se précise peu à peu le désir des hauteurs, un élan mystique dont l’arc tendu de la prière appelle apaisement et sérénité. Dans l’écriture, chaque symphonie est un défi pour les musiciens. Mahler y repousse progressivement les limites et les horizons de la forme classique.

Ce sont aussi l’usage particulier des timbres, le recours aux percussions, la couleur grimaçante des certains bois, la douleur, l’amertume voire l’aigreur. L’orchestre de Mahler palpite en résonance avec le cœur meurtri, durement éprouvé d’un homme frappé par le destin, mais il reconstruit aussi, un lien avec les mouvements et le souffle de la divine et mystérieuse Nature. Une nature réconfortante dont il cherchait chaque été, la proximité et la contemplation, deux éléments propices à l’écriture. Le lien au motif naturel s’exprime aussi dans la présence récurrente des animaux.

Porté par la divine Nature
Le propre de la 7 ème symphonie de Mahler est peut-être de ne présenter d’un premier abord aucune unité de plan. Cinq morceaux en guise de développement progressif, avec au cœur du dispositif, le scherzo central, encadré par deux « nachtmusiken » / nocturne. Pourtant, il s’agit bien d’un massif exceptionnel par ses outrances sonores, ses combinaisons de timbres, son propos original, certes pas narratif ni descriptif…
Plutôt affectif et passionnel, dont la texture même, extrêmement raffinée, souhaite exprimer un sentiment d’exacerbation formelle et même d’exaspération lyrique. Un sentiment dans lequel Mahler désire faire corps avec la Nature, une nature primitive et imprévisible, constituée de forces premières et d’énergie vitale que le musicien restitue à la mesure de son orchestre.
Fait important parce que singulier dans son Ĺ“uvre, Ă  l’étĂ© 1904 oĂą il aborde la composition de cette montagne sonore, Mahler est dans l’intention de terminer sa 6 ème symphonie, or, ce sont en plus de la dite symphonie, les deux nachtmusiken qui sortiront de son esprit. Ces deux mouvements originaux Ă  partir desquels il structurera les volets complĂ©mentaires pour sa 7ème symphonie, achevĂ©e Ă  l â€Ă©tĂ© 1905, Ă  Mayernigg.

Les excursions dans le Tyrol du Sud lui sont favorables. Le contact avec l’élément naturel et minéral, en particulier des Dolomites, lui fait oublier la tension de l’activité à l’Opéra de Vienne dont il est le directeur. L’intégralité de sa 7ème symphonie est achevée le 15 août 1905.
La partition sera créée sous la direction du compositeur à Prague au mois de septembre 1908. L’accueil dès la création est des plus mitigés. La courtoisie des critiques et des commentaires, y compris des amis et proches, des disciples et confrères du musicien, dont Alban Berg et Alexandre von Zemlinsy, Oskar Fried et Otto Klemperer, présents à la création, ne cachent pas en définitive une profonde incompréhension.
Le fil décousu de l’œuvre, son sujet qui n’en est pas un, l’effet disparate des cinq mouvements, ont déconcerté. Et de fait, la 7ème symphonie sans thème nettement développé, sans matière grandiose, clairement explicitée (en apparence), demeure l’opus le moins compris, le moins apprécié de l’intégrale des symphonies. D’ailleurs, le premier enregistrement date de 1953 !

Journal symphonique
Il y a certes le sentiment de la fatalité et de la tragédie, surtout développé dans le premier mouvement, Langsam puis allegro con fuoco. Il y a aussi les relans d’amertume et de cynisme acides, les grimaces et les crispations d’un destin marqué par la souffrance et la perte, le deuil et les échecs.
Mais ce qui est imprime à l’ensemble, et lui donne son unité de tons et de couleurs, c’est la vitalité agissante, le sentiment d’un orgueil qui fait face, une détermination qui veut épouser coûte que coûte, les aspérités de la vie.
A cela s’ajoute, l’éveil du sentiment naturaliste, la contemplation des montagnes et des cimes. Entre deux ascensions, entre le premier mouvement et l’ultime rondo, Mahler, le voyageur, s’octroie plusieurs pauses, pleinement fécondes dans la douce évocation des nachtmusiken.
On sait qu’il était alors sous l’inspiration d’une contemplation Eichendorffienne (murmures et romantisme de la seconde Nachtmusik), surtout comme il l’a écrit lui-même, il est habité par le souffle cosmique, la recherche d’un oxygène au delà de la vie terrestre, la perception d’un autre monde qui puisse lui transmettre la volonté d’affronter l’existence et de poursuivre son œuvre. Il s’agit de communier avec la nature primitive, de l’embraser toute entière, dans sa totalité énigmatique et foudroyante.

L’esprit de Pan et chant du cosmos

MAHLER-GUSTAV-SYMPH-7-annonce-concert-critique-classiquenews-Arnold_Bocklin_-_Pan_im_Schilf_(1857)Il s’agit moins ici d’un conflit de forces opposées, que l’expression quasi orgiaque, libératrice des énergies fondatrices de la nature. Accord recherché avec la vibration de l’univers, recherche d’une expression inédite et personnelle qui invoque l’esprit de Pan, que l’auteur a lui-même évoqué pour expliquer la richesse plurielle de sa musique, ou plutôt communion avec le rythme dionysiaque d’un temps nouveau, recomposé. Disons que la profusion des rythmes, des timbres, des couleurs affirment au final, une vision totalement nouvelle des horizons musicaux.
S’il y a une empreinte incontestable du destin, de sa force contraignante et barbare, il y aussi grâce à l’élan propre à la musique de Mahler, l’affirmation de plus en plus éclatant d’une restructuration active. A mesure qu’il absorbe dans l’orchestre, la résonance du chaos, Mahler semble recomposer au même moment, le chant du cosmos. La déstructuration apparente s’inverse à mesure que le principe symphonique s’accomplit. Un magma de puissances telluriques se cabre et danse ici (Scherzo).

Musique, matière cathartique
Musique audacieuse et même révolutionnaire, et sans équivalent à son époque, et dans le restant de l’œuvre, la 7ème symphonie n’en finit pas de nous interroger sur la manière de l’approcher. Tout y est contenu des sentiments mahlériens, rictus, aigreurs, pollutions et poisons, dérision, ironie et fausse innocence mais aussi, -surtout-, régénérescence à l’œuvre dans la matière sonore, ici d’autant plus fascinante qu’elle est dans la 7 ème, d’une époustouflante diversité, d’une subtile complexité (mandoline, harpe et guitare tissent dans le second Nachtmusik, plusieurs mélodies énigmatiques dont Schönberg gardera le souvenir)…

Au sein de l’intégrale des symphonies de Mahler, ce volet est l’une des expériences les plus captivantes. Et le geste du chef, qui doit y brasser l’olympien et le dyonisiaque, le diabolisme et le lumineux, la désespérance ironique et la pure joie, a le défi de s’y révèle des plus éloquents !

COMPTE-RENDU, critique, concert. LILLE, Nouveau Siècle, le 2 oct 2019. MAHLER : Symphonie n°6. Orch National de Lille, Alexandre Bloch.

Compte-Rendu, concert. Lille, Auditorium du Nouveau Siècle, le 2 octobre 2019. Symphonie n°6 de Gustav Mahler (dite « Tragique »). Orchestre National de Lille. Alexandre Bloch (direction). La seconde partie de l’IntĂ©grale Mahler – initiĂ©e par Alexandre Bloch avec son Orchestre National de Lille (qui ont dĂ©jĂ  interprĂ©tĂ© les symphonies 1 Ă  5 lors de la saison 18/19) – se poursuit avec la 6ème symphonie (dite « Tragique »). La 6ème a Ă©tĂ© composĂ©e entre 1903 et 1904, pour ĂŞtre créée Ă  Essen en 1906 sous la direction du compositeur, et fait partie de la trilogie mĂ©diane des symphonies de Mahler (avec la 5ème et la 7ème que nous irons entendre dans ces mĂŞmes lieu la semaine prochaine…). Avec cette symphonie, le monde – dont on sentait la fragilitĂ© dans la symphonie antĂ©rieure, tombe pour un temps dans le dĂ©sespoir et le nĂ©ant, bien qu’apparemment rien, dans la vie du compositeur Ă  cette Ă©poque, n’explique de façon claire cette disposition au tragique. Mais aussi dĂ©chirantes que puissent ĂŞtre les Ă©motions qu’elle vĂ©hicule, il existe indubitablement quelque chose d’excitant, voire d’exaltant, comme une source d’espoir qui parcourt toute la symphonie, une sorte d’« Ă©ternel retour de la vie », un des credos de Nietzsche (que Mahler lisait beaucoup). Et il semble bien que Alexandre Bloch se soit inspirĂ© d’une telle interprĂ©tation, mettant en exergue, dans sa lecture de la partition, le combat des forces de la vie face au tragique de la destinĂ©e humaine.

 

 

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Le jeune chef français choisit de revenir à la succession originale des quatre mouvements. L’Allegro initial introduit une marche funèbre inéluctable martelée par des contrebasses impétueuses, une déploration dans laquelle se manifestent les cris désespérés et plaintifs de la petite harmonie, comme les vestiges d’une humanité qui refuserait de disparaître : une dualité très claire entre la vie et la mort qui s’achève par un appel ardent à la vie, à la fois angoissant et lyrique. Bloch recourt ici à un tempo rapide, et favorise les nuances et les contrastes, sollicitant tour à tour les différents pupitres de manière à obtenir de sa phalange des sonorités inhabituelles qui laissent une large place aux contrechants : le phrasé est tendu et la mise en place s’avère au millimètre près. L’orchestre reste fidèle à son excellente renommée, et on notera tout spécialement l’admirable dialogue entre cor et violon solo. L’Andante fait la part belle à des cordes magnifiquement soyeuses, d’une ampleur émouvante jusqu’à la douleur, mais sans pathos exagéré, dans un remarquable dialogue entre vent et cordes qui évolue par vagues, dans un crescendo orchestral s’achevant sur une note pincée des violoncelles. Le Scherzo, lyrique et dansant, met en avant discordances et ruptures rythmiques, tout à fait caractéristique des scherzos mahlériens, puis la musique s’estompe pour laisser place au silence. L’Allegro final, majestueux, s’ouvre sur une espérance (délivrée par le cor et le tuba) et un sentiment d’urgence, avant que l’orchestre ne se montre à nouveau plein d’un irrésistible allant, se muant en une cavalcade effrénée et sauvage, véritablement dionysiaque, où les fameux coups de marteau marquent la présence du destin en embuscade. Le doute plane sur l’issue de la bataille… qui ne rencontrera sa (ré)solution que dans les deux dernières symphonies.

 

 

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En bref, une interprétation pertinente et une direction très engagée, et une superbe réalisation musicale, qui nous fait déjà languir les prochains rendez-vous mahléro-lillois !

 

 
 

 
 

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Compte-rendu, concert. Lille, Auditorium du Nouveau Siècle, le 2 octobre 2019. Symphonie n°6 de Gustav Mahler (dite « Tragique »). Orchestre National de Lille. Alexandre Bloch (direction). Illustrations, photos : © Ugo Ponte / Orchestre National de Lille 2019

 

 

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STREAMING : revoir et réécouter la 6ème symphonie de Mahler :
Mahler : Symphonie n°6 en streaming jusque fin avril 2020 sur la chaîne YOUTUBE de l’ONL Orchestre National de Lille :
https://m.youtube.com/watch?v=Dtd0WqUtgCY

 

  

 

6ème de MAHLER par l’Orchestre National de Lille / Alexandre BLOCH

ONL-orchestre-national-de-lille-saison-2019-2020-nouvelle-saison-symphonique-annonce-concerts-symphonies-chefs-maestro-opera-classiquenews-VIGNETTE-COR-19-20LILLE, 6ème de MAHLER. 1er, 2 oct 2019. SAISON 2019 – 2020. ONL, Orchestre National de Lille. L’orchestre fondĂ© par Jean-Claude Casadesus poursuit sa formidable odyssĂ©e grâce Ă  son nouveau directeur musical, Alexandre BLOCH. Un musicien dynamique qui ne s’économise guère, ayant le goĂ»t des dĂ©fis impressionnants, fusionnant grands effectifs et sens du dĂ©tail comme de l’architecture. Les deux annĂ©es Ă©coulĂ©es ont dĂ©montrĂ© cette capacitĂ© du colossal et de l’intime dans le choix de partitions qui supposent un grand engagement collectif : l’inclassable mais fraternelle MASS de Bernstein, le cycle en cours dĂ©diĂ© aux Symphonies de Gustav Mahler (avec bientĂ´t le massif herculĂ©en de la 8è dite des « mille » qui rĂ©unit alors, les 20 et 21 novembre 2019, pas moins de 300 artistes sur le plateau)…
La nouvelle saison 2019-2020 s’annonce sous les mêmes proportions (dont la 9è de Beethoven associant solistes, chœurs et orchestre pour un final somptueusement festif les 25 et 26 juin 2020), avec un souci « pédagogique » d’ampleur, celui de révéler les « chefs d’œuvres intemporels » du répertoire, ceux qui ressuscitent pour le plus grand nombre, les vertiges de l’expérience symphonique.

 

 

En 2019 – 2020, l’ONL Ă©crit un nouveau chapitre de son odyssĂ©e symphonique…

MAHLER, BEETHOVEN, LINDBERG…

 

 

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Ainsi l’ONL Ă©largit toujours davantage sont rĂ©pertoire, interrogeant les pages ambitieuses taillĂ©es par les plus grands compositeurs : Haydn, Bizet, TchaĂŻkovski, Dvorak, Brahms, Schubert, sans omettre les rĂ©formateurs du XXè : Ravel et Debussy (entre autres, cycle « J’aime la musique française » …

 

 

 

SUITE DE L’ODYSSEE GUSTAV MAHLER

 

 

Suite de l'odyssée MAHLER par l'Orchestre National de Lille2019 voit l’achèvement du cycle GUSTAV MAHLER : soit 5 nouveaux rendez vous désormais incontournable au Nouveau Siècle de Lille pour tous ceux que le grand frisson orchestral attire et captive : Adagio de la 10è (le 5 sept), surtout 6ème (les 1er et 2 octobre), la sublime 7è ou « chant de la nuit » (le 18 octobre), Symphonie n°8 des « mille » (les 20 et 21 nov), enfin ultime programme ou « Adieu mahlérien », Symphonie n°9, les 15 et 16 janvier 2020.

 

A LILLE, Auditorium du Nouveau Siècle :

MAHLER 6 : Symphonie n°6  ”Tragique” – 1er et 2 octobre 2019  > rĂ©servez ici

MAHLER 7 : Symphonie n°7, “chant de la nuit” – vend 18 octobre 2019 > rĂ©servez ici

MAHLER 8 :  Symphonie n°8 “des Mille” – merc 20, jeudi 21 nov 2019 > rĂ©servez ici

 

 

 

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6è symphonie de GUSTAV MAHLER, 1903 – 1904
l’oeuvre « jaillie du cœur »

La Sixième est un chant dĂ©sespĂ©rĂ© qui peint un paysage dĂ©vastĂ©. Son registre est le dĂ©faitisme qui marque une expĂ©rience amère et sans illusions du hĂ©ros, sur sa propre carrière et face Ă  l’univers. Cette percĂ©e dans un lyrisme dĂ©fait, mordant, dĂ©sabusĂ© qui n’a pas perdu, pour autant son orgueil ni sa dĂ©mesure, est assez surprenant Ă  la pĂ©riode oĂą Gustav Mahler la conçoit.

Sa collaboration pour l’Opéra de Vienne se déroule de mieux en mieux, en partie grâce à la participation du peintre Alfred Roller. Son activité de compositeur commence à être reconnue. Récemment marié, il est père de la petite Maria. Les sources sur la genèse de l’œuvre sont moins documentées et nombreuses que pour ses autres symphonies. Il semble que Mahler cependant, arrive à Mayernigg, en juin 1903 et compose presque immédiatement son nouvel opus.

Pour se remettre de l’écriture, il prend comme à son habitude le train et sa bicyclette pour parcourir la campagne incomparable des Dolomites. A l’été 1903, seront couchées sur le papier, les deux mouvements intermédiaires, et l’esquisse du premier. L’été 1904 est moins heureux : Alma allitée à la suite de la naissance de leur deuxième fille, le rejoint tardivement ; et le temps, orages et pluies, l’empêche de sortir ; il vit claustré et peu inspiré. Pourtant, le compositeur achève les (funèbres) Kindertotenlieder (Chant pour les enfants morts). Ce sont encore les massifs et les paysages de ses chères Dolomites qui lui inspirent la suite de sa Sixième symphonie. Fin août, le cycle entier est terminé. Mahler en joue une réduction au piano à Alma qui est émue jusqu’aux larmes, affirmant qu’il s’agit d’une œuvre « foncièrement personnelle », celle qui semble avoir jailli directement du cœur. Alma ira même jusqu’à reconnaître rétrospectivement, dans les trois déflagrations du Finale, la prémonition claire des trois événements tragiques qui surviendront en 1907 : la mort de leur fille aînée, le diagnostic de l’insuffisance cardiaque qui frappe Mahler, son départ forcé de l’Opéra de Vienne.

Symphonie du destin

MĂŞme lorsque Mahler dirige la Sixième, en mai 1906, dans le cadre du Festival de l’Allgemeiner Deutscher Musikverein Ă  Essen dans la Ruhr, rien ne lui permet d’entrevoir les Ă©vĂ©nements Ă  venir. Pendant la crĂ©ation, il se sent mal. Alma et Mengelberg, prĂ©sents, s’inquiètent de son apparent malaise. Ĺ’uvre personnelle, trop peut-ĂŞtre pour celui qui est invitĂ© Ă  la diriger, la partition suscite sentiments et Ă©motions qui submergent leur auteur.

Contrairement aux symphonies prĂ©cĂ©dentes bercĂ©es malgrĂ© leur aigreur, par le chant idĂ©al du Knaben Wunderhorn, la Sixième indique un dĂ©chirement : Mahler y peint un monde dĂ©senchantĂ©, cruel, violent. Une conscience nouvelle a surgi. Cette sensation nouvelle de la vie, de sa cruautĂ© et sa froideur, il l’a dĂ©jĂ  exprimĂ©e dans la texture de la Cinquième. La caisse claire marque le rythme haletant et syncopĂ© de la marche initiale, une marche au supplice et une dĂ©claration de guerre. Le dĂ©roulement de tant de catastrophes n’ouvrant sur aucun rĂ©pit ni aucune vision rĂ©confortante est d’autant plus forte, presque insoutenable. Le motif d’Alma, et celui des vaches renforcent l’humeur autobiographique de la partition qui conserve sa force rĂ©aliste et son dĂ©nuement poĂ©tique.

Le Scherzo est à lui seul, une évocation lugubre de la mort, moins dansante que convulsive. L’andante offre une pause dans un monde agité, sans grâce. Et c’est encore l’évocation du monde pastoral, des oiseaux (flûtes et clarinettes) et des vaches, qui renforce toujours ce lien vital entre Mahler et l’élément naturel, sans lequel il ne pourrait vivre ni composer, trouver le mode de vie transitoire, ce pacte régulateur, absorbant ses innombrables angoisses.

Dans le Finale, la peinture s’obscurcit encore et les perspectives sont bouchĂ©es. Sans issue, murĂ© dans son errance, Mahler fait l’expĂ©rience du chaos et de l’effondrement. Il fallait qu’il explore les TĂ©nèbres dans son âme pour mieux s’ouvrir dans les Huitième puis Neuvième, aux champs Ă©lysĂ©ens en un hymne de paix pleinement atteint. Mais cet accomplissement devait encore passer par des traversĂ©es fondatrices, celle de la Septième symphonie, aussi personnelle et dans laquelle le hĂ©ros est le spectateur et l’observateur, -ni acteur, ni victime-, qui a pris le recul face aux forces, mystĂ©rieuses, terrifiantes et insondables qui façonnent l’univers.

 

 

 

 

 

NOUVELLE SAISON 2019 – 2020 de l’ONL Orchestre National de Lille : Riche en propositions musicales nouvelles, l’ONL sait aussi se rĂ©inventer pour chaque nouvelle saison : en tĂ©moignent ses formats orchestraux inĂ©dits capables de sĂ©duire et fidĂ©liser un public de plus en plus Ă©largi : cinĂ©-concerts (Star Wars, Ă©pisodes VI et VII, les 21 et 22 fĂ©v 2020 : « Le retour du Jedi » ; puis, les 2 et 3 avril 2020 : « Le rĂ©veil de la force »), « Just play » (24 sept), « concert flash » (45 mn de musique Ă  la pause dĂ©jeuner : les 10 oct, 7 nov 2019 ; 20 janv, 12 mars 2010), «  Famillissimo » (programmes oniriques pour les petits et leurs familles : les 31 oct, 30 nov 2019 ; LIRE notre prĂ©sentation complète de la nouvelle saison 2019 2020 de l’Orchestre National de LILLE

 

 

 

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TOUTES LES INFOS et les modalités de réservation
(différentes formules et pass, abonnements saison
sur le site de
l’ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE
https://www.onlille.com/saison_19-20/pass_19-20/

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CD
les derniers cd de l’Orchestre National de Lille, critiqués sur CLASSIQUENEWS

CD, critique. Les Pêcheurs de Perles de BIZET : Fuchs, Dubois, Sempey…

CD, critique. CHAUSSON : oeuvres symphoniques / Poème de l’amour et de la mer / Symphonie opus 20

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REPORTAGES VIDEOS
Les derniers reportages dédiés au travail de l’ONL Orchestre National de Lille :

REPORTAGE VIDEO : Les PĂŞcheurs de perles

REPORTAGE VIDEO : MASS de Bernstein

ET bientĂ´t en nov 2019 : Symphonie des Mille de Gustav Mahler

LILLE. MAHLER, Adagio de la 10è symphonie

ONL lille le 5 sept 19 concert Mahler Strauss concert annonce classiquenews Lise-de-la-Salle_slide_328px_19-20LILLE, ONL, le 5 sept 2019 : MAHLER, Adagio de la 10è symphonie. Dès début septembre 2019, pour amorcer sa nouvelle saison 2019 2020, l’Orchestre National de Lille dédie sa programmation à Gustav Mahler… Le 5 septembre, place à l’Adagio de la 10è symphonie par une phalange invitée : l’Orchestre Français des Jeunes sous la direction de Fabien Gabel.
Ensuite, sous la direction de son directeur musical, Alexandre BLOCH, l’ l’Orchestre National de Lille / ONL poursuit son cycle des Symphonies de Mahler, dès les 1er et 2 octobre : Symphonie n°6.

L’ADAGIO DE LA SYMPHONIE N°10… Gustav Mahler décédé à Vienne en mai 1911 laisse inachevée son ultime symphonie, la 10è : le premier mouvement, adagio (en fa dièse majeur) est retrouvé, publié par sa veuve Alma en 1924, puis « achevé » avec le 3è mouvement (Purgatorio) par Ernst Krenek et le chef Franz Schalk. C’est ce dernier qui joue les deux épisodes ainsi restitués d’après les manuscrits autographes en octobre 1924. D’une durée circa 25 mn, l’Adagio est le seul mouvement dont subsistent des éléments significatifs de la main de Mahler pour autoriser une restitution acceptable. Ample, détaché, intérieur voire désincarné (le renoncement ultime en liaison avec la crise conjugale que vit alors le compositeur en 1910), rappelle l’adagio de la Symphonie n°9 de Bruckner. Mahler y superpose 3 idées thématiques, pas vraiment fusionnées ni dialoguées, alternées, sur un canevas harmonique où Mahler dépasse aussi loin qu’il le peut le classicisme tonal. Au moment de la conclusion, tous les motifs se combinent et se fondent, emblème d’un génie du développement et de l’architecture orchestrale.

Le mouvement ainsi joué marque le premier jalon du cycle Mahler 2019 / 2020 présenté par l’ONL Orchestre National de Lille : les prochains rv sont 1er et 2 octobre 2019 (Symphonie n°6), 18 octobre (Symphonie n°7), mercredi 20 et jeudi 21 novembre (Symphonie n°8 des mille), puis les 15 et 16 janvier 2020 (Symphonie n°9)…

Lille – Auditorium du Nouveau Siècle
Jeudi 5 septembre 2019, 20h

De l’ombre à la lumière
Orchestre Français des Jeunes
Fabien Gabel, direction

Lindberg : Vivo
Schumann : Concerto pour piano
Soliste : Lise de la Salle, piano

Mahler : Symphonie n°10, Adagio
R. Strauss : Mort et Transfiguration

Présentation du concert sur le site de l’ONL / Orchestre National de Lille : « L’Orchestre Français des Jeunes est en résidence en région Hauts-de-France.
Lorsqu’il entame sa Symphonie n°10 en 1910, Mahler est rongé par ses souffrances conjugales et par la maladie. Il ne pourra d’ailleurs achever sa dernière grande partition. L’Adagio qu’il compose est extraordinaire par ses sonorités tranchantes. Plus apaisé, le Concerto pour piano de Schumann est un exaltant cri du cœur composé pour sa femme Clara. Brillante musicienne du répertoire romantique, Lise de la Salle interprète ce joyau de la littérature pianistique. Couronnant un programme placé sous le signe de l’amour et de la mort, l’Orchestre Français des Jeunes et son chef Fabien Gabel présentent pour terminer la grandiose et lumineuse Mort et Transfiguration de Strauss. »

RÉSERVEZ VOTRE PLACE
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ORANGE : Symphonie n°8 “des mille” de Gustav MAHLER

MAHLER-gustav-symphonie-5-orchestre-national-de-lille-Alexandre-Bloch-annonce-concert-classiquenews-critique-concertORANGE, Chorégies, lun 29 juil 2019. MAHLER : Symphonie n°8 des mille. Créée à Munich au moment de l’Exposition Internationale, le 12 septembre 1910, la Symphonie des Mille ou Symphonie n°8 de Gustav Mahler est un immense chant d’espoir qui marque aussi la pleine maturité d’une écriture enfin apaisée, après les tourments plus ou moins contrôlés et assumés des Symphonies n°5, n°6 et surtout n°7, symphonies autobiographiques où le conflit, la noirceur, la présence de forces cosmiques insurmontables, les blessures liées à son destin personnel et sa vie sentimentale, sont le sujet principal. Ici rien de tel, sinon, une arche grandiose dont les tensions canalisées convergent vers une prière de réconciliation, une aspiration profonde à la paix éternelle.

Si Mahler n’a pas écrit d’opéras, cette fresque grandiose à l’échelle du colossale nécessite un plateau artistique impressionnant : triple choeur (femmes, hommes, enfants), grand orchestre, solistes dont les airs sont dignes d’un drame lyrique.

L’odyssée mahlérienne de la 8ème doit son unité à la constance attendrie, exaltée mais toujours élégante des interprètes. D’autant plus que les deux parties sont d’un étonnant contraste : premier volet construit autour du Veni, Creator Spiritus, selon le texte médiéval de l’archévêque de Mayence, Hrabanus Maurus. Le compositeur a reçu la révélation de cette hymne au Créateur, d’autant plus bienvenue pour son âme inquiète et de plus en plus mystique. Tout le développement est une variation sur le thème de cette fulgurance personnelle dont il souhaite nous faire partager l’intensité.

PLAN

Le volet 1 qui reprend la traduction de l’hymne mĂ©diĂ©val : Hymnus : Veni Creator, est un immense chant de prière et d’espĂ©rance, dans une Ă©criture contrapuntique des plus maĂ®trisĂ©e, qui cite toutes les messes et oratorios qui l’ont prĂ©cĂ©dĂ©. Mahler exprime la tendresse des croyants rĂ©cepteurs du miracle, tĂ©moins d’une vision sidĂ©rante partagĂ©e. DurĂ©e : circa 30 / 35 mn.

Dans le second volet,  d’après Schluss-szene aus « Faust » (Scène finale du Faust) de Goethe, pendant littĂ©raire au premier volet d’origine sacrĂ©e, mais non moins extraordinairement exaltĂ©, solistes, chĹ“urs et orchestre façonnent une superbe peinture de la foi, soit un vĂ©ritable opĂ©ra spirituel oĂą l’évocation du mystère, grâce Ă  des Ă©pisodes suggestifs, un sens Ă©vident de l’articulation et des nuances (bois somptueux, cuivres grandioses, cordes amples et suspendues) donne le format de cette seconde Passion. Comme une rĂ©ponse moderne aux Passions de JS BACH, Mahler orchestre un remarquable drame sacrĂ© oĂą se prĂ©cisent plusieurs profils Pater Profundis, Maria Aegyptica, lesquels en intercesseurs, accompagnent le croyant vers l’étreinte finale que lui rĂ©serve, Ă´ comble du bienheureux, Maria Gloriosa.
Rien ne manque à l’évocation de ce diptyque religieux. Ni l’élan fervent, ni la sensibilité. Le chef doit veiller aux détails comme à l’architecture de cette cathédrale orchestrale et lyrique. Ici Homme et univers ne font plus qu’un : le but ciblé, espéré, exaucé d’un Mahler enfin en paix avec lui-même, est atteint. Plan : adagio, scherzo, finale agitato - Durée : circa 1h.

 
 
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mahler gustav profil gustav mahler classiquenewsORANGE, Chorégies 2019. 150ème anniversaire. 21h30 :  MAHLER : Symphonie n°8 des Mille. Diffusion en direct sur FRANCE MUSIQUE, lundi 29 juillet, 19h45. 
En différé sur FRANCE 5 à 22h30
depuis les Chorégies d’Orange 2019 (150è anniversaire en 2019)

Magna Peccatrix: Meagan Miller
Una poenitentium: Ricarda Merbeth
Mater gloriosa :Eleonore Marguerre
Mulier Samaritana: Claudia Mahnke
Maria Aegyptica: Gerhild Romberger
Doctor Marianus: NikolaĂŻ Schukoff
Pater ecstaticus: Boaz Daniel
Pater profondus: Albert Dohmen

Orchestre Philharmonique de Radio France
Orchestre National de France

Choeur de Radio France
Choeur philharmonique de Munich
Maîtrise de Radio France

Jukka-Pekka Saraste, direction

 

 

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PLUS D’INFOS sur le site des ChorĂ©gies d’Orange 2019 / MAHLER : Symphonie n°8 des Mille 

Mahler : Symphonie n°8 des Mille (Orange 2019)

MAHLER-gustav-symphonie-5-orchestre-national-de-lille-Alexandre-Bloch-annonce-concert-classiquenews-critique-concertFRANCE MUSIQUE, le 29 juil 2019. MAHLER : Symphonie n°8 des mille. Créée à Munich au moment de l’Exposition Internationale, le 12 septembre 1910, la Symphonie des Mille ou Symphonie n°8 de Gustav Mahler est un immense chant d’espoir qui marque aussi la pleine maturité d’une écriture enfin apaisée, après les tourments plus ou moins contrôlés et assumés des Symphonies n°5, n°6 et surtout n°7, symphonies autobiographiques où le conflit, la noirceur, la présence de forces cosmiques insurmontables, les blessures liées à son destin personnel et sa vie sentimentale, sont le sujet principal. Ici rien de tel, sinon, une arche grandiose dont les tensions canalisées convergent vers une prière de réconciliation, une aspiration profonde à la paix éternelle.

Si Mahler n’a pas écrit d’opéras, cette fresque grandiose à l’échelle du colossale nécessite un plateau artistique impressionnant : triple choeur (femmes, hommes, enfants), grand orchestre, solistes dont les airs sont dignes d’un drame lyrique.

L’odyssée mahlérienne de la 8ème doit son unité à la constance attendrie, exaltée mais toujours élégante des interprètes. D’autant plus que les deux parties sont d’un étonnant contraste : premier volet construit autour du Veni, Creator Spiritus, selon le texte médiéval de l’archévêque de Mayence, Hrabanus Maurus. Le compositeur a reçu la révélation de cette hymne au Créateur, d’autant plus bienvenue pour son âme inquiète et de plus en plus mystique. Tout le développement est une variation sur le thème de cette fulgurance personnelle dont il souhaite nous faire partager l’intensité.

Le volet 1 est un immense chant de prière et d’espérance, dans une écriture contrapuntique des plus maîtrisée, qui cite toutes les messes et oratorios qui l’ont précédé. Mahler exprime la tendresse des croyants récepteurs du miracle, témoins d’une vision sidérante partagée.
Dans le second volet, qui reprend la traduction du Veni Creator par Goethe, pendant littéraire au premier volet d’origine sacrée, mais non moins extraordinairement exalté, solistes, chœurs et orchestre façonnent une superbe peinture de la foi où l’évocation du mystère, grâce à des épisodes suggestifs, un sens évident de l’articulation et des nuances (bois somptueux, cuivres grandioses, cordes amples et suspendues) donne le format de cette seconde Passion. Comme une réponse moderne aux Passions de JS BACH, Mahler orchestre un remarquable drame sacré où se précisent plusieurs profils Pater Profundis, Maria Aegyptica, lesquels en intercesseurs, accompagnent le croyant vers l’étreinte finale que lui réserve, ô comble du bienheureux, Maria Gloriosa.
Rien ne manque à l’évocation de ce diptyque religieux. Ni l’élan fervent, ni la sensibilité. Le chef doit veiller aux détails comme à l’architecture de cette cathédrale orchestrale et lyrique. Ici Homme et univers ne font plus qu’un : le but ciblé, espéré, exaucé d’un Mahler enfin en paix avec lui-même, est atteint.

 

 

 

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FRANCE MUSIQUE, lundi 29 juillet, 19h45. MAHLER : Symphonie n°8 des Mille.
EN DIRECT sur France MUSIQUE, – en diffĂ©rĂ© sur FRANCE 5 Ă  22h30
depuis les Chorégies d’Orange 2019 (150è anniversaire en 2019)

Magna Peccatrix: Meagan Miller
Una poenitentium: Ricarda Merbeth
Mater gloriosa :Eleonore Marguerre
Mulier Samaritana: Claudia Mahnke
Maria Aegyptica: Gerhild Romberger
Doctor Marianus: NikolaĂŻ Schukoff
Pater ecstaticus: Boaz Daniel
Pater profondus: Albert Dohmen

Orchestre Philharmonique de Radio France
Orchestre National de France

Choeur de Radio France
Choeur philharmonique de Munich
Maîtrise de Radio France

Jukka-Pekka Saraste, direction

 

 

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LILLE, ONL : 5ème de MAHLER au Nouveau Siècle


BLOCH-alexandre-portrait-2019-chef-orchestre-national-de-lille-annonce-concert-opera-classiquenewsMAHLER à LILLE (28 juin) : La 5è par Alexandre Bloch / ONL. Prochain volet attendu du cycle Mahler par l’ONL
– Orchestre National de Lille et son directeur musical, Alexandre Bloch. Avant la pause estivale, l’Auditorium du Nouveau Siècle Ă  Lille affiche la suite de l’odyssĂ©e malhĂ©rienne par les instrumentistes lillois et leur chef Alexandre Bloch. Ce vendredi 28 juin 2019, place Ă  la Symphonie n°5 de Gustav Mahler, l’une des plus personnelles, liĂ©es Ă  sa rencontre puis son mariage avec la lumineuse Alma. C’est la première symphonie du noyau central de son Ĺ“uvre (5è, 6è, 7è), celui des symphonies les plus intimes et personnelles du compositeur (les plus bavardes diront les critiques, Ă©trangers Ă  son Ă©criture d’une rare sensualitĂ©). De fait, pas de voix ni de chĹ“ur comme ce fut le cas des symphonies prĂ©cĂ©dentes (Ă  part la 1ère Titan) : rien que le chant enivrĂ©, âpre, exacerbĂ© ou langoureux des seuls instruments…

MAHLER-gustav-symphonie-5-orchestre-national-de-lille-Alexandre-Bloch-annonce-concert-classiquenews-critique-concertLa Symphonie n°5, se présent telle la clef de voûte de la création mahlérienne. Amorcée par une marche funèbre frénétique, c’est l’une des musiques les plus sombres du compositeur autrichien qui a échappé miraculeusement à une hémorragie intestinale (février 1901). Le Scherzo cependant affirme des forces nouvelles, évident combat qu’exalte ensuite le glorieux choral du Rondo-finale. Il semble que Mahler en a ciselé chaque note, trouvant l’accent juste : dans cette prise de conscience vivifiée, éblouit la caresse amoureuse de l’Adagietto pour cordes seules, véritable confession et déclaration dédiées à sa nouvelle épouse, Alma…

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Lille, Nouveau Siècle
Vendredi 28 juin 2019, 20h
MAHLER : Symphonie n°5

RESERVEZ VOTRE PLACE
https://www.onlille.com/saison_19-20/concert/symphonie-n-5/

ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE
DIRECTION :  ALEXANDRE BLOCH / 
CHEF ASSISTANT : JONAS EHRLER

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Les plus de votre soirée à Lille :

18h45 : Rencontre mahlérienne insolite avec Marina Mahler, petite-fille de Gustav Mahler, fondatrice de la Mahler Foundation   (entrée libre, muni d’un billet du concert)

à l’issue du concert : Bord de scène avec Alexandre Bloch
(entrée libre, muni d’un billet du concert)

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LIRE aussi nos comptes rendus critiques des Symphonies prĂ©cĂ©dentes par l’Orchestre National de Lille, sous la direction d’Alexandre BLOCH : Symphonie n°1 Titan, Symphonie n°2 RĂ©surrection, Symphonie n°3, Symphonie n°4

VOIR... La Symphonie n°5 de Gustav Mahler est diffusĂ©e en direct sur la chaĂ®ne YOUTUBE de l’ONL Orchestre National de Lille, vendredi 28 juin 2019

COMPTE-RENDU, concert. TOULOUSE, le 27 avril 2019. MAHLER. Le Chant de la Terre. Baechle, Elsner /J. SWENSEN

MAHLER portrait classiquenews IMG_20190502_125114COMPTE-RENDU, concert. TOULOUSE, Halle-aux-Grains, le 27 avril 2019. G.MAHLER. Le Chant de la Terre. J. Baechle. C. Elsner. Orchestre National du Capitole. J. SWENSEN, direction. L’orchestre du Capitole et Joseph Swensen tissent des liens d’amitié musicale de plus en plus étroits. Ce chef qui a dirigé presque toute l’oeuvre symphonique de Mahler à Toulouse aborde ce soir deux œuvres posthumes. En effet quel sort cruel ! Mahler, mort à tout juste 51 ans, n’a pas pu entendre la création du premier mouvement de sa Symphonie n°10, pas plus que son sublime cycle du Chant de La Terre. Ironie du sort pour deux œuvres qui parlent paisiblement (c’est toutefois relatif) du départ suprême, de l’absence et de la mort. Le premier mouvement de la dixième symphonie est un très large Andante qui dure presque une demi heure. La modernité comme la perfection formelle de cet Andante sont incroyables : il siège parmi les œuvres les plus bouleversantes de la musique orchestrale. Joseph Swensen dirige à main nue et par cœur obtenant comme un mage, une musique qui se déploie en vagues sublimes.

 

 

 

Joseph Swenson Ă  Toulouse :
Mahler au sommet de l’émotion

 

 

 

Débuté dans un pianissimo hypnotique, véritablement éthéré, avec un chant éperdu des alto d’une beauté et d’une mélancolie envoûtante, l’andante évolue lentement vers des tutti aux cuivres impressionnants. Dès ces premières mesures, le large phrasé se déploie et Swensen avec un sourire de bonheur, intérieur et partagé, dirige en osmose avec les musiciens comme si c’était lui qui jouait avec de larges mouvements des bras. Le magnifique orchestre du Capitole est ainsi suspendu aux demandes sensuelles du chef, lui même en état de grâce. Parler de virtuosité sublimée, de couleurs comme chez Klimt, de structure limpide quasi céleste, de phrasés portés au bout du souffle, de don de tout, permet d’évoquer un moment rare et inoubliable. Le public envouté fait la fête à ces interprètes si inspirés. Les musiciens éperdus d’admiration pour le chef et le chef ravi du don total de l’orchestre, ont semblé particulièrement épanouis.

Après l’entracte, l’orchestre s’étoffe pour une vaste oeuvre tout à fait inclassable. Das Lied von der Erde, le chant de la Terre, est une oeuvre sans équivalent. De la taille d’une symphonie, elle réclame un vaste orchestre particulièrement au niveau des percussions et exigeant même une incroyable mandoline pour la dernière mélodie. Il s’agit donc d’une vaste symphonie avec voix. Ce n’est pas la seule de Mahler certes. Ce n’est pas non plus le seul cycle de lieder avec orchestre de Mahler mais cette alchimie subtile, exigeant deux chanteurs aux voix larges mais surtout capables de magnifier un texte superbe avec un orchestre majestueux, est restée sans descendant.
La superstition de Mahler y est probablement pour quelque chose. Il ne s’est pas autorisé à écrire une dixième symphonie. Beethoven, Schubert et Bruckner étaient morts après leur neuvième. La Chant de la Terre est sa dixième symphonie déguisée. C’est le parti pris qu’a choisi Joseph Swensen. Il a dirigé une symphonie avec voix pour faire corps avec l’orchestre. Jamais il n’a accompagné les voix, les poussant dans leurs retranchements.

Ainsi le premier lied a mis le ténor à mal. « Das Trinklied vom Jammer der Erde » n’a pas été agréable pour Christian Elsner dont la voix a été engloutie trop souvent par la puissance et la beauté de l’orchestre. Mais après tout, l’ivresse et la douleur étaient si présentes dans l’orchestre que ce choix a été au final très convaincant. C’est dans les deux lieder suivants que le ténor a pu libérer son interprétation subtile basée sur une voix solide et homogène mais surtout sur une compréhension et une lisibilité du texte tout à fait remarquables.

Le poème « Von der Jugend » a Ă©tĂ© d’une subtilitĂ© incroyable associant un chanteur-diseur de premier ordre et un orchestre orientalisant d’une beautĂ© irrĂ©elle. « Der Trunkene im FrĂĽhling » a scellĂ© un superbe accord musical et poĂ©tique entre le chef, le tĂ©nor et les musiciens. La mezzo-soprano Janina Baechle a la mĂŞme qualitĂ© de diction que son collègue, tous deux Ă©tant germanistes. Sa voix ombrĂ©e et dirigĂ©e avec une agrĂ©able souplesse est capable de nuances d’une grande subtilitĂ©. Janina Baechle a rendu le texte limpide et en particulier lui a permis de diffuser cette douce ou amère mĂ©lancolie si consubstantielle Ă  Mahler tandis que l’orchestre de Swensen soufflait le vent de la passion. « Der Eiseime in Hebst » avec un orchestre diaphane ou compact a Ă©tĂ© un grand moment de luxe Ă©thĂ©rĂ©. Mais c’est « Von der Schönheit » qui a Ă©tĂ© un sommet vocal avec une largeur du souffle Ă©mouvante de la mezzo-soprano. Le dernier lied, plus long que les cinq lieder prĂ©cĂ©dents, a Ă©tĂ© le large moment de temps suspendu, attendu et espĂ©rĂ©. Les deux poèmes qui forment cet «Abschied », cet adieux, sont liĂ©s par un interlude orchestral sublime. La direction amoureuse de Joseph Swensen, la voix de Janina Baechle, toute de beautĂ© et de douleur pĂ©trie, mais surtout avec des mots subtilement offerts, ont amenĂ© le public a atteindre cette sĂ©rĂ©nitĂ© hĂ©doniste mais consciente de la nĂ©cessaire finitude des choses de ce monde, avec un art consommĂ©. Et que dire des extraordinaires musiciens de l’orchestres ? Avec des pupitres de tous jeunes musiciens capables de tenir des solo d’une beautĂ© renversante ! Et les habituĂ©s comme Jacques Deleplancque au cor, Hugo Blacher Ă  la trompette et Lionel Belhacene au basson en solistes Ă©mouvants ! Tous mĂ©riteraient d’être citĂ©s…
Mais que dire de plus ? Assister à un tel concert, avec des interprètes si engagés, renouvelle l’émotion d’une partition si aimée au disque. Les équilibres subtils et si essentiels dans l’orchestration sublime de Mahler ne se révèlent qu’au concert et par exemple, tout particulièrement l’osmose entre la mandoline, le célesta et la harpe, restera comme un moment de magie pure.
Quelle chance pour la public toulousain d’avoir pu se délecter d’ un concert tout Mahler si émouvant dans une perfection formelle idéale. Les mânes de Mahler en ont certainement souri.

 

 

 

Compte rendu concert. Toulouse. Halle-aux-Grains, le 27 avril 2019. Gustave Mahler (1860-1911) : Symphonie n°10 en fa dièse majeur, Adagio ; Das Lied von der Erde, Le Chant de la Terre ; Janina Baechle, mezzo-soprano ; Christian Elsner, ténor ; Orchestre National du Capitole de Toulouse ; Joseph Swensen, direction.

 

 

 

COMPTE-RENDU, critique, concert. LILLE, le 3 avril 2019. MAHLER : Symphonie n°3. Orchestre National de Lille, Alexandre Bloch.

cycle-mahlerCOMPTE-RENDU, critique, concert. LILLE, Nouveau Siècle, le 3 avril 2019. MAHLER : Symphonie n°3. Christianne Stotijn (mezzo-soprano), Philharmonia Chorus, Choeur maĂ®trisien du Conservatoire de Wasquehal / ONL Orchestre National de Lille, Alexandre Bloch (direction). Apres une Symphonie n°1 « Titan », de « lancement », puis une n°2 « RĂ©surrection », tendue, recueillie, incarnĂ©e… enfin spiritualisĂ©e en sa fin cĂ©leste, la 3ème Symphonie de Mahler, jouĂ©e ce soir au Nouveau Siècle Ă  Lille, dĂ©livre et confirme dĂ©sormais les qualitĂ©s du cycle Ă©vĂ©nement que le chef et directeur musical du National de Lille, ALEXANDRE BLOCH, dĂ©die au compositeur (qui fut aussi un grand chef). De l’Ă©nergie, une urgence continue, une intelligence des timbres, surtout une attention particulière Ă  l’architecture interne du massif malhĂ©rien… A contrario des conceptions plus « droites », objectives de certains chefs, plus extraverti que d’autres (comme les « grands ainĂ©s » tels Karajan, Haitink… sans omettre Abbado), Alexandre Bloch lui ne s’économise en rien, dansant sur le podium, habitĂ©, exaltĂ© par son sujet, avec une intensitĂ© qui rappelle … Bernstein.

 

 

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FINALE DE COMPASSION ET D’AMOUR… Ceci nous vaut pour le dernier mouvement, le plus aĂ©rien (aux cordes surtout), des jaillissements de lyrisme flexible et amoureusement dĂ©ployĂ©, un baume pour le cĹ“ur et l’esprit, après avoir passĂ© tant d’épisodes si divers et contrastĂ©s. On n’oubliera pas ce 6è mouvement final (« Langsam. Ruhevoll. Empfunde ») qui semble comme un choral fraternel et recueilli, embrasser tous les ĂŞtres vivants (hommes et animaux) et les couvrir d’un sentiment d’amour, irrĂ©pressible et caressant. Dans son intonation, sa pâte transparente, suspendue, le mouvement prĂ©figure l’Adagietto de la 5è, ses amples respirations,sa couleur parsifalienne, sa ligne constante qui appelle et dessine l’infini…

 

 
 

 

La 3è Symphonie de Mahler par
l’Orchestre national de Lille et Alexandre Bloch

Sons et conscience de la Nature

 

 

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Toutes les illustrations : © Ugo Ponte / Orchestre National de Lille 2019

 

 
 

Notre attente Ă©tait d’autant plus affĂ»tĂ©e que la 3è Symphonie de Gustav Mahler (alors âgĂ© de 34 ans) est rarement donnĂ©e si on la compare aux autres Ă©videmment; mĂŞme le chef fondateur de l’Orchestre National de Lille, Jean-Claude Casadesus, malhĂ©rien distinguĂ© et reconnu, ne l’a jouĂ© avec les musiciens lillois que… trois fois (1996, 1997, puis 2006) quand on compte pas moins de 11 rĂ©alisations de la 4ème sous sa baguette !, soit de 1978 Ă  2017 ; distinguons l’enregistrement que CLASSIQUENEWS avait saluĂ© lors de sa parution par un CLIC : la Symphonie n°2 RĂ©surrection de 2017). Voila qui en dit long.

Voilà qui donne du poids aussi à la proposition d’Alexandre Bloch de jouer les 9 symphonies pendant 2019, histoire de renouer avec un répertoire qui a construit et façonné le son de l’Orchestre lillois depuis sa création. Défi aussi puisqu’il s’agit à chaque session de dévoiler la richesse de l’écriture malhérienne, tout en renouvelant encore l’engagement de tous les musiciens. Ce cycle en cours s’affirme donc comme une expérience majeure pour l’auditeur et pour les interprètes, un nouveau jalon de leur aventure musicale.

De par ses effectifs, l’ONL / Orchestre National de Lille, voit grand et peut aborder des Ĺ“uvres spectaculaires. Dans ce sens MASS, fresque dĂ©lirante, inouĂŻe s’inscrivait pour l’annĂ©e Bernstein 2018 dans cette ambition (fin de saison, juin 2018); la Symphonie des Mille, n°8 sera le prochain volet Ă  ne pas manquer. Sans avoir jamais Ă©crit d’opĂ©ras, Mahler, qui comme chef, en dirigea beaucoup (entre autres comme directeur de l’OpĂ©ra de Vienne) semble y synthĂ©tiser toutes les possibilitĂ©s orchestrales et lyriques, – en particulier dans sa 2è partie.
 D’opĂ©ra, il est aussi question dans la 3è, prĂ©cisĂ©ment dans l’épisode IV oĂą sort de l’ombre, Ă  la fois entitĂ© maternelle envoĂ»tante et prophĂ©tesse d’une ère Ă  venir, la mezzo (convaincante Christianne Stotjin, dĂ©jĂ  Ă©coutĂ©e dans la RĂ©surrection de fĂ©vrier dernier). Son texte empruntĂ© Ă  Nietzsche (Zarathoustra) est une exhortation adressĂ©e aux hommes, un appel, Ă  la fois berceuse et prière, une invocation et une alerte pour que chacun s’interroge sur lui-mĂŞme, sur le sens de sa vie terrestre. Le texte contient la clĂ© de l’œuvre ; sans joie, sans dĂ©passement de la souffrance, l’homme ne peut atteindre l’éternitĂ©. Encore faut-il qu’il atteigne cet Ă©tat de conscience salvateur …auquel nous prĂ©pare la musique de Mahler. Dans l’opĂ©ra imaginaire du compositeur, ce pourrait ĂŞtre une apparition magique et nocturne dont la couleur est saisissante par sa profondeur, sa justesse, sa couleur de fraternitĂ©. Chef, soliste, instrumentistes sculptent la couleur de l’hallucination ; ils en expriment idĂ©alement le caractère d’urgence et d’envoĂ»tement.

  

 

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SPLENDEUR D’UNE NATURE A L’AGONIE… Auparavant, prĂ©lude Ă  ce surgissement inĂ©dit, Mahler n’a pas mĂ©nagĂ© son auditeur. Son orchestre plĂ©thorique embrasse toute la crĂ©ation et le monde, convoque les Ă©lĂ©ments dans leur primitive splendeur. Mais une splendeur parfois lugubre qui paraĂ®t comme en sursis : Ă©videmment l’ample premier mouvement le plus long jamais Ă©crit par Mahler (« I. Kräftig. Entschieden ») dĂ©veloppe en une mise en ordre progressive, qui s’apparente peu Ă  peu Ă  une marche, l’évocation d’un monde terrestre tellurique et chtonien, inscrit dans la gravitas la plus caverneuse (rang fourni des contrebasses…), oĂą brillent aussi tous les pupitres des cuivres : cors par 8, trombones, tuba, trompettes… MĂŞme s’il s’agit d’une vision panthĂ©iste, le regard que porte Mahler sur la crĂ©ation est froid, analytique, mordant.
Au scalpel, Alexandre Bloch en fait surgir (rugir) toutes les résonances hallucinées et souvent fulgurantes : cris, déflagrations, déchirements, plutôt que célébration bienheureuse ; même si de purs vertiges sensuels, lyriques, d’une tendresse absolue, émergent : ils s’y pressent, précipités, exacerbés jusqu’à la parodie. Le geste est clair, précis, souple : le chef dessine le plus passionnant des orages naturels, à la fois chaos et mécanique cynique singeant une marche militaire, plus ivre que majestueuse.

 

 

Grand concert Mahler par l'Orchestre OSE. Daniel Kawka, directionMAHLER ECOLOGISTE... La richesse des teintes, le creuset des accents et des nuances simultanées forment une matrice orchestrale et un maelström symphonique d’une irrésistible puissance. Pour nous, en écho à notre planète martyrisée et au règne animal sacrifié, agonisant, ce premier mouvement exprime les tensions qui soumettent une terre à l’agonie : et nous voyons clairement dans les éclairs et les fulgurances (appels des trompettes, danse lugubre des bassons, solo du trombone…) que dessinent l’énergie du chef, l’indice d’une conscience visionnaire, celle d’un Mahler plus que panthéiste: animaliste, écologiste… Le chant de son orchestre exprime la conscience doloriste de la Nature, la mise à mort des espèces animales, le cri de la terre qui se convulse, meurt et ressuscite à chaque battement de la grosse caisse, battement sourd et délicat à la fois, (à peine audible mais si présent cependant ce soir) sur lequel s’organise et se déploie toute la mécanique orchestrale, du début à la fin de ce premier acte sidérant. Passionnante lecture.

On ne passera pas en revue chaque séquence suivante, à la loupe, pourtant l’acuité et l’analyse que sait développer le chef, affirment davantage sa compréhension, sa conception très juste de tous les climats qui sont nés dans l’esprit de Mahler, que l’on aime imaginer, chaque été, dans son cabanon de travail, véritable balcon sur la Nature, miraculeuse, fragile, impérieuse…

Le II est ainsi depuis le premier solo instrumental (hautbois) une claire évocation florale dont l’activité et le chatoiement des couleurs (transparent et détaillé) contrastent avec le tragique tellurique qui a déferlé précédemment. Les combinaisons de timbres préfigurent déjà ce que sera la parure de la 4è (clarinette).
Puis Alexandre Bloch enchaĂ®ne le III (« Comodo. Scherzando. Ohne Hast ») : d’abord suractivitĂ© instrumentale qui caractĂ©rise chaque espèce animale de la forĂŞt ; puis, surprenant rupture de climat avec l’enchantement suspendu du cuivre soliste dans la coulisse, – nouveau surgissement du songe le plus pur et le plus angĂ©lique (l’idĂ©al d’innocence et d’insouciance auquel rĂŞve le compositeur) dont la ligne aussi nous Ă©voque le voyage de Siegfried sur le Rhin (Wagner) par son caractère onirique, Ă©perdu, magicien, la distanciation spatiale, le souffle poĂ©tique… La souplesse et le tact du musicien soliste affirment ce caractère de nocturne enchantĂ©, et toute la grâce du mystère de la nature. Que n’a t on assez dit de ce troisième mouvement, qu’il Ă©tait vĂ©ritable expression d’une conscience enfin accordĂ©e aux animaux ?

 

 

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Après le IV, – exhortation nietszchĂ©enne-, l’épisode V fait intervenir le chĹ“ur des femmes et la maĂ®trise des enfants, dĂ©fenseurs zĂ©lĂ©s, articulĂ©s du salut permis au coupable Pierre (« la joie cĂ©leste a Ă©tĂ© accordĂ©e Ă  Pierre / Par JĂ©sus et pour la bĂ©atitude de tous. »)

Enfin c’est l’Adagio final, apaisement, réconciliation, acte de pardon et d’amour général dont le chef étire le ruban orchestral avec une tension et une détente qui creusent encore et encore l’unisson voluptueux des cordes : c’est à la fois un choral spirituel et le plus bel acte de fraternité, de compassion, comme de renoncement. L’indice, franc et vertigineux, retenu, suspendu que la lumière est atteinte. Et avec le chef, d’une sensibilité affûtée, entraînante … que la hauteur souhaitée et l’état de conscience qui lui est inhérente, réalisés.
Il n’y a que chez Mahler que l’auditeur peut éprouver telle expérience. Alexandre Bloch s’avère notre guide  inspiré et  communicatif. A suivre. Reprise ce soir à Amiens de la 3è Symphonie. Prochain volet du cycle des 9 symphonies de Mahler avec l’Orchestre National de Lille, samedi 8 juin à 18h30 (Symphonie n°4) ; puis, Symphonie n°5 (et son Adagietto suspendu, aérien.), vendredi 28 juin 2019, 20h (toujours à l’Auditorium du Nouveau siècle de Lille)… RV pris.

 

 
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COMPTE-RENDU, critique, concert. LILLE, Nouveau Siècle, le 3 avril 2019. MAHLER : Symphonie n°3. Christianne Stotijn (mezzo-soprano), Philharmonia Chorus, Choeur maîtrisien du Conservatoire de Wasquehal / ONL Orchestre National de Lille, Alexandre Bloch (direction).

 

  

 

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VIDEO : replay FRANCE 3 Hauts de Seine
Revoir et récouter la Symphonie n°3 de Gustav Mahler
par l’Orchestre National de Lille et Alexandre Bloch

https://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france/nord-0/lille/concert-regardez-direct-symphonie-ndeg3-gustav-mahler-mercredi-3-avril-20h-1648220.html

 

 

ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE
Direction : Alexandre Bloch
Mezzo-soprano : Christianne Stotijn
Philharmonia Chorus
Chef de choeur : Gavin Carr
Choeur maîtrisien du Conservatoire de Wasquehal
Chef de choeur : Pascale Dieval-Wils
Violon solo : Fernand Iaciu

 

  

  

 

LILLE, ONL. Alexandre BLOCH dirige la 3è Symphonie de Mahler

INTEGRALE MAHLER Ă  LILLELILLE, le 3 avril 2019. MAHLER : Symphonie n°3. Alexandre Bloch pilote l’orchestre National de Lille, son orchestre puisqu’il en est le directeur musical, dans une Ă©popĂ©e Ă  risques, mais spectaculaire et singulière : les 9 symphonies de Gustav Mahler, architecte visionnaire dont le souffle, le goĂ»t des timbres, et le sens des Ă©tagements s’avèrent sous la baguette du maestro… passionnants Ă  suivre. Jusqu’en juin 2019, le premier objectif est de jouer les 5 premières symphonies. Un marathon qui expose les musiciens Ă  de multiples dĂ©fis. Après les Symphonies 1 et 2, voici venir les 3 et 4 avril prochains, la symphonie n°3, moins connue car moins jouĂ©e. Un nouvel Ă©difice dont les dimensions correspondent manifestement Ă  l’Orchestre lillois que la grande forme ne fait pas fuir, bien au contraire. On l’a rĂ©cemment vu en fin de saison dernière dans la flamboyance fraternelle, dĂ©jantĂ©e, humaniste de la partition Mass de Leonard Bernstein, formidable expĂ©rience humaine et artistique par laquelle chef et orchestre fĂŞtaient le centenaire Bernstein 2018. Un dispositif regroupant de nombreuses phalanges locales (orchestres d’harmonies, chorales et chĹ“urs, sans compter les chanteurs acteurs « jouant » leur partie sur la scène de ce rituel paĂŻen polymorphe… Et si la maestro savait mieux qu’aucun autre, rĂ©tablir l’humain au cĹ“ur de partitions pourtant colossales ?
Entretien avec Alexandre Bloch à propos de la Symphonie n°3 de Gustav Mahler, à l’affiche du Nouveau Siècle à Lille le 3 avril (concert repris le 4 avril à la Maison de la culture d’Amiens). Propos recueillis en mars 2019.

 

 

 

Alexandre Bloch et l’Orchestre National de Lille poursuivent leur cycle MAHLER 2019 

Les enjeux de la Symphonie n°3 de Gustav Mahler

 

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QUELQUES CLÉS DE COMPRÉHENSION… POUR LA 3ème de MAHLER. En 2019, cap sur Mahler : un nouvel eldorado dont les promesses ciblent le grand frisson symphonique. Pour mieux comprendre la structure et le sens de ce nouvel opus, nous avons posé quelques questions au Maestro, qui venait de diriger en Allemagne, la symphonie la plus sombre et bouleversante de Tchaikovski, le 6è (« Pathétique », le 18 mars dernier à la Tonhalle de Düsseldorf, à la tête du Düsseldorfer Symphoniker).
« C’est un Ă©cart total d’une symphonie Ă  l’autre”, nous prĂ©cise Alexandre Bloch. « Si la 6è et dernière symphonie de Tchaikovski est des plus tragiques, la 3è de Mahler s’achève dans l’espĂ©rance, mais Ă  la diffĂ©rence de la 2è, RĂ©surrection, il n’y est pas question de la souffrance ni des peines inĂ©vitables qui sont le prĂ©alable nĂ©cessaire Ă  la rĂ©surrection finale. Dans la 3è Symphonie, Mahler exprime son admiration pour la Nature, pour toutes les crĂ©atures terrestres. Et comme les prĂ©cĂ©dentes, la 3è prĂ©pare au dernier mouvement qui incarne un fabuleux message d’optimisme et de sĂ©rĂ©nité ».

Parmi les temps forts de l’opus achevé à l’été 1896 (mais qui ne sera créé qu’en… 1902), le chef distingue l’ampleur du premier mouvement : « c’est l’un des plus longs et des plus développés jamais écrits par Mahler ; c’est un monde à lui seul, et terminé en dernier, comme une pièce à part, distinct des 5 autres parties. Le souffle emporte cette première et vaste fresque préliminaire dans laquelle le compositeur affirme si l’on en doutait, son génie du contrepoint. La force d’évocation y est spectaculaire. »

 

 

Mahler_gustav_profilLABORATOIRE INSTRUMENTAL et VISION PANTHÉISTE… Notez-vous d’autres points importants ? « L’intelligence de la construction est comme pour les symphonies prĂ©cĂ©dentes, captivante. Mahler est un architecte : les 3 premiers mouvements s’inscrivent dans la terre (d’oĂą leurs couleurs graves et sombres) ; les 3 derniers expriment une Ă©lĂ©vation progressive, jusqu’à l’Adagio final, – en rĂ© majeur, vaste chant d’amour. J’aimerai aussi souligner le champs des expĂ©rimentations que dĂ©veloppe Mahler sur le plan instrumental : je retrouve comme dans la 2è Symphonie, des alliages souvent remarquables par leur pertinence, leur justesse, entre autres, dans l’évocation des espèces terrestres, vĂ©gĂ©tales et animales (2è et 3è mouvements) mais il ne s’agit pas de simples descriptions car le langage de Mahler va au delĂ  de l’illustration (…) ; Enfin, la 3è est traversĂ©e par une hauteur de vue phĂ©nomĂ©nale : la 2è nous parlait du destin de l’homme ; ici, il s’agit d’un hymne Ă  la Nature, de la place de l’homme ; la vision est très large et bien sĂ»r l’on peut parler du panthĂ©isme de Mahler, lequel s’accomplit dans le sublime Adagio final ».

 

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LILLE, les 3 et 4 avril 2019. MAHLER : Symphonie n°3. Alexandre Bloch et l’Orchestre National de Lille. 20h. RESERVEZ VOTRE PLACE ICI

 

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Illustrations : Alexandre Bloch (© Ugo Ponte / ONL) – Gustav Mahler

 

 

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LIRE notre présentation du concert : Symphonie n°3 de Gustav Mahler par Alexandre Bloch et l’Orchestre National de Lille :
http://www.classiquenews.com/lille-3eme-symphonie-de-mahler-par-lorchestre-national-de-lille/

 

VISITER le site de l’Orchestre National de Lille
http://www.onlille.com/saison_18-19/concert/symphonie-n-3/

 

 

 

VISIONNER les Symphonies de Mahler par Alexandre Bloch et l’Orchestre National de Lille sur la chaîne Youtube de l’ONL / Orchestre National de Lille
https://www.youtube.com/user/ONLille/videos
(Accessibles : les symphonies n°1 Titan, n°2 Résurrection, de nombreux entretiens et explications sur les symphonies par les musiciens de l’orchestre, par Alexandre Bloch

 

 

 

 

 

VOIR la Symphonie n°3 de Mahler par Leonard Bersntein / Wiener Philharmoniker / VIENNE 1973
https://www.youtube.com/watch?v=1AwFutIcnrU

 

LILLE, 3ème Symphonie de Mahler par l’Orchestre National de Lille

cycle-mahlerLILLE, ONL : MAHLER : Symph n°3, les 3 et 4 avril 2019. Suite de l’épopée des symphonies de Gustav Mahler par l’ONL Orchestre National de Lille sous la direction de l’impétueux et introspectif Alexandre Bloch, pilote majeur de ce cycle orchestral événement à Lille. Après les Symphonies n°1 « Titan », n°2 « Résurrection, voici la 3è, moins connue, moins jouée. C’est pourtant l’un des volets orchestralement les plus riches, expression libre d’un sentiment de communion avec la Nature…

Après avoir atteint le sentiment d’éternité et l’expérience de la Résurrection, ni plus ni moins, dans l’ultime mouvement de sa deuxième symphonie (Finale en apothéose et lévitation où le ciel s’ouvre enfin…), Mahler pour sa Troisième symphonie, conservant la nostalgie des hauteurs célestes, compose un partition qui logiquement se place à l’échelle du cosmos. L’exaltation spirituelle et mystique développée dans la Deuxième symphonie, « Résurrection », le laisse à la même altitude, un état d’ascension vertigineux, cultivée ici avec une plénitude exceptionnelle (en particulier dans le Minuetto)
MAHLER_GUSTAV_UNE_veranstaltungen_gustav_mahler_musikwochen_024_gustav_mahler_musikwochen_bigA 34 ans, l’homme qui se sent asphyxié par son activité comme directeur d’opéra, – à Hambourg-, ne disposant que d’un temps trop compté pour composer (l’été), la seule activité qui compte réellement, veut en se mesurant à l’échelle universelle, démontrer sa pleine maturité de compositeur. Avec lui, le cadre symphonique gagne de nouveaux horizons, des perspectives jusque là inconnues. Affirmation d’un démiurge symphonique, la Troisième approfondit davantage le rapport unissant l’homme et la nature.

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LILLE, Auditorium du Nouveau Siècleboutonreservation
Orchestre National de Lille
Mercredi 3 avril 2019, 20h

 

MAHLER
Symphonie n°3
ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE  /  
CHRISTIANNE STOTIJN, mezzo soprano
ALEXANDRE BLOCH, direction

CHŒURS PHILHARMONIA CHORUS
CHEF DE CHŒUR : GAVIN CARR
CHŒUR MAÎTRISIEN DU CONSERVATOIRE DE WASQUEHAL
CHEF DE CHŒUR : PASCALE DIEVAL-WILS
CHEF ASSISTANT : JONAS EHRLER

RESERVER VOTRE PLACE
http://www.onlille.com/saison_18-19/concert/symphonie-n-3/

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Concert repris jeudi 4 avril 2019
Ă  Amiens, Maison de la culture
Infos et réservations
au 03 22 97 79 77 ou sur maisondelaculture-amiens.com

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LA NATURE, source éternelle, apaisante…

MAHLER-gustav-et-alma-symphonie-classiquenews-Gustav-MahlerGENESE… A l’été 1895, Mahler retrouve son ermitage au bord du lac d’Attersee. La solitude recherchée, le désir de faire communion avec l’élément naturel, la contemplation de la nature lui inspirent le goût vital de l’immensité. La proche végétation entourant sa cabane de compositeur marque le climat du menuet Blumenstück (morceau de fleurs), déjà cité. La contemplation lui ouvre un univers de sensations inédites, en particulier le sentiment d’une pure jubilation suscitée par le motif naturel. A la manière des impressionnistes qui ont renouvelé la perception du plein air et transformé radicalement les modes et règles du paysage, en recherchant toujours plus loin et plus intensément la véritable perception rétinienne sur le motif naturel, Mahler emprunte des chemins similaires. Rien ne compte davantage que cette retraite au sein du cœur végétal, dans la captation directe des éléments.
Conscient de l’immensité de la tâche à venir, il couche d’abord le déroulement d’un programme : le titre en est : « songe d’un Matin d’été ». C’est l’époque où il lit Nietzsche (le Gai savoir). Ses lectures lui donne des pistes formulées dans de nouveaux titres : « l’arrivée de l’été » ou « l’éveil de Pan » (dont le sujet annonce la trame de sa future 7ème symphonie, la plus personnelle de ses œuvres et intimement liée à sa propre expérience de la Nature). Finalement son premier mouvement, s’intitulera « le Cortège de Bacchus » : l’aspect dyonisiaque de l’élément naturel le touche infiniment plus que la vision ordonnée d’une nature maîtrisée, à l’échelle humaine. L’univers mahlérien plonge dans le mystère et l’équilibre éternellement recommencé des forces en présence.
Au final, Mahler compose à l’été 1895, son premier mouvement ou partie I, de loin le plus ample et long prélude symphonique jamais écrit (plus de trente minutes), poussant plus loin le gigantisme de la Deuxième Symphonie, en son final spectaculaire et mystique.… C’est que le point de vue des deux symphonies précédentes, est totalement différent : Mahler semble se placer à la droite de Dieu, contempler, embrasser, exprimer la grandeur indicible de la Création. Il compose ensuite les quatre mouvement qui suivent et qui constituent les trois quart de la Seconde partie.
A l’été 1896, Mahler affine les ébauches de 1895…

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LIRE la suite de la genèse de la symphonie n°3 de Gustav Mahler ici
(Symphonie n°3 de Gustav MAHLER par le chef mahlérien Rafael KUBELIK)
http://www.classiquenews.com/gustav-mahler-3-eme-symphonie-rafael-kubelik/

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En direct sur la chaîne YOUTUBE de l’Orchestre National de Lille / ONL
Ă  partir de 20h
https://bit.ly/2Sjlo6M

Et pendant tout le cycle, jusqu’au 30 avril 2020, l’intégralité des 9 symphonies sera accessible la chaîne You Tube ONLille:
https://bit.ly/2Sjlo6M

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APPROFONDIR
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LIRE AUSSI notre présentation du cycle GUSTAV MAHLER par Alexandre BLOCH et l’Orchestre National de Lille 
 

LIRE aussi notre critique de la Symphonie TITAN par Alexandre BLOCH

LIRE aussi notre critique de la Symphonie  Résurrection par Alexandre BLOCH

 

 

LIRE aussi notre compte rendu de la Symphonie TITAN par Ph Herreweghe et le JOA (Saintes, 2013, sur instruments d’époque)
http://www.classiquenews.com/compte-rendu-saintes-abbatiale-festival-le-13-juillet-2013-gustav-mahler-symphonie-n1-titan-joa-jeune-orchestre-atlantique-philippe-herreweghe-direction/

VIDEO : prĂ©sentation vidĂ©o des symphonies de Gustav Mahler par Alexandre Bloch, directeur musical de l’Orchestre National de Lille

https://www.youtube.com/channel/UCDXlku0a3rJm7SV9WuQtAdw 

https://www.youtube.com/watch?v=ACFvSpBDXV0&feature=youtu.be

 

 

 

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Illustration : © Ugo Ponte / ONL – Orchestre National de Lille 2019

 

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9ème Symphonie de Gustav Mahler à l'Opéra de ToursVOIR notre reportage VIDEO : Le JOA, Philippe Herreweghe jouent (sur instruments d’époque) la Symphonie n°1 de Gustav Mahler (été 2013, Saintes)
http://www.classiquenews.com/reportage-video-le-joa-jeune-orchestre-atlantique-interprete-la-titan-de-mahler-sous-la-direction-de-philippe-herreweghe-juillet-2013/
Le JOA Jeune Orchestre atlantique interprète la Symphonie Titan de Gustav Mahler. Le festival de Saintes 2013 s’ouvre avec un rendez vous symphonique incontournable : jouer Mahler sur instrument d’époque. Philippe Herreweghe pionnier des relectures historiques conquiert les sonorités étranges et familières, à la fois autobiographiques donc intérieures et aussi cosmiques soit flamboyantes, si spécifiques aux univers de Mahler, en assurant aux jeunes instrumentistes choisis du JOA Jeune Orchestre Symphonique, une approche très attendue des textures et étagements malhériens. A Saintes, lieu de résidence habituelle du collectif de jeunes musiciens, le travail se réalise sur une partition majeure du … XXème siècle. L’oeuvre date de 1889, ses espaces, horizons, perspectives qu’elle trace immédiatement, ainsi au diapason d’une subjectivité à l’échelle du cosmos, établissent de nouvelles règles qui abolissent les limites de l’espace, du temps, du son … en route pour la modernité complexe et si riche, captivante et vertigineuse du XXème siècle ! Concert incontournable. Grand reportage vidéo CLASSIQUENEWS.COM

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LILLE : l’Orchestre National joue la RĂ©surrection de Mahler

MAHLER Symphonies symphonies critique review classiquenews _gustav-mahler-grandhotel-toblach-dobbiaco_c36864daebLILLE, ONL. 28 fĂ©v 2019 : MAHLER : RĂ©surrection. La Symphonie n°2 de Gustav Mahler est un prolongement naturel de la 9è de Beethoven : pour solistes et choeur, l’arche orchestrale exprime la vie restaurĂ©e, une rĂ©mission espĂ©rĂ©e, attendue ardemment par un compositeur qui nous invite Ă  en parcourir tout le cheminement, de jalon en jalon, – Ă  travers les 5 mouvements, explicitĂ©s par le texte (Ă©crit par Mahler lui-mĂŞme) qui un hymne Ă©perdu Ă  la grâce divine, rĂ©confortant le pèlerin, perdu, Ă©prouvĂ© sur la route de l’existence.
La partition est achevé en juin 1895 : Mahler l’a affinée comme chaque été, dans sa cabane de Steinbach, son fameux « Hauschen » (la cabane), le spectacle de la miraculeuse nature lui insufflant les germes de l’inspiration, comme le cri de 2 corneilles lui ont soufflé la mélodie du Finale : on ne saurait imaginer plus étroite connivence entre le créateur et la nature, les oiseaux.

BERLIN, 1895 : Symphonie de l’élévation
L’ivresse des hauteurs après l’Apocalypse

mahler gustav profil gustav mahler classiquenewsC’est l’époque où Mahler rencontre Brahms puis à Bayreuth à l’invitation de Cosima, assiste au représentation de Parsifal, Lohengrin, Tannhäuser (sous la direction de Richard Strauss). L’orchestration du Finale de la Symphonie Résurrection est réalisée dans ce contexte musical. L’ouvrage est créé à ses frais et dans son intégralité à Berlin le 13 décembre 1895. Pour se faire il choisit lui-même la cloche qui doit résonner dans le dernier mouvement, celui de libération et d’apothéose dans la lumière. Le public boude le concert et il a fallu distribuer des billets gratuitement pour remplir la salle. Musiciens et élèves du conservatoire assistent médusés au Finale, le chant de l’oiseau de la mort qui plane, puis les premiers murmures du chœur final en sa sublime prière ultime, vraie élévation, de la terre au paradis. Ainsi les épreuves passées sont le tremplin au salut, le passage vers l’éternité bienheureuse.
Si les spectateurs sont touchés, les critiques fustigent en général une écriture pompeuse, grandoliquente qui manque de personnalité, empruntant trop aux anciens Meyerbeer et Wagner en tête. Les contrastes « durs », les vertiges spectaculaires déconcertent et même agacent une bonne partie des soit disants spécialistes…lesquels ne détectent pas la modernité d’une écriture dont ils dénoncent la « fausse nouveauté ». Rare, Humperdinck, que Mahler avait invité, adresse au compositeur, une lettre admirative.

Itinéraire de la Symphonie n°2 « Résurrection »
Mahler a laissĂ© un texte qui explique le sens de sa symphonie de 1895. On peut y retrouver les Ă©lans et passions qui ont inspirĂ© sa symphonie n°1 Titan. Le premier mouvement Ă©voque les funĂ©railles du hĂ©ros qui s’est battu – il Ă©voque son bonheur terrestre (2è mouvement), mais aussi l’incrĂ©dulitĂ© et l’esprit de nĂ©gation qui l’ont saisi jusqu’à douter de tout mĂŞme de Dieu (Scherzo). Mais l’espoir revient (4è mouvement). Et le Finale (5è et dernier mouvement) dĂ©cide de son sort car il Ă©voque avec terreur et vertige l’Apocalypse, les dĂ©chus et les damnĂ©s qui hurlent, la chute de tous les hommes trop corrompus et lâches… (fracas et cri des cuivres) ; puis dans le silence, se prĂ©cise le chant de l’oiseau (le rossignol porteur de la vie terrestre) et le chĹ“ur des anges qui chante l’ivresse salvatrice de la rĂ©surrection (« tu ressusciteras! ») : l’amour submerge le cĹ“ur des Ă©lus et des mĂ©ritants ; le bonheur Ă©ternel apparaĂ®t comme une porte cĂ©leste attendue, espĂ©rĂ©e.

Portés par le cycle des 9 symphonies de Mahler, amorcé au début de ce mois de février par la Symphonie n°1 Titan (LIRE notre critique / concert du 1er février 2019), Alexandre Bloch et l’Orchestre National de Lille relisent avec une rare ardeur, l’écriture de Mahler, génie symphonique du XXè. Cet unique concert le dernier soir de février 2019 s’annonce comme un nouveau jalon majeur du cycle Mahler par l’Orchestre National de Lille et son directeur musical, Alexandre Bloch. 2è volet du cycle Mahler à Lille, incontournable.

 

 

 

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LILLE, Nouveau Siècleboutonreservation
Jeudi 28 février 2019, 20h

MAHLER : Symphonie n°2 « Résurection »
Kate Royal, soprano / Christianna Stotijn, mezzo-soprano
Orchestre National de Lille
Philharmonia Chorus
Alexandre Bloch, direction

RESERVEZ VOTRE PLACE
http://www.onlille.com/saison_18-19/concert/resurrection/

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A 18h45, rencontre mahlérienne insolite
entrée libre muni du billet du concert de 20h

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APPROFONDIR
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LIRE AUSSI notre présentation du cycle GUSTAV MAHLER par Alexandre BLOCH et l’Orchestre National de Lille 
 

LIRE aussi notre critique de la Symphonie TITAN par Kubelik (1979) :
http://www.classiquenews.com/gustav-mahler-symphonie-n1-titan-kubelik/

LIRE aussi notre compte rendu de la Symphonie TITAN par Ph Herreweghe et le JOA (Saintes, 2013, sur instruments d’époque)
http://www.classiquenews.com/compte-rendu-saintes-abbatiale-festival-le-13-juillet-2013-gustav-mahler-symphonie-n1-titan-joa-jeune-orchestre-atlantique-philippe-herreweghe-direction/

9ème Symphonie de Gustav Mahler à l'Opéra de ToursVOIR notre reportage VIDEO : Le JOA, Philippe Herreweghe jouent (sur instruments d’époque) la Symphonie n°1 de Gustav Mahler (été 2013, Saintes)
http://www.classiquenews.com/reportage-video-le-joa-jeune-orchestre-atlantique-interprete-la-titan-de-mahler-sous-la-direction-de-philippe-herreweghe-juillet-2013/
Le JOA Jeune Orchestre atlantique interprète la Symphonie Titan de Gustav Mahler. Le festival de Saintes 2013 s’ouvre avec un rendez vous symphonique incontournable : jouer Mahler sur instrument d’époque. Philippe Herreweghe pionnier des relectures historiques conquiert les sonorités étranges et familières, à la fois autobiographiques donc intérieures et aussi cosmiques soit flamboyantes, si spécifiques aux univers de Mahler, en assurant aux jeunes instrumentistes choisis du JOA Jeune Orchestre Symphonique, une approche très attendue des textures et étagements malhériens. A Saintes, lieu de résidence habituelle du collectif de jeunes musiciens, le travail se réalise sur une partition majeure du … XXème siècle. L’oeuvre date de 1889, ses espaces, horizons, perspectives qu’elle trace immédiatement, ainsi au diapason d’une subjectivité à l’échelle du cosmos, établissent de nouvelles règles qui abolissent les limites de l’espace, du temps, du son … en route pour la modernité complexe et si riche, captivante et vertigineuse du XXème siècle ! Concert incontournable. Grand reportage vidéo CLASSIQUENEWS.COM

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LILLE : l’ONL et Alexandre BLOCH jouent la Symphonie n°1 ” Titan ” de MAHLER

MAHLER Symphonies symphonies critique review classiquenews _gustav-mahler-grandhotel-toblach-dobbiaco_c36864daebLILLE, le 1er FEV 2019 : Symphonie TITAN de MAHLER. Voici le premier concert d’un cycle Ă©vĂ©nement qui devrait marquer la saison symphonique 2019. L’intĂ©grale des Symphonies de Gustav Mahler proposĂ© par Alexandre BLOCH, directeur musical de l’Orchestre National de Lille. La première symphonie de Mahler est composĂ©e de janvier Ă  mars 1888. Mahler a 28 ans. Comme compositeur, il a remportĂ© un premier succès avec Die drei Pintos d’après les esquisses inachevĂ©es de Weber. Il a toujours souhaitĂ© composer. Avec la Symphonie “Titan”, Mahler se met au diapason de la Nature, surpuissante, Ă©nigmatique, aussi dĂ©concertante que fascinante.
Alors chef d’orchestre au théâtre de Leipzig, il a profité de la période de deuil consécutive à la mort de l’Empereur Guillaume Ier, pour s’atteler à sa seule vraie passion : l’écriture. En découle, la composition de son “poème symphonique”. La création a lieu à la Philharmonie de Budapest, le 20 novembre 1889.
Comme Mozart et son Don Giovanni mieux compris hors de Vienne qu’en terre germanique, même cas de figure pour Gustav : ses œuvres ne sont pas acceptées ni en Autriche ni en Allemagne. Trop moderne, trop «  vulgaires », trop bavardes et autobiographiques.

  

 

 

Cycle Gustav Mahler Ă  LILLE
ALEXANDRE BLOCH présente la Symphonie TITAN,
PREMIER NÉ, INCOMPRIS (1888),
essai gĂ©nial Ă  l’Ă©chelle du Cosmos…

  

 

 

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Mais il semble que la création à Budapest n’ait pas été une expérience heureuse : Mahler laisse l’audience dans un climat d’incertitude, puis d’indignation. La claque est même sévère : « par la suite, tout le monde m’a fui, terrorisé, et personne n’a osé me parler de mon oeuvre! », écrit-il amer. En 1891, il rejoint Hambourg où il est nommé premier chef au Stadt-Theater. Il aura l’occasion de diriger à nouveau son œuvre, en octobre 1893, au programme « Titan, poème musical en forme de symphonie ». Le public applaudit quand la critique s’insurge contre la vulgarité d’une subjectivité excessive. De fait, de son vivant, la première symphonie restera un « enfant de douleur », une œuvre jamais vraiment comprise, ni analysée à sa juste mesure.

mahler gustav profil gustav mahler classiquenewsD’emblĂ©e dans cette première symphonie, amorce et annonce du cycle orchestral qui va suivre, et l’un des plus impressionnants pour le XXè – l’équivalent des symphonies de Beethoven pour le XIXè, le gĂ©nie dĂ©miurgique et visionnaire de Mahler s’impose avec une hauteur de vue inouĂŻe. Comme s’il Ă©tait en prĂ©sence des forces primitives universelles, celles qui dĂ©cident de l’avenir et du temps, de la Nature et donc de l’humanitĂ©, Mahler ressent tout cela Ă  l’échelle du cosmos : la Titan est une dĂ©claration de crĂ©ation, le chant d’une Ă©nergie et d’une puissance premières, Ă  l’aube des mythes fondateurs. L’ampleur du souffle comme le raffinement de l’orchestration, avec des alliances de timbres somptueuses, nous saisissent littĂ©ralement. Tout dĂ©coule de ce « printemps naissant et qui ne finit pas » dont parle le compositeur.
Le destin, le mystère de l’univers, le bouillonnement primordial qui sont à la source de toute genèse s’expriment ici, mais avec l’espoir d’une pleine conscience aiguisée (1er mouvement et sa fanfare d’ouverture, qui placée dans la coulisse convoque la résonance du cosmos…) ; avec une charge parodique, finalement sombre voire désespérée et fantastique « à la Calot » (à l’évocation du cortège des animaux de la forêt dans le 2è mouvement: s’y précise l’idéalisme enivré, la dépression ironique… en un bain de sentiments mêlés qui n’appartiennent qu’à l’auteur) ; avec un sentiment personnel de ressentiment, d’amertume voire de souffrance chaotique (très perceptible dans la polyphonie complexe et très moderne du 3è mouvement, à partir de la mélodie « Frère Jacques », décalée, déconstruite, sublimée…). Comment de la même manière passer sous silence, les étagement vertigineux du dernier mouvement, le plus long presque 20 mn (selon les versions et lectures), où les cuivres somptueux comme spectaculaires font imploser le cadre symphonique légué par Beethoven, Brahms… Jamais le langage symphonique, après Wagner s’entend, ne fut aussi marqué et coloré par une sensualité empoisonnée, vénéneuse, d’une lascive et pénétrante torpeur. Exigeant, expérimentateur et poète sonore unique comme singulier, Gustav Mahler ne cesse au fur et à mesure des auditions de son œuvre, de reprendre instrumentation et orchestration, en particulier en 1897, puis en 1906.

Hugo Papbst éclaire le travail de Mahler sur le métier de la Titan : « A propos de l’utilisation des timbres et des notes écrites pour chaque instrument, en particulier dans la partie extrême de leur tessiture, les écrits de Mahler sont éloquents : il s’agit pour le musicien de travailler la pâte instrumentale, d’inaugurer en quelque sorte une nouvelle gamme de résonances, un travail exceptionnel dans la matière et la texture, comme le ferait un peintre, en plasticien réformateur, sur le registre des tons et des nuances de la palette : « Plus tard dans la Marche, les instruments ont l’air d’être travestis, camouflés. La sonorité doit être ici comme assourdie, amortie, comme si on voyait passer des ombres ou des fantômes. Chacune des entrées du canon doit être clairement perceptible. Je voulais que sa couleur surprenne et qu’elle attire l’attention. Je me suis cassé la tête pour y arriver. J’ai finalement si bien réussi que tu as ressenti toi-même cette impression d’étrangeté et de dépaysement. Lorsque je veux qu’un son devienne inquiétant à force d’être retenu, je ne le confie pas à un instrument qui peut le jouer facilement, mais à un autre qui doit faire un grand effort pour le produire et ne peut y parvenir que contraint et forcé. Souvent même, je lui fais franchir les limites naturelles de sa tessiture. C’est ainsi que contrebasses et basson doivent piailler dans l’aigu et que les flûtes sont parfois obligées de s’essouffler dans le grave, et ainsi de suite… », précise-t-il à son amie, Nathalie Bauer-Lechner, en 1900.
Passionnante explication qui nous immerge dans la magie du grand chaudron symphonique.

  

 

 

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ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE
Cycle intĂ©grale Mahler / saison 2018 – 2019

Vendredi 1er février 2019
LILLE, Auditorium du Nouveau Siècle, 20h

MAHLER, Symphonie n°1 « TITAN »
couplé avec (en ouverture du concert) :
MOZART
Ouverture des Noces de Figaro
Concerto pour cor et orch n°4
Rondo pour cor et orchestre
(soliste : Alec Franck-Guillaume, cor)

Orchestre National de Lille / Alexandre BLOCH, direction

RESERVER VOTRE PLACE
http://www.onlille.com/saison_18-19/concert/titan/

 
 
  
 
 

Programme joué auparavant en tournée :
En région
Pas de billetterie O.N.L / billetterie extérieure
Dunkerque Le Bateau Feu
mardi 29 janvier 2019 Ă  20h
Infos et réservations au 03 28 51 40 40 ou sur lebateaufeu.com

Valenciennes Le Phénix
jeudi 31 janvier 2019 Ă  20h
Infos et réservations au 03 27 32 32 32 ou sur lephenix.fr

  

 

    

 

 

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LIRE AUSSI notre présentation du cycle GUSTAV MAHLER par Alexandre BLOCH et l’Orchestre National de Lille 
 

LIRE aussi notre critique de la Symphonie TITAN par Kubelik (1979) :
http://www.classiquenews.com/gustav-mahler-symphonie-n1-titan-kubelik/

LIRE aussi notre compte rendu de la Symphonie TITAN par Ph Herreweghe et le JOA (Saintes, 2013, sur instruments d’époque)
http://www.classiquenews.com/compte-rendu-saintes-abbatiale-festival-le-13-juillet-2013-gustav-mahler-symphonie-n1-titan-joa-jeune-orchestre-atlantique-philippe-herreweghe-direction/

9ème Symphonie de Gustav Mahler à l'Opéra de ToursVOIR notre reportage VIDEO : Le JOA, Philippe Herreweghe jouent (sur instruments d’époque) la Symphonie n°1 de Gustav Mahler (été 2013, Saintes)
http://www.classiquenews.com/reportage-video-le-joa-jeune-orchestre-atlantique-interprete-la-titan-de-mahler-sous-la-direction-de-philippe-herreweghe-juillet-2013/
Le JOA Jeune Orchestre atlantique interprète la Symphonie Titan de Gustav Mahler. Le festival de Saintes 2013 s’ouvre avec un rendez vous symphonique incontournable : jouer Mahler sur instrument d’époque. Philippe Herreweghe pionnier des relectures historiques conquiert les sonorités étranges et familières, à la fois autobiographiques donc intérieures et aussi cosmiques soit flamboyantes, si spécifiques aux univers de Mahler, en assurant aux jeunes instrumentistes choisis du JOA Jeune Orchestre Symphonique, une approche très attendue des textures et étagements malhériens. A Saintes, lieu de résidence habituelle du collectif de jeunes musiciens, le travail se réalise sur une partition majeure du … XXème siècle. L’oeuvre date de 1889, ses espaces, horizons, perspectives qu’elle trace immédiatement, ainsi au diapason d’une subjectivité à l’échelle du cosmos, établissent de nouvelles règles qui abolissent les limites de l’espace, du temps, du son … en route pour la modernité complexe et si riche, captivante et vertigineuse du XXème siècle ! Concert incontournable. Grand reportage vidéo CLASSIQUENEWS.COM

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LIRE aussi notre ENTRETIEN avec Alexandre BLOCH au sujet de Mahler et de sa première symphonie

Intégrale événement à Lille
Les 9 Symphonies de Gustav Mahler
Un Eldorado symphonique Ă  LILLE

 

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ENTRETIEN avec Alexandre BLOCH. L’IntĂ©grale Mahler en 2019

cycle-mahlerENTRETIEN avec ALEXANDRE BLOCH… A quelques mois du dĂ©but du cycle Mahler Ă  Lille, le directeur musical de l’Orchestre national de Lille, Alexandre Bloch, alors qu’il dirigeait Ă  Innsbruck, la 7è Symphonie, nous expliquait en novembre 2018, pourquoi se lancer Ă  partir du 1er fĂ©vrier 2019 dans une intĂ©grale Gustav Mahler… Un cycle qui s’annonce dĂ©jĂ  spectaculaire et passionnant. L’aventure promet d’ĂŞtre une expĂ©rience orchestrale particulièrement saisissante : Ă©tagement des pupitres, spiatialisation de l’orchestre, prĂ©sence des choeurs, de solistes, souffle opĂ©ratique, instrumentarium singulier qui dĂ©voile la recherche expĂ©rimentale d’un compositeur visionnaire… Mahler Ă  Lille est l’Ă©vĂ©nement symphonique de l’annĂ©e 2019.

 

 

 

 

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Quel est le sens du cycle dans son entier, croisé avec la vie du compositeur ?

ALEXANDRE BLOCH : Les symphonies de Mahler reconstituent le fil de sa propre vie ; chaque opus est en lien avec ses aspirations les plus profondes, son expérience, les étapes aussi de sa vie amoureuse… en cela la rencontre avec Alma aura évidemment marqué l’homme et son œuvre. Comme en d’autres moments de sa vie, les lettres à Nathalie Bauer auront beaucoup renseigné sur la composition, le processus d’écriture et de conception ; Gustav Mahler s’y dévoile et explique son écriture. De partition en partition, on suit l’évolution du langage ; Mahler ne cesse d’explorer toujours plus loin de nouveaux mondes sonores, il ne cesse de repousser les possibilités de l’orchestre ; son instrumentarium est constamment modifié, renouvelé ; il s’intéresse aussi à la place des percussions, ou à la technique instrumentale… Prenez par exemple le cas de la 7è Symphonie, celle que je travaille actuellement à Innsbruck, en particulier dans le Scherzo qui fait entendre un énorme piz aux contrebasses, et les violoncelles qui sont notés « 5 f » : Mahler innove, et réalise déjà le fameux piz bartokien.

Pour comprendre l’univers mahlérien, il est intéressant de se remettre dans le rythme de l’époque et suivre le musicien, dans sa vie de chef, de directeur d’opéra et de compositeur… Mahler le chef dirigeait l’hiver quand le compositeur écrivait l’été. Comme directeur de l’Opéra de Vienne, il a dirigé nombre d’opéras et d’oeuvres symphoniques ; sa culture était prodigieuse et sa connaissance des instruments de l’orchestre, particulièrement affûtée. Tout cela l’a mené à l’expérimentation ; il a laissé des annotations très précises et souvent ses partitions étaient jugés « injouables ».
J’ai effectué un long travail de relecture des sources et des manuscrits originels, en particulier pour retrouver ce rubato viennois propre à l’époque de Mahler au début du XXè siècle. Il est essentiel de veiller au bon tempo, à l’articulation ; c’est la mission du chef de rétablir la clarté du propos.

 

  

 

Intégrale événement à Lille
Les 9 Symphonies de Gustav Mahler
Un Eldorado symphonique Ă  LILLE

 

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Pourquoi avoir choisi pour première intégrale avec l’Orchestre National de Lille, les symphonies de Mahler ?

ALEXANDRE BLOCH : C’est une conjonction de plusieurs facteurs. Nous souhaitions choisir un répertoire adapté aux dimensions de l’orchestre. L’Orchestre national de Lille permet la réalisation d’œuvres gigantesques. L’échelle du gigantisme est un challenge et la source d’une excitation qui porte tous les musiciens moi compris. Cela exige beaucoup en concentration comme sur le plan physique. Et souvent, il y a des moments de grâce et de jubilation que le public ressent aussi.
Par ailleurs, dans le cadre de Lille 3000, le thème retenu en 2019 est l’Eldorado. Or chaque symphonie de Mahler dessine tout un monde sonore, et le cycle entier est une odyssée, … certainement la plus impressionnante et passionnante du XXè. Rien de mieux pour exprimer l’idée d’un Eldorado… que l’écriture symphonique de Mahler. Nous aborderons donc les opus de façon chronologique, avec la 1ère Symphonie Titan le 1er février 2019, soit 130 ans après sa création.

 

 

 

 

On note la place de la voix dans certaines symphonies – les 4 premières, puis la 8è. Quelle en serait pour vous la signification ?

INTEGRALE MAHLER à LILLEALEXANDRE BLOCH :L’opéra est présent dans l’écriture symphonique de Mahler. Comme chef à l’Opéra de Vienne, il était familier des plus grands ouvrages de Mozart, de Wagner dont il a dirigé Tristan und Isolde, opérant en tant que directeur, la réforme du concert et des conditions de représentation que l’on sait. La dramaturgie, la couleur de certaines séquences orchestrales sont très proches de l’opéra. Il faut toujours avoir en mémoire le rythme de Mahler : chef et directeur d’opéra l’hiver, puis l’été, compositeur de symphonies. L’un et l’autre activités se mêlent, elles sont interdépendantes.
L’autre élément qui porte les symphonies est la Nature dont il a exprimé le souffle, le mystère, le rugissement aussi. Mahler change constamment les tonalités d’une mesure à l’autre, avec une versatilité qui peut désorienter, mais qui porte des états émotionnels et psychologiques d’une rare profondeur. Il y a une hypersensibilité chez Mahler qui remonte certainement à son enfance ; Son épouse Alma a relaté la rencontre du compositeur avec Freud. Mahler enfant aurait été marqué par des scènes très violentes entre ses parents ; où son père frappait sa mère.
Dans sa jeunesse, il cite à de nombreuses reprises un joueur d’orgue de barbarie et aussi des chansons populaires… tout cela a nourri un monde sonore lié à son enfance et que l’on entend dans ses œuvres. Il y a un caractère versatile, parodique, ironique voire schizophrène chez Mahler. L’auditeur comme l’interprète doivent identifier tout cela pour en mesurer la richesse. Mais le plus impressionnant chez lui, c’est le parcours élaboré du début à la fin, où la voix quand elle est présente semble transcender l’expérience offerte, vers une élévation, comme c’est le cas de la Symphonie n°2 « Résurrection » (à l’affiche à Lille, le 28 février 2019).

 

 

 

 

Quelles sont les grands chefs mahlériens qui vous inspirent ?

ALEXANDRE BLOCH :Il y a bien sûr Leonard Bernstein pour son côté humain et généreux, sa fraternité et son optimisme ; Rattle pour son respect de la partition, son sens du détail, son sens de l’écoute ; Abbado pour sa profondeur et son mysticisme, une économie qui écarte toute exubérance ; enfin, et surtout Bernard Haitink dont je garde un souvenir durable de sa vision de la 7è Symphonie lors du MahlerFest 1995 à Amsterdam : or je dirige actuellement la partition à Innsbruck. Sa vision, son métier sont de l’or pour l’interprète et le chef que je suis.

 

 

 

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Vous venez d’être prolongé comme directeur musical de l’Orchestre National de Lille (jusqu’en 2024). Qu’apporte selon vous pour les musiciens de l’Orchestre, et aussi pour le public, cette intégrale Mahler ?


©smartphony2_328px_18-19ALEXANDRE BLOCH : C’est une formidable opportunité pour moi et les musiciens de l’orchestre : nous allons mener un travail de fond. Là où Brahms est davantage joué, Mahler est tout autant convoité, attendu (car on sait qu’au moment de chaque concert, il va se passer quelque chose) mais terriblement exigeant. Actuellement notre phalange se renouvelle ; les nouveaux musiciens arrivants profitent de cette aventure pour adhérer au groupe. Les instrumentistes apprennent à se connaître au sein de chaque pupitre. D’autant que pour notre intégrale Mahler et pour chaque symphonie, nous travaillerons la cohésion de chaque pupitre, avec en moyenne des temps de répétitions préalables, supérieurs à l’habitude (10 jours au lieu de 7). Il s’agit de réaliser pour chaque session, une formidable expérience symphonique pour le public. J’ai souhaité renforcer encore le lien entre les spectateurs et l’orchestre : rv le 2 février à 18h30, pour la 2è édition de « Smartphony », dédiée à la Symphonie n°1 que nous aurons dirigée la veille : avec son mobile allumé, le spectateur répond aux sollicitations du chef et s’immerge dans les secrets de la partition ; puis, écoute la symphonie, portable éteint, en connaissance de cause. Mahler se prête très bien à cette nouvelle expérience qui renouvelle le format du concert et son accessibilité pour tous. A noter : 2è session de Smartphony, le 2 février 2019 : à la découverte de la Symphonie Titan de Gustav Mahler :
http://www.onlille.com/saison_18-19/concert/smartphony/

 

 

 

Entretien réalisé en novembre 2018

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LIRE aussi notre présentation du cycle MAHLER par l’Orchestre National de LILLE et Alexandre BLOCH
http://www.classiquenews.com/lille-onl-lintegrale-mahler-2019/

 

 

 

LIRE aussi notre prĂ©sentation de la Symphonie n°1 TITAN par Alexandre BLOCH et l’Orchestre National de Lille / le 1er fĂ©vrier 2019 : http://www.classiquenews.com/symphonie-n1-titan-de-mahler-a-lille/

 

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L’INTEGRALE GUSTAV MAHLER : Symphonies n°1 Ă  9
par L’ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE
ALEXANDRE BLOCH, direction

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Illustrations : Ugo Ponte / Orchestre National de Lille / Visitez le site ONL INSTAGRAM pour suivre en photos l’actualitĂ© de l’Ă©popĂ©e symphonique de l’Orchestre National de Lille

CD, coffret événement. MAHLER / RATTLE / BERLINER PHILHARMONIKER : 6è Symphonie

mahler-rattle-symphony-symphonie-6-berliner-philharmoniker-annonce-review-critique-cd-par-classiquenewsCD, coffret événement. MAHLER / RATTLE / BERLINER PHILHARMONIKER : 6è Symphonie. En guise d’adieux, comme directeur musical du Philharmonique de Berlin, Simon Rattle enregistre ici la 6è de Mahler, en juin 2018 (mise en regard de leur enregistrement précédent en 1987). Evidemment la comparaison laisse se préciser plusieurs points esthétiques d’importance. Dont surtout une prise de son moins compacte et uniforme en 2018, avec un travail remarquable sur le détail et la ciselure de chaque mesure, révélant l’évolution du chef, d’architecture parfois dur à ses « débuts », quoique très engagé, vers un souffle intérieur filigrané, qui en 2018 montre une vive attention à l’énergie et l’activité de l’ombre qui sous-tend l’ensemble de la cathédrale orchestrale.
Pour un dernier enregistrement entre Rattle et l’Orchestre berlinois, le choix de la 6è peut se rĂ©vĂ©ler curieux : pas d’ample Ă©lan vocal et choral, pas de conclusion triomphale, dans la lumière ; plutĂ´t l’emprise du doute, de l’ombre, de l’inquiĂ©tude ; lesquels concluent le Finale, vif, acĂ©rĂ©, tranchant mĂŞme comme un coup du destin plus assĂ©nĂ© et subi… qui laisse interrogatif. Rattle s’est appropriĂ© le sens du dĂ©veloppement Ă  travers les 4 mouvements : il fait des questionnements de Mahler lui-mĂŞme sur sa vie et sur l’écriture symphonique, un terreau riche en idĂ©es, un fourmillement de sentiments mĂŞlĂ©s et contradictoire d’oĂą l’issue salvatrice ne surgit rĂ©ellement jamais. Pour Ă©clairer ce magma de forces sombres voire lugubres (coup de hache du marteau au cri sourd et froid, voire glacial), le chef Ă©tage et Ă©quilibre idĂ©alement les pupitres surdimensionnĂ©s des cuivres, des percussions… qui creusent davantage l’âpretĂ© et la tension constante du dĂ©veloppement. Les couleurs du destin (cors, trombones, tuba mais aussi vents dont les bassons…) sont magnifiques, leur dĂ©finition dans la totalitĂ© sonore, remarquable de prĂ©cision et de relief. De ce vortex Ă  la fois amer et majestueux, se dĂ©tache Ă©videmment le mouvement lent, – le seul vĂ©ritable avec celui de la 4è prĂ©cĂ©dente-, une pause oĂą s’alanguit et s’affirme l’idĂ©e du songe, suspendu, attendri avec Ă©videmment la citation de la nature (cloches des vaches) : le prĂ© Ă  vaches Ă©tant l’élĂ©ment central de ce ressourcement auquel aspire l’âme du poète compositeur, fuyant ce chaos de fin du monde, tel qu’il se prĂ©cise et s’enfle au dĂ©but du Finale justement. Rattle plus dĂ©taillĂ© que jamais, sans aucune duretĂ©, rĂ©tablit la morsure du destin, impitoyable machine Ă  broyer et soumettre. L’engagement du chef et sa complicitĂ© avec les instrumentistes du Berliner, en ce mois de juin 2018, atteignent un sommet d’expressivitĂ© incisive, aux Ă©lans Ă©perdus, fouillĂ©s, …assassinĂ©s, idĂ©alement bouleversants. Il fallait du courage pour conclure sur cette note lugubre et tendue, dĂ©pressive et presque maladive. Rattle y apporte toute son expĂ©rience et sa sensibilitĂ©, rĂ©alisant du maestrum mahlĂ©rien, un bain aux remous souterrains entre angoisse et impuissance mĂŞlĂ©es (de la part du hĂ©ros) qui convoquent le cosmos et laisse finalement dĂ©muni, dans le dĂ©pouillement quasi spectral de la fin. Somptueuse et courageuse fin de mandat.

 

 

 

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Le Berliner Philharmoniker n’a pas lésiné sur les moyens, réalisant une luxueuse édition discographique : le coffret à l’italienne, s’ouvre à gauche avec un boîtier très sobre contenant les 2 cd, soit les 2 versions de la 6è, celle de 2018, celle de 1987; le disc blu ray contenant les deux ; un double bonus video qui apporte les éclairages du chef sur l’oeuvre choisie et sur sa proximité et son travail avec les Berliner Philharmoniker, le temps de son mandat, de 2002 à juin 2018.
A droite, c’est un « an extensive companion book », un livre magnifiquement illustré récapitulant les temps forts de la direction de Rattle à Berlin, comme un journal de bord, avec le souvenir photographique des années de complicité et d’accomplissement musical.

 

 

 

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2 CDs + 1 Blu-ray Disc + Audio Download
Edition de luxe – 44,90 € (prix indicatif)

CLIC_macaron_2014Berliner Philharmoniker
Sir Simon Rattle, direction
Gustav Mahler : Symphonie n°6
CD 1: Recorded in June 2018 at the Philharmonie Berlin
CD 2: Recorded in November 1987 at the Philharmonie Berlin

Bonus videos
2 documentaires: “Echoing an Era: Simon Rattle and the Berliner Philharmoniker 2002–2018” (67 min)
Introduction by Sir Simon Rattle (10 min)

 

 

 
 

 

 

CD, coffret. BERLINER PHILHARMONIKER : Simon RATTLE / MAHLER : Symphonie n°6 (2 cd, 1 blu ray – Ă©ditions Berliner Philharmoniker recordings)

mahler-rattle-symphony-symphonie-6-berliner-philharmoniker-annonce-review-critique-cd-par-classiquenewsCD, coffret. BERLINER PHILHARMONIKER : Simon RATTLE / MAHLER : Symphonie n°6 (2 cd, 1 blu ray – Ă©ditions Berliner Philharmoniker recordings). La 6è de Mahler marque un tournant dĂ©cisif dans le travail de l’orchestre et du chef britannique : voici leur premier enregistrement de novembre 1987 ; puis celui de juin 2018, – soit 30 ans après, tel le volet de la saison des adieux, car Simon Rattle quitte le direction musicale Ă  l’étĂ© 2018 (après 16 annĂ©es d’une direction qui laisse pourtant mitigĂ©). C’est un apport rĂ©flĂ©chi qui trouve un Ă©cho prĂ©cĂ©dent d’une admirable profondeur, plus profonde, mieux ambivalente Ă  notre avis ; avec les annĂ©es, la sonoritĂ© s’est enrichie, atteignant une rondeur hĂ©doniste que n’aurait pas dĂ©savouĂ© Claudio Abbado. Mais qui a perdu son sens des contrastes et des vertiges intĂ©rieurs… Avec les annĂ©es, Rattle s’est comme assagi, optant en 2018 pour une lecture d’une perfection sonore très (trop) sĂ©duisante) ; mais en novembre 1987, il y avait un souffle d’une tension « wagnĂ©rienne », une âpretĂ© qui s’est attĂ©nuĂ©e avec les annĂ©es… La confrontation entre les deux lectures est passionnante et dĂ©voile l’évolution d’un travail en complicitĂ© et en approfondissement. Double vision en guise de testament artistique du chef qui tire sa rĂ©vĂ©rence, et fait ainsi ses adieux en juin 2018 par l’enregistrement, aux instrumentistes du Berliner Philharmoniker. Grande critique du coffret Symphonie n°6 de Gustav Mahler par Simon Rattle et le Philharmoniker Berliner, Ă  venir dans le mag cd dvd livres de classiquenews.com.

 
 
 

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CONTENU du coffret

 
 
 

Berliner Philharmoniker
Sir Simon Rattle, direction / conductor

Gustav Mahler : Symphony No. 6 

CD 1: Recorded in June 2018 from the Philharmonie Berlin
CD 2: Recorded in November 1987 from the Philharmonie Berlin

Bonus video:
Documentary: “Echoing an Era: Simon Rattle and the Berliner Philharmoniker,

2002-2018” (67 min)
Introduction by Sir Simon Rattle (10 min)

 
 
 

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Gustav Mahler: Symphony No. 6
2 CD + 1 Blu-ray + download / hardcover linen edition
Prix indicatif : 44, 90 euros

Contenu du coffret commémoratif
CDs 1&2 :
Gustav Mahler: Symphony No. 6
CD 1: Recording from 20 June 2018
CD 2: Recording from 15 November 1987
BLU-RAY DISC :
Concert Video: Symphony No. 6 from 20 June 2018 (83 min)
High resolution audio:
Symphony No. 6 from 20 June 2018
2.0 PCM Stereo 24-bit/96 kHz
5.1 DTS-HD MA 24-bit/96 kHz
Symphony No. 6 from 15 November 1987
2.0 PCM Stereo 24-bit/96 kHz
Bonus
· Documentary: “Echoing an Era – Simon Rattle and the Berliner Philharmoniker 2002–2018” (67 mins)
· Introduction by Sir Simon Rattle
Full HD 16:9 / PCM Stereo
5.1 Surround DTS-HD
Region Code: ABC (worldwide)
Accompanying booklet
72 pages / German, English
Download Code
For high resolution audio files of
the entire album (24-bit / up to 192 kHz)
Digital Concert Hall
7- Day Ticket for the Berliner Philharmoniker’s
virtual concert hall

 
 
 

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Plus d’infos sur le site du Berliner Philharmoniker :
https://www.berliner-philharmoniker-recordings.com/mahler-6.html

 
 
 

Compte-rendu, concert. Paris, Philharmonie. Le 19 octobre 2015. Mahler : Symphonie N°3. The Cleveland Orchestra. Jennifer Johnston (mezzo). Franz Welser-Möst (direction).

Foule des grands soirs Ă  la Philharmonie de Paris (Philharmonie 2) pour la venue de l’un des « Big Five » Ă©tatsuniens – le Cleveland Orchestra – dirigĂ© par son directeur musical, le cĂ©lèbre chef autrichien Franz Welser-Möst. Dès le grand fracas inaugural des huit cors, on reste impressionnĂ© par l’homogĂ©nĂ©itĂ© et la puissance de l’articulation.

 
 

Cleveland-Welser-Most

 
 
 

DĂ©bute alors un Ă©tat de grâce pour l’orchestre – comme pour les spectateurs – que l’on ne quittera pas de toute la soirĂ©e (1h40 sans entracte). Chaque pupitre se hisse Ă  son summum : Ă©lĂ©gance des cordes, sonoritĂ© expressive des instruments Ă  vents et infaillibilitĂ© des cuivres. Les trompettes et les trombones se couvrent notamment de gloire, Ă  commencer par le trombone solo de Massimo La Rosa, au timbre veloutĂ© et doux, Ă  lui seul porteur d’émotion, et la trompette de Michael Sachs, d’une virtuositĂ© Ă  toute Ă©preuve dans les soli du « Kräftig » initial ou ceux du « Comodo scherzando », dont la dernière note semble ne jamais finir…

Si l’on se doit de citer Ă©galement les percussions, saisissants par leur exactitude rythmique et stylistique, c’est bien la qualitĂ© collective de l’orchestre – et son extraordinaire Ă©quilibre de timbres – qui suscite ce soir notre admiration et soulève notre enthousiasme. Cependant, le moment le plus magique et bouleversant de la soirĂ©e, on le doit bien Ă  la mezzo britannique Jennifer Johnston qui offre au public le plus beau « O Mensch ! » que l’on ait pu entendre : la tenue de la voix, la couleur du timbre, l’intelligence du phrasĂ©, la puretĂ© du grave, et surtout l’ineffable Ă©motion qu’elle parvient Ă  distiller par son chant, le public prĂ©sent s’en souviendra longtemps comme un pur moment d’éternitĂ©…

 
 

Compte-rendu, concert. Paris, Philharmonie. Le 19 octobre 2015. Mahler : Symphonie N°3. The Cleveland Orchestra. Jennifer Johnston (mezzo). Franz Welser-Möst (direction).

  

7ème Symphonie de Mahler par Riccardo Chailly

9ème Symphonie de Gustav Mahler à l'Opéra de ToursArte. Dimanche 28 juin 2015, 1h. Gustav Mahler : Symphonie n°7 de Mahler. La composition de la symphonie n°7 en mi mineur dite « Chant de la nuit » ou Chant de nuit, a coûté plusieurs nuits blanches et une telle énergie à Mahler qu’il a frôlé la dépression. La partition est créée en 1908 à Prague avec Mahler en personne à la baguette pour diriger le Philharmonique de Prague. Les 4e et 6e mouvements sont des nocturnes  enchantés et aussi inquiétants qui ont été écrits dès 1904 alors que Mahler travaillait sur la 6ème, autre symphonie  parmi les plus autobiographiques. Considérée comme la plus difficile des symphonies du maître viennois, la 7ème est moins jouée que les autres. Fervent admirateur de Mahler, Ricardo Chailly l’a intégrée en 2014 dans le cycle Mahler au répertoire de l’orchestre du Gewandhaus de Leipzig. Ce concert y a été enregistré le 28 février 2014. LIRE aussi notre dossier spécial Symphonies de Mahler

Symphonie de la nuit 

Mahler_gustav_profilLe propre de la 7 ème symphonie de Mahler est peut-ĂŞtre de ne prĂ©senter d’un premier abord aucune unitĂ© de plan. Cinq morceaux en guise de dĂ©veloppement progressif, avec au cĹ“ur du dispositif, le scherzo central, encadrĂ© par deux « nachtmusiken ». Pourtant, il s’agit bien d’un massif exceptionnel par ses outrances sonores, ses combinaisons de timbres, son propos original, certes pas narratif ni descriptif… PlutĂ´t affectif et passionnel, dont la texture mĂŞme, extrĂŞment raffinĂ©e, souhaite exprimer un sentiment d’exacerbation formelle et mĂŞme d’exaspĂ©ration lyrique. Un sentiment dans lequel Mahler dĂ©sire faire corps avec la Nature, une nature primitive et imprĂ©visible, constituĂ©e de forces premières et d’énergie vitale que le musicien restitue Ă  la mesure de son orchestre. Fait important parce que singulier dans son Ĺ“uvre, Ă  l’étĂ© 1904 oĂą il aborde la composition de cette montagne sonore, Mahler est dans l’intention de terminer sa 6 ème symphonie, or, ce sont en plus de la dite symphonie, les deux nachtmusiken qui sortiront de son esprit. Ces deux mouvements originaux Ă  partir desquels il structurera les volets complĂ©mentaires pour sa 7ème symphonie, achevĂ©e Ă  l â€Ă©tĂ© 1905, Ă  Mayernigg.

Les excursions dans le Tyrol du Sud lui sont favorables. Le contact avec l’élément naturel et minéral, en particulier des Dolomites, lui fait oublier la tension de l’activité à l’Opéra de Vienne dont il est le directeur. L’intégralité de sa 7ème symphonie est achevée le 15 août 1905.

La partition sera créée sous la direction du compositeur à Prague au mois de septembre 1908. L’accueil dès la création est des plus mitigé. La courtoisie des critiques et des commentaires, y compris des amis et proches, des disciples et confrères du musicien, dont Alban Berg et Alexandre von Zemlinsy, Oskar Fried et Otto Klemperer, présents à la création, ne cachent pas en définitive une profonde incompréhension. Le fil décousu de l’œuvre, son sujet qui n’en est pas un, l’effet disparate des cinq mouvements, ont déconcerté. Et de fait, la 7ème symphonie sans thème nettement développé, sans matière grandiose, clairement explicitée (en apparence), demeure l’opus le moins compris, le moins apprécié de l’intégrale des symphonies. D’ailleurs, le premier enregistrement date de 1953 ! En LIRE +

CD, compte rendu critique. Mahler : 7ème Symphonie (Dudamel, 2012)

dudamel mahler symphonie 7 deutsche grammophon simon bolivar symphpny orchestra classiquenews compte rendu critique cd avril 2015CD, compte rendu critique. Mahler : 7ème Symphonie (Dudamel, 2012). Suite du cycle Mahler par Dudamel : le chef vénézuélien, meilleur ambassadeur du Sistema d’Abreu, retrouve après une 5ème déjà somptueuse et cohérente (en 2007), la 7ème beaucoup plus mordante et âpre, contrastée et troublante, ironique mais rêveuse. L’éventail des affects symphoniques y est particulièrement trouble et subtil : il exige un chef mûr et très nuancé, introspectif sachant écarter bavardage et pathétique démonstratif. Avec la 6ème, certainement la plus autobiographique de Mahler, le discours orchestral atteint des sommets de poésie intime (ce malgré le nombre impressionnant d’instrumentistes). L’onctuosité crémeuse des cordes (très fournies) est un argument de choc : le Bolivar est de facto très impressionnant par sa pâte sonore. Face à l’engagement félin voire carnassier (donc idéalement aigre d’un Solti chez Decca), Dudamel séduit par sa parfaite architecture, la justesse de sa direction carrée, maîtrisée, affirmée sans lourdeur. Il y manque encore cependant le doute et l’angoisse, la gravité d’une âme qui se sent perdue, donc échevelée / angoissée, en panique crépusculaire : où s’insinuent la fragilité, l’effroi et le vertige qu’apporte un Kubelik (l’un de nos préférés, chez Deutsche Grammophon).

Vertus du Scherzo…

Le geste est rond, superbement Ă©loquent mais l’intonation manque de sincĂ©ritĂ© parfois, malgrĂ© une sĂ©duction hĂ©doniste de la sonoritĂ©. Pour preuve, l’excellent Scherzo plutĂ´t très convaincant. Après deux premiers mouvements oĂą le chef peine Ă  exprimer clairement ses idĂ©es, le Scherzo affiche une toute autre Ă©vidence Ă©lectrisĂ©e grâce outre l’engagement global et Ă  l’unisson flexible des cordes parfaitement enfiĂ©vrĂ©es,  d’une tenue impeccable,  prĂ©cises,  contrepointant les cuivres et les bois, chef et instrumentistes expriment cette houle entre inquiĂ©tude,  lyrisme Ă©chevelĂ©,  apaisement tendre. .. vite rattrapĂ©s par l’aiguillon grimaçant des trompettes bouchĂ©es. Cette sincĂ©ritĂ© de ton, la finesse dynamique et la grande subtilitĂ© expressive dans l’Ă©tagement des plans dĂ©voilent un tout autre Dudamel … entier,  rĂ©flĂ©chi, trouble d’une transe riche et nuancĂ©e qui Ă©gale ce que fit avant lui LĂ©onard Bernstein. C’est dire. Soudainement le tissu sonore semble habitĂ©,  investi par un flux organique Ă©tonnement naturel et habitĂ©. La valeur de cet enregistrement tient beaucoup Ă  cette rĂ©ussite liĂ©e au mouvement ainsi dĂ©terminant.

De toute évidence, s’il travaille encore, Dudamel à des choses à nous dire chez Mahler pour notre plus grande satisfaction. Cycle à suivre : ce jalon est un indicateur prometteur.

Gustav Mahler (1860-1911): Symphonie n°7. Simón Bolívar Symphony Orchestra of Venezuela. Gustavo Dudamel, direction. 1 cd  Deutsche Grammophon 0289 479 1700 7. Durée : 1h18mn.

Compte rendu, concert. Toulouse. Halle-aux-grains, le 20 mars 2015. Gustav Mahler (1860-1911) : Lieder eines fahrenden Gesellen ; Hans Rott (1858-1884) : symphonie n°1 en mi majeur ; Florian Sempey, baryton ; Orchestre National du Capitole de Toulouse ; Marc Minkowski, direction

Mahler portrait sideCe concert placĂ© par Marc Minkowski sous le signe de la jeunesse de deux Ă©lèves du Conservatoire de Vienne dans les annĂ©es 1880, cherche Ă  les rassembler quand tout, semble les opposer. Le cycle de quatre lieder de Gustav Mahler, sur des poèmes dâ€Arnim et de Brentano tirĂ© du recueil Le cor merveilleux de lâ€enfant, est un vĂ©ritable chef dâ€oeuvre. L’émotion poignante qui se dĂ©gage des poèmes est ennoblie par une orchestration d’une subtilitĂ© inouĂŻe. RĂ©cemment Ă  Toulouse, le grand Jonas Kaufmann nous en avait proposĂ© une version chambriste bouleversante. Ce soir câ€est une voix de baryton, et non de tĂ©nor, qui sera celle de Mahler. Car on ne peut oublier que le compositeur, amoureux Ă©conduit, a mis tout le romantisme de sa jeunesse dans cette composition et a partagĂ© les affres du hĂ©ros, il avait 25 ans lorsqu’il dĂ©buta la composition de ces lieder.

Mahler / Rott : GĂ©nie de l’un, talent de lâ€autre
Minkowski engagĂ©, sans dĂ©licatesse…

Le jeune baryton Florian Sempey a su interprĂ©ter avec noblesse ces lieder dans un allemand fluide. La voix est très homogène, capable de belles nuances. L’art du chant du baryton est superbe et la ligne donne corps au texte. Marc Minkowski retrouve l’Orchestre du Capitole qu’il connaĂ®t bien, il en exploite toutes les richesses de timbres et couleurs, abusant de force et un peu avare de dĂ©licatesse. La lenteur des tempi, et un peu trop de pathos alourdissent l’oeuvre mĂ©lancolique de Mahler qui a cherchĂ© Ă  mettre une sorte de distance avec la dimension romantique du mal dâ€amour de jeunesse.

La dĂ©couverte de la première symphonie de Hans Rott terminĂ©e 5 ans avant les Lieder eines fahrenden Gesellen n’a pas manquĂ© de nous intĂ©resser. Ce collègue et ami de Mahler, est surtout un brillant Ă©lève de Bruckner, un admirateur de Wagner et Brahms. Cette Ĺ“uvre de jeunesse est intĂ©ressante mais ne se dĂ©colle pas des modèles des maitres. Les grands aplats de groupes dâ€instruments comme chez Bruckner, crĂ©e un son compact. Les cuivres utilisĂ©s en force impressionnent souvent. Marc Minkowski très engagĂ© cherche Ă  donner puissance et force Ă  cette partition fleuve.
Lâ€absence de recherche de dĂ©licatesse finit hĂ©las par lasser. La longueur de la symphonie apparaĂ®t comme une marque de jeunesse, car certains moments manquent d’originalitĂ©. C’est peut ĂŞtre au niveau de l’utilisation des timbres et de l’association des instruments que le souvenir de la partition de Mahler entendue en première partie de concert s’avère cruel. La partition est puissante, l’effet du dĂ©but de la symphonie est très prometteur avec l’appel des trompettes et des cors sur fond dâ€arpèges des violons. Les grandes formes fuguĂ©es sont impressionnantes, les rythmes endiablĂ©s du Scherzo mettent tout l’orchestre en Ă©moi. Pourtant peu de surprises nous permettent de croire au gĂ©nie. La mort prĂ©maturĂ©e a certainement gâchĂ© le beau talent de Rott, mais en comparaison de Mahler, Bruckner ou Brahms, ce chainon manquant très intĂ©ressant reste scolaire dans cette Ĺ“uvre un peu longue.
Marc Minkowski a semblé prendre beaucoup de plaisir à faire découvrir cette partition et a su en exprimer toute la puissance. L’orchestre du Capitole a été merveilleux, résistant à cette déferlante de puissance sonore demandée avec vaillance et sachant conserver son élégance.

Compte rendu, danse. Paris. Palais Garnier, le 24 fĂ©vrier 2015. John Neumeier : Le chant de la Terre. Mathieu Ganio, LaĂ«titia Pujol, Karl Paquette, Nolwenn Daniel, Fabien RĂ©villion, Audric Bezard… Ballet de l’OpĂ©ra de Paris. Gustav Mahler, compositeur. Burkhard Fritz, Paul Armin Edelmann, chanteurs. Orchestre de l’OpĂ©ra de Paris. Patrick Lange, direction musicale.

Mahler_gustav_mahler_2007John Neumeier revient au Palais Garnier pour la crĂ©ation du ballet Le Chant de la Terre sur la cĂ©lèbre musique de Gustav Mahler inspirĂ©e des poèmes chinois du VIII ème siècle! Ses danseurs prĂ©fĂ©rĂ©s tels que Mathieu Ganio ou Karl Paquette tiennent les rĂ´les solistes pour cette première mondiale (il y a trois distributions, dont la plus jeune aussi nous interpelle). L’Orchestre de l’OpĂ©ra National de Paris dirigĂ© par le jeune chef Patrick Lange est accompagnĂ© par le tĂ©nor Burkhard Fritz et le baryton Paul Armin Edelmann interprĂ©tant les six lieder symphoniques. Une danse nĂ©oclassique savante et abstraite, non dĂ©pourvue d’un certain mysticisme et d’une mystĂ©rieuse tension sur scène, rĂ©gale l’audience, tous sens confondus.

 

 

 

Le Chant de la Terre, version chorégraphique au Palais Garnier

« Comme je voudrais, ami, savourer près de toi la beauté de ce soir. »

 

 

Gustav Mahler a une relation privilĂ©giĂ© avec le chorĂ©graphe et directeur du ballet de Hambourg. Le dernier rendez-vous parisien les rĂ©unissant a Ă©tĂ© la monumentale Troisième Symphonie de Mahler en 2013, créée en 1975 et rentrĂ©e au rĂ©pertoire du ballet de l’OpĂ©ra en 2009. L’annĂ©e 2015 voit la crĂ©ation de sa troisième commande, reçue de la maison nationale, après Magnificat et Sylvia en 1987 et 1997 respectivement. Le Chant de la Terre est aussi la dernière symphonie d’un Mahler superstitieux qui ne voulait pas la nommer ainsi (Ă  cause de la lĂ©gende des 9 symphonies : la plupart des compositeurs dĂ©cĂ©dant avant de composer leur 10è). Comme d’habitude chez le compositeur viennois, la musique a un caractère formel spĂ©cial, s’agissant en l’occurrence d’une sĂ©rie de 6 lieder symphoniques pour tĂ©nor et alto, ou plus rarement, comme ce soir d’ailleurs, pour tĂ©nor et baryton. Les textes sont des poèmes chinois anciens surtout de la plume du cĂ©lèbre poète Li Bai (oĂą Li Po), figure poĂ©tique d’envergure Ă  l’âge d’or chinois dans la dynastie Tang, mais aussi de Chang Tsi, Meng Haoran et Wang Wei, traduits et adaptĂ©s par Mahler.

 

Neumeier, maĂ®tre de son art, illustre ainsi en mouvements, les sentiments explorĂ©s par les poèmes, parfois blasĂ©s, parfois drĂ´les, toujours beaux, toujours nostalgiques. Mathieu Ganio, Karl Paquette et LaĂ«titia Pujol sont le trio d’Etoiles solistes. Si la relation entre eux paraĂ®t froidement ambiguĂ« au dĂ©but, elle s’expose progressivement sans pourtant jamais complètement se dĂ©voiler. Les deux derniers orbitent autour du premier, seraient-ils produits de son imagination ? Peu importe. Ce qui frappe l’audience depuis le dĂ©but et jusqu’Ă  la fin est un Ganio Ă  la belle extension, toujours merveilleusement nuancĂ© dans son expression. Pujol pourrait ĂŞtre un ange ou un fantĂ´me, elle impressionne par son style, et si son rĂ´le abstrait brille par une certaine froideur, son investissement est loin d’être glacial. Une figure Ă©thĂ©rĂ©e qui, virtuose, va et vient, que veut-elle ? On ne sait pas.
On en sait pas plus sur le rĂ´le de Paquette. C’est toujours un partenaire solide et fiable, surtout par rapport aux portĂ©s redoutables de Neumeier. Est-il aussi un fantĂ´me ? Ou un fantasme ? Nous remarquons une certaine tension entre Paquette et Ganio lors de leurs nombreuses interactions. Cette tension donne davantage d’intĂ©rĂŞt Ă  la prestation gĂ©nĂ©rale, si belle et si abstraite et pourtant tout aussi illustrative et technique. Les sentiments qui lient les deux personnages se prĂ©sentent donc comme un secret ; seraient-ils de cet amour qui n’ose -toujours- pas dire son nom, … encore en 2015 ? Encore une fois on ne sait pas, mais ceci n’est pas essentiel. L’important est que Neumeier sache stimuler et captiver l’auditoire avec son art, aussi riche que mystĂ©rieux.

 

Qu’en est-il du Corps de Ballet parisien et des couples demi-solistes ? Florian Magnenet souffrant a la chance d’ĂŞtre remplacĂ© par un Fabien RĂ©villion, sujet, en grande forme. L’audience a tout autant de chance, Ă  notre avis. Son partenariat avec Nolwenn Daniel est rĂ©ussi malgrĂ© l’imprĂ©vu. Si les beaux costumes de Neumeier donnent une espèce de cohĂ©sion chromatique au premier degrĂ©, les personnalitĂ©s et talents distincts au sein de la troupe des danseurs se rĂ©vèlent tout aussi fortement : saluons ainsi  Audric Bezard et Vincent Chaillet, sĂ©duisants, le premier avec un je ne sais quoi d’envoĂ»tant capable de lignes fantastiques, le deuxième excelle dans le langage de Neumeier ; il est mĂŞme fabuleux lors de son solo au 5e mouvement, avec des sauts impressionnants, une prĂ©sence remarquable, une agilitĂ© superlative. Si le Corps du Ballet ne paraĂ®t pas toujours, Neumeier offre au collectif, plusieurs ensembles, dont le superbe troisième chant/mouvement, le plus orientalisant et dans la musique et dans la danse. Ces jeunes danseurs seront distribuĂ©s en vĂ©ritable solistes le 3 et 10 mars, Ă  dĂ©couvrir !

 

FĂ©licitons Ă©galement l’Orchestre de l’OpĂ©ra dirigĂ© par Patrick Lange, ainsi que les chanteurs lyriques : Burkhard Fritz et Paul Armin Edelmann, tous excellents dans leur interprĂ©tation de la partition mahlĂ©rienne, quelque peu adaptĂ©e au service de la chorĂ©graphie. Nous invitons nos lecteurs Ă  dĂ©couvrir cette nouvelle production, Ă  se dĂ©lecter dans le langage gĂ©omĂ©trique et parfois exotique, mais toujours d’une grande beautĂ© nĂ©oclassique, d’un Neumeier qui pense ne plus jamais chorĂ©graphier Mahler ! L’occasion d’entendre une fabuleuse partition et de revoir nos meilleurs danseurs ! Le Chant de la Terre version Neumeier est Ă  l’affiche du Palais Garnier les 24, 25, 26, 27 et 28 fĂ©vrier ainsi que les 2, 3, 4, 5, 6, 9, 10, 11 et 12 mars 2015.

 

 

 

CD, annonce. Mahler : Symphonie n°7 par Gustavo Dudamel chez Deutsche Grammophon (annoncé le 12 janvier 2015)

mahler symphonie 7 gustavo dudamel _ simon bolivar symphony orchestra 1 cd Deutsche grammophon critique annonce classiquenewsCD, annonce. Mahler : Symphonie n°7 par Gustavo Dudamel chez Deutsche Grammophon (annoncĂ© le 12 janvier 2015). TĂ©nèbres symphoniques selon Gustav Dudamel… Après la 6è, – Symphonie du destin, “tragique”, la 7ème Symphonie de Gustav Mahler prolonge les confessions orchestrales du plus grand symphoniste du dĂ©but du XXème (avec Richard Strauss). AmorcĂ©e Ă  l’Ă©tĂ© 1904, achevĂ©e dans les Dolomites Ă  Schluderbach près de Toblach, la 7ème prend forme après  une genèse douloureuse. Mahler qui avait composĂ© les deux Nocturnes, Ă©crit dans la foulĂ©e, en juin 1905, les 1er, 3è et 5è mouvements; c’est une partition marquĂ©e par l’ombre, la nuit, la mort, l’Ă©preuve obligĂ©e donc douloureuse du renoncement. Le fantastique fantomatique et dĂ©lirant du Scherzo central, le climat satirique amoureux du second Nachtmusik, l’ascension irrĂ©sistible et Ă©blouissante du Finale composent l’un des cycles symphoniques les plus modernes de tout l’oeuvre de Mahler. DĂ©sespĂ©rĂ©e mais palpitante, la matière de la 7ème offre aussi, surtout un formidable parcours des TĂ©nèbres absolues vers la “grand jour” du Finale (comme le prĂ©cise Mahler lui-mĂŞme). Qu’en sera-t-il de la lecture du venezuelien Gustavo Dudamel, chef prodige, issu du Sistema dans l’une des symphonies les plus difficiles et complexes de Mahler ? Le chef retrouve son orchestre symphonique Simon Bolivar du Venezuela…  RĂ©ponse le 12 janvier 2015. Grande critique du cd ” Mahler 7 : Gustavo Dudamel ” Ă  venir dans le mag cd, dvd, livres de classiquenews…

Gustavo Dudamel en concert Ă  Paris
En concert Ă  Paris, nouvelle Philharmonie de Paris, les 24 et 25 janvier 2015. Le 24 janvier, 20h30 : puis le 25 Ă  16h30.
Consultez aussi la première saison 2015 de la Philharmonie de Paris.

OSE, le nouvel orchestre de Daniel Kawka joue Mahler

Kawka_daniel_OSE_orchestreOrchestre OSE. Daniel Kawka. Concert Gustav Mahler. Ce jour, Ă  Saint-Priest (69, 17h), le chef Daniel Kawka offre un sublime programme Gustav Mahler avec son nouvel orchestre OSE et la complicitĂ© du baryton Vincent Le Texier… Ose est le nouvel orchestre fondĂ© par le chef Daniel Kawka. Fonctionnement coopĂ©ratif, dialogue et Ă©galitĂ© parmi les musiciens forment un nouveau type de collectif dont les valeurs partagĂ©es assurent une nouvelle qualitĂ© d’interprĂ©tation. Pour sa première tournĂ©e (en RhĂ´ne-Alpes, puis Ă  Aix en Provence au Grand Théâtre en septembre 2014), chef et instrumentistes abordent l’amour et la mort du chant mahlĂ©rien (avec la complicitĂ© du baryton Vincent Le Texier)… Le Chant MahlĂ©rien : mort Ă  Venise met en lumière la flamme crĂ©pusculaire d’un Mahler Ă©prouvĂ©, accablĂ© et finalement, subtilement transfigurĂ© … alchimie des timbres, Ă©quilibre des pupitres, dynamiques et balances rĂ©investies, souci du phrasĂ© spĂ©cifique, le travail des musiciens d’Ose dĂ©fendent avec passion et transparence l’un des programmes mahlĂ©riens les mieux conçus Ă  ce jour. En lire +

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programme

1ère partie

Kindertoten Lieder / Chants pour voix et orchestre
(20 min environ)

Symphonie n°10, Adagio / Pour orchestre seul
(25 min environ)

Entracte

2ème partie
Ruckert Lieder / Chants pour voix et orchestre
(25 min environ)

Symphonie n°5, Adagietto « Mort à Venise »
Pour orchestre seul (10 min environ)

 

 

MAHLER_GUSTAV_UNE_veranstaltungen_gustav_mahler_musikwochen_024_gustav_mahler_musikwochen_bigAgenda 2014 :
TournĂ©e Gustav Mahler par l’Orchestre Ose
Vincent Le Texier, baryton
Daniel Kawka, direction
5 dates en janvier et février 2014
pour vivre le grand frisson wagnérien

Aprofondir:

Lire notre dossier spécial Rückert lieder (1901-1902)
Lire notre dossier spécial Kindertotenlieder (1901-1904)

 

OSE_logo_NOIR8 février 2014 : Théâtre Théo Argence, Saint Priest (69), 17h

Durée totale du concert: 1h40, avec entracte
Effectif: 80 musiciens
Chaque œuvre est précédée d’une lecture de lettres d’amour écrites de Gustav Mahler et adressées à Alma Mahler

Informations, rĂ©servations sur le site de l’Orchestre Ose

boutonreservation

Autre dates de l’Orchestre OSE en 2014 :
Programme Stravinsky, TchaĂŻkovski, Bizet
les 10, 11 et 12 juillet 2014

Festival Berlioz le 21 août 2014

Le programme Gustav Mahler : Mort Ă  Venise est repris le 30 septembre 2014 Ă  Aix :

30 septembre 2014 : Grand Théâtre de Provence (13)

 

 

Compte rendu, concert. Toulouse. Halle-aux-grains, le 17 janvier 2014. Carl Maria Von Weber (1786-1828) : Der Freischütz, ouverture ; Richard Danielpour (né en 1956) : Darkness in the ancient valley ; Gustav Mahler (1860-1911) : Symphonie n° 4 en sol majeur. Soula Parassidis, soprano ; Orchestre National du Capitole de Toulouse ; Giancarlo Guerrero, direction.

Mahler_gustav_mahler_2007Pour dĂ©buter ce concert, l’orchestre, un peu plĂ©thorique pour une oeuvre du premier romantisme, s’est lancĂ© sans finesse dans l’ouverture du FreischĂĽtz de Carl Maria Von Weber. Les instrumentistes ont semblĂ© presque pris au dĂ©pourvu avec des attaques parfois imprĂ©cises et des cors en ordre dispersĂ©. Les gestes Ă©nergiques du chef lui donnant presque un cotĂ© martial par moment.
Lui a fait suite une oeuvre contemporaine du compositeur amĂ©ricano-iranien Richard Daniel, Darkness in the ancient Valley. Cette Suite est construite comme la quatrième symphonie de Mahler avec en final un chant de soprano. Richement orchestrĂ©e, la partition ne manque pas d’allure en faisant rĂ©fĂ©rence Ă  Britten y mĂŞlant quelques Ă©lĂ©ments ethniques. Il y eut des moments d’une grande violence, dignes des musiques de films en CinĂ©mascope. La tragĂ©die de la vie des Iraniens est ainsi rendue perceptible avec un effet immĂ©diat, le compositeur aimant Ă  parler directement aux Ă©motions de l’auditeur. Le chant final confiĂ© Ă  une soprano est troublant. Une femme, parlant pour son pays, l’Iran, accepte par amour les coups presque mortels de son Ă©poux espĂ©rant toujours arriver Ă  se relever par la force de son amour. La voix de soprano assez corsĂ©e de  Soula Parassidis ainsi que sa diction tranchĂ©e sont très Ă©vocatrices des dangers encourus en Iran et de la force de la rĂ©sistance du peuple. Il s’agissait de la crĂ©ation française de cette pièce.

Après l’entracte la Quatrième Symphonie de Mahler a Ă©tĂ© proposĂ©e dans une interprĂ©tation immĂ©diate et hĂ©doniste par Giancarlo Guerrero. La beautĂ© de cette partition très lumineuse a ainsi resplendi, limpide mais sans ombres. Le trouble qui peut sourdre, la dĂ©rision et l’humour noir contenus dans certaines pages n’ont pas Ă©tĂ© invitĂ©s par un chef plutĂ´t soucieux Ă  tout moment de beautĂ© sonore. L’orchestre est très gĂ©nĂ©reux en somptuositĂ© de timbres et moins en nuances et subtilitĂ© de phrasĂ©s. Le premier mouvement dans un tempo prudent a dĂ©roulĂ© ses ensorcelants mĂ©lismes en toute candeur sans dĂ©rision ni gentilles moqueries lors des archets frappĂ©s ou les riches percussions. Le deuxième mouvement contenant une marche funèbre avec un premier violon en scordattura est restĂ© très Ă©lĂ©gant et joyeux sans jamais rien d’inquiĂ©tant ou de vraiment provoquant. Le troisième, Ruhevoll,  eut la beautĂ© des songes avec une avancĂ©e de tapis volant sans jamais rien de trop profond.  Le final a Ă©tĂ© un peu dĂ©cevant par son manque d’humour mais la partition jouĂ©e ainsi au premier degrĂ© avec une soprano au chant ferme reste un pur joyaux mettant en valeur le gĂ©nie d’orchestrateur de Mahler et la virtuositĂ© de l’orchestre du Capitole. L’Ă©vocation de l’ambivalence de l’enfance n’a mĂŞme pas Ă©tĂ© effleurĂ©e. Cette version solide et avant tout centrĂ©e sur le beau son, a Ă©tĂ© bien accueillie par le public. Mais nous nous sommes souvenus de l’interprĂ©tation si complète sur bien des plans, y compris quant Ă  l’ambivalence de l’image du paradis enfantin, donnĂ©e par ce mĂŞme orchestre autrement plus engagĂ© sous la baguette de Tugan Sokhiev très inspirĂ© en mars 2010…

Toulouse. Halle-aux-grains, le 17 décembre 2014. Carl Maria Von Weber (1786-1828) : Der Freischütz, ouverture; Richard Danielpour (né en 1956) : Darkness in the ancient valley ; Gustav Mahler (1860-1911) : Symphonie n° 4 en sol majeur. Soula Parassidis, soprano ; Orchestre National du Capitole de Toulouse ; Giancarlo Guerrero, direction.

Compte-rendu : Bordeaux. Auditorium de Bordeaux, le 26 septembre 2013. Purcell, Mahler … Orchestre National Bordeaux Aquitaine. Paul Daniel, direction.

Paul Daniel PortraitPremier concert de la nouvelle saison de l’ONBA, l’Orchestre National Bordeaux Aquitaine qui dĂ©bute sa saison symphonique Ă  Bordeaux avec un nouveau directeur musical : le chef anglais Paul Daniel (photo ci dessus). D’une longue trajectoire, il a collaborĂ© avec le compositeur Michael Tippett, entre autres. Sa prĂ©sence au disque concerne surtout la musique vocale, mais aussi le rĂ©pertoire symphonique anglais. Lors de la prĂ©sentation de son projet artistique avec l’Orchestre National Bordeaux Aquitaine, la maestro a rĂ©vĂ©lĂ© sa prĂ©dilection pour la musique romantique et contemporaine, comme sa volontĂ© d’insertion sociale  et son souci de diversitĂ©, au sein de l’orchestre comme et avec le public. 

 

Une saison d’ampleur et de nouveautĂ©

 

En effet, il compte inviter des femmes chefs d’orchestre et des jeunes chefs mais aussi explorer et faire dĂ©couvrir la musique contemporaine aux bordelais. De mĂŞme, l’orchestre entrera en contact avec de nouveaux publics, sur place Ă  l’OpĂ©ra et Ă  l’Auditorium de Bordeaux mais aussi hors de ces lieux familiers ; dans son dĂ©sir d’insertion et d’Ă©largissement de l’expĂ©rience et de l’activitĂ© musicale, Paul Daniel propose des concerts gratuits, invitant toute l’Ă©chelle socio-Ă©conomique Ă  dĂ©couvrir le bonheur de la musique classique et les qualitĂ©s de l’Orchestre National Bordeaux Aquitaine.

La saison 2013-2014 dĂ©bute avec un concert symphonique, mais aussi choral, tout Ă  fait exemplaire.  C’est une sorte d’avant-goĂ»t des ambitions de la saison remplie de temps forts et d’Ă©vĂ©nements immanquables ! Certainement un pari gagnĂ© avec Paul Daniel ; les mois qui viennent nous le diront.

Au rendez-vous de ce soir, voici Purcell et Mahler, chiaroscuro et solennitĂ© pleins de maestria et de caractère. Le programme commence avec la Musique pour les funĂ©railles de la Reine Mary de Henry Purcell, père de la musique anglaise. Purcell a composĂ© une musique Ă  la solennitĂ© rayonnante, aux effectifs pourtant rĂ©duits pour l’occasion. Une marche et une canzona purement instrumentales ainsi qu’une mise en musique d’un texte liturgique. Paul Daniel a dĂ©cidĂ© d’inclure Ă©galement un extrait choral du compositeur anglais de la renaissance Thomas Morley. Dans cet extrait « Man is born », les voix masculines du choeur rĂ©duit enchantent par leur sombre dignitĂ©. Purcell s’accorde brillamment au style antique de Morley avec « You knowest, Lord, the secrets of our heart » mais injecte de sublimes harmonies tout Ă  fait particulières. La marche et la canzona sont interprĂ©tĂ©s magistralement par les musiciens, nous remarquons surtout la canzona d’une beautĂ© sĂ©vère et austère mais aussi d’une grande difficultĂ© pour les cuivres. A ce prĂ©ambule baroque, s’enchaĂ®ne directement le premier mouvement de la 2e symphonie de Gustav Mahler.

RĂ©surrection de l’Orchestre National Bordeaux Aquitaine

Le premier mouvement est une sorte de marche funèbre (il s’agĂ®t Ă  l’origine d’un poème symphonique) en forme de sonate modifiĂ©e. Dès le dĂ©but, l’orchestre joue avec une sĂ»retĂ© Ă©tonnante. Le sens de l’Ă©preuve existentielle si typique Ă  Mahler est prĂ©sentĂ© de façon impeccable sous la direction de Paul Daniel. Les permanentes transitions entres les tĂ©nèbres post-wagnĂ©riennes et un lyrisme bucolique et quelque peu pompier sont plus subtilement exprimĂ©s encore. Les vents sont puissants ; les bois, d’une teinte pastorale et les cuivres Ă©poustouflants. Nous retenons notamment les excellentes flĂ»tes et trompettes.

Le deuxième mouvement est un andante moderato de grande beautĂ© et limpiditĂ©. Les cuivres apportent un cĂ´tĂ© sombre et sensuel pourtant. Les cordes jouant en pizzicato accompagnĂ©es du piccolo instaurent une ambiance presque enfantine, une certaine innocence mais non dĂ©nuĂ©e d’humour. Le troisième mouvement en forme de scherzo n’est pas sans rappeler le Mendelssohn de l’ouverture « Les HĂ©brides », notamment par les cordes et la clarinette. Un certain aspect folklorique juif se mĂ©lange ici avec le pathos obligatoire et poussĂ© si cher aux post-romantiques. L’orchestre passe facilement du massif brouhaha brucknĂ©rien Ă  l’intimitĂ© de la chambre pour revenir Ă  l’intensitĂ© bruyante avec un fortissimo peut-ĂŞtre trop fort vers la fin du mouvement.

Ensuite nous trouvons la contralto française Nathalie Stutzmann au quatrième mouvement « Urlicht ». Il s’agĂ®t originellement d’un lied, et si le mouvement est court il est davantage saisissant. Surtout grâce Ă  la voix puissante et idiosyncratique de Stutzmann ainsi qu’Ă  la prestation du premier violon. Ce court mouvement prĂ©pare au cinquième et dernier mouvement choral (qui est aussi le plus long, plus de 30 minutes!) oĂą participe Ă©galement la soprano soliste Henriette Bonde-Hansen. L’inspiration formelle beethovĂ©nienne est Ă©vidente mĂŞme si le langage est complètement diffĂ©rent. La couleur orchestrale est exploitĂ©e Ă  l’extrĂŞme et de façon spectaculaire, le son est distinct mais la cohĂ©sion n’est jamais compromise.

Dans une  remarquable cohĂ©rence, jamais l’Orchestre National Bordeaux Aquitaine n’a semblĂ© jouer avec autant de suprĂ©matie, de virtuositĂ©. Après un dĂ©but sobre arrive le triomphe brillant et glorieux, la rĂ©surrection ! (le surnom programmatique de la symphonie est prĂ©cisĂ©ment « RĂ©surrection »). Une marche pompeuse du mouvement a, dans la lecture de Paul Daniel, une sonoritĂ© presque Elgarienne, ce qui rehausse le charme de la partition. La fanfare revient plus tard, et si Mahler a conçu tout un programme mĂ©taphysique pour la symphonie, cette marche Ă©voque plus un hĂ©roĂŻsme de pacotille qu’une expĂ©rience religieuse. Le sentiment mystique arrive avec les choeurs de l’OpĂ©ra National de Bordeaux et de l’Orfeon PamplonĂ©s, au dĂ©but très solennels mais gagnant en intensitĂ© avec le solo pour soprano Ă  la fois sentimental et lumineux. A partir de ce moment, les frissons nous submergent en permanence. Stutzmann se joint Ă  la soprano ; puis un violon Ă©lĂ©giaque sert de prĂ©lude aux choeurs revenants. Nous sommes au sommet de l’expressivitĂ© et du drame dans le duo des chanteuses auquel s’ajoutent les choeurs en crescendo. L’effet est d’une incroyable et inclassable beautĂ©, les frissons se complètent de larmes inĂ©luctables devant tant de talent et de majestĂ©. L’extase de la fin touche les cĹ“urs de l’auditoire et des interprètes qui sont aussi en larmes.

Après le concert nous sommes de surcroĂ®t enthousiasmĂ©s par la riche programmation de la saison 2013-2014 oĂą l’Orchestre National Bordeaux Aquitaine devrait briller. L’excellente direction du chef Paul Daniel, mĂ©langeant subtilitĂ© et vivacitĂ©, est inspiratrice et allĂ©chante.

Les prochains concerts sont dĂ©jĂ  fortement attendus ! Le 9 et 11 octobre, il revient Ă  l’Auditorium cette fois-ci avec la soprano Heidi Melton pour un concert dĂ©diĂ© Ă  Wagner. Des extraits de Tannhäuser, Tristan et Isolde et Le CrĂ©puscule des dieux seront au rendez-vous. Nous en sommes impatients et invitons tous nos lecteurs Ă  dĂ©couvrir et redĂ©couvrir la force et les couleurs de l’Orchestre bordelais.

Les 28 et 29 novembre suivants, le pianiste Bertrand Chamayou, artiste associĂ© de la saison, sera aussi Ă  l’Auditorium pour un concert prometteur associant des Ĺ“uvres de Richard Strauss (dont le Burlesque pour piano et orchestre) Ă  la 9e symphonie de Dvorak.

Les 22 et 23 janvier, Paul Daniel aborde avec le violoniste franco-Serbe Nemanja Radulovic  Mendelssohn et Haydn ainsi que le compositeur anglais Eric Coates, rarement entendu en France. Des Ă©vĂ©nements Ă  ne surtout pas rater, vous pouvez consulter le programme de la saison sur le site de l’OpĂ©ra National de Bordeaux.  Bordeaux nouvelle capitale symphonique : nous sommes prĂŞts Ă  relever le pari ! Rendez-vous dans quelques semaines pour un premier bilan critique.

Bordeaux. Auditorium de Bordeaux, le 26 septembre 2013. Nathalie Stutzmann, contralto. Henriette Bonde-Hansen, soprano. Choeur de l’OpĂ©ra National de Bordeaux, Choeur de l’Orfeon PamplonĂ©s. Orchestre National Bordeaux Aquitaine. Paul Daniel, direction.

Compte-rendu : Saintes, Abbatiale. Festival, le 13 juillet 2013. Gustav Mahler : Symphonie n°1 ” Titan “. JOA, Jeune orchestre Atlantique. Philippe Herreweghe, direction.

Philippe Herreweghe portraitDepuis ses premières sessions Ă  l’Abbaye aux Dames de Saintes, le JOA Jeune Orchestre Atlantique ne cesse de porter toujours plus loin les apports bĂ©nĂ©fiques des instruments d’Ă©poque dans l’interprĂ©tation des partitions classiques et romantiques; rien n’Ă©gale en Europe la formation ainsi proposĂ©e aux jeunes instrumentistes venus du monde entier pour y suivre les conseils de l’Ă©quipe pĂ©dagogique, de façonner et perfectionner leur propre jeu sous la conduite des chefs aujourd’hui reconnus dans l’approfondissement du texte musical (Minkowski, Rousset, LangrĂ©e, David Stern,  Christophe Coin … sont les derniers chef invitĂ©s Ă  diriger l’orchestre des jeunes musiciens Ă  Saintes).
Cette annĂ©e, volet toujours très attendu du festival estival, le JOA ose aller plus loin encore ; il repousse le cadre chronologique des pĂ©riodes classiques et romantiques …  jusqu’Ă  la Symphonie n°1 Titan de Gustav Mahler (1889) … un nouveau dĂ©fi post romantique se dresse face Ă  l’Ă©nergie et Ă  la curiositĂ© des apprentis musiciens et pour lequel s’engage aussi le chef flamand Philippe Herreweghe qui depuis sa crĂ©ation, suit les avancĂ©es et l’Ă©volution de l’orchestre.

La prĂ©paration des instrumentistes est assurĂ©e d’abord par Catherine Puig, violoniste au sein de l’Orchestre des Champs ElysĂ©es et ici, responsable pĂ©dagogique. Sensibiliser les jeunes Ă  la sonoritĂ© d’Ă©poque, au jeu, au style, mais encore Ă  l’esthĂ©tique de l’oeuvre dans son contexte, sans omettre toutes les contraintes et les dĂ©fis du jeu collectif… – l’Ă©coute, la disponibilitĂ©, l’Ă©nergie-, sont des vertus propices au dĂ©passement ; car au moment du concert, ce samedi 13 juillet sous la voĂ»te de l’Abbatiale, le public attend un niveau musical au moins aussi impliquĂ© et convaincant que celui des phalanges constituĂ©es depuis des annĂ©es, tels Les Siècles, et Ă©videmment l’Orchestre des Champs ElysĂ©es, lui-mĂŞme fondĂ© par Philippe Herreweghe … et pionnier parmi les premiers orchestres sur instruments anciens.

 

 

Titan maîtrisée à Saintes

 

Sous la baguette de Philippe Herreweghe, le nouveau programme dĂ©fendu par le JOA a triomphĂ© : il reste pour le festival l’une de ses meilleures soirĂ©es symphoniques.

Comment agissent les quelques 80 jeunes instrumentistes rĂ©unis pour cette Titan dont le seul nom impressionne dĂ©jĂ  ? Justement a contrario de ses promesses, c’est un jeu mesurĂ© infiniment nuancé  et d’une constante intĂ©rioritĂ© qui domine les trois premiers mouvements … avant que n’explosent littĂ©ralement tensions, rĂ©sistances, espĂ©rances du hĂ©ros, dans le dernier et quatrième Ă©pisode, le plus long (18mn) comme le plus pĂ©rilleux (en raison des Ă©tagements et spacialisations des pupitres avec lesquels joue le compositeur en bâtisseur rĂ©solument moderne) : les cuivres (trombones, trompettes, tuba Ă  droite du maestro) sont rugueux et suggestifs ; les cors (6 Ă  sa gauche) superbes de rondeurs noble et attendrie ; la direction aux mouvements d’une perpĂ©tuelle activitĂ© prĂ©serve la lisibilitĂ© des plans, cette Ă©loquence spĂ©cifique de chaque instrument (malgrĂ© le nombre des musiciens), en particulier le triangle, la harpe, et tous les bois d’une pĂ©tillante et heureuse vitalitĂ© (flĂ»te, clarinette, hautbois sont d’un mordant toujours ciselĂ©). On savait Mahler divin orchestrateur : le geste libĂ©rĂ© et prĂ©cis du chef nous rappelle combien Gustav fut aussi un expĂ©rimentateur gĂ©nial, l’Ă©gal en ce sens de Stravinsky, annonçant sous bien des aspects, Chostakovitch : ses alliances de timbres saisissent par leur aciditĂ© gĂ©nĂ©reuse, leur âpretĂ© expressive choisie, entre cynisme, lyrisme, sincĂ©ritĂ©, parodie…. les mondes de Mahler sont dĂ©jĂ  tous pressentis dans ce premier opus si personnel, entre amertume, souffrance, tendresse, espĂ©rance.

Le mystère captive dès l’ouverture avec ses trompettes invisbles au formidable chant lointain (3 trompettistes situĂ©s derrière le pilier de droite) ; l’ivresse du second mouvement enchante ; dans le troisième volet, la citation de la mĂ©lodie ” Frères Jacques ” dont Mahler fait une marche funèbre, enivre ; puis, c’est surtout le dernier mouvement qui s’impose par son architecture vaste et dĂ©taillĂ©e ; tout l’art du chef s’accomplit ici en presque 20 mn d’une progression constante oĂą cordes, cuivres, vents ne s’affrontent pas mais s’interpĂ©nètrent au diapason d’un coeur Ă©chevelĂ©, aux accents d’une rancoeur irrĂ©pressible Ă  laquelle rĂ©pond dĂ©finitivement l’immense et croissante espĂ©rance finale.  C’est assurĂ©ment ce bouillonnement instrumental, vĂ©ritable creuset et forge sonore que dĂ©voile Philippe Herreweghe, en son cheminement certes contrariĂ© (riche en soubresauts, en vagues expressionnistes, en dĂ©veloppements convulsifs imprĂ©vus …) mais inĂ©luctablement tournĂ© vers la lumière conclusive. Le geste est ample, la sonoritĂ© Ă©clatante et fondue,  d’un fini souvent jubilatoire. Aucun doute que confrontĂ©s Ă  ce massif orchestral, les jeunes musiciens ont pu approfondir leur pratique et leur comprĂ©hension d’une oeuvre clĂ© dans la maturation de l’un des plus grands symphonistes du XXème siècle.

Les rendez-vous symphoniques font aussi le lustre du festival de Saintes. Cette Titan (en sa dĂ©mesure magistralement nuancĂ©e), parfaitement Ă  sa place sous la voĂ»te de l’Abbatiale, est outre le dĂ©fi de sa rĂ©alisation, un instant d’une indĂ©niable rĂ©ussite, Ă  marquer d’une croix blanche dans l’histoire du festival et du JOA.

Prochaine soirée symphonique à Saintes pendant le festival, le 20 juillet 2013 : concert de clôture, symphonie n°4 de Johannes Brahms. Orchestre des Champs Elysées. Philippe Herreweghe, direction (couplé, le Concerto pour violon avec Thomas Zehetmair, violon).

Compte-rendu : Toulouse. Halle aux Grains, le 27 juin 2013. Mahler : Symphonie n°4 en sol majeur. Mojca Erdmann, soprano ; Orchestre Philharmonique de Radio France. Myung-Whun Chung, direction.

Mahler portrait sideFaire précéder la 4ème symphonie de Mahler par un extrait de la messe en ut de Mozart, a l’avantage de mettre en valeur la voix de soprano, en établissant une filiation pleine de grâce entre les deux musiciens viennois que le temps sépare. Ils sont pourtant réunis par la voix de l’enfance. Mojca Erdmann, distille l’« Et Incarnatus est » avec beaucoup de pureté et une admirable technique vocale. Le timbre très adamantin fait merveille. Seul l’orchestre même s’il est réduit, reste un peu lourd pour Mozart.
Car l’Orchestre de Radio France est venu en force avec pas moins de 10 contrebasses. C’est une version savante et opulente de la Quatrième de Mahler que Myung-Whun Chung nous offre ce soir. Tout est donc gigantesque pour la plus intime des symphonies de Mahler.

Nous ne cacherons pas notre surprise et rendons les armes devant le résultat d’ensemble. Cette beauté sonore, cette puissance inhabituelle, permettent de très belles nuances, éclairent la symphonie  en magnifiant sa structure. Le détail des contre-chants, des thèmes secondaires et des formules répétitives s’en trouvent mises en valeur. Myung-Whun Chung dirige par cœur, et le regard libéré, il peut déployer ses gestes avec beaucoup d’élégance. Il laisse décoller de longues phrases et des envolées célestes enthousiasmantes. Toutefois le choix hédoniste de Myung-Whun Chung ignore les éléments grotesques et moqueurs de la danse macabre du Scherzo. C’est dans le mouvement lent que le chef est le plus convaincant. L’orchestre arbore une beauté sonore enviable, surtout aux cordes dont le velours est difficilement égalable. La manière dont les nuances sont parfaitement gérées et calculées au plus loin possible, offre des émotions fortes au public.
Le final permet de retrouver la soprano, Mojca Erdmann. Avec sensibilité et émotion, elle chante les paroles d’enfants. Elle rend bien le coté malicieux du texte. Son timbre clair et frais fait merveille. Sa musicalité, sa capacité d’écoute des instrumentistes, surtout les bois, permet à la délicatesse de la partition de déployer son charme paradisiaque.
Durant tout le concert, l’attitude des musiciens traduit une apparente décontraction, un vrai plaisir à jouer. Les rares scories instrumentales (en particulier les cors) ne viennent jamais gâcher la fine musicalité de l’ensemble. Les remarquables qualités de solistes du premier violon, alto et violoncelle et la beauté sonore de la flûte, clarinette et hautbois solo magnifient la partition.
Le bis choisi par Myung-Whun Chung est particulièrement intéressant. Le jardin féérique de « ma Mère l’ Oie » de Ravel a une double parenté avec Mahler. Le merveilleux se rencontre avec le paradisiaque et la beauté orchestrale repose sur la  même savante utilisation des timbres et des couleurs. Comme dans le début mozartien l’opulence sonore dans Ravel est inhabituelle avec une tendance à l’opacification de la texture. Mais les phrasés sont si sensuels et inspirés que Myung-Whun Chung  emporte une adhésion totale. N’a-t-il pas su par une geste suspendu à la fin de la symphonie, faire respecter un long silence musical après le dernier accord de harpe de la symphonie ?
Un très bel orchestre et un grand chef ont ainsi fermé la saison des grands interprètes avec brio, le public leur a fait un triomphe.

Toulouse. Halle aux Grains, le 27 juin 2013. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Et incarnatus est , extrait de la Messe en ut mineur K.427 ; Gustav Mahler ( 1860-1911) : Symphonie n°4 en sol majeur. Mojca Erdmann, soprano ; Orchestre Philharmonique de Radio France. Myung-Whun Chung, direction.

Gustav Mahler: 3 ème symphonie. (Rafael Kubelik)

Après avoir atteint le sentiment d’éternité et l’expérience de la résurrection, ni plus ni moins, dans l’ultime mouvement de sa deuxième symphonie, Mahler pour sa Troisième symphonie, conservant la nostalgie des hauteurs célestes, compose un partition qui logiquement se place à l’échelle du cosmos.
L’exaltation spirituelle et mystique développée dans la Deuxième symphonie, « Résurrection », le laisse à la même altitude, un état d’ascension vertigineux, cultivée ici avec une plénitude exceptionnelle (en particulier dans le Minuetto)
A 34 ans, l’homme qui se sent asphyxiĂ© par son activitĂ© comme directeur d’opĂ©ra, – Ă  Hambourg-, ne disposant que d’un temps trop comptĂ© pour composer, la seule activitĂ© qui compte rĂ©ellement, veut en se mesurant Ă  l’échelle universelle, dĂ©montrer sa pleine maturitĂ© de compositeur. Avec lui, le cadre symphonique gagne de nouveaux horizons, des perspectives jusque lĂ  inconnues. Affirmation d’un dĂ©miurge symphonique, la Troisième approfondit davantage le rapport unissant l’homme et la nature.

Pour mieux comprendre l’enjeu et le sens de la partition, Ă©voquons tout d’abord sa genèse.

A l’été 1895, Mahler retrouve son ermitage au bord du lac d’Attersee. La solitude recherchée, le désir de faire communion avec l’élément naturel, la contemplation de la nature lui inspire l’une des partitions les plus démesurées. La proche végétation entourant sa cabane de compositeur lui inspire le menuet Blumenstück (morceau de fleurs), déjà cité. La contemplation lui ouvre un univers de sensations inédites, en particulier le sentiment d’une pure jubilation suscitée sur le motif naturel. A la manière des impressionnistes qui ont renouvellé la perception du plein air et transformé radicalement les modes et règles du paysages, en recherchant toujours plus loin et plus intensément la véritable perception rétinienne sur le motif naturel, Mahler emprunte des chemins similaires. Rien ne compte davantage que cette retraite au sein du cœur végétal, dans la captation directe des éléments.
Conscient de l’immensité de la tâche à venir, il couche d’abord le déroulement d’un programme : le titre en est : « songe d’un Matin d’été ». C’est l’époque où il lit Nietzsche (le Gai savoir). Ses lectures lui donne des pistes formulées dans de nouveaux titres : « l’arrivée de l’été » ou « l’éveil de Pan » (dont le sujet annonce la trame de sa future 7ème symphonie, la plus personnelle de ses œuvres et intimement liée à sa propre expérience de la Nature). Finalement son premier mouvement, s’intitulera « le Cortège de Bacchus » : l’aspect dyonisiaque de l’élément naturel le touche infinement plus que la vision ordonnée d’une nature maîtrisée, à l’échelle humaine. L’univers mahlérien plonge dans le mystère et l’équilibre éternelement recommencé des forces en présence.
Au final, Mahler compose à l’été 1895, son premier mouvement ou partie I, de loin le plus ample et long prélude symphonique jamais écrit (plus de trente minutes), poussant plus loin le gigantisme de la Deuxième Symphonie, déjà fortement décriée. C’est que le point de vue des deux symphonies précédentes, est totalement différent : Mahler semble se placer à la droite de Dieu, contempler, embrasser, exprimer la grandeur indicible de la Création. Il compose ensuite les quatre mouvement qui suivent et qui constituent les trois quart de la Seconde partie.
A l’été 1896, Mahler affine les ébauches de 1895. Le premier mouvement précisera l’aspect de la nature comme assommée de Soleil, gavée et même emplombée de l’énergie de l’astre vital : c’est le temps où « toute vie est retenue et qu’aucun souffle n’agite l’air qui vibre et flamboie, ivre de soleil ». Bacchus paraît : pour incarner son essence orgiaque, libératrice des énergies fécondantes et primordiales de la nature, Mahler pense par référence à une harmonie, et cette musique de marche militaire,- tant entendue pendant sa jeunesse à Iglau-, pleine d’un panache dérisoire, désormais caractéristique de son écriture.
Sa correspondance avec son amie Nathalie Baueer-Lechner, et aussi les lettres adressĂ©es Ă  son aventure du moment, la cantatrice Anna von Mildenburg, tĂ©moigne de l’extase crĂ©atrice qui l’habite alors : « Ma Symphonie sera quelque chose que le monde n’a encore jamais entendu! Toute la nature y trouve une voix pour narrer quelque chose de profondĂ©ment mystĂ©rieux, quelque chose que l’on ne pressent peut-ĂŞtre qu’en rĂŞve! Je te le dis, certains passages m’effrayent presque. Il m’arrive de me demander si rĂ©ellement cela devait ĂŞtre Ă©crit. »
En juillet 1896, la matrice du premier mouvement est achevée et Mahler éclaire son disciple Bruno Walter de l’importance de qe qui a été réalisé : un accomplissement qui « dépassera toutes les limites admises ».
Sans être encore pleinement croyant au sens chrétien du terme, même si l’élévation et l’aspiration dont témoigne la Deuxième symphonie, nous laisse du compositeur, un témoignage bouleversant qui pourrait être celui d’un être traversé par le sentiment christique de la compassion et du pardon, Mahler affirme dans la Troisième symphonie, son culte viscéral pour l’élément naturel, un panthéisme primitif dont les fulgurances et les déflagrations salutaires, outre l’effet cathartique qu’ils ont du produire sur le compositeur qui souffrait de devoir travailler pour vivre et « jouer » le directeur de théâtre, indiquent que le lien qu’il cultive avec les forces de la nature, embrassées dans leur sauvageries régénératrices, sont l’aliment indispensable à son identité propre, comme l’est le lien qui unit l’enfant à la mère.

L’accueil de la partition jouĂ©e par morceaux, – deuxième mouvement interprĂ©tĂ© le 9 novembre 1896 par le Berliner sous la direction d’Arthur Nikkisch-, puis le 9 mars 1897, deuxième, troisième et sixième mouvements jouĂ©s par les mĂŞmes musiciens de la Philharmonie de Berlin sous la baguette de FĂ©lix Weingartner-, suscite une horde de critiques nĂ©fastes, absolument opposĂ©es Ă  la vulgaritĂ© de son style, Ă  ses outrances banales. La reconnaissance se prĂ©cisera six ans après sa crĂ©ation, le 9 juin 1902 par l’orchestre de Cologne sous la direction du compositeur de festival de Crefed en RhĂ©nanie. En prĂ©sence de Richard Strauss, Humperdinck, Willem Mengelberg, Max Von Schillings, Mahler connut son premier vĂ©ritable grand triomphe publique comme compositeur.


Kubelik, une vision exemplaire
kubelikDans l’Allegro initial, « Kräftig, entschieden » (avec force et décision), Kubelik doué d’un sens épique époustouflant, exprime la démesure titanesque de la vaste fresque à l’échelle du cosmos. Nous sommes spectateurs médusés, confrontés au combat, ou plus précisément au spectacle vertigineux des forces qui régissent le cycle grandiose de l’univers. L’hymne de la marche initiale clamé par les huit cors qui sert de clé de voûte à cette évocation où résonne le souffle et le chant des planètes, permet aussi à Mahler de citer le finale de la Première symphonie de Brahms (qui lui-même s’inspirait de l’Hymne à la Joie de Beethoven !). Mais à l’élévation des images convoquées correspond aussi l’enracinement terrestre qu’attestent le Cortège de Bacchus et ses réminiscences nettement plus « populaires », si parfaitement explicites dans les marches militaires et la musique de kiosque, dont Kubelik restitue la grandeur dérisoire, comparée à celle qui la dépasse de loin. Embrasser les deux dimensions ou les deux conceptions, terrienne ou cosmique, sensuelle ou spirituelle, créent une permanente confrontation, d’éblouissantes étincelles qui se font pépites d’incandescence tragique, de flamboyant lyrisme, grâce à l’orchestre Symphonique de la Radio bavaroise.
Kubelik libère le flot musical comme le dragon souffle des tempêtes d’un feu primordial. Par le chant souverain du trombone, il semble que musicien et chef partagent une même vision de la vie : celui qui a connu l’abîme profond de la désespérance, reconnaît le chemin parcouru et rétrospectivement, la force d’un tempérament qui malgré les assauts de la fatalité, n’a jamais perdu confiance dans ses propres ressources.

PassĂ© le sentiment plus apaisĂ© du tempo di menuetto (grâce aĂ©rienne) puis du comodo, Scherzando, Ohne Hast (instant de pure poĂ©sie personnelle oĂą Mahler se souvient d’un souvenir d’enfance : il y Ă©voque le monde animal souillĂ© par l’intrusion des hommes), Kubelik rĂ©tablit l’Ă©chelle du cosmos dans le quatrième mouvement : Sehr langsam, Misterioso, Durchaus ppp. Le texte chantĂ© par la contralto Marjorie Thomas revĂŞt le mĂŞme Ă©cho fascinant de l’Urlicht de la deuxième symphonie : c’est un chant de lamentation, un texte que Mahler emprunte Ă  Nietzsche (Chant de Minuit), quand Zarathoustra au comble du dĂ©sespoir sur le devenir de l’humanitĂ©, appelle Ă  mĂ©diter sur le sens de la catastrophe aux douze coups de minuit. Le chant sublime s’Ă©lève au coeur de la nuit, dans son immobilitĂ© incantatoire et hallucinĂ©e (respirations de l’orchestre) telle une rĂ©vĂ©lation, un appel Ă  l’Ă©ternitĂ©.

Ainsi pourront se rĂ©aliser la succession des deux derniers mouvements : l’innocence retrouvĂ©e du cinquième mouvement, enfin l’extase contemplative du dernier mouvement de plus de vingt minutes. Kubelik y trouve les termes justes d’une conclusion idĂ©ale : un pur sentiment de paix et d’apaisement. Mahler n’a-t-il pas jusque lĂ  exprimer ses craintes, ses peurs et ses paniques personnelles comme pour mieux, le temps venu, se dĂ©lecter d’un pur moment de bonheur, comme c’est le cas ici dans cette grandiose fin de cycle.

CD. Mahler: symphonie n°5. Kubelik

Gustav Mahler: 5 ème symphonie. (Rafael Kubelik)

Nouvelle symphonie, nouvel acte de foi… Mais aussi sombre et parfois douloureux soit-il, le chant mahlérien est un combat pour la vie. Même s’il exprime une amertume terrifiante voire vertigineuse, l’acte musical chez Mahler dépasse les contingences réelles et concrètes car, en dépit des rictus et des contractions de l’esprit malmené, s’élève une prière pleine d’espoir.
Genèse. La Cinquième n’échappe pas au sentiment de l’inéluctable et du fatalisme. Symphonie du destin certes, et même d’un accablement terrible que Mahler développera encore dans la Sixième dont l’acier s’écoule dans la gangue d’un désespoir encore plus sombre.  Mais les angoisses sont fondées car le destin ne l’a pas épargné. Il a faillit mourir dans la nuit des 24 au 25 février 1901, à cause d’une hémorragie intestinale, soignée in extremis par des docteurs vigilants.
A l’été 1902, revenu à Mayernigg, Mahler peut compter auprès de lui sa jeune épouse Alma, musicienne et pianiste, qui s’appliquera à copier au propre la partition de la nouvelle Symphonie. Selon un rituel bien réglé, le compositeur travaille dans un ermitage au cœur de la forêt, une cabane en bois, propice au contact direct avec le motif naturel, si précieux pour son équilibre et son inspiration. Pour lui témoigner son amour, le musicien dédie à sa femme adorée, le lied Liebst du um schönheit. Fin août, tout est écrit, et Mahler invite Alma à écouter toute la symphonie au piano.
L’hiver suivant permet les derniers ajustements. La remise de la copie définitive est effective à l’automne 1903. L’éditeur C.F. Peters lui propose de publier la partition. Autre indice favorable, la création est présentée au sein des Gürzenich Konzerte de Cologne, comme l’événement de sa saison 1904/1095.
Mais Mahler prit de doute sur l’orchestration finale de la Symphonie pourtant dĂ©jĂ  imprimĂ©e, dĂ©cide d’en reprendre le manuscrit: il y rectifie les dĂ©fauts d’une ouvrage qui est selon les mots d’Alma, une « symphonie pour percussions ».  Les versions se succèdent, et la dernière, celle de 1909, ne sera publiĂ©e qu’en 1964 !
Le patron de la société éditrice, Henrich Hinrischen, consterné par l’ampleur du déficit de la nouvelle Symphonie qui ne suscite pas le succès escompté, avait cessé toute nouvelle édition en dépit des promesses faites au musicien, de son vivant. Il est même prêt à supprimer les plaques d’impression et s’en ouvre au jeune Schönberg qui par réaction et consterné, écrit en 1912, un article de défense sur l’œuvre symphonique de Mahler.Auparavant la première a lieu à Cologne le 18 octobre 1904 par le Philharmonique de Cologne sous la direction du compositeur. Depuis la création triomphale de sa Troisième symphonie en 1902, Mahler jouit d’une renommée européenne. Or si le public applaudit, l’effet déconcerte les auditeurs et le lendemain, surtout lors de la création Viennoise, en 1905, les critiques se montrent à nouveau d’un violence néfaste et hargneuse.

Kubelik renforce le sentiment de rupture observĂ© dans la Cinquième. Rompre avec les enchantements d’hier (bercements du Knaben Wunderhorn) pour renouveler le langage d’autant plus violent et abrupt que les derniers Ă©vĂ©nements de la vie de l’auteur ont Ă©tĂ© tragiques. Il a eu le sentiment de jouer sa vie. L’orchestre fouille cette nouvelle odyssĂ©e qui puise dans la forme symphonique, et dans la volontĂ© de structuration de l’écriture (nombreux rappels thĂ©matiques, citations des motifs prĂ©cĂ©dents, rĂ©seau entre les Ă©pisodes, rĂ©expositions…), les Ă©lĂ©ments d’une mĂ©tamorphose de la sensibilitĂ© sous le jeu d’une prise de conscience renouvellĂ©e. Ainsi Mahler opte pour l’abandon de la forme sonate (dans le premier mouvement), pour des micros Ă©pisodes qui nourrissent la texture, le sentiment d’activitĂ©. Il y cite aussi les appels de la fanfare militaire dont il assistait, depuis la maison de ses parents Ă  Iglau, aux dĂ©monstrations cĂ©rĂ©monielles…
Le Scherzo affiche une santĂ© presque insolente : ample dĂ©veloppement de plus de 15 minutes, les mouvements de danse se fondent Ă  la marche de la nature, en un flamboiement sauvage. L’Adagietto, ce lied sans paroles qui suit, connu pour ĂŞtre l’emblème musical de Mort Ă  Venise de Visconti, se fait sous la baguette de Kubelik, ample respiration, irrĂ©pressible aspiration Ă  l’au-delĂ , dĂ©jĂ  prĂ©figuration du finale du Chant de la terre et du dernier mouvement de la Neuvième symphonie, ces tremplins vers l’éternitĂ© rĂŞvĂ©e.
Kubelik Ă©claire dans le cinquième et dernier mouvement, l’empressement d’en finir, et mĂŞme le climat d’euphorie qui emporte finalement la partition sur un air de victoire. Mais une victoire qui a conscience de son Ă©lan factice. Nature Ă©quivoque et pluralitĂ© des lectures, l’esprit de la Cinquième pose plus d’interrogations qu’elle ne rĂ©sout la problĂ©matique du hĂ©ros : elle est dans ce balancement sĂ©rieux/parodique Ă  l’échelle du monde, et exprime en miroir,  cet Ă©quilibre pĂ©rilleux et imprĂ©visible de forces chaotiques et antagonistes. Cette ambivalence structurelle, Kubelik l’a parfaitement comprise. C’est tout  ce qui donne sa saveur particulière Ă  son intĂ©grale Audite. Episme du hĂ©ros combatif, mais aussi cynisme liĂ© Ă  l’expĂ©rience profonde du malheur. Action/ impossibilitĂ©. Optimisme/obsessions. EspĂ©rance/aigreur et cynisme.

Ernst Van Bek – mercredi 21 juin 2006

Compte rendu, concert. Toulouse. Halle-Aux-Grains, le 6 décembre 2013. Gustav Mahler (1860-1911) : 9° Symphonie en ré majeur. Budapest Festival Orchestra. Direction, Ivan Fischer.

Diriger et jouer Mahler n’est pas donnĂ© Ă  tout le monde. Rendre justice Ă  sa 9° symphonie encore moins. Le Budapest Festival Orchestra, dirigĂ© par Ivan Fischer a ce soir Ă©tĂ© Ă  la hauteur des attentes du public venu très nombreux. Il parait vain en quelques lignes de parler des exigences d’une telle partition, unique entre les symphonies les plus complexes composĂ©es par Gustav Mahler. 

MAHLER_GUSTAV_UNE_veranstaltungen_gustav_mahler_musikwochen_024_gustav_mahler_musikwochen_bigNous dirons juste que rien d’aussi dĂ©licat et subtil n’a Ă©tĂ© Ă©crit par Mahler lui-mĂŞme. Faisant suite Ă  son extraordinaire Chant de la Terre, la neuvième symphonie a Ă©tĂ© composĂ©e en un temps record. Jamais retouchĂ©e par son compositeur, elle  n’a Ă©tĂ© créée qu’après sa mort le 26 juillet 1912 Ă  Vienne sous la direction de Bruno Walter.  L’orchestration est subtile, le discours est fluide et sans les insistances et redites de certaines symphonies. EncadrĂ©e par deux mouvements lents d’une absolue beautĂ©, cette symphonie en quatre mouvements a un rapport au silence inouĂŻ. Jamais il ne parait aussi Ă©vident que la musique naĂ®t du silence et y retourne comme l’eau de pluie va Ă  la mer. Comme la vie  elle-mĂŞme vient et va du nĂ©ant vers le nĂ©ant.

 

 

Sonorité métaphysique de la musique

 

 
 

Dès les premières mesures les violoncelles, les harpes et les cors bouchĂ©s, en une audace d’orchestration bouleversante, invitent Ă  cette comprĂ©hension quasi mĂ©taphysique de la musique. Tout est possible après un tel commencement, comme une naissance en toute quiĂ©tude dans le silence. Ce premier mouvement, vraie symphonie Ă  lui seul, exige tant d’attention et d’Ă©nergie du chef comme des instrumentistes, afin de permettre à  l’auditeur  de planer dans un entre deux incommunicable Ă  la fois berceuse de l’infini invitant au sommeil Ă©ternel et musique de l’introspection sur la finitude de tout et la paix de la mort. Ivan Fischer comprend tout ce que cette partition contient et nous la rend limpide. L’orchestre est merveilleux de concentration, de prĂ©cision et d’audaces assumĂ©es dans les couleurs et les nuances. L’Ă©coute est Ă©blouie et devient flottante devant tant de beautĂ© et d’intelligence. Après ce premier mouvement bouleversant, le chef sort quelques instants de scène afin de rĂ©cupĂ©rer et l’orchestre se raccorde, le public tousse et reprend conscience. Les deux mouvements mĂ©dians, dansants et provocants, rappellent toute la vanitĂ© de l’agitation du monde.
Ivan Fischer obtient de son orchestre, dans une relation de confiance de près de trente ans, de ne pas jouer joli. Ainsi les sons s’enhardissent  Ă  ĂŞtre laids et grotesques. Les sarcasmes sont dĂ©lurĂ©s ; le vulgaire de la vie est assumĂ©. Ces deux mouvements affreusement moqueurs crĂ©ent un contraste saisissant. Le final de cette symphonie est un hymne au repos et Ă  l’au-revoir acceptĂ© aux ĂŞtres, aux mondes et Ă  la musique mĂŞme. Le chant des violons, dĂ©chirants et oppressĂ©s ouvre un ocĂ©an de tendresse. L’immense Adagio dĂ©ploie ensuite son espace de mĂ©lancolie sublimĂ©e. Comme le dernier chant, l’Abschied, du Chant de la Terre, ce merveilleusement long mouvement de pure beautĂ© chante et dĂ©passe les cadres Ă©troits du normal. Un adieu ainsi distendu devient une vie Ă  lui seul. Devant tant d’Ă©motion, le demi-sommeil semble un refuge pour continuer Ă  penser sans s’effondrer. L’interprĂ©tation d’Ivan Fischer et son Budapest Festival Orchestra est admirable en tout. Intelligence des phrasĂ©s, beautĂ© des nuances, prĂ©cisions des attaques et du rythme. Les instrumentistes rivalisent d’une virtuositĂ© musicalement dĂ©chirante. Il faudrait citer chacun mais c’est le collectif de ce don de tout ce que chacun a de meilleur qui fait le prix de cette interprĂ©tation Ă  la forme parfaite et au fond infiniment grand.

Avec une telle oeuvre et de tels interprètes nous touchons aux limites mĂŞme du commentaire possible. Tant de gĂ©nie ne peut se dire, ni mĂŞme se murmurer. Les mots manquent, le souffle lui-mĂŞme… Chacun a Ă©tĂ© confrontĂ© Ă  sa finitude et a Ă©tĂ© changĂ©. VĂ©ritable expĂ©rience d’une humanitĂ© partagĂ©e en sa solitude absolue. Le long silence imposĂ© par le chef Ă  la fin a permis un retour en soi après cet immense voyage dont la fin a un goĂ»t d’Ă©ternitĂ© dans son lien au silence. Jamais un concert des  Grands Interprètes n’a mĂ©ritĂ© ainsi son nom.

 

Toulouse. Halle-Aux-Grains, le 6 décembre 2013. Gustav Mahler (1860-1911) : 9° Symphonie en ré majeur. Budapest Festival Orchestra. Direction, Ivan Fischer.

 
 

 

Livres. Alain Galliari : Alban Berg 1935 (Fayard)

Alain Galliari  : Concerto Ă  la mĂ©moire d’un ange, Alban Berg 1935 (Fayard)   …    On doit Ă  l’auteur un rĂ©cent ouvrage dĂ©diĂ© au thème du salut dans les opĂ©ras de Wagner, remarquable vision d’une rare subtilitĂ© sur le sens profond et la nature vĂ©ritable du salut tel qu’il est dĂ©fendu / illustrĂ© par l’auteur du Vaisseau FantĂ´me, de Tannhäuser, de Parsifal. En prĂ©cisant l’Ă©tat et les enjeux d’un malentendu sur la question, Alain Galliari lève le voile sur l’ambition de Wagner qui n’a rien de religieux ni de sacrĂ© mais relève plutĂ´t d’un narcissicisme romantique exacerbĂ©.

 
 
Concerto Ă  la mĂ©moire d’un ange

Vienne, 1935 : l’ultime opus de Berg

 

Galliari_alain_berg_concerto_a-la-memoire-un-ange_fayard_livre_1935_critiqueIci, dans le mĂŞme style fin et pudique, l’auteur s’intĂ©resse aux vraies Ă©vĂ©nements et aux ferments intĂ©rieures d’une vie d’artiste et de crĂ©ateur Ă©prouvĂ© dont dĂ©coule la composition du Concerto pour violon A la mĂ©moire d’un ange d’Alban Berg. Le contexte plonge dans la Vienne de 1935, Ă  l’arrière fond social et politique dĂ©lĂ©tère oĂą l’homme de 50 ans, plutĂ´t dĂ©primĂ© (n’ayant pas du tout la prĂ©monition de sa mort… survenue Ă  la fin de l’annĂ©e) doit renoncer Ă  l’achèvement de son nouvel opĂ©ra Lulu parce qu’il reçoit la commande d’un Concerto grassement payĂ©. Le violoniste amĂ©ricain de 32 ans, Louis Krasner lui offre 1500 dollars pour cette oeuvre appelĂ©e Ă  un destin exceptionnel… Suit alors une sĂ©rie d’Ă©vĂ©nements singuliers et tragiques dont la mort de la jeune Manon Gropius, fille de Walter Gropius et de la veuve de Mahler, Alma Schindler, qui s’Ă©teint le 24 avril 1935 soit le lundi de Pâques de cette annĂ©e horribilis. La pauvre Manon vit son corps se raidir inĂ©luctablement sous l’effet d’une paralysie gĂ©nĂ©rale survenue pendant un sĂ©jour Ă  Venise en 1934 … Le dĂ©cès bouleverse Berg au plus haut point (la jeune fille n’avait que 18 ans) ; qu’elle ait Ă©tĂ© cet ” ange gazelle” ou une gosse gâtĂ©e (selon les tĂ©moignages de l’entourage), l’attachement que lui portait Berg dĂ©clenche chez le compositeur l’inspiration tant recherchĂ©e… avec le succès et la justesse que l’on sait.
On a dit Berg amoureux de la jeune Manon : fausse piste que dĂ©fend l’auteur en rĂ©vĂ©lant que le musicien restait profondĂ©ment attachĂ© Ă  Hanna Fuchs, sa passion première, mĂŞme s’il Ă©tait mariĂ© Ă  HĂ©lène Hahowski,  fille naturelle de l’empereur François Joseph.

Au fil des pages, ce sont les jardins intimes de Berg qui Ă©mergent peu Ă  peu, ses liaisons fĂ©minines, sa pudeur crĂ©atrice, et pour revenir Ă  Manon, ses relations avec la Vienne d’hier dont la mère Alma, veuve de Gustav alors, reste l’icĂ´ne la plus fascinante … les airs du jeune Berg, d’une grâce fĂ©minine Ă  la Oscar Wilde avait touchĂ© l’esprit d’Alma et explique la faveur dont pu jouir Berg Ă  la diffĂ©rence de son maĂ®tre Schoenberg ou de leur ami, Webern.

Ni Requiem pour lui mĂŞme, ni produit frustrĂ© d’un amour sans lendemain, le Concerto  Ă  la mĂ©moire d’un ange  exprime au plus près l’expĂ©rience intime d’un homme dĂ©jĂ  dĂ©fait voire dĂ©sespĂ©rĂ© que la mort soudaine d’un petit ĂŞtre cher a subitement frappĂ© et conduit Ă  composer. Le texte plonge le lecteur dans les pensĂ©es les plus personnelles de Berg au moment de l’Ă©criture de la partition, dĂ©voilant la fabrication du matĂ©riau musical et ses multiples sources d’inspiration (dont par exemple le choix de choral ouvrant le dernier mouvement, composition personnelle d’après … Bach). Au dĂ©but de l’Ă©tĂ© 1935, le commanditaire et violoniste Louis Krasner pouvait dĂ©jĂ  jouer la première partie de l’oeuvre totalement Ă©crite. Tout Ă©tait fini le 12 aoĂ»t.

Quant Ă  la soit disante prĂ©monition de Berg sur sa propre disparition (liĂ©e Ă  une piqĂ»re d’insecte causant l’anthrax) faisant du Concerto, un Ă©talage visionnaire et son Requiem, l’auteur demeure radical : ” Et dans sa construction linĂ©aire sans rĂ©trogradation, le Concerto, qui parle autant de la vie que de la mort, ou qui plus exactement parle du mystère de la vie menĂ©e jusqu’Ă  son point final, dĂ©nie au destin un quelconque rĂ´le. ” On ne peut ĂŞtre plus clair.

Alain Galliari, directeur de la MĂ©diathèque Musicale Mahler, rĂ©tablit la vĂ©ritĂ© des Ă©vĂ©nements, s’immerge dans le processus de composition d’un musicien parvenu en sa dernière annĂ©e (mais il ne le sait pas encore : Berg s’Ă©teindra fin 1935), volontiers pessimiste et fataliste, frappĂ© pour ses 50 ans, par une prise de conscience sur sa propre vie et le sens rĂ©el de l’existence … ayant Ă©tĂ© saisi par l’inĂ©luctable fin : expĂ©rience de la mort et non de sa mort, place sacrĂ©e de l’amour dans la triste vie terrestre. Or la fin du Concerto laisse une porte d’entrĂ©e, un seuil ouvert Ă  toute forme d’espĂ©rance… un comble pour le compositeur qui ne portait pas une telle certitude dans ses autres oeuvres, lui habitĂ© par ce pessimisme foncier dont a parlĂ© si justement son Ă©lève et ami ThĂ©odore Adorno.
L’Ă©tude de la partition qui suit, les affinitĂ©s de la plume avec le monde intĂ©rieur et psychique de Berg font tous les dĂ©lices (nombreux) de ce texte parfaitement Ă©crit et construit.

 

Alain Galliari : Concerto Ă  la mĂ©moire d’un ange, Alban Berg 1935.  Editions Fayard. ISBN : 978-2-213-67825-2. Paru le : 18/09/2013

 

CD. Mahler: Symphonie n°9 (Dudamel, 2012)

Mahler: Symphonie n°9 (Dudamel, 2012)
1 cd Deutsche Grammophon
Mahler_dudamel_symphony_9_deutsche_grammophon_los-angeles-philharmonic-gustavo-dudamel-mahler-9Mahler : Symphonie n°9 (Dudamel, 2012). Voici un nouveau jalon de l’intĂ©grale MahlĂ©rienne de Gustavo Dudamel qui ne dirige pas ici sa chère phalange orchestrale, l’Orquestra sinfonica Simon Bolivar de Venezuela mais le collectif amĂ©ricain de la CĂ´te Ouest, le Philharmonique de Los Angeles, succĂ©dant pour se faire au prestigieux Esa Pekka Salonen.
Globalement si les instrumentistes font valoir leur rayonnante sensibilitĂ©, le chef vĂ©nĂ©zuĂ©lien peine souvent Ă  transmettre la transe voire les vertiges intimes du massif malhĂ©rien. La baguette est encore trop timorĂ©e, en rien aussi fulgurante que celle d’un MalhĂ©rien toujours vivant, Claudio Abbado prĂ©dĂ©cesseur inĂ©galĂ© chez Mahler pour Deutsche Grammophon comme peut l’ĂŞtre aussi dans une autre mesure, Bernstein (et Kubelik).

MahlĂ©rien en devenir, Dudamel rĂ©ussit vraiment les I et IV…


D’emblĂ©e, dans le I
, le sentiment d’asthĂ©nie paralysante liĂ© aux visions sĂ©pulcrales comme si au terme d’ une vie Ă©prouvante , Mahler osait fixer sa propre mort, s’impose puis se justifie. Le balancement quasi hypnotique entre anĂ©antissement et dĂ©sir d’apaisement structure toute la dĂ©marche, Ă  juste titre: grimaces aigres et accents sardoniques des cuivres comme enchantements nocturnes et crĂ©pusculaires des cordes et des bois, Dudamel Ă©tire la matière sonore conme un ruban Ă©lastique jusqu’au bout de souffle (dernièr chant au hautbois puis Ă  la flute) … Le geste sait ĂŞtre profond, captivant par le sentiment d’angoisse et de profond mystère ; il sait aussi ĂŞtre habile dans cette fragilitĂ© nerveuse, hypersensibilitĂ© active et inquiète qui innerve toute la sĂ©quence.Le seconde mouvement hĂ©las se dilue dans… l’anecdotique : il perd toute unitĂ© fĂ©dĂ©ratrice Ă  force de soigner le dĂ©tail et les microĂ©pisodes. S’effacent toute structure, tout Ă©lan; voici le mouvement le moins rĂ©ussi de cette prise live au Walt Disney Concert Hall de Los Angeles. Les tempo trop lents, spasmes et derniers sursauts Ă©clatent le flux formel ; ils finissent par perdre leur Ă©lan ; le dĂ©lire des contrastes (nerf des cordes, claques des cuivres,…), comme la syncope et les nombreuses interruptions de climats… tout retombe Ă©trangement. L’urgence fait dĂ©faut et l’Ă©noncĂ© des danses, landler et valses manque de nervositĂ©, Ă  tel point que la baguette semble lourde, de toute Ă©vidence en manque d’inspiration et de contrĂ´le.Pas facile de rĂ©ussir les dĂ©fis du III: ” rondo burlesque ” dont la suractivitĂ© marque un point de conscience panique, de malaise comme d’instabilitĂ© maladive… Dudamel Ă©vite pourtant la dĂ©route du II grâce au flux, au mordant qui Ă©lectrisent la succession des climats très agitĂ©s, d’une instabilitĂ© dĂ©pressive. La vision plus franche et claire efface la lourdeur trop manifeste dans le mouvement prĂ©cĂ©dent.Les choses vont en se bonifiant... ApothĂ©ose de l’intime et chant crĂ©pusculaire au bord de la mort, le IV aspire toute rĂ©serve par sa cohĂ©rence et sa sincĂ©ritĂ©. C’est comme un dernier souffle qui saisit, d’autant plus irrĂ©pressible qu’il prĂ©cède plusieurs Ă©pisodes aux contrastes et instabilitĂ©s persistants. Le renoncement et l’apaisement qui font de la mort non plus une source d’angoisse mais bien l’accomplissement d’une sĂ©rĂ©nitĂ© supĂ©rieure, se rĂ©alisent sans maladresse ni dĂ©faillance … La hauteur requise, les sommets dĂ©finis dessinent le plus beau chant d’adieu. Une rĂ©verence finale que n’aurait pas dĂ©savouĂ© Mahler lui-mĂŞme. Grâce Ă  la vision nettement plus aboutie des I et III, Ă  la force active du III, pourtant d’une versatilitĂ© suicidaire, Dudamel confirme ses affinitĂ©s mahlĂ©riennes. A suivre.

Mahler: Symphonie n°9. Los Angeles Philharmonic. Gustavo Dudamel, direction. Enregistrement réalisé à Los Angeles en février 2012. 1 cd Deutsche Grammophon 028947 90924.